Chapitre I : Le cadre de travail
1.1. Cadre théorique
1.1.1. Problématique
1.1.1.1 Contexte et justification de l'étude
Nombreuses études réalisées dans la zone
et ailleurs ont montré une dégradation continue de ressources
naturelles. L'état actuel de l'environnement et des ressources
s'explique par plusieurs facteurs :
- une baisse des pluies depuis 20 ans. (L'Hôte et
Mahé, 1996) ont montré un déplacement des isohyètes
vers le sud à partir de 1970. Les précipitations diminuent avec
un minimum dans les années 80. Durant la décennie 90 les totaux
annuels remontent, mais restent inférieurs à ceux des
années 50 et 60.
- aux effets du climat il faut ajouter les changements dans
l'usage des ressources naturelles. En effet avec l'évolution galopante
de la population, les écosystèmes subissent des modifications
profondes et quelques fois irréversibles.
Les conséquences qui en résultent de cette
nouvelle dynamique sont entre autres, l'augmentation du ruissellement sur le
versant, en effet, avec la diminution du couvert végétal les sols
moins protégés sont encroûtés, l'infiltration est
réduite ; l'apparition des formes d'érosion par ravinement ou
dépôt...
La zone de Tamou, de part sa situation géographique a
fait l'objet de diverses sollicitations pour i) l'agriculture et
l'élevage ; ii) les ressources forestières et piscicoles.
Dès lors, on observe après le projet de transfert des
populations, le déclassement de 70 000 ha des réserves totales de
Tamou et l'éradication de l'onchocercose une dégradation des
terres mises en valeur. Dans ce contexte, l'étude que nous voulons mener
vise à comprendre le processus et doit déboucher sur la mise en
place d'un SIG et la modélisation du fonctionnement des systèmes
hydromorphologiques, spécifiquement de l'aire pionnière
Ayinoma.
1.1.1.2. Présentation du problème
Le Sahel, comme la plupart des milieux arides et semi-arides
est manifestement un domaine géographique où la question de la
dégradation des ressources naturelles est
préoccupante. Préoccupante, d'autant plus que ce
milieu subit les effets multiples des conditions climatiques et des
activités humaines qui se caractérisent par des modifications
dans l'usage des ressources.
La diminution des pluies a entraîné depuis 30 ans
une modification de la répartition de la végétation,
accélérée par la pression anthropique sur l'environnement
: coupes pour le bois de chauffe, défrichements des nouvelles terres
cultivables, et dégradation croissante de terres cultivées ou
surpâturées (MAHE, 2002).
La relation étroite entre les conditions climatiques et
les activités anthropiques a eu pour conséquence la
dégradation de l'environnement. Or celle-ci diminue la
possibilité de production des écosystèmes et pousse
à une surexploitation des ressources naturelles fragilisant encore
davantage le milieu. Ainsi on constate :
Une emprise croissante des zones cultivées et des sols
nus au détriment des formations végétales naturelles
(AMADOU, 1995 ; KANZIEMO, 1999) ;
Une baisse des écoulements de surface des
rivières dans la majeure partie de l'Afrique de l'Ouest même dans
les zones où l'on constate une augmentation des zones cultivées
(MAHE, 2002 ; ABDOURHAMANE, 1995 ; ANONYME, 2000) ;
Une intense érosion provoquant l'approfondissement des
lits des cours d'eau dans certains secteurs et leur élargissement ainsi
que l'ensablement dans d'autres.
Dans ce contexte, la dégradation de l'environnement
s'accélère, réduit la production des
écosystèmes et provoque une exploitation extensive des
différentes ressources naturelles. Situé dans le Sud-Ouest du
Niger, le département de Say dispose des potentialités naturelles
importantes et constitue depuis la fin des années 1960, un pôle
d'attraction avec notamment les sécheresses successives qui ont durement
frappées les pays sahéliens. Il apparaît alors comme une
zone refuge, et particulièrement la commune rurale de Tamou qui
recèle jusque-là d'importantes ressources forestières et
des « terres vierges », ainsi que l'un des plus denses réseaux
hydrographiques du pays. Ce réseau offre une potentialité
hydrique certaine et ses apports sont estimés à 2.5 milliards de
m3 sur lesquels il faut ajouter les apports directs de la
pluviométrie stockés dans les multiples mares et
dépressions. Ces apports sont estimés à 24.5 millions
m3 pour le seul bassin du Goroubi (ANONYME, 2000). Il faut aussi
noter que ces cours d'eau affluents du fleuve Niger
constituent l'essentiel du potentiel hydrique mobilisable et
jouent un rôle important pour l'activité pastorale et pour
l'économie de la région en général (SAÏDOU,
2006). Ils permettent aux populations surtout Haoussa de pratiquer la
pêche, (notamment sur le Goroubi, le Diamangou, et la Tapoa). Ainsi, le
long du Goroubi la population pratique le maraîchage. Ces cours affluents
du fleuve Niger jouent donc un rôle important dans la recherche de la
sécurité alimentaire.
Or, la problématique actuelle dans cette zone se
caractérise par la dégradation de l'environnement physique sous
l'effet de conditions météorologiques rigoureuses et surtout du
changement d'usage des sols liés à une pression
démographique croissante et accélérée depuis le
début des années 1970. En effet, à l'issue de
l'éradication de certaines maladies endémiques (onchocercose,
trypanosomiase), le Gouvernement du Niger a déclassé 70.000 ha
des réserves totales de faune de Tamou en vue d'y transférer des
populations sans terre du département de Tillabéri (Ouallam et
Filingué).
La combinaison entre les facteurs climatiques et les
activités anthropiques a donné lieu à des formes de
dégradation allant de la disparition des formations
végétales à l'apparition des sols nus avec formation de
croûte de battance. On a alors assisté peu à peu à
la destruction de l'équilibre traditionnel entre la capacité de
production et le besoin ; d'où :
- Dégradation de la végétation,
encroûtement et accroissement de la capacité destructive de la
pluie sur des sols défrichés et soumis à l'érosion
;
- Erosion et stérilisation des sols mis en valeur ou
non et apparition sur le glacis de nouvelles ravines dont les têtes
reculent vers le rebord du plateau;
- Modification du fonctionnement hydrogéomorphologique
dont le creusement et l'élargissement du lit du Goroubi qui ne
permettent plus l'inondation du lit majeur ;
- Elargissement des koris affluents et ensablement de leurs fonds
par apports latéraux ;
- Apparition des sources suite à un ravinement
important du fait de la dégradation des sols et de sa faible couverture
végétale.
Ainsi, malgré ce niveau de dégradation, la zone
présente encore un intérêt socioéconomique certain.
En effet, elle continue à accueillir un flux important de population, et
constitue l'une des zones les plus peuplées avec une forte
activité agropastorale.
Comment peut-on agir pour renverser cette tendance ? Pour
répondre à cette question, il faut nécessairement
caractériser les impacts de la variabilité climatique et des
changements d'usage des sols sur l'évolution du cycle hydrologique.
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