La critique existentialiste du rationalisme chez Sàśren Kierkegaard( Télécharger le fichier original )par Eric MBOCK ABOUBAKAR Grand Séminaire Saint Augustin de Maroua - Mémoire fin de cycle de philosophie 2008 |
III.1.2.9. Sa conception de la foiA propos de la relation foi et raison, du moins pour certains existentialistes chrétiens, la foi est comprise comme quelque chose d'absurde, elle est une adhésion de la passion qui nous garde fixé sur l'objet de la foi. L'objet de la foi importe peu pour KIERKEGAARD mais seule l'intensité avec laquelle on croit qui importe. Mais la foi envisagée de la sorte ne saurait être partagée de tous. L'homme est un être libre doté d'une volonté qui lui permet d'entrer en relation avec Dieu non pas en se comportant en fidéiste au point de dire comme LUTHER « la raison est contraire à la foi, il est impossible de faire accorder la foi avec la raison »116(*) ou bien comme KIERKEGAARD « perdre la foi pour gagner Dieu c'est l'acte même de croire »117(*) mais plutôt de savoir unir les deux réalités afin d'affirmer « la foi et la raison sont comme deux ailes qui permettent à l'esprit humain de s'élever vers la contemplation »118(*). Le pape JEAN PAUL II et même bien avant lui d'autres penseurs se sont érigés en faux au sujet de la raison comme obstacle à la foi. C'est pourquoi dans son encyclique le pape abordant le problème nous dira qu' « il est illusoire de penser que la foi, face à une raison faible, puisse avoir une force plus grande ; au contraire, elle tombe dans le grand danger d'être réduite à un mythe ou à une superstition. De la même manière une raison qui n'a plus une foi adulte en face d'elle n'est pas incitée à s'intéresser à la nouveauté et à la radicalité de l'être »119(*). D'où le sacrifice de la raison au sens strict du terme n'est pas possible et ne serait pas bon pour une foi qui se voudrait solide. Le catéchisme de l'Eglise catholique nous fait aussi comprendre à ce sujet que « dans la foi, l'intelligence et la volonté humaine coopèrent avec la grâce divine : croire est un acte de l'intelligence adhérant à la vérité divine sous le commandement de la volonté mue par Dieu au moyen de la grâce »120(*). La foi ne doit pas se borner comme le pensent les existentialistes uniquement à ce qui est révélé car nous devons comme le dit Saint AUGUSTIN repris par le pape JEAN PAUL II croire pour comprendre et comprendre pour croire121(*). Puisque c'est uniquement par cette démarche que nous pourrions atteindre de manière juste et consciente notre désir de connaître et de contempler Dieu. De là nous pouvons constater que la foi et la raison ne se contredisent pas ; ce qui est vrai pour la raison ne peut être en contradiction avec la foi et ce qui est vrai pour la foi, même si la raison ne peut pas l'expliquer reste vrai. C'est pourquoi dans la foi il y a plusieurs facteurs qui entrent en ligne de compte à savoir : l'intelligence, la raison, la volonté et le tout soutenu par la grâce divine. Pour finir nous pouvons dire que l'objet de la foi ici c'est Dieu. Il y a donc pas de raison de dire que la foi est absurde, qu'elle est un sacrifice de la raison car si je n'ai pas de raison de croire, si par mon intelligence je peux avoir intérêt pour une chose, la foi ne peut avoir le dernier mot. Quand l'intelligence et la raison ne participent pas à l'acte de foi, il est possible de croire à n'importe quoi. * 116 _ R. VANCURT, La philosophie et sa structure, Vol. I. Paris, seuil, 1953, p. 312. * 117 _ R. JOLIVET, op. cit., p. 102. * 118 _ Ibidem, p. 107. * 119 _ JEAN PAUL II, La foi et la raison, Paris, Cerf, 1998, n°48. * 120 _ Catéchisme de l'Eglise catholique, Paris, Mame/Plon, 1992, n°155 * 121 _ JEAN PAUL II, La foi et la raison, op. cit., n°16-36. |
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