3. La
déferlante de 1968
Si Vladimir a été profondément
touché par les réalités de la deuxième guerre
mondiale, il le sera davantage avec la déferlante de mai 68. En France,
cette déferlante sépara la société en deux camps
ennemis : les libertaires et les puritains. Les premiers s'assimilent aux
anarchistes et avaient pour objectif l'établissement d'un ordre social
sans dirigeant ; il s'agit de fonder une société dont les
individus sont libres et conscients que l'épanouissement individuel et
collectif est une tâche qui incombe à chacun, pris
individuellement. Leur préoccupation est le rejet du pouvoir et de
l'autorité, d'où la fameuse expression : « Il
est interdit d'interdire.» Quant aux puritains, ils sont
opposés aux libertaires et sont ceux qui prônent une vie
d'ascèse et rigoureuse ; ils sont qualifiés de moralistes
à cause de l'austérité et de la rigidité de leur
morale.
Alors que Jankélévitch était
réprouvé par les lois antisémitiques du régime de
Vichy, dans son refuge de Toulouse, il se rangea du côté des
étudiants et mena avec eux la Résistance. Il en profita pour
exercer, en catimini, une activité parallèle :
l'enseignement de la philosophie dans les cafés, bien qu'étant
suspendu de l'enseignement par les lois antisémitiques. En tant que
membre de la Résistance, il maintient encore les souvenirs des victimes
du nazisme après la guerre. Il combat avec les étudiants la
légalisation de l'euthanasie et exige l'enseignement de la philosophie
dans les établissements secondaires français.
Dans cet engagement, Jankélévitch marqua de
nombreuses générations d'étudiants par le privilège
qu'il donnait à la morale. Il est en fait considéré comme
un des philosophes qui ont refondé la morale en France après la
déferlante de mai 1968.
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