Section 2 :
Démantèlement tarifaire et
compétitivité :
Le Volet Economique.
Au niveau commercial, le partenaire
euro-méditerranéen est plus avancé en ce qui concerne
l'établissement d'une zone de libre échange avec l'UE. Au terme
de 12 années, les biens, les capitaux et les services pourront circuler
librement, favorisant ainsi l'intégration des économies de la
région et créant une dynamique de partenariat, porteuse de
croissance et de développement.
§1- Le Démantèlement
Tarifaire : (13)
La Tunisie a lancé un
démantèlement tarifaire depuis 1996 avant l'entrée en
vigueur de l'accord en mars 1998, qui a permis d'accélérer
l'intégration commerciale dans le marché européen :
80% des exportations Tunisiennes sont destinés à l'UE et 71% de
ses importations y proviennent.
Par ailleurs, le démantèlement a concerné
les produits industriels, les produits agro-alimentaires et le flux des
capitaux :
1) Les Produits Industriels :
L'accord établit un traitement
réciproque en accordant aux exportations des produits
manufacturés de l'UE l'accès en franchise des droits au
marché tunisien.
Le démantèlement des tarifs douaniers se
déroulera sur une période de 12 ans selon le calendrier
suivant :
· Dès l'entrée en vigueur de l'accord, une
élimination des tarifs sur les matériaux et équipements
non fabriqués en Tunisie qui représentent prés de 12% des
importations tunisiennes de produits manufacturés en provenance de l'UE
et pour lesquels le niveau moyen des tarifs douaniers est de 21,6%.
Progressivement sur 5 ans (15% chaque année pendant 4
ans et 25% la 5ème année), réduction des tarifs
sur les produits finis qui ne sont pas fabriques localement et certains
matériaux représentant 28% des importations de :
· Produits manufacturés provenant de l'UE et pour
lesquels le tarif douanier atteint en moyenne 26,7%.
· Sur une période de 12 ans (à raison de
1/12 par an), réduction des tarifs sur les produits fabriqués
localement qui sont en mesure de soutenir la concurrence, ce qui
représente 30% des importations de produits manufacturés.
(13) voir rapport de l'accord d'association Tunisie-UE version
république tunisienne Septembre 2001et annexe n°1 et 2.
· Un délai de 4 ans est accordé aux
produits fabriqués localement pour lesquels les entreprises ont besoin
d'une restructuration, représentant 29,5% des importations des produits
manufacturés, pour ce groupe de produits le droit de douane moyen est de
33,8%, il sera éliminé sur 8 ans (soit une réduction de
1/8 par an).
· Enfin, les produits de l'artisanat, de friperie et de
textile à caractère social sont exclus des réductions
tarifaires qui sont appelés « listes
négatives » qui représentent 0,5% du total des
importations.
2) Les Produits
Agro-Alimentaires :
Les deux partenaires, la Tunisie et
l'UE, se sont engagés à mettre en oeuvre de manière
progressive une plus grande libéralisation de leurs échanges
réciproques de produits agricoles et de produits de pêche dans
pour but de :
· Maintenir le régime actuel appliqué par
la communauté aux produits tunisiens, ce régime consiste à
exonérer la composante industrielle et à maintenir la protection
au niveau de la composante agricole.
· L'adoption de ce régime de façon
progressive par la Tunisie.
Pour une première liste de produits,
dès la mise en vigueur de l'accord sur 12 ans, elle concerne certaines
préparations de légumes, de fruits, certaines préparations
alimentaires et certains produits chimiques et organiques.
Pour une deuxième liste de produits plus
sensibles, à partir de la
5ème année, sur une période de 8 ans, et qui
concerne certaines préparations à base de
céréales, certaines préparations alimentaires, huiles,
graisses, sucreries, préparation de cacao...
· L'exécution de ce régime des produits
particulièrement sensibles (yaourts et certaines préparations
à base de céréales).
· Octroi à la communauté de quotas
correspondant à la moyenne des exportations sur la Tunisie.
Depuis le 1er Janvier 2001, de nouvelles mesures de
libéralisation ont été convenues selon 3 protocoles :
Le 1er
protocole : précisant les quotas, les
réductions tarifaires et les calendriers pour les produits tunisiens
exportés vers la communauté notamment :
1. Huile d'olives : le
produit a été intégré définitivement dans
l'accord d'association par l'instauration d'un quota annuel de 50 000
tonnes en 2001, à droit nul, et qui a été augmenté
à partir du 1er Janvier 2002 chaque année, d'une
quantité additionnelle de 1 500 tonnes jusqu'au 2005.
2. Agrumes :
représentent 31 360 tonnes en franchise totale et réduction
de 80% des droits de douane ad-valorem au-delà de ce quota avec
augmentation de 3% par an sur une période de 4 ans.
3. Concentré de
tomate : pour une valeur de 2 500 tonnes en
franchise totale avec augmentation annuelle de ce contingent sur une
période de 4 ans (2 875 T, 3 250 T ,3 625 T,
4 000 T).
Le 2éme
protocole : Il est relatif aux produits de pêche,
les exportations tunisiennes sans limite quantitative et en
franchise totale sauf pour les sardines (quota de 100 tonnes en franchisse).
Le 3ème
protocole : Il est relatif au régime applicable
à l'importation de la Tunisie des produits agricoles originaires de la
communauté depuis le 1er Janvier 2001, certains produits sont
importés à droits nul et contingenté comme blés
tendus pour une valeur de 23 000 tonnes imposable à 17% pour
atteindre (0% au 1/1/2005), huile végétales 100 000 tonnes
imposable à 15% (0% au 1/1/2005) ...
Tableau 1 : Les produits soumis
à des droits qui seront démantelés
Sur 5 ans :
Produits
|
Démantèlement sur 5ans
|
Blés tendus
|
230 000 T imposable à 17%
(0% au 1/1/2005)
|
Huiles végétales
|
100 000 T imposable à 15%
(0% au 1/1/2005)
|
Pommes de terre de semence
|
16 500 T imposable à 15%
(0% au 1/1/2005)
|
Farine et aggloméré
|
15 000 T imposable à 29%
(0% au 1/1/2005)
|
Maïs
|
15 000 T imposable à 20%
(0% au 1/1/2005)
|
Tourteaux de soja
|
6 000 T imposable à 20%
(0% au 1/1/2005)
|
Riz semi blanchi
|
4 000 T imposable à 27%
(0% au 1/1/2005)
|
Noisettes sans coque
|
200 T imposable à 43%
(0% au 1/1/2005)
|
Amidon de maïs
|
100 T imposable à 31%
(0% au 1/1/2005)
|
Source : rapport de l'accord d'association
Tunisie-UE Septembre 2001.
Ces dispositions seront appliquées
jusqu'à l'an 2005, année où les deux parties
réexamineront le volet agricole dans sa totalité en vue de fixer
des mesures de libéralisation à appliquer à partir du
1er Janvier 2006.
3) Les Paiements et les Flux de
Capitaux :
La Tunisie et l'UE se sont engagées
à autoriser, dans une monnaie librement convertible, tous les paiements
relatifs aux transactions courantes. S'agissant des flux de capitaux, l'accord
assure la libre circulation des capitaux liés aux investissements
directs en Tunisie, à la liquidation et au rapatriement du produit de
ces investissements et de tout bénéfice en découlant.
Toutefois, dans le cas de difficultés graves de la
balance des paiements pour l'une des deux parties, celle-ci
peut adopter pour une durée limitée des mesures restrictives sur
les transactions courantes mais elle doit informer immédiatement l'autre
partie.
§2- La Reconversion
Compétitive :
L'impact prévisible sur le système
productif de la ZLE est la suppression ou l'affaiblissement à terme, de
nombreuses activités incapables de soutenir la concurrence par les
effets du démantèlement tarifaire. En outre 5 secteurs
d'activités dont 4 présentent des avantages comparatifs
révélés par nos échanges avec l'UE : textiles
habillements et cuirs, agriculture pêche, industrie agro-alimentaire,
mines phosphates et dérivés, secteur d'énergie et enfin le
secteur des industries électrique et mécanique est celui qui a le
désavantage comparatif.
A priori, le secteur des biens d'équipements semble
être le secteur qui représenterait le moins de risque
en termes d'activité intérieure et d'emplois.
Ce secteur apparaît donc comme celui pouvant constituer
l'objet immédiat de l'abaissement tarifaire, d'autant plus qu'il a
l'avantage d'améliorer la profitabilité de l'offre tunisienne
mais il serait judicieux de protéger le secteur des biens
d'équipements électriques.
En effet, le démantèlement devrait
être progressif et en fonction des niveaux de
compétitivité des différents produits et que cette
règle table sur la possibilité de la mise à niveau durant
un certain nombre d'années des activités présentant
actuellement un désavantage comparatif ou comparatif léger de
manière à devenir lors de la mise en place effective du
démantèlement, plus aptes à confronter la concurrence des
produits européens.
§3- Choix de la Technologie et
Compétitivité : (14)
La technologie demeure l'un des
facteurs les plus décisifs pour la compétitivité
industrielle, bien que certaines entreprises tunisiennes très
performantes utilisent des technologies parmi les plus récentes, cela
est loin d'être le cas pour les petites unités qui ont rarement
accès aux technologies de pointes.
En Tunisie, l'objectif de promotion des exportations de
diversification et de montée en gamme de ces exportations fait que la
création et l'accumulation de capacités technologiques nouvelles
deviennent une nécessité pour l'économie, dans la mesure
où le recours à la technologie influe sur la capacité du
secteur industriel à se moderniser et à être
compétitif sur des marchés de plus en plus ouvert à la
concurrence étrangère.
En effet, la Tunisie a connue un passage d'une
spécialisation basé sur l'exportation des matières
premières à une spécialisation des produits
manufacturés, ceci est due d'un avantage compétitif
réalisé par de faible
coûts de main d'oeuvre, et que notre pays se spécialise
surtout dans les produits dont il possède un avantage comparatif
(textiles, habillements, cuirs, huile d'olives...).
Cependant, l'importance du facteur de technologie
dans le succès à l'exportation d'une part et l'incapacité
des structures industrielles existantes à soutenir le
développement technologique au premier stade de l'industrialisation,
d'autre part, pose le débat de l'opportunité de l'intervention de
l'Etat pour soutenir les efforts des industries qui ne sont pas encore
doté des moyens leurs permettant de faire face à la concurrence.
_____________________________________________________________
(14) voir article Ben
Marzouka,T.,(2001), « Développement
commercial facteur d'intégration de l'économie nationale dans
l'économie mondiale cas de la Tunisie », Programme
CNUCED-PNUD , Rapport final.
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