La critique existentialiste du rationalisme chez Sàśren Kierkegaard( Télécharger le fichier original )par Eric MBOCK ABOUBAKAR Grand Séminaire Saint Augustin de Maroua - Mémoire fin de cycle de philosophie 2008 |
III.1.2.6. Le refus de la métaphysiqueL'une des faiblesses du philosophe danois qu'il faudrait remarquer ici est celle du rejet de la métaphysique. KIERKEGAARD réfute la métaphysique, car selon lui, elle ne traite que du possible ; et est dénuée de sens comme le pense WITTGENSTEIN. Les êtres métaphysiques n'existent pas ce n'est qu'une évasion de l'esprit. Admettons que la métaphysique traite du possible. Alors il est bon de faire de la métaphysique pour étudier les possibles ; puisqu'elle étudie les possibles, elle devient par ricochet la science des sciences, car aucune ne peut être en dehors d'elle. Elle devient le fondement des sciences, le fondement de tout savoir. Et cela de sorte que si j'arrive à faire l'impossible, ce serait justement une preuve que mon impossible était un possible mal cerné, mal analysé. C'est pourquoi il y a donc intérêt à faire de la métaphysique, car elle permet de savoir au plus haut degré les possibilités de l'existence. III.1.2.7. Le rejet de l'apologétiqueKIERKEGAARD dans sa pensée chrétienne refuse la défense du christianisme ; refuse l'apologétique. Il refuse toute tentative de défense du christianisme car « vouloir spéculer à son sujet est un malentendu et si finalement alors on prétend l'avoir compris spéculativement, alors on atteint le maximum du malentendu »112(*). Puisque, le christianisme n'est pas « une doctrine philosophique qui veut être comprise spéculativement »113(*). Mais refuser de défendre le christianisme, n'est se pas une sorte d'apologétique que pratique KIERKEGAARD ? Il propose cependant une défense mais à la manière des apôtres à travers le témoignage évangélique. Cette orientation de la défense ou ce type de défense qu'il nous propose laisse simplement voir son refus de la spéculation dans le domaine de la religion. Or il faudrait pourtant avoir en vue qu'une apologie bien faite ne disperse pas l'existant, mais a une grande valeur car : « de soi l'intention apologétique vécue dans son authenticité spirituelle a pour effet non pas de falsifier, mais de rectifier et de valoriser l'intention philosophique »114(*). Ainsi une saine apologétique consistera en un effort de maintient de la prédication du message évangélique dans la pureté, pour préserver l'enseignement des apôtres des déviations et des hérésies. III.1.2.8. La question de la libertéNous dirons que l'homme est libre, mais que sa liberté n'est pas absolue, ni première ; elle dépend au contraire d'un certain nombre de conditions qui la rendent possibles, et en même temps la limite. D'abord, la liberté suppose la nature humaine. A priori, l'idée de se créer soi-même au sens fort du terme est absurde ; car il faudrait à la fois être (pour créer) et ne pas être (pour se créer). L'homme au cours de son existence se forme ou se développe mais il ne se crée jamais. Cela parce que de part notre nature nous naissons déterminés, ayant un certain tempérament, une hérédité etc. et c'est à partir de là seulement qu'on peut exercer, cultiver notre liberté. Cette liberté qui est un acte libre, volontaire suppose l'intelligence qui vient subordonner la volonté ; car il faut pour éveiller la volonté une idée du but à atteindre et pour cela, il faut vouloir quelque chose que notre intelligence nous présente comme possible à atteindre : « je voudrais être Dieu, si c'était possible, mais je sais que ce ne l'est pas, et par conséquent je ne le veux pas réellement »115(*). * 112 _ S. KIERKEGAARD, cité par R. VERNEAUX, Histoire de la philosophie contemporaine, op. cit., p. 26. * 113 _ Idem. * 114 _ P. TOINET, Existence chrétienne et philosophie. Essai sur les fondements de la philosophie chrétienne, Paris, Aubier Montaigne, 1965, p. 365. * 115 _R. JOLIVET, Les doctrines existentialistes de Kierkegaard à J-P. Sartre, Paris, Fontenelle, 1948, p. 87. |
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