§.2. SOCIETE CIVILE
Au-delà de la délimitation temporelle de notre
travail, il nous paraît impérieux de mieux cerner la
réalité actuelle.
Pendant la période coloniale, la Prophétesse
KIMPA VITA s'était opposée à la
politique de la métropole suite à la division que semait le
colonisateur pour mieux exploiter le pays. Sa lutte politique était la
réorganisation du Royaume Kongo en déchéance. Plus que
tout, c'est la dynamique qui mobilisa son génie politique. Elle est
considérée à juste titre comme le `symbole de la
dignité noire, initiatrice de l'émancipation et promotrice de
notre indépendance. (YOUNG, C., 1965, p.
150).
Nous avons dans l'histoire le Prophète
Simon KIMBANGU, inspiré en 1921, qui
dénonça la volonté du colonisateur d'éterniser la
dépendance du peuple noir. Le Prophète mena un combat contre le
pouvoir colonial qui alarmait les populations noires. Il se mit à
révéler les messages divins qu'il recevait depuis quelques temps,
se considérant avoir été investi de la mission de sauver
son peuple.
Ensuite, il y a eu aussi le
`KITAWALA' qui fit son apparition en 1930. Ses
adeptes furent tenus pour responsables d'une insurrection assez grave à
Kumu, en Province Orientale et au Kivu.
Il faut noter que parmi les associations tribales, deux
associations ethniques avaient le dessus en dynamique et en
efficacité : l'ABAKO et les
LULUA-Frères. A la première, il faut
reconnaître le titre de fondatrice du nationalisme congolais militant.
Elle était de fer de lance du mouvement pour l'indépendance. Les
LULUA-Frères quant à eux,
représentèrent avant tout une réaction d'un complexe de
frustrations des Lulua en face de la modernisation.
En effet, l'histoire de la société civile au
Congo remonte à cette période où les associations
chrétiennes et mutualistes jouèrent un rôle d'avant plan
dans la lutte pour l'émancipation politique et culturelle du peuple
congolais. Il faut dire que la société civile au Congo a un
prestigieux passé remontant au milieu des années 1950 bien que
cette dernière ne soit pas structurée. Il faut cependant
souligner aussi l'illustration des écrits tels que `Le manifeste de la
conscience africaine' rédigé par un groupe d'intellectuels
congolais en 1956 à l'instar du feu le Cardinal Joseph
MALULA et autres.
Il faut retenir qu'après l'action des mouvements
syncrétiques contre la politique coloniale, le Congo a connu l'existence
d'un simulacre de société civile constituée d'autochtones
congolais mais avec une prise majeure de la main mise du colonisateur. Ce n'est
qu'après la deuxième guerre mondiale que le colonisateur va
autoriser la création et le fonctionnement des associations civiles par
les congolais. Toutes ces associations étaient à caractère
tribal et culturel et non revendicatif. La dynamique de la
société civile s'observa aux premières heures de
l'indépendance. Au nombre des associations nées pendant la
colonisation, nous pouvons citer quelques unes à savoir : les
syndicats, les associations d'anciens élèves, les cercles des
évolués et les associations tribales. Les unes furent
organisées sous l'égide de l'administration coloniale et les
autres étaient sous le patronage des missions religieuses. En fait, ces
associations étaient les seules organisations entièrement
africaines et furent fondées dans le but de trouver les moyens de
s'adapter à la situation coloniale, à la fois jouant le
rôle de société civile, d'aide mutuelle et permettant
à des programmes politiques de s'exprimer. Ce sont là autant
d'initiatives que l'on peut retenir en rapport avec la lutte de
libération annoncée et menée avec plus de
détermination et d'abnégation par l'élite congolaise de
l'époque.
Nous devons souligner que cette initiative de ces
évolués, soutenue par l'Eglise catholique et encouragée
par quelques enseignants de l'Université Lovanium, comptaient parmi les
actions qui ont contribué à l'éveil de la conscience du
peuple congolais et furent de ce fait les prémisses de la prise de
conscience. C'est ainsi que pendant la relève, ils mèneront
à leur tour la lutte pour le bien-être de toute la population
congolaise.
2.1. SOCIETE CIVILE
PENDANT LA DEUXIEME REPUBLIQUE
Pendant la deuxième République, étant
donné que l'on vivait dans la dictature, les libertés dont la
liberté d'association furent véritablement restreintes ;
l'on vivait alors dans un parti unique avec une idéologie
homogénéisante et avec un seul syndicat :
UNTZA. C'est à partir de la
démocratisation annoncée le 24 avril 1990 que les libertés
d'association et de mouvement furent de nouveau autorisées au pays. Les
pressions exercées sur le pouvoir politique par les partis politiques,
les ONG, les églises, les syndicats, les
différentes associations, poussèrent ce dernier à
convoquer la CNS. Il fut un forum au cours duquel
l'expression `société civile' sera consacrée pour
distinguer les délégués des associations de ceux des
institutions publiques et autres.
2.1.1. SOCIETE CIVILE AVANT LA CNS
La création des organisations de la
société civile procède de la même manière
logique que celle qui a conduit à l'émergence des partis
politiques au Congo. Les membres organisés de la société
civile étant admise à siéger à la
CNS, les mêmes motivations, les vocations les
plus diverses explosent et s'orientent vers le champ politique.
Les syndicats, les ONG, les
organisations religieuses, les associations de différents ordres
poussent et se développent comme des cellules cancéreuses,
envahissantes. Peu importent leurs objectifs, le contenu des programmes
éventuels de la société civile, le nombre des membres
effectifs, les lieux d'implantation, les rayons d'action concrètes, si
actions réelles il y a, les moyens matériels et surtout
financiers dont dispose l'organisation. Il suffirait de prendre un acte
fondateur, avec quelques membres de sa famille ou quelques amis, et de se doter
de statuts pour obtenir son agrément. Pour peu que l'on soit assez, ce
n'est pas du tout un problème que d'adapter à ses vagues,
objectifs proclamés les statuts d'autres organisations existantes.
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