E). Les conflits de cour de récréation :
une loupe sur les tensions ?
· « Macaronis », « enfants de
pouilleux » : quelles réponses à la xénophobie dans
la cour de récréation ?
L'entretien de Marie-Claude Blanc-Chaléard avec la famille
Ricci constitue un témoignage criant quant à la présence
d'importantes bagarres dans les cours de récréation de
235 F. CAVANNA, Les Ritals, Paris, 1978 (p. 37).
Ou encore Maria C. qui m'a dit, lors de notre entretien à
Nantes le 24 novembre 2009, avoir déjà entendu parler de cette
comptine.
80 l'Hexagone. Il semble ici intéressant de citer
l'épouse de Julien Ricci expliquant les difficultés que connut le
jeune garçon pendant sa scolarité dans la banlieue parisienne
:
« - il a quitté l'école très jeune
parce qu'il a eu pas mal de problèmes. Déjà, il a
été renvoyé de l'école...
- pour quelle raison ?
- Oh, parce qu'il se battait tout le temps. Si on lui disait
sale italien, ça, il ne supportait pas, c'était tout de suite le
poing dans la figure, alors le directeur ne voulait plus le prendre.
»236.
Les bagarres ne sont pas le monopole des garçons. Le
témoignage de la romancière Inès Cagnati est, à cet
égard, significatif. Elle raconte ainsi les rixes de l'école de
Monclar d'Agenais dans le Lot-et-Garonne où elle est scolarisée
après le départ d'Italie de ses parents :
« Les autres enfants manifestaient aussi leur aversion,
par la dérision, les injures, les poursuites. Mais nous nous
battîmes bien sür... je me souviens...de magnifiques batailles
rangées dans la cour de l'école. Françaises contre
étrangères, aussi enragées les unes que les autres, et
toutes maniant glorieusement les insultes dont nous disposions
»237.
De même, Madeleine Dusio explique :
« Ma soeur, elle était pourtant jamais allée
en Italie, rien que de savoir qu'on attaquait les Italiens, pouf ! Ça
partait »238.
Il est courant, au cours de ces « rixes », que l'on
voit naître des alliances entre les écoliers d'origine
étrangère, les Polonais au coude à coude avec les Italiens
par exemple.
On s'aperçoit que, bien souvent, les insultes
proférées dans la cour de récréation, provoquent
des batailles en dehors. Qu'ils soient à l'usine ou à
l'école, ces conflits détériorent l'image de l'individu
mais aussi celle de la communauté italienne tout entière. On
assimile le caractère violent d'un enfant au nom à consonance
italienne à tous ses camarades aux parents d'Outremont. C'est, du moins,
ce qui est enseigné par les parents de nos témoins à leurs
enfants pour les dissuader de se montrer violents ou irrespectueux. La formule
entendue est presque toujours la même : « Mes parents m'ont toujours
dit : ici, on n'est pas chez nous. Il faut se tenir tranquille » 239
.L'hypercorrection sociale tient donc bien une place importante dans de
nombreuses familles d'origine italienne. La volonté de la part des
parents est alors de réussir à
236 Entretien avec la famille Ricci dans M-C
BLANC-CHALÉARD, Les Italiens dans l'Est Parisien. Une histoire
d'intégration (années 1880-1960), Rome, 2000, (p. 420).
237 I. CAGNATI, « Je suis restée une
étrangère », Sud-ouest dimanche, 16 et 25 mars 1985.
238 Entretien avec Madeleine DUSIO dans M-C
BLANC-CHALÉARD, Les Italiens dans l'Est Parisien. Une histoire
d'intégration (années 1880-1960), Rome, 2000, (p. 427).
239 Entretiens avec Madeleine Toni, Rina Raumer, et la famille
Mutti, Ibid. (p. 249).
81 gagner correctement sa vie et à s'intégrer
à la société française en en copiant les coutumes
et sans « faire de vagues ". L'enfant doit avoir « l'air propre ",
les parents cherchent bien souvent à rendre leurs fils et leurs filles
transparents (la volonté de franciser les prénoms et de parler
français au sein du foyer en sont deux exemples que l'on retrouve
très fréquemment).
Par ailleurs, les conflits, dans la première partie de
notre période, portent souvent sur le fascisme, là encore, les
considérations politiques de la maison vont être
transférées à l'école. Ainsi, Walter Buffoni,
pourtant fils de communistes, raconte l'anecdote suivante :
« Ma mère couturière m'avait fait une
chemise d'un gris foncé. Certains camarades de l'école faisaient
une relation avec les « chemises noires » des fascistes.
N'étant pas du genre à me laisser faire, il s'ensuivait des
bagarres, ce qui n'empêchait pas d'être ensuite bons copains
"240.
On voit donc que la gravité de ces
échauffourées était considérée comme toute
relative par leurs protagonistes. Par ailleurs, nous retrouvons très
fréquemment, dans les autobiographies, le récit des insultes et
chansons visant à se moquer des jeunes élèves d'origine
italienne. « On était des moins que rien " : tel est le ressenti de
la famille Lucia de Nogent, sentiment partagé par
beaucoup241. François Cavanna se souvient lui aussi avoir eu
à affronter les critiques et les quolibets de ses camarades
français, il dresse ainsi, dans son autobiographie une sorte de
catalogue des insultes habituellement proférées dans la cour de
récréation :
« Les Ritals, vous êtes bons qu'à jouer de la
mandoline "
« Dans votre pays de paumés, on crève de faim,
alors vous êtes bien contents de venir bouffer le pain des
français !"242.
L'image collective des Italiens souffre donc d'une vision
négative, on les voit pauvres, paresseux, « pouilleux et
culs-bénits "243.
« Les Ritals, on est mal piffés [...] les mômes
français ne risquent pas le bout de leurs pompes dans nos rues à
Ritals, mais à l'école, là ils se rattrapent
"244.
240 Questionnaire de Walter BUFFONI, 2010.
241 Témoignages de la famille Lucia en 1994
Dans M-C BLANC-CHALÉARD, Les Italiens dans l'Est
Parisien. Une histoire d'intégration (années 1880-1960),
Rome, 2000 (p. 356).
242 F. CAVANNA, Les Ritals, Paris, 1978 (p. 33).
243 F. CAVANNA, Ibid. (p. 38).
244 F. CAVANNA, Ibid. (p. 33).
De même, nous constatons fréquemment, dans nos
témoignages, que les discours des parents refont surface à
l'école par l'intermédiaire des critiques culinaires. Les
écoliers italiens traitent ainsi les Français de « patates
pourries », répondant sur le méme registre que l'habituel
« macaroni »245. Cette insulte s'explique par le fait que
les Français, en fait de pâtes, ne connaissaient que les macaronis
(c'est-à-dire faites au gratin, avec du fromage). La critique de
départ concerne donc la pauvreté des Italiens, on se moque d'un
repas considéré comme destiné à des miséreux
puisque les pates ne sont pas accompagnées de viande comme c'est
l'habitude dans la plupart des familles françaises.
« Ah les français, ils mangeaient le macaroni au
fromage c'est-à-dire au four. Mais nous la « pastasciutta »
comme on la faisait, ils aimaient pas ça... Ah ! c'était pas bon,
c'était un plat italien, et puis il y avait de la tomate dedans. Eux,
ils n'aimaient que le macaroni au fromage. Ils n'aimaient pas les spaghetti
»246.
Il va de soi que, rapidement, l'insulte se diffuse dans les
cours de récréation et devient un sobriquet habituel contre les
jeunes d'origine italienne, cependant, son origine provient bien des critiques
culinaires parentales. Le jeune Sergio, futur Serge Reggiani, répond
d'abord aux « macaronis » de ses camarades de classe par des jurons
en italien qui ne font qu'augmenter la raillerie des autres écoliers. Le
fait de ne pas connaître la langue de ses camarades joue sur la
réaction de l'enfant insulté247. Ainsi, il sera
impossible à un élève qui ne connaît que la langue
italienne de répondre par l'humour, solution pourtant souvent
salvatrice, aux remarques xénophobes de ces homologues francophones.
Serge Reggiani explique ainsi que sa volonté très forte
d'apprendre le français a été « provoquée
» par cette situation de reclus qu'il connaît au moment de son
arrivée dans l'Hexagone248. On retrouve sensiblement les
mêmes motivations chez de nombreux témoins :
245 « A l'école, je me suis retrouvé
avec des paysans. Il y avait un copain, son père avait eu des
problèmes avec les voisins italiens. C'est là que, pour la
première fois, on m'a traité de « macaroni ». Il
était plus grand et plus costaud que moi alors je n'ai pas
cherché la bagarre ! Je lui ai dit « toi tu manges des carottes et
des patates pourries ! ».
Entretien avec WM (27 octobre 2009 -- Sainte Marguerite).
246 Témoignage de P. P.
Dans M. ROUCHE « un village du sud-ouest dans
l'entre-deux-guerres : la sociabilité des immigrés italiens
à Monclar d'Agenais » CEDEI, acte du colloque franco-italien, Paris
15-17 octobre 1987.
247 Sur ce sujet, voir R. GUALDARONI, « Scolarisation des
élèves étrangers en France », dans Educazione
interculturale : dalla teoria alla prassi, mars 1997 (p. 103).
248 Interview de Serge REGGIANI pour « Les Inrockuptibles
», mai juin 1991.
Luigi Tirelli explique ainsi :
« Sono venuto in Francia che avevo sei anni. [...] io
sono andato subito alla scuola francese, e dopo sei mesi parlavo il francese,
come un francese. Sono andato fino al Baccalauréat.
»249.
WM fait le même constat :
« A l'école je me suis mis à parler le
français automatiquement. Je crois que j'ai appris le français,
dans l'année de maternelle à l'école. J'ai appris
très rapidement. »250
La situation est courante car, comme le soulignent Marianne
Amar et Pierre Milza, « les élèves étrangers
souffrent bien sûr du handicap linguistique mais, une fois
surmonté, ils réussissent mieux car ils savent que l'école
est leur seule chance de gravir quelques degrés de l'échelle
sociale »251. Ce sera le cas de Serge Reggiani qui
s'avérera être un excellent élève tout comme Walter
Buffoni252. Sans, bien sûr, se réjouir de la
présence récurrente de ces insultes dans les cours de
récréation, les témoins expliquent souvent qu'il est
indéniable qu'elle a été un moteur d'apprentissage
important dans l'apprentissage du français.
L'enquête de 1951 d'Alain Girard et Jean Stoetzel souligne,
elle aussi, les moqueries de la cour de récréation :
« Rapport avec les maîtres : cordiaux. Rapports
avec les camarades français : bons. Evidemment, ils ont parfois
été traités de « macaronis » par leurs camarades
mais jamais avec méchanceté »253.
On aurait donc tendance à penser que les pouvoirs
publics minimisent l'impact de ces insultes sur les élèves, mais,
nous l'avons vu avec l'interview donnée par Yves Montand ou le
récit des souvenirs de Walter Buffoni, les témoins confirment la
plupart du temps avoir ressenti ces injures comme n'étant, finalement,
pas si graves :
249 « Je suis arrivé en France à 6 ans.
[...] Je suis allé aussitôt à l'école
française, et, après six mois, je parlais le français
comme un Français. J'ai étudié jusqu'au
Baccalauréat ». TDLA
Témoignage de Luigi TIRELLI (né à Cavriago
en 1928) livré le 31 octobre 1997 à Antonio CANOVI au
théâtre du Champ de Mars
Dans A. CANOVI, Cavriago ad Argenteuil, Migrazioni
Communità Memorie, Cavriago, 1999.
250 Entretien avec WM (27 octobre 2009 - Sainte Marguerite).
251 M. AMAR et P. MILZA, L'immigration en France au
XXème siècle, Paris, 1990, (p. 108-109).
252 « - Etiez vous un bon élève ?
- J'aimais assez l'école. Cela m'est
désagréable de répondre à la question, en effet,
j'étais très bien noté par mes maîtres. A
l'apprentissage, je suis sorti avec la mention « très bien »
».
Questionnaire de Walter BUFFONI, 2010.
253 A. GIRARD et J. STOETZEL, Français et
immigrés. L'attitude française. L'adaptation des Italiens et des
Polonais, Paris, 1953 (p. 350).
« Bien sûr il y avait les sales macaronis. Mais on
réglait ça à la récré, ou dans la rue ;
quelques coups de poing et on n'en parlait plus »254.
« I Francesi !255 _ Je rigole maintenant mais on
se lançait des pierres ! Il y a eu quelques bagarres, mais le plus
souvent on s'amusait ensemble, hein »256.
De même, les injures ne sont jamais mises en
corrélation avec leur intégration par nos témoins, Walter
Buffoni, évoquant son école nazairienne, répond ainsi
à la question « à l'école, perceviez vous que
vous étiez un immigré ou vous sentiez vous Français ?
» : « Certains enfants savaient me le faire savoir (sale
macaroni). Toutefois, j'étais parfaitement intégré
»257.
Par ailleurs, si la question des insultes en rapport avec
leurs origines reste très rarement sans réponse, deux
témoins diront tout de même ne pas en avoir reçues. Alors,
oubli lié à l'ancienneté des évènements ou
témoignage réel de situations relativement
privilégiées au regard du nombre de personnes faisant état
des habituelles algarades de préau ? Soulignons aussi qu'à la
question « vous souvenez vous d'épisodes violents à
l'école ? », Giovanna répondra qu'elle «
préfère ne pas en parler »258 signe que les
souvenirs de ces moments de tensions restent bien souvent douloureux plusieurs
dizaines d'années après les faits.
Nous avons pu observer le large panel des insultes
proférées contre les enfants de migrants italiens, il n'est pas
rare que l'enfant passe de la provocation verbale aux coups. Les critiques
envers les Transalpins restent rarement sans réponses. Nous retrouvons
ainsi assez fréquemment des insultes de la part des jeunes « Ritals
» sur la fainéantise des Français. Le Transalpin compense
ainsi l'humiliation qu'il peut ressentir quant à la condition de
travailleurs exploités de ses parents en stigmatisant une soi-disant
paresse chez le Français. Chez les Italiens, « on se tue au travail
par nécessité mais aussi par défi »259.
« On était souvent traités de macaronis...
la grande insulte c'était qu'on venait manger le pain des
Français, on le trouvait dur le pain... Après, on était
bien incorporé, mais il y a
254 Témoignage de Laurent PELLICIA
Dans M- BLANC-CHALÉARD et Pierre MILZA, Le Nogent des
Italiens (p. 112).
255 « Les Français » TDLA.
256 Témoignage de N. T.
Dans M. ROUCHE « un village du sud-ouest dans
l'entre-deux-guerres : la sociabilité des immigrés italiens
à Monclar d'Agenais », CEDEI, acte du colloque franco-italien,
Paris 15-17 octobre 1987.
257 Questionnaire de Walter BUFFONI, 2010.
258 Questionnaire de Giovanna, 2010.
(Giovanna a demandé à ce que seul son
prénom soit divulgué).
259 - M-C. BLANC-CHALÉARD, Les Italiens dans l'Est
Parisien. Une histoire d'intégration (années 1880-1960),
Rome, 2000. (p. 411).
- « Dommage qu'on soit obligé de s'arrêter
pour dormir, que sans ça on tombe ».
Dans F. CAVANNA, Les Ritals, Paris, 1978 (p. 239).
des moments où on se disputait, alors là toutes les
insultes étaient bonnes. On le leur rendait largement. Je pense que
c'était plutôt de la jalousie »260.
Les critiques des parents se retrouvent, là aussi, dans
les cours de récréation. Cavanna exprime cette transposition du
foyer à l'école en écrivant : « on voit bien que
leurs parents ne se privent pas de débloquer sur nous autres, à
la maison » 261 . Par souci d'exactitude, il est donc indispensable de
souligner que ces insultes furent évidemment réciproques. Le fils
de migrant italien n'est pas nécessairement le « mouton noir »
de la classe. Effectivement, nombreux sont les témoignages
d'immigrés italiens expliquant qu'ils n'étaient pas les derniers
à provoquer les conflits. Ainsi Auguste Bocarelli raconte :
« Je cherchais la bagarre. A la sortie de l'école,
je savais où jouaient les autres qui nous traitaient de macaronis et
tout ça. Alors, je leur tombais dessus quand ils jouaient aux billes.
Les mères ont protesté auprès du directeur, disant qu'il y
en avait assez de cet Italien, etc. Il m'a sermonné, mais il m'aimait
bien. En classe, j'étais toujours dans les premiers. A la fin il disait
aux mères de faire rentrer leurs enfants plus vite. Il me donnait raison
»262.
Il est intéressant de se demander si ces bagarres, ces
insultes, sont synonymes d'un refus d'être considérés comme
étrangers de la part de l'élève d'origine italienne, ou
bien sont l'expression de la revendication et de la défense de sa
communauté. Parfois, les deux sentiments se mêlent : la recherche
de soi est un chemin difficile pour celui qui a un premier pays dans les veines
et un second sous les pieds. Nous aurons l'occasion d'étudier plus en
profondeur cette question lorsque sera interrogé le sentiment
d'appartenance des élèves d'origine étrangère.
Par ailleurs, si les écoliers français semblent,
la plupart du temps, réutiliser presque textuellement les critiques
contre les Italiens qu'ils entendent à la maison ; les enfants d'origine
italienne se démarquent parfois de leurs parents (qui, souvent,
prônent l'hypercorrection sociale). Cette attitude est sans doute le
reflet de leur incompréhension du choix de l'immigration ou
peutêtre aussi de leur colère de ne pas être tout à
fait intégrés. La « paternité » des conflits est
souvent difficile à analyser, en effet, les souvenirs sont partiels.
Pierre Milza, lui-même témoin, mais aussi historien
contemporanéiste, précise le caractère subjectif de la
mémoire. Il semble
260 Témoignage de G. C. B.
Dans M. ROUCHE « un village du sud-ouest dans
l'entre-deux-guerres : la sociabilité des immigrés italiens
à Monclar d'Agenais » CEDEI, acte du colloque franco-italien, Paris
15-17 octobre 1987.
261 F. CAVANNA, Op. Cit. (p. 33).
262 Entretien avec Auguste BOCARELLI :
Dans Les Italiens dans l'Est Parisien. Une histoire
d'intégration (années 1880-1960), Rome, 2000 (p. 420).
86 nécessaire de replacer notre étude dans son
cadre, celui d'une recherche en science humaine avec ce que cela comprend de
partialité dans les témoignages analysés.
« J'ai pu le constater avec de nombreux entretiens avec
des représentants de la deuxième génération issue
de l'immigration [...] nous avons tendance à grossir avec le temps ces
blessures de l'enfance. Je me suis moi-même égaré dans
cette voie avec une bonne foi absolue. Le souvenir des humiliations subies a
fait que nous en avons souvent rajouté en intégrant à nos
propres expériences des faits de mémoire collective d'une toute
autre gravité. Parler de racisme anti-italien à propos des
chasses à l'homme et des tueries de la fin du siècle dernier ne
me paraît nullement déplacé. Ça l'est au contraire,
appliqué aux dérapages verbaux, voire aux horions
échangés, du second XXème siècle
»263.
Passons maintenant de la cour de récréation
à la porte de la classe. Si l'espace de jeu a un rôle majeur dans
le développement de l'enfant, c'est dans la salle de classe que
l'élève doit faire face aux impondérables handicaps de
départ qui le rendent, tantôt plus acharné dans son
travail, tantôt démissionnaire par avance. C'est en grande partie
sur les bancs de l'école que se jouera le futur des enfants de migrants,
les implications liées à l'école n'ayant pas seulement une
influence sur la carrière mais sur toute la construction du futur
adulte.
263 P. MILZA, Op. Cit. (p.135).
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