La protection de la petite enfance a l'épreuve des moyens existants : cas de la pouponniere de Yopougon( Télécharger le fichier original )par Minayenian Juliette Coulibaly Centre de Recherche et d'Action pour la Paix (CERAP) - Formation Spécialisée en Droit de l'enfant en Afrique 2003 |
CHAPITRE II : DIFFICULTE DE LA PETITE ENFANCE A ASSURERSA FONCTION DE PROTECTION SOCIALE DES ENFANTS Il est question dans ce chapitre de discuter des facteurs qui inclinent à penser que la pouponnière de Yopougon-Attié nécessite des solutions pour sa pérennité. I. UN CADRE DEVENU INAPPROPRIE DEVANT UNE DEMANDE DE PROTECTION CROISSANTE ET MULTIFORME? Il convient de dire déjà que la demande de protection est croissante mais le nombre de pensionnaires n'a jamais excédé le nombre de place dont dispose la pouponnière. Il y a un réel problème de manque de locaux. Il semble que les locaux aient été faits pour accueillir un nombre restreint de pensionnaires pour que ceux-ci soient pleinement pris en charge. En effet, la grande pouponnière de Yopougon2(*) ne dispose seulement que de cinq (05) bureaux, une petite infirmerie et huit (08) dortoirs. Un besoin de bureaux se fait sentir en raison du fait que par exemple, le personnel du service d'éducation préscolaire n'ait pas de bureaux. Ce personnel est obligé de rester dans des salles de classes et parfois s'asseoir sur les petites chaises pour enfants pour pouvoir effectuer leurs travaux. Aussi faut-il remarquer que le nombre de dortoirs est insuffisant. La pouponnière ayant une capacité d'accueil de 100 enfants pour huit (08) dortoirs connaîtra de réels problèmes lorsque ce nombre sera atteint, car il y a aura douze (12) enfants par dortoir. Dans le but d'éviter des abus sexuels entre ces enfants, il est impérieux de trouver une solution à ce problème. De plus, on constate que l'ensemble des aires de jeux n'est pas fonctionnel en raison de l'état de délabrement de certains d'entre eux. Seuls les toboggans et les cages à écureuil sont fonctionnels et dans un état acceptable. Les tourniquets et la balançoire sont dans un état de déliquescence avancée. On n'imagine le danger que courent les petits pensionnaires en s'aventurant sur de tels jeux rouillés. Par ailleurs, comme nous l'avions signifié au départ, la pouponnière était auparavant conçue pour accueillir de petits enfants qui avaient été abandonnés par leurs parents, mais par la suite, en raison de nombreux autres cas sociaux qui la sollicitaient, elle s'est vue élargir sa gamme de cas sociaux dont les malades mentaux et les handicapés, dont l'âge est souvent élevé, 33 ans. Or, pour ces dernières catégories de cas sociaux, il semble que le cadre est inapproprié. En effet, l'on n'a pu constater des difficultés de cohabitation entre les tout-petits abandonnés et les pensionnaires psychomoteurs. Le risque est également élevé avec les malades mentaux dont l'âge est souvent élevé. Il serait souhaitable par exemple, que pour ces derniers, il soit créé des cellules particulières et des aires de jeux qui soient adaptés à leurs besoins. Une cohabitation mal négociée entre les tout-petits et les malades mentaux pourrait engendrer de réelles difficultés aussi bien sur la santé des enfants que sur leur équilibre et leur développement personnel. II. LA QUESTION DES RESSOURCES HUMAINES La question des ressources humaines n'est pas tant liée au nombre de personnels qu'au statut et à la motivation de ces dernières (les ressources humaines). En effet, avant 2009, il y avait un manque de personnels. Les quelques agents en charge de la gestion de la pouponnière éprouvèrent de réelles difficultés à gérer les pensionnaires. Il y avait quelques âmes généreuses et des associations chrétiennes (Caritas, Légion de Marie,...) qui passaient de temps en temps pour aider les agents soit en lavant les tout-petits, en jouant avec eux, ou en aidant à la cuisine. En 2009, on note l'arrivée de bénévoles qui a en quelques sortes comblé le vide. Dès lors, la question des ressources humaines semble résolue. Cependant, compte tenu du fait que cette ressource additionnelle ne soit pas rémunérée, il nous paraît urgent que les pouvoirs publics trouvent un mécanisme d'incitation. Ce pourrait être par exemple des rémunérations en nature (sac de riz, huile,...) ou en espèces susceptibles de motiver les bénévoles. Cependant, ils n'ont reçu aucune formation qualifiante. Et c'est aussi là un handicap à corriger. Il est bon de rappeler aussi que l'arrivée des bénévoles n'a pas totalement résolu le souci d'effectif. Pour information, nous avions été sollicités, pendant notre temps de recherche, pour laver les handicapés qui étaient plus d'une dizaine. Ce service rendu, nous a permis de mesurer l'urgence en matière d'effectifs, mais aussi de disponibilité des agents en général et des bénévoles en particuliers. Cette question de rémunération et de motivation des bénévoles s'inscrit dans la logique des moyens matériels et financiers qui conditionnent en quelque sorte la survie de la pouponnière. III. LE MANQUE DE MOYENS MATERIELS ET FINANCIERS ET LA SURVIE DE LA POUPONNIERE A l'instar des centres sociaux à caractère public, la pouponnière de Yopougon-Attié se voit allouer un budget qui reste insuffisant au regard de l'immensité de la tâche, de la demande croissante de protection, ainsi que du cadre spatial qui semble devenu inapproprié et qui nécessite intervention. La structure n'est nullement opposée aux dons et autres présents venant d'entités privées et de personnes physiques. C'est avec un réel plaisir que le personnel administratif reçoit les dons, dont il dit par ailleurs être des véritables appuis. Nous avions pu constater, en Décembre 2008, toute la joie qui était celle de la directrice quand celle-ci recevait de nous des vivres pour la fête de Noel. « Il est très heureux de constater qu'il ya des personnes de bonne volonté qui ne pensent pas uniquement à leurs problèmes, mais font l'effort de donner un peu à ceux qui n'ont pas de famille. », disait-elle en substance. Face à la multiplicité des besoins en matière de protection sociale (enfants abandonnés, handicapés, malades mentaux,...), à la nécessité de repenser le cadre spatial et plus encore, en raison de la question des ressources humaines qui demeure une variable importante, il semble impérieux que des moyens tant matériels, humains, technologiques que financiers soient dégagés pour que la pouponnière de Yopougon en soit à répondre de manière efficace à la mission qui est la sienne. * 2 _ Grande en termes d'espaces verts. |
|