La gestion du risque( Télécharger le fichier original )par Fulbert Désiré Kammoé Haute Ecole ICHEC (Brussels Management School) - Master Sciences Commerciale (Option FINANCE) 2010 |
3.3 Analyse et conclusion sur les resultats de l'enqueteVingt trois entreprises ont répondu à notre enquête, soit un taux de réponse de 14,02 %. Ce qui n'est pas négligeable car nous nous attendions à moins de réponse par rapport à ce type d'enquête. 50% de ces entreprises ont un CA compris entre 1 millions et 5 millions d'euros. 3 d'entre elles ont un CA de près de 30 millions d'euros; il s'agit de trois des 66 multinationales employant au moins 50 salariés. En outre, 63% de ces entreprises ont un CA de moins d'un million d'euros; cette dernière catégorie est constituée par les petites sociétés de friperies ainsi que les organisations associatives du secteur. Le fait le plus significatif est que, 50% des réponses obtenues proviennent des entreprises ayant au moins 30 salariés et réalisant 95% de leur CA à l'international. 6 entreprises parmi les 23 réponses ont soit des alliances, soit des partenaires à l'étranger (26% des sondées). 2 entreprises parmi les 6 ont des bureaux et des magasins à l'étranger (33%) et une seule possède un compte bancaire à l'étranger (16%)69. C'est un pourcentage assez bas car 99% courent un risque de manque à gagner dû au délai de transfert d'argent par leurs clients70 et aussi ne peuvent bénéficier d'importantes rémunérations d'intérêts des banques dans les pays d'importation. La plupart des 23 entreprises précisent dans leur réponse qu'elles ont des emprunts en devises (60% des sondées). Un autre fait marquant est qu'aucune des 23 entreprises ayant répondu à l'enquête n'ait un service de trésorerie international. De même, l'observation des statistiques de l'export montre une tendance générale entre les entreprises ayant un CA au dessus de 20 millions d'euros. Ces dernières exportent également 95% de leurs activités et réalisent les 85% de leur CA à l'international. Cela montre que le choix de notre échantillon est assez précis car il est concerné à 100% par les entreprises totalement exportatrices. 68 L'annexe F représente notre questionnaire final d'enquête 69 Il ne s'agit par de IRCEB N.V 70 Délai parfois long; surtout entre l'Afrique et l'Europe, ou entre l'Asie et L'Europe, vu que les banques des clients doivent passer par des banques intermédiaires pour que les exportateurs reçoivent leurs paiements. Par ailleurs, parmi les entreprises de petites tailles (CA inférieur ou égal à 1 million d'euros), l'enquête nous informe que, la plupart ont eu recours ces dernières années au financement par les emprunts bancaires. Elles ont aussi des dettes71 en devises envers leurs fournisseurs. Ceci montre la nécessité pour ces dernières de se couvrir contre les fluctuations des taux d'intérêt. De même, 65% des entreprises sondées ont octroyé des crédits à leurs clients ou ont conclu des contrats de « paiement différé 72» avec ces derniers. Étant donné que 50% des entreprises ayant répondu au questionnaire sont de petite taille73, Il est important d'attirer leur attention sur la nécessité de se protéger des pertes causées par leur exposition aux risques financiers surtout pendant les périodes actuelles de fortes baisses de l'euro. Car il leur faudra de moins en moins de leurs monnaies pour avoir un Euro et les gains de change qui résulteront accroîtront leurs trésoreries. Concernant le pourcentage du CA consacré à l'exportation, nous constatons une similitude dans les 23 réponses. La plupart exporte presque toutes leurs productions. Le pourcentage du CA réalisé à l'export varie de 60% à 95%. Aucune de ces entreprises n'exporte dans un pays ayant l'Euro comme monnaie. Le graphique ci-dessous traduit la répartition des exportations des entreprises sondées dans les pays hors euro : 40 20 60 50 30 10 0 21 5 12 56 32 13 5 13 7 REPARTITION DES EXPORTATIONS DANS LA ZONE HORS EURO 71 Les défauts de paiement de leur dettes rendent l'exportateur peu crédible et elles pourront se voir limiter les livraisons d'original (friperie brut ou matière première comme certain appellent). Les conséquences peuvent être graves au point d'anticiper la faillite de la firme. Car les clients retireront leurs acomptes et se tourneront vers les firmes concurrentes. Les pays de destinations des marchandises sont presque tous les mêmes : Pakistan, Russie, Cameroun, Égypte, Jordanie, Syrie, etc. La première destination des exportations est le Cameroun (56 entreprises sondées réalisent 34% de leur CA). Puis vient le Pakistan et la Jordanie (20% et 13% respectivement du CA des entreprises y sont réalisés). Le faible taux du franc CFA74 par rapport à l'euro et surtout la parité fixe entre les deux monnaies va sans doute obliger les exportateurs à facturer en euro vers le Cameroun. La suite de l'analyse nous le confirmera. Les exportations vers les autres pays ci-dessus retiennent également notre attention, du fait des fluctuations parfois inattendues de leurs monnaies par rapport à l'euro tel que le montre les graphiques de l'annexe D. Les 23 réponses nous ont enfin permis d'avoir une idée globale sur la perception des risques financiers par les entreprises de textile en Belgique. Les statistiques recueillies sont résumées dans le tableau ci-dessous : Perception des risques financiers par les entreprises de friperie en Belgique Est-il nécessaire de se Importance des risques financiers protéger Impact sur les profits
50,5% 38,6% 10,9% 41,7% 58,3% 73,6% 18,3% 8,1% Il ressort de ce tableau que 50% des entreprises perçoivent les risques financiers comme moins importants contre 39% qui pensent le contraire. Elles sont d'autre part 58% à juger qu'il est nécessaire de se couvrir contre ces risques et 41% qu'il ne l'est pas75 vu que ces risques n'ont qu'un faible impact sur leur profit. 72 C'est un système par lequel, un client étranger et régulier chez un même exportateur paye ses conteneurs selon la méthode DCPP (Dernière Commande, Premier Paiement) de façon à toujours laisser un acompte pour la prochaine commande : 73 IRCEB fait partie de ces entreprises de petites tailles 74 Communauté Financière Africaine 75 41% des entreprises qui sont contre les mesures de protection contre les risques financiers trouvent que les coûts des techniques de couverture sont chers pour elles. Les réponses que certaines entreprises ont données à nos questionnaires sont parfois étonnantes. Certaines entre elles employant près de 20 salariés et ayant un CA de moins d'un million d'euros trouvent très peu important les risques financiers et l'impact que ces risques ont sur leur profit. De même, une autre catégorie d'entreprise (parmi les 3 entreprises atteignant les 100 salariés) qui exportent à 95% vers les zones hors euro est sensible aux risques financiers mais trouvent non nécessaires les techniques de couverture. Et pourtant, dans la logique, si une entreprise exporte en dehors de la zone euro, elle doit forcement être sensible aux risques financiers et donc vouloir se couvrir. Nous verrons plus loin que la raison est que ces entreprises facturent en euro. Si l'on prend en compte les entreprises ayant des partenaires et des bureaux à l'étranger76, et qui ont dès lors une activité internationale importante, la tendance pour ces dernières est que les risques financiers sont importants et qu'il est nécessaire de se couvrir pour l'optimisation de la rentabilité de leurs firmes. Parmi ces entreprises, l'une retient particulièrement notre attention. Elle sera dès lors la cible de notre préoccupation dans le chapitre 2 de cette partie. Il s'agit bien de la Société IRCEB N.V Export Dendermonde. Nous allons nous appesantir dans le chapitre suivant à montrer comment mettre au sein de cette dernière, une activité de gestion des risques financiers liée à ses activités internationales. Trouver les solutions à cette préoccupation, c'est répondre à la problématique qui gouverne notre mémoire. 76 Ce sont les 70% des entreprises ayant un CA de prés de 30 Million d'Euro. CHAPITRE 2 : LES STRATEGIES DE GESTION DES RISQUES FINANCIERS CHEZ IRCEB N.V DENDERMONDE Nous allons dans ce dernier chapitre répondre formellement à la problématique de ce travail de recherche. Parmi les 23 réponses obtenues de l'enquête que nous avons réalisée sur un échantillon de 164 entreprises, IRCEB N.V est l'une des firmes dont les réponses ont été les plus pratiques. Il ressort d'une part de l'analyse des résultats que cette entreprise de 30 salariés avait terminé l'année 2008 avec un CA estimé à 3 549 611 millions d'euros. Au cours de la même année, elle avait dégagé un profit brut de 48 761 € pour une valeur ajoutée de 35 930€77. D'autre part, il apparaît clairement dans ses réponses qu'elle a des dettes en devises et exporte ses produits dans les pays hors Euro. Certains clients d'IRCEB payent leurs factures par le système de paiement différé et garde toujours une dette substantielle envers elle. On est par ailleurs étonné de constater que cette entreprise fait partie des 50,5% de celles qui trouvent peu importante la nécessité de se couvrir contre les risques financiers. Son comptable justifie cela par le fait qu'IRCEB N.V a toujours eu le choix de la monnaie de facturation avec ses clients78. De même, elle ne possède pas de compte bancaire à l'étranger, pas de service de gestion de trésorerie interne et internationale, toutes ses activités sont gérées par le comptable. Malgré la ferme connaissance que cette entreprise a sur quelques techniques de gestion des risques financiers, elle demeure caractérisée par une organisation hiérarchique autocentrée79, très peu structurée. Elle à donc chaque année un important manque à gagner dû aux coûts élevés des risques financiers qu'elle supporte. C'est la raison pour laquelle notre objectif est de répondre à la question du comment mettre au sein de cette dernière, des stratégies fiables de gestion des risques financiers. Le but étant l'amélioration de sa rentabilité pour la réduction de son risque de dépôts du bilan. 77 Si le CA d'IRCEB provient des résultats de l'enquête, le profit brut et la valeur ajoutée viennent de Trends Top à l'adresse URL : http://trendstop.rnews.be/fr/detail/893312986/ircebOdendermonde.aspx, page consultée le 06/04/10. Trends top est une base de données de toutes les informations économiques et financières sur les plus grandes entreprises de Belgique. 78 C'est-à-dire qu'il facture en euros et n'est donc pas soumis au risque de change. 79 Malgré l'assistance de son fils Guy Heyvaert dont l'entreprise sera transmise d'ici quelques années, tout demeure encore concentré sur Monsieur Jos Heyvaert, le père. |
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