SECTION II : ENJEUX
SOCIO-CULTURELS, HUMANITAIRES ET ECONOMICO-FINANCIERS
§.1. ENJEUX SUR LE PLAN SOCIAL, CULTUREL ET
HUMANITAIRE
Les questions humanitaires de la population congolaise
constituent le noeud central dans la définition de l'Etat dont le
territoire et les lois fournissent le cadre d'expression. La survie d'un Etat
est donc liée en principe à celle de sa population.
A la différence des questions sociales et
culturelles, auxquelles elles se confondent généralement, celles
d'ordre humanitaire présupposent d'une part une menace de la vie humaine
de façon brutale, massive ou, une aggravation d'un état
déjà précaire et nécessitant une intervention
urgente, d'autre part.
Quoique touchant à l'être humain, les questions
sociales et culturelles quant à elles requièrent une action qui
s'inscrit dans la durée pour la satisfaction des besoins fondamentaux
à savoir : la santé, l'éducation, l'emploi, la
liberté du culte et de culture, l'alimentation, le logement, les
loisirs, etc.
Du fait de la guerre, il résulte que la population
congolaise s'est trouvée dans une situation humanitaire catastrophique.
Les chiffres retenus sont tirés de rapports d'enquêtes
menées par diverses Organisations Internationales Bilatérales et
Multilatérales. Toutes ces sources d'informations établissent que
sur toute l'étendue de la République Démocratique du
Congo, le nombre de décès dû directement et indirectement
à la guerre varie entre 2700000 et 3500000.
L'enjeu principal des acteurs politiques pendant la
transition en cette matière, avait pour objectif général
de maintenir la population en vie et d'assurer la survie des groupes
vulnérables.
§.2. ENJEUX ECONOMIQUES
Pendant la transition, un programme économique
d'urgence a été élaboré à partir d'une
analyse sans complaisance de la situation économique, financière
et sociale du pays tout entier.
Cette situation dont la transition devrait apporter des
solutions appropriées et conséquentes démontre que la
crise économique qui a longtemps sévi en République
Démocratique du Congo tire essentiellement ses origines de l'absence de
démocratie, de l'Etat de droit ainsi que du choix de mauvaises
politiques économiques.
Au nombre de celles-ci, il convient
d'épingler :
1. Les mesures de zaïrianisation et de
radicalisation ;
2. Les différentes réformes monétaires
décidées, accompagnées de mesure d'encadrement aux
contours mal définis ;
3. Les jeux de placement de monnaie à des taux
d'intérêts exorbitants (bindo, nguma, masumuna, etc.) ;
4. La gestion prédatrice des ressources
nationales ;
5. Les émissions parallèles et
considérées de la monnaie ;
6. L'afflux massif des réfugiés rwandais
à l'Est du pays en 1994 ;
7. Les pillages économiques de 1991 à 1993,
auxquels se sont ajoutées les guerres de 1996 à 1998.
Ces phénomènes ont
accéléré la destruction des infrastructures industrielles
et commerciales aggravant ainsi la dégradation du tissu
économique. Il en est résulté une contraction progressive
du PIB, atteignant des taux de croissance
négatifs. Cette contraction de la production des richesses nationales
est la conséquence de l'effondrement de la quasi-totalité des
branches de production et des services qui ont subi le contrecoup de la crise
multiforme à laquelle le pays est confronté. La situation de
guerre a accéléré la paupérisation de la
population, avec comme particularité, une pauvreté devenue un
phénomène de masse et non de minorité (75% de la
population sont dans la pauvreté absolue, 41% dans la pauvreté
humaine).
Le nombre des personnes vivant en deçà du
seuil de la pauvreté, soit un dollar américain par habitant et
par jour, est estimé à plus de 80% de la population totale. La
majorité de ces pauvres se trouve en milieu rural et vit essentiellement
de l'activité agricole et connaissant d'énormes
difficultés.
La vision partagée durant la transition autour de ces
enjeux, examinée au travers des atouts, les contraintes, les objectifs
et les stratégies, dégagent un consensus autour d'un objectif de
stabilisation et de relance économique par la détermination d'une
politique volontariste située au niveau de croissance de
PIB à un taux moyen de 3,8% par an. Tous ces
enjeux pour leur mise en application devraient être soutenus par des
politiques globales, sectorielles et thématiques définies en
fonction de principaux axes.
L'enjeu majeur en cet angle s'agissait de fonder une
économie de marché, favorisant l'initiative privée,
sécurisant l'investissement, respectueux des droits sociaux et
garantissant la solidarité nationale, sécurité juridique
et judiciaire des affaires ; l'Etat jouant le rôle de
régulateur. L'attention particulière à été
plus réservée tant au coût de fonctionnement des
institutions de la transition qu'au niveau des entreprises publiques. Le
financement de toutes ces mesures devait faire appel aux ressources internes et
externes pour leur concrétisation. Raison pour laquelle les contacts
furent permanents et poursuivis avec les institutions financières
internationales pour en assurer la réalisation.
Pour ce qui est des atouts qui devraient accompagner ces
priorités, qui sont humains et démographiques,
géoéconomiques et immédiats parmi lesquels figuraient en
ordre utile, l'acceptation attendue de la lutte contre la pauvreté, la
restauration des relations avec les partenaires bi et multilatéraux,
ainsi que les efforts d'assainissement du cadre macro-économique
entrepris depuis juin 2001. Les contraintes de ces enjeux furent d'ordre
institutionnel et économique. Si l'objectif primordial de ces enjeux fut
la stabilisation et le relance économique, deux options fondamentales
furent retenues : le démarrage du processus de
réhabilitation et de reconstruction économique de la
RDC et la lutte contre la pauvreté.
Autour alors de l'objectif économique essentiel, se
sont greffés des objectifs spécifiques, en rapport avec les axes,
retenus et des objectifs sectoriels privilégiant les secteurs productifs
(l'agriculture, l'agro-forestier, l'énergie, l'industrie, l'eau, les
hydrocarbures, les mines, le portefeuille de l'Etat, le tourisme, la culture et
les arts) et les secteurs d'appui (technologies de pointe, statistiques,
archivage, transports, administration publique, armée, services de
sécurité, institutions publiques et structures techniques,
etc.).
Mais dans la constatation majeure, le défi qui
était à relever par les forces politiques durant la transition
par rapport à tous ces enjeux, n'a pas été totalement
atteint ou accompli car les efforts pendant ce moment furent orientés
ailleurs c'est-à-dire vers les élections.
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