Paragraphe 1 : présentation de tableaux de
bord
Il s'agit de définir le tableau de bord de gestion en
disant ce qu'il est et dans un second temps montrer son utilité.
I- Définition et utilité
1-Ce qu'est le Tableau de bord de
gestion
Le tableau de bord de gestion est un flux
d'informations nécessaire à tout système
décentralisé de gestion prévisionnelle
- l'installation de Tableau de bord de gestion suppose
l'existence dans l'entreprise d'une gestion prévisionnelle lui
permettant de s'assigner des objectifs précis. Le tableau de bord de
gestion sert à contrôler fréquemment la bonne
réalisation des prévisions ou, au contraire, à mettre en
évidence les secteurs où l'entreprise n'a pas atteint ses
buts.
- Le tableau de bord de gestion est nécessaire à
tout système décentralisé parce que dans un tel
système chaque centre de responsabilité est amené à
évaluer ses propres prévisions dans le cadre de l'objectif global
de l'entreprise, et s'engage à les réaliser. Lorsque l'entreprise
constate un écart dans une trajectoire, elle doit être en mesure
de déceler le centre de responsabilité qui en est la cause. Le
tableau de bord permet de réaliser une telle recherche dans un
délai suffisamment bref pour qu'une action puisse être
effectivement menée.
- Le tableau de bord de gestion est un flux d'informations
hiérarchiques ou latérales circulant entre les centres des
responsabilités dont les réalisations sont
interdépendantes. En effet, le tableau de bord doit fournir à
chaque responsable les données concernant son environnement qu'il soit
interne ou externe, afin qu'il puisse réagir aux variations de la
conjoncture et aux prévisions défectueuses d'un centre de
responsabilité connexe.
2-Utilité du tableau de bord de
gestion
-Le tableau de bord est un moyen pour
apprécier la délégation des pouvoirs
Dans un système de gestion où les pouvoirs sont
délégués, un contrat s'établit au moyen du budget,
entre deux responsables : un délégant et un
délégataire. Un contrat définissant les performances que
la défaillance compromettrait non seulement les résultats du
délégataire en question, mais aussi, ceux des services ou centre
de responsabilité situés au dessus de lui. Finalement, ce sont
les performances de l'entreprise qui se trouveraient affectées. Il est
donc nécessaire que le délégant exerce une certaine
surveillance afin de vérifier les performances réalisées
au niveau des échelons qui lui sont subordonnés. Le tableau de
bord de gestion aide à remplir ce rôle en permettant à
chaque responsable à chaque niveau :
* d'apprécier les résultats obtenus,
* de rendre compte au délégant.
Pour que les contrôles puissent s'exercer dans les
meilleures conditions, il est nécessaire qu'il y ait cohérence
entre les différents tableaux de bord afin de faciliter le dialogue
entre les délégataires. Cela implique :
* L'utilisation d'unités d'oeuvre communes ou
compatibles les unes avec les autres (additives)
* l'établissement des tableaux de bord selon une
périodicité permettant des regroupements cohérents et une
mise à jour simultanée : par exemple, les tableaux de bord
des responsables des secteurs de vente, établis par décade
peuvent être synthétisés par mois et seront de ce fait
compatibles avec le tableau de bord mensuel du directeur commercial,
* Une structure cohérente de l'ensemble des tableaux de
bord pour que les dirigeants puissent aisément situer les
responsabilités des écarts et obtenir de leurs collaborateurs des
explications suffisamment élaborées.
-Le tableau de bord sert à renforcer le
système budgétaire
Le contrôle du délégataire se fait sur la
base des budgets. Autrement dit, le tableau de bord donne au
délégant le moyen de vérifier que le
délégataire se conforme aux prévisions qu'il s'est
engagé à réaliser. Ce contrôle sera effectué
selon le cas, chaque semaine, chaque quinzaine, chaque mois ou plus. Il est
possible que lors du contrôle, des réalisations dans un centre de
responsabilité s'écartent des prévisions. Dans ce cas, il
faudra rapidement trouver une solution afin de ne pas compromettre les
performances globales de l'entreprise.
-Les tableaux de bord aident à constituer
une banque de données pour l'entreprise
La confection d'un tableau de bord nécessite la
collecte d'un nombre important d'informations numériques. Les documents
qui ont servi à la confection du tableau de bord d'une part, et ceux
qui le constituent d'autres part, ne doivent pas être détruits
après avoir été exploités. Ils doivent au contraire
être archivés. Cela permettra de connaître à un
moment donné et de façon précise, l'activité de
l'entreprise. Par exemple, quand un service commercial, cherche à
déterminer l'impact d'une campagne publicitaire, il peut établir
une corrélation entre des séries chronologiques de chiffres
d'affaires et de frais de publicité grâce aux tableaux de bord
antérieurs archivés. D'un autre côté, les
informations disponibles de cette manière et facilement accessibles aux
utilisateurs, offrent l'avantage d'inciter les responsables à adopter
une terminologie commune à l'intérieur de l'entreprise.
- La conception de tableau de bord de
gestion
Elle comporte cinq (05) phases :
* L'établissement de l'organigramme de gestion,
* La sélection des points-clés de
décision ;
* Le choix des indicateurs ;
* La collecte des informations ;
* La construction du tableau de bord de gestion.
L'établissement de l'organigramme de
gestion
- Le principe fondamental
Le tableau de bord doit s'adapter à l'organisation
existante et non l'inverse. Il est hasardeux et souvent fatal pour le tableau
de bord de vouloir une organisation parfaitement adaptée avant de
démarrer sa mise en place. Par suite, le tableau de bord jouera le
rôle de révélateur des défauts de l'organisation .En
effet, le tableau de bord couvrant l'ensemble de l'entreprise conduira
inévitablement à mettre en exergue les défauts de
l'organisation (manque, double emploi etc.). Ces défauts
révélateurs seront progressivement ressentis. Ils
détermineront les décisions de modification dont la mise en
oeuvre sera échelonnée de manière supportable par
l'entreprise et ses cadres.
- Les centres de
responsabilité
La mise en oeuvre du tableau de bord suppose l'existence d'une
pratique budgétaire avancée. Celle-ci, bien conçue,
instaure dans l'entreprise la délégation des pouvoirs. Des
centres de responsabilité existent dès lors que sont mis en place
des hommes qui décident dans le cadre de cette délégation.
Par centre de responsabilité, nous entendons l'ensemble constitué
en service officialisé, pourvu de moyens propres à lui permettre
de réaliser une mission, des centres de recettes, de coûts, de
profit et d'investissement.
Type
|
Mission
|
Objectifs
|
Moyens d'action
|
Centre de coûts
|
Réaliser une certaine production au moindre
coût
|
-niveau de production
-coûts totaux de production, déduction faite des
recettes éventuelles
|
-organisation et utilisation du matériel, du personnel
etc., mis à disposition pour la mission.
-la réalisation des recettes annexes
éventuelles permettant de réduire le coût de production
|
Centre de recettes
|
Réaliser les recettes maxima compte tenu du
marché et des moyens commerciaux.
|
-niveau des recettes
-niveau des coûts
|
-action sur les marchés
-utilisation optimale des moyens commerciaux
|
Centre de profit
|
Réaliser le rapport profit/chiffre d'affaires
maximum
|
-niveau de profit
-taux de profit sur chiffre d'affaires
|
Action sur les recettes et l'ensemble des coûts de
production et commerciaux.
|
Centre d'investissement
|
Obtenir la rentabilité maximum du capital investi
|
-niveau du profit ou du cash flow
-capital utilisé pour l'obtenir
-taux de rentabilité du capital investi.
|
-recettes et coûts comme centre de profit.
-volume du capital nécessaire pur atteindre ce
résultat.
|
La conception de l'organigramme revient à
établir et à situer chacun des centres de responsabilité
par domaine d'action (découpage vertical) et par le niveau
hiérarchique (découpage horizontal). A chaque centre de
responsabilité correspond ainsi des attributions que l'on peut analyser
en un certain nombre de point-clés de responsabilité. Enfin,
construire l'organigramme de gestion, c'est établir une matrice, des
responsabilités réellement exercées dans l'entreprise et
des moyens d'action correspondants sans lesquels il n'y a pas de
responsabilités effectives.
- La conception gigogne ou pyramidale du tableau de
bord de gestion
Le tableau de bord a deux finalités
principales :
- constituer une synthèse des informations à
tous les niveaux,
- permettre une sélection d'actions rapides et
efficaces
Ces finalités conduisent à un système
à double flux :
* des flux ascendants d'informations des
délégataires vers les délégants
* des flux descendants selon lesquels le chef d'entreprise
peut actionner directement ou indirectement chacun des centres de
responsabilité en fonction des décisions prises.
La sélection des points - clés de
décision
Le dirigeant d'entreprise éprouve constamment la
difficulté d'évaluer et de situer en importance relative, la
masse des informations disponibles ou reçues. Selon les moments ou les
tempéraments, tel ou tel élément semble capital ou mineur.
Afin de mieux le situer, on s'efforce de le rapprocher d'autres données
et on aboutit alors à multiplier les pourcentages, les indices ou les
ratios en éprouvant beaucoup de difficultés à saisir le
fil conducteur de l'ensemble. L'analyse faite pour établir le tableau de
bord doit donc rechercher les critères permettant de cerner l'essentiel
et partant, concourir à fournir au chef d'entreprise une certaine
méthode de management consistant successivement à :
* se demander ce qui conditionne les résultats de
l'entreprise, sa croissance et sa rentabilité. On parlera alors de
points-clés correspondant au global, et au niveau de
chaque unité, aux missions et objectifs principaux de chaque
responsable ;
* adapter le contenu du tableau de bord à ces points -
clés en choisissant convenablement les indicateurs sans se noyer dans
la masse des informations possibles ;
* rechercher les sources d'informations simples et rapides
permettant de chiffrer les indicateurs retenus.
La recherche des points - clés est guidée par
les principes suivants :
* chaque centre de responsabilité peut se ramener
à une mission et à des objectifs principaux
* les objectifs majeurs doivent
être traduits en indicateurs ;
* des possibilités d'actions correctives doivent
correspondre à chaque indicateur.
-Les missions et objectifs principaux des centres
de responsabilité
- An niveau de l'entreprise comme au niveau des centres de
responsabilités, existe une mission qui a précisément
abouti à la création de l'entreprise ou à la
délégation de certains pouvoirs. Cette mission peut se traduire
par des objectifs généralement mesurables, Par exemple, pour
l'entreprise, la mission pourra être :
* de réaliser des profits ;
* de croître en valeur de chiffre d'affaires ou en
volume (de quantités produites) ;
* de prendre ou conserver une part de marché.
Pour un centre de responsabilité au sein de
l'entreprise, il s'agira d'assurer une partie spécifique de la mission
globale : réaliser un chiffre d'affaires, produire des
quantités à certaines conditions de coût etc.
- des objectifs quantifiables exprimeront par exemple, la
valeur du chiffre d'affaires, ou encore, la valeur ou le nombre de moyens
à mettre en oeuvre pour aboutir au résultat global
recherché, et cela, tant au niveau de l'entreprise qu'à celui des
centres de responsabilités. Ces objectifs pourront eux-mêmes
être distingués entre :
* des objectifs de résultat assortis des indicateurs
correspondants (QRD)
* des objectifs de moyens en relation avec les objectifs de
résultats
- l'ensemble mission - objectifs est un élément
de l'organigramme de gestion. Il conduit au choix des indicateurs mesurant la
réalisation de ces missions et objectifs.
-Les objectifs majeurs doivent être traduits
en indicateurs
- la règle simple à retenir est celle-
ci : l'importance des objectifs (de résultats ou de moyens) se
mesure à l'incidence que peuvent avoir leurs variations sur les
résultats de l'entreprise.
- On constate également dans un ensemble quelconque,
que 80% environ des résultats sont dus à 20% des moyens
utilisés. Exemple 20 articles sur 100 à vendre constituent 80% du
chiffre d'affaires. Cette règle classique des 80 sur 20 permet de
sélectionner parmi les multiples objectifs, ceux qui ont une importance
significative au regard de la gestion des résultats.
- A ces méthodes d'analyse quantitatives s'ajoutent des
éléments d'appréciations recueillis lors des interviews du
diagnostic, en particulier, on tiendra compte des `'baromètres''
sélectionnés par les responsables en fonction de leur
expérience.
-Les responsabilités d'actions correctives
doivent être liées à chaque indicateur
Dès lors que l'on a construit un indicateur, on en
connait les constituants qui peuvent expliquer ses variations ainsi que leur
localisation (principe gigogne). Au-delà de l'information, le
responsable dispose donc des éléments nécessaires pour
agir dans la limite de ses compétences. Par exemple, l'évolution
de la marge nette pourra être analysée pour sa partie provenant de
la fonction commerciale (aspect chiffre d'affaires et coûts de
distribution) et sa partie provenant de la fonction production (aspects achats
et fabrication).
Le choix des indicateurs
caractéristiques
Un indicateur est une information généralement
chiffrée, choisie pour rendre compte à intervalles
rapprochés, de l'exécution d'une mission.
-principes de base du choix d'un
indicateur
Il n'y a pas de liste type d'indicateurs utilisables pour
toutes les entreprises. Le respect de quelques principes de base facilite
cependant le choix des indicateurs adaptés. Ces principes sont
essentiellement les suivants :
* inciter les responsables concernés au choix des
indicateurs ;
* définir les activités à
caractériser dans le tableau de bord ;
* s'assurer de la qualité des indicateurs ;
* tester les indicateurs avant de les retenir
définitivement.
-La participation des responsables au choix des
indicateurs
Le choix des indicateurs doit être fait avec le concours
de ceux dont ils mesurent les activités et les performances. Ce choix
est un `'contrat'' entre le délégant et le
délégataire. Un contrat précisant les critères sur
lesquels les performances seront mesurées. Ici, il est nécessaire
que le chef d'entreprise fasse connaître sans équivoque son
adhésion et son appui à l'acte du maître d'oeuvre du
tableau de bord.
Les activités à caractériser :
Activités propres, activités déléguées,
activités convergentes, environnement. Dans tous les cas, le tableau de
bord ne doit pas devenir un recueil de données de conjoncture : il
doit pour l'essentiel, demeurer centré sur les responsabilités
effectivement exercées ou contrôlées à chaque
niveau.
-La qualité des indicateurs
Un indicateur doit avoir les qualités d'un instrument
de mesure. Il doit donc présenter des caractéristiques de
fidélité et d'objectivité :
* par rapport à l'importance et au sens de la
variation : l'indicateur doit varier comme le phénomène
mesuré. Une variation de 10% du phénomène mesuré
doit être représentée par une variation proportionnelle de
l'indicateur (il faut éviter d'utiliser les moyennes mobiles) ;
* dans le temps et dans l'espace : Exemple : dans
une entreprise disposant de plusieurs points de vente répartis sur toute
l'étendue du territoire et même hors de ce territoire, le chiffre
d'affaires doit être toujours et pour les points de vente, calculé
selon une même méthode (chiffre d'affaires hors taxes par
exemple) ;
* à l'égard des utilisateurs : l'indicateur
ne doit pas être manipulé ou biaisé par les échelons
d'exécution ou de décision. Exemple : la valeur des
commandes enregistrées par un vendeur peut donner une idée
erronée de son efficacité si l'on ne tient pas compte des
annulations ultérieures ou des impayés.
Par ailleurs, le tableau de bord étant un instrument de
décision et d'action à court terme, son utilité diminue
très vite quand le délai entre la fin de la période
analysée et la mise à jour de l'indicateur s'accroît. Un
délai de cinq (5) jours ouvrables après la fin de la
période analysée doit être l'objectif visé pour la
mise à jour du tableau de bord mensuel. Enfin, lorsqu'on passe d'un
niveau inférieur à un niveau supérieur, les indicateurs
exprimés en valeur ou en quantité doivent s'agréger dans
des indicateurs synthétiques. Ainsi, les indicateurs de coûts et
de recettes des différents centres de responsabilités doivent
pouvoir s'additionner en un seul indicateur exprimant le coût global et
la recette globale.
-Le test des indicateurs
Il est nécessaire de tester les indicateurs afin de
s'assurer que :
*les sources d'informations existent ;
*les indicateurs présentent les qualités
désirées.
C'est à la fin de cette période d'essai et
d'amélioration que le tableau de bord deviendra véritablement
opérationnel, c'est-à-dire qu'il pourra être utilisé
pour l'action et la communication entre déléguant et
délégataire.
-Méthode du choix des
indicateurs
La responsabilité d'un chef d'entreprise (ou de centre
de responsabilité) est double : d'une part, gérer dans les
meilleurs conditions les activités courantes ou de routine ;
d'autre part, assurer la réalisation d'une ou plusieurs
opérations exceptionnelles.
La première chose à faire est de cerner les
éléments qui seront mesurés par les indicateurs du tableau
de bord dans le cas des activités courantes. Toute activité est
un système ayant pour objectif de réaliser une mission,
c'est-à-dire une production, en utilisant des moyens ou des ressources
(facteurs). L'ensemble de ce système est influencé de
l'extérieur par les réalisations des activités
convergentes de l'entreprise ou par l'environnement. On va donc chercher
à placer des indicateurs pour contrôler ces points du
système : les résultats (sortis) ; l'utilisation des
moyens (entrées) ; les activités convergentes ;
l'environnement.
-Les indicateurs de la mesure des
résultats
Il s'agit ici d'indicateurs fondamentaux puisqu'ils mesurent
le niveau de la réalisation de la mission de chaque responsable. Cette
mesure qui peut être effectuée en volume et en valeur, oblige
à choisir au préalable des unités d'oeuvre.
-Forme et interprétation des
indicateurs
*Forme des indicateurs
Valeur absolue : niveau de production (Q), chiffre
d'affaires (R) ; rapport entre les grandeurs : il peut prendre la
forme d'un pourcentage, d'une moyenne, d'un ratio (pour exprimer la comparaison
entre deux valeurs financières).
*Contenu et périodes couvertes :
.période entre deux mises à jour
successives : une période trop longue serait en contradiction avec
la notion d'information pour l'action à court terme et au niveau du chef
d'entreprise, on adopte généralement la mise à jour
mensuelle ;
.cumul depuis le début de l'exercice ou du
programme : le résultat de la dernière période est
certes intéressant pour déceler le changement de tendance quand
il se produit, mais il ne permet pas d'apprécier si l'écart
compense une tendance inverse antérieure ou s'il accentue une
évolution. Le cumul complète l'information en mettant en
évidence les changements de tendance permanente.
Généralement, le cumul part du début de l'exercice annuel
qui représente comme le mois, un cycle normal. Pour les
opérations exceptionnelles, le cumul part du début du programme.
*Interprétation des indicateurs
.choix d'une valeur de référence : un
chiffre ou une information ne peut traduire une évolution ou une
tendance que si on le rapproche d'une donnée comparable prise comme
norme de référence. Un chiffre d'affaires prend une signification
pour le chef d'entreprise s'il peut le comparer à : un
objectif ; la concurrence ; le chiffre d'affaires
antérieur.
.expression de l'écart : c'est l'écart
entre la valeur de l'indicateur et celle de la référence qui
donne une signification à cet indicateur. En principe, on fait figurer
l'écart sous la forme d'un pourcentage ou d'un indice sur le tableau de
bord. L'écart du résultat avec la référence
n'exprime un changement de tendance que s'il dépasse un seuil d'alerte
à partir duquel une réaction du responsable s'impose (gestion par
exception).
La collecte des informations
-Principes directeurs de la démarche
relative à la collecte des informations
Ces principes concernent :
*la participation des responsables à la collecte :
cette participation est nécessaire pour des raisons techniques et
psychologiques
·Sur le plan technique : il n'a jamais
existé un inventaire complet des informations dont disposent les
responsables. A côté des données officielles, on trouve
fréquemment des documents tenus à la main qui
généralement sont d'un grand intérêt et que seuls
les responsables peuvent signaler.
·Sur le plan psychologique : il est
nécessaire d'obtenir l'acceptation des responsables sur les informations
utilisées pour chiffrer les indicateurs caractéristiques de leur
activité. Des informations qu'ils peuvent être tentés de
traiter comme médiocres ou sur l'usage desquels ils n'auraient pas
été consultés, pourraient les amener à contester la
signification des indicateurs. Cette participation est activée par le
contrôle de gestion et les services administratifs. En effet, il existe
un double rôle : ils centralisent de nombreuses informations,
notamment les informations en valeur grâce à la
comptabilité et au budget ; ils élaborent à partir
des données élémentaires, le mode de traitement permettant
d'obtenir des données utilisables par les divers responsables. Ils sont
également chargés de rassembler dans le tableau de bord du chef
d'entreprise, les indicateurs élaborés dans leurs services. Ces
deux unités ont donc à veiller à ce que soient clairement
définis : l'origine des informations de base, leurs supports et
leurs dates de disponibilité ; le canal recommandé de
transmission, courrier interne, fax, télex etc. ; les
opérations à faire pour passer des données de base au
chiffrage des indicateurs.
*les critères de la qualité des
informations : les qualités d'une bonne information tiennent en
trois mots : Rapidité, Fiabilité, et Simplicité. Dans
la pratique, ces exigences sont souvent contradictoires. Un compromis doit
être trouvé.
-mode opératoire de la recherche des
informations
· Dans un premier temps, le maître d'oeuvre du
tableau de bord dresse la liste des données nécessaires pour
chiffrer les indicateurs en distinguant les données en volume et les
données en valeur.
· Dans un second temps, les responsables des centres
vérifient que ces données existent et indiquent dans quel
délai après la fin de la période elles seront
disponibles.
· Dans un troisième temps, le maître
d'oeuvre du tableau de bord et les responsables des centres recherchent
ensemble les solutions possibles pour élaborer des
procédés d'estimation rapides des données tardives ou
manquantes.
-cahier des charges des
informations
-la construction des indicateurs
Dans cette partie des cahiers des charges, les indicateurs
sont classés dans l'ordre qu'ils occupent dans le tableau de bord et
repérés par :
*le numéro de feuillet du tableau de bord
où ils figurent ;
*le numéro de la ligne sur le feuillet ;
Deux cas peuvent alors se présenter :
·l'indicateur est une valeur : il faut indiquer
comment cette valeur a été obtenue (information directe, produit
de données de base) ;
·l'indicateur est un rapport : préciser
le mode de calcul du numérateur et du dénominateur. Chaque
information citée est accompagnée de son numéro de
référence dans la seconde partie du cahier des charges.
-la localisation des données
Dans cette seconde partie du cahier des charges, les
informations sont regroupées par source afin de faciliter la collecte
des données. Elles sont répertoriées par un numéro
d'ordre. Pour chaque source, les mentions suivantes doivent être
annotées : l'origine de l'information ; la date de
l'information; la forme des informations.
La construction du tableau de bord de
gestion
-La présentation des
informations
Nous aborderons d'une part la recherche de la clarté et
d'autre part la présentation du dialogue pour l'action.
-La recherche de la clarté
Il s'agit de présenter aussi clairement que possible,
les informations sélectionnées pour en faciliter l'exploitation.
Ces données étant le plus souvent chiffrées, le choix se
limite essentiellement à deux types de présentations : les
tableaux et les graphiques. Chacune des deux formes a ses avantages et se
limites. Au-delà de tout, ce sont les préférences
exprimées par les utilisateurs qui doivent guider le choix en ce qui
concerne la présentation afin que soient réunies toutes les
conditions favorables à l'utilisation des tableaux de bord.
-Les tableaux de chiffres
Intérêt : ils
offrent l'avantage de faire immédiatement apparaître les valeurs
absolues et les écarts ou variations par rapport aux prévisions,
ou tout autre élément de référence (année
précédente, concurrence etc.).
Erreurs à éviter :
Dans la présentation même des tableaux, certaines erreurs peuvent
rendre l'exploitation difficile. Parmi les plus courantes on peut
citer :
*les tableaux très complexes, multipliant les lignes et
les colonnes, dont la lecture est ardue. Ces tableaux pourraient être
allégés en les décomposant en deux ou trois tableaux
clairs ;
*la recherche d'une fausse précision conduisant
à retenir plusieurs chiffres après la virgule. Ce qui complique
inutilement la lecture des tableaux et rend difficilement perceptible l'ordre
de grandeur auquel on s'intéresse ;
*l'utilisation excessive d'indices qui, outre les risques
d'erreurs que comporte leur calcul, sont quelque fois difficiles à
comprendre à la première lecture.
-Les graphiques
Intérêt : les
graphiques peuvent compléter très utilement les tableaux ou, dans
certains cas, les remplacer lorsque certaines informations ne peuvent
être bien perçues que sous cette forme. D'une manière
générale, la forme graphique est particulièrement
adaptée à la présentation :
*des séries s'étendant sur une longue
période, lorsque la tendance qui se dégage a plus d'importance
que la valeur absolue du dernier chiffre connu ;
*des corrélations entre divers
phénomènes ; des apports entre des structures dont
l'évolution simultanée ne pourrait être clairement
appréciée dans les tableaux de chiffre.
Erreurs à éviter :
il existe une très grande variété de types de graphiques
adaptée aux besoins spécifiques des responsables. Là
aussi, comme dans les tableaux de chiffres, il faut se défier du
perfectionnisme et rester aussi simple que possible. On peut citer quelques
erreurs parmi celles qui sont les plus fréquemment commises :
*le choix de graphiques trop subtils peut conduire le lecteur
à la perplexité. Il faut donc s'efforcer de présenter les
informations sous une forme qui les rende évidentes ;
*l'excès d'informations sur une même support rend
la lecture très malaisée : à chaque graphique ne doit
correspondre qu'une information (ou un ensemble de données liées
les unes aux autres pour faire apparaître par exemple, une
corrélation). Il est préférable d'établir plusieurs
graphiques que de vouloir rassembler de nombreuses courbes sur un même
support.
*des représentations incorrectes risquent de fausser la
perception du phénomène : utilisation de courbes à
coordonnées arithmétiques pour représenter des variations
d'un très fort pourcentage. Ces derniers apparaîtraient plus
justement sur un graphique semi-logarithmique. Courbes continues pour
représenter une succession de situations espacées (trimestre par
exemple) qui devraient être représentées sous forme de
colonnes ou d'autres diagrammes.
-la représentation du dialogue pour
l'action
Le tableau de bord de gestion est un instrument de
contrôle des responsabilités déléguées. Sa
forme doit être aménagée de manière à
permettre le dialogue entre délégant et
délégataire, en vue d'une action aussi efficace que possible.
Pour parvenir à ce résultat, il est nécessaire que soit
matérialisée dans la forme des tableaux destinés aux
différents niveaux de la hiérarchie, le principe gigogne.
Le tableau de bord de chaque responsable comportera une page
de garde rassemblant les informations les plus importantes relatives à
son activité. Cette page de garde est reprise sous même forme dans
le tableau de bord du supérieur. L'identité de la
présentation facilitera le dialogue recherché. Sur cette page de
garde figureront les principaux indicateurs synthétiques de la gestion
du responsable. Ceux sur lesquels il s'est engagé vis-à-vis du
délégant et dont il doit rendre compte. On devra également
faire figurer sur cette page de garde :
-de brèves indications sur les causes des
écarts, les événements d'origine externe ou interne ayant
affecté la gestion et leur impact estimé sur les
résultats constatés et les résultats futurs ;
-un compte rendu des principales actions correctives
déjà entreprises et des propositions d'actions à l'endroit
des niveaux supérieurs. Ces détails matériels de
présentation peuvent avoir une grande importance : en mettant en
évidence l'aspect `'outil de dialogue pour l'action rapide'' du tableau
de bord, on évite le risque de mettre en place un système
d'information `'passif'' ne conduisant qu'à une simple satisfaction
intellectuelle.
-Les règles de mise à
jour
Les délais : pour que le
tableau de bord de gestion joue son rôle d'outil d'informations et
d'actions, il est nécessaire que les données soient fournies
très rapidement. L'absence d'une information ne doit retarder en rien la
parution du tableau de bord.
La périodicité : il
ne peut y avoir de règle stricte dans ce domaine ; la
périodicité doit correspondre aux besoins et aux
caractéristiques de chaque entreprise. Il est possible que les
fréquences de mise à jour ne soient pas les mêmes aux
différents niveaux. Certains responsables opérationnels ont
besoin d'informations plus rapides que le chef d'entreprise lui-même. Il
est important dans ce cas que la périodicité choisie soit telle
qu'il soit aisément possible de regrouper les sous périodes pour
établir en fin de mois (par exemple) le tableau de bord de
l'entreprise.
Les responsabilités : le
maître d'oeuvre du tableau de bord sera généralement le
contrôleur de gestion. A défaut, ce sera un consultant externe. Sa
responsabilité consiste à déterminer le contenu du tableau
de bord en liaison avec les utilisateurs et à confectionner l'outil.
L'utilisation pour l'action : le
tableau de bord de gestion est pour le chef d'entreprise aussi que pour les
responsables opérationnels un outil pour l'action. A la fin de chaque
période, chaque délégataire adresse à son
délégant, la page de garde de son tableau de bord. L'attention du
niveau supérieur pourra être attirée sur les points les
plus importants. Les directives provenant de ce niveau seront
formalisées dans un document en retour, fournissant au
délégataire les indications facilitant et orientant son action.
Mais l'échange de document à lui seul ne suffit pas. Il faut en
outre des réunions périodiques entre délégant et
délégataires pour renforcer l'utilité du tableau de bord
pour l'action. Enfin, pour qu'il vive vraiment, le tableau de bord doit
s'intégrer dans la gestion quotidienne, éclairer et orienter les
décisions à prendre à court terme aux niveaux les plus
importants de l'entreprise.
-Le lancement du tableau de bord
L'une des conditions essentielles à la réussite
de cette phase est l'adhésion du chef d'entreprise lui-même.
Autrement dit, il faut qu'il ait exprimé le désir de disposer
lui-même d'un tableau de bord de gestion. Il est également
important de programmer les phases du lancement d'une manière
précise et détaillée pour permettre une sortie rapide des
premiers tableaux de bord (dans un délai de trois à six mois, par
exemple) en évitant les risques :
*d'enlisement en cours d'opération, résultant
d'analyse `'arborescente'' non prévue au départ ;
*des blocages dus à des réactions psychologiques
négatives de la part de la direction et des cadres.
Le démarrage de l'opération
On aura intérêt à établir en
premier lieu le tableau de bord du chef d'entreprise s'il a lui-même
exprimé le désir d'en disposer. Cela aidera à :
·profiter de sa motivation et de l'entretenir par des
résultats partiels rapidement acquis ;
·d'utiliser le courant créé dans
l'entreprise par cette motivation pour inciter les responsables d'un niveau
immédiatement inférieur à se doter du même outil.
Ainsi se propagera le besoin et le désir de disposer d'un tableau de
bord de gestion.
Les tests du projet
*la publication d'une première esquisse : avant de
rendre le tableau de bord opérationnel, il est nécessaire de le
tester soit en effectuant une `'simulation à blanc'', consistant
à l'établir à partir de données anciennes, soit en
présentant un premier document utilisant des données
récentes, mais en acceptant des approximations. Le but de cet essai
est :
·d'améliorer le document en l'utilisant dans
des conditions proches de la réalité pendant un certain temps
avant d'officialiser son emploi ;
·d'entretenir pendant ce délai
nécessaire à la mise au point définitive,
l'intérêt du chef d'entreprise et des responsables.
Les résultats du premier essai
Après quelques suggestions des cadres impliqués
dans la tenue des tableaux de bord, pour s'assurer :
*que chacun d'eux est en mesure d'élaborer les
indicateurs traduisant ses principales missions et dispose par ailleurs, des
informations ''latérales'' et/ou de concurrence, indispensable à
son action ;
*que les indicateurs ne font pas double emploi entre
eux ;
*qu'il ne manque pas d'indicateurs importants et que
l'ensemble des valeurs tirées des indicateurs permettant bien de
reconstituer au niveau du chef d'entreprise, l'ensemble de la gestion. On
fixera alors avec le chef d'entreprise et les responsables :
·la forme retenue pour le document, les sources
d'information et les indicateurs ;
·les règles d'utilisation en régime de
croisière : tenue à jour, dates et conditions de
déroulement des réunions.
La formalisation des procédures
*les règles d'établissement : il est
très utile de fixer par écrit, sous une forme schématique
mais suffisamment claire, le rôle de chacun dans l'établissement
des documents, les dates auxquelles les informations doivent parvenir, les
modalités de fourniture de ces données.
*les procédures d'actualisation : il ne faut pas
que le tableau de bord reste figer. Il faut au contraire en faire un instrument
`'vivant'' évoluant avec l'organisation de l'entreprise, ses
problèmes, les sources d'information dont elle peut disposer etc. Pour
y parvenir, il est bon de prévoir une procédure
systématique d'examen critique du document, pouvant conduire à
l'actualisation de ses éléments. Cet examen sera fait à
l'issue du diagnostic préliminaire à la procédure
budgétaire.
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