Extraction pétrolière et protection de l'environnement dans le golfe de Guinée( Télécharger le fichier original )par Stan Atangana Université de Limoges - Master II droit international de l'environnement 2008 |
Paragraphe I : Pollution des côtes.De la frontière Benino-nigériane à la frontière Angolo-namibienne, nous avons un littoral d'une longueur de 4286 km réparti ainsi qu'il suit : 1607 km pour l'Angola, 850 km de côtes pour le Nigéria, le Gabon dispose quand à lui de 890 km, la longueur des côtes Camerounaises s'élève à 412 km, la Guinée Equatoriale dispose de 301 km, le Congo quant à lui a 180 km de côtes, la République Démocratique du Congo est le parent pauvre en la matière avec ses 43 km de côtes. Ajouté au 212 km de l'Etat archipélagique11(*) de Sao Tomé et Principe, nous avons un total de 4498 km de côtes dans le Golfe de Guinée. Cette zone se caractérise par ses nombreuses mangroves, ses zones humides, ses herbiers et surtout ses plages interminables et courues de sable. Cependant, la forte activité pétrolière qui marque le quotidien de la région expose cette zone à une pollution aux conséquences irréversibles. Les plages (A) et les habitats naturels (B) apparaissent comme les plus touchés par cette pollution. A- Pollution des plages. La seule évocation du mot plage fait penser aux vacances, à la période estivale. L'imagerie populaire limite la plage à une vaste étendue de sable fin se trouvant en bordure de mer. En fait, la géomorphologie définit une plage comme une « accumulation sur le bord de mer de matériaux d'une taille allant des sables fin aux blocs ». On constate donc qu'on ne saurait limiter la plage aux vastes étendues de sable fin. On a aussi d'une part des plages formées de gros blocs qui se font appeler des « beachrock », et d'autre part des plages de galets. Il faut ici éviter de restreindre la plage à l'estran. Il faut prendre en considération l'avant-plage ou avant-côte, avec leurs avant-dunes encore appelé dunes. Si les plages de sable fin sont les plus courues des vacanciers, elles ne sont cependant pas les seules. On distingue outre les sables « blancs » d'origine organique (reste de squelettes, coquilles...), les sables « noires » d'origine minérale ou volcanique. Il serait cependant imprudent de se contenter de la couleur des sables pour opérer la distinction. Si les sables d'origine organique sont chargés de matières organiques, ils peuvent se présenter en noir. De même, le type de roche qui a donné naissance aux sables d'origine minérale peut leurs donner une teinture claire. Le Golfe de Guinée qui peut à juste titre être considéré comme l'Afrique en miniature12(*), a été doté par la nature de « superbes » plages. On peut citer en exemple les belles plages de Kribi et Limbé au Cameroun, de Pointe-Noire au Congo, de Libreville et Port-Gentil au Gabon, de Luanda en Angola, et de Lagos au Nigéria. Le seul Bémol est qu'elles sont toutes polluées. Ces plages sont exposées aux marées noires de toute sorte. Les pétroliers qui le plus souvent disposent d'une seule coque au mépris de la législation internationale en vigueur, dégazent et nettoient leurs moteurs au large, le plus souvent sous le regard complice des autorités locales attirées par le goût du lucre. Ces résidus de pétrole sont déposés sur les plages sous forme de boule de goudron par l'action du vent des courants et des vagues. A cette forme de pollution, il faut ajouter celles produites du fait de l'extraction pétrolière proprement dite. Il peut s'agir ici des fuites survenues lors de l'extraction ou tout simplement des quantités importantes d'hydrocarbure déversées dans les eaux après un accident survenu sur une plate-forme pétrolière (incendie). Nous pensons donc qu' « il serait bon que nous prêtions attention à la pollution de nos côtes par les hydrocarbures issus de l'exploitation pétrolière. Il faut aussi faire quelque chose qui oblige les responsables pétroliers de faire en sorte que l'environnement de ces côtes ne soit pas abimé, car les conséquences sont nombreuses sur la santé des hommes ».13(*) B- Destruction des habitats naturels. L'expression habitat naturel désigne l'habitat de pêche nécessaire pour la production des ressources données. Il peut s'agir d'alevinière (par exemple les mangroves et les herbiers marins), ou de frayères (par exemple les lieux particuliers dans l'océan où les poisons se rassemblent pour se reproduire14(*). Les habitats naturels subissent des menaces diverses et variées. Il peut s'agir de certaines méthodes de pêche qui sont pratiquées par les grands chalutiers traînants qui retirent de l'eau les poissons de toute taille. Aussi l'activité pétrolière avec son corollaire qui est la pollution par hydrocarbure porte atteinte aux habitats naturels. La pollution des côtes par hydrocarbure détruit les habitats naturels tels que les mangroves et les herbiers marins, mais aussi les frayères en asphyxiant les poissons et en détruisant les oeufs. La destruction des habitats naturels est un véritable problème dans le Golfe de Guinée. Les lieux où se reproduisent les poissons sont sérieusement menacés. Les habitats et les zones de fraie sont mis en mal par la pollution due aux activités pétrolières. L'eau est « empoisonnée » par les déversements d'hydrocarbures opérés dans les océans. En septembre 2008, la rupture d'un pipeline sous marin de la société PARENCO Gabon, entraine une catastrophe environnementale dans la lagune du Fernan Vaz, aux alentours du village Olende, dans le département d'Etimbwe, dans la province de l'Ogoue-Maritime. Ce déversement d'hydrocarbure a entrainé de larges suspensions colloïdales à la surface de ce lac intérieur habituellement poissonneux. Les suspensions colloïdales formaient une sorte de film huileux, dans lequel les molécules d'hydrocarbures étaient soudées comme par une colle. Les suspensions ont gêné la pénétration de la lumière et de l'oxygène au bord de la lagune, là où les poissons déposent leurs oeufs, dégradant ainsi le milieu de reproduction des poissons. Le milieu naturel marin est ainsi travesti. Ce qui entraine une destruction de la faune et de la flore. * 11 _ A.D. Ogoulat,2006, « Afrique Centrale et Golfe de Guinée : géopolitique des termes de l'échange entre deux régionymes sous-continentaux », in Enjeux n°26, p.9. * 12 _ Appellation chère au Cameroun du fait de sa diversité linguistique, culturelle, touristique... * 13 _ Termes du président du conseil économique et social du Gabon après une pollution observée sur la plage de Mayumba au Gabon. * 14 _ Voir le site www.infosplusgabon |
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