La tontine est une association de personnes qui,
unies par des liens familiaux, d'amitiés, de profession, de clan ou de
région, se retrouvent à des périodes d'intervalles plus ou
moins variables afin de mettre en commun leur épargne en vue de la
solution des problèmes particuliers ou collectifs. Cette
définition est proche de celle donnée par Bouman (1977) qui
explique que « les tontines sont des associations regroupant des
membres d'un clan, d'une famille, des voisins ou des particuliers, qui
décident de mettre en commun des biens ou des services au
bénéfice de tout un chacun, et cela a tour de rôle ».
On peut distinguer trois types principaux de tontines:
les tontines mutuelles, les tontines commerciales, et enfin les tontines
financières (Bain, 2001).
1-les tontines mutuelles
Ces tontines sont les plus répandues. Elles
reposent sur la solidarité entre membres qui se connaissent bien. Les
tontines mutuelles peuvent être définies comme des fonds
d'épargne rotative ou les levées bénéficient
à chacun des sociétaires selon un ordre préétabli,
mais révisable. Chacun peut prêter et emprunter et remplacer une
créance par une dette. Ces créances et ces dettes ont plusieurs
caractéristiques particulières:
-Elles ne sont assorties d'aucun
intérêt. En effet, les créances ne rapportent rien, et les
dettes ne coutent rien non plus. Ainsi, l'épargne et le crédit
sont gratuits.
-Il n'y a pas d'intermédiaire. Tous les
adhérents ont certes des créances et des dettes, mais ils les ont
les uns envers les autres du fait que la tontine ne dispose pas d'une
personnalité juridique propre.
-Les créances et les dettes se compensent
parfaitement tout au long du cycle et s'annulent au dernier tour.
L'accumulation n'est ici que temporaire.
2-les tontines commerciales
Dans cette forme de tontine, les fonds sont
collectés par un tiers qui a pris l'initiative de la création du
groupe et qui joue le rôle de banquier, prélevant une commission
pour le service qu'il rend d'ajuster au mieux l'épargne collectée
et les prêts déboursés.
Ces tontines commerciales ne sont pas
véritablement des tontines au sens propre du terme, puisqu'il s'agit le
plus souvent d'un accord bilatéral entre le « banquier ambulant
» et son client qui n'a, comme seule initiative, que de mettre en
concurrence les banquiers ambulants au niveau des éventuels services
offerts et, notamment, du taux de garde réclame pour garder l'argent en
sécurité.
Dans cette forme de tontine, on peut
également parler de créances et de dettes. En effet, la
créance du client augmente au fur et à mesure qu'il dépose
son épargne chez le tontinier, qui lui, a l'inverse voit sa dette
augmentée d'autant. La créance des clients et la dette du
tontinier sont la contrepartie l'une de l'autre: elles progressent a chaque
versement et diminuent lors du remboursement. Les caractéristiques de
ces créances et de ces dettes sont les suivantes :
-Elles s'accompagnent, contrairement à
celles des tontines mutuelles, d'un intérêt. Mais cet
intérêt est un intérêt négatif puisque c'est
le client qui le paye pour que son argent soit en sécurité. Selon
Bain (2001), ce taux d'intérêt est de 3% en général.
-Il n'y a toujours pas d'intermédiaire.
Le tontinier ne prête pas aux uns ce qu'il a reçu des autres, mais
il y a un agent avec lequel tous les clients sont en relation, et sur lequel
ils ont tous une créance juridiquement identifiée. Cette
créance est d'ailleurs matérialisée par la carte,
émise au nom du tontinier qui l'a remise à chaque client et dont
il coche une case à chaque versement. Elle est un titre de
créance dont la validité a déjà été
reconnue en justice. Si le client la perd, le tontinier peut refuser de le
rembourser mais il a plutôt intérêt à garder la
confiance de ses clients.
-La dette du tontinier et la créance de
ses clients progressent parallèlement jusqu'au remboursement. Ici
également, l'accumulation est temporaire, mais elle est
régulière car les versements s'échelonnent selon un
échéancier prévu d'avance. Ainsi, la détermination
de la valeur de ces créances et de ces dettes est plus facile car
très souvent, les clients qui viennent d'être remboursés
reprennent aussitôt leurs versements.
3-les tontines financières
Contrairement aux tontines commerciales, ou l'on
cherche au maximum à récupérer l'argent
déposé, les dépôts effectués ici par
l'ensemble des adhérents sont mis aux enchères selon des
modalités statutairement définies.
Le participant le plus offrant paie donc un
intérêt pour emprunter l'argent de la tontine. Le taux diminue
à mesure que les tours se succèdent puisque les candidats sont de
moins en moins nombreux et que la durée restant à courir est de
plus en plus courte. Le produit de ces enchères est ensuite reparti
entre les participants qui, quelle que soit leur propre enchère, se
trouvent rémunérés de leurs propres versements.
L'intérêt est négatif pour ceux qui ont besoin d'emprunter
rapidement, et positif pour ceux qui ont pu attendre. L'intérêt
n'est pas le prix d'équilibre de l'offre et de la demande de
liquidité à un moment donné, il résulte de
l'étalement pendant le cycle des besoins de chacun. La part de
cotisation varie d'une tontine à une autre en fonction du niveau des
revenus des membres et des objectifs qu'ils visent.
On peut signaler que cette forme de tontine est
très présente au Cameroun où elle est pratiquée par
les Bamilékés. Elle s'étend désormais à
plusieurs pays voisins comme le Benin, la Centrafrique ou le Burkina Faso. On
trouve également ce type de tontines en Chine et à Taiwan.