4.1.
CARACTERISTIQUES DES PARTIS POLITIQUES CONGOLAIS
Les circonstances entourées à la naissance des
partis politiques en RDC, contexte dans lequel est
né le type de culture politique dont on déplore les effets
à ce jour ; mais ces origines sont importantes pour comprendre les
tares actuelles, les antivaleurs qui s'incrustent dans toutes les
sphères de la société congolaise, et plus encore dans la
vie politique.
Selon BOUVIER, P.
(1965, p. 128), en dépit de tout
cela, les partis politiques congolais se sont révélés
éphémères, fragmentaires, circonstanciels et
essentiellement urbains. Il y a dans leur chef l'absence manifeste de
représentation locale, et par conséquent, ils n'existent que pour
se maintenir au pouvoir et sont organisés selon les méthodes de
la monarchie que de la démocratie. (MAKENGO, A.,
2006-2007).
4.1.1. PARTIS CIRCONSTANCIELS ET
EPHEMERES
L'histoire du multipartisme congolais nous renseigne que
certains partis constituent des organisations créées en
prévision et à la suite des événements
éphémères. Il en est ainsi de la déclaration
gouvernementale du 13 janvier 1959, de l'avènement de
l'indépendance (après la Table Ronde), de la création de
nouvelles provinces, de la fin des sécessions, etc. qui ont vu
naître de nouvelles formations politiques. Exemple :
MCR, MDDSP, etc.
4.1.2. PARTIS FOSSILISES
Dans la plupart des cas, les dénominations des partis
politiques se confondent avec les noms de leurs chefs, tout comme le reste d'un
être vivant dont l'espèce a disparu laissant des empreintes dans
une roche sédimentaire. Ce sont des organisations inadaptées dont
la survie est liée à la vie de leurs fondateurs. Exemple :
MNC/KALONJI, UFERI/NGUZ,
etc.
4.1.3. PARTIS URBAINS
Ces partis politiques au lieu d'être des organisations
locales bien établies et durables entretenant des rapports
réguliers et variés avec l'échelon national, s'inscrivent
surtout dans un contexte urbain ou semi-urbain. Il en est ainsi parce que c'est
la présence d'institutions publiques, et polarise la vie politique.
Exemple : PRP, FIS,
etc.
L'absence de citoyenneté, l'emprise des
intérêts privés sur les collectifs, la
légèreté face aux défis sociaux, etc. sont autant
de tares depuis 1960 qui continuent à nous hanter surtout dans la
sphère politique ; ainsi donc, BONGELI,
E. (2006-2007, p. 46) présente
sans exception les caractéristiques suivantes des partis politiques
congolais :
Ø Inspiration tribale ;
Ø Absence d'idéologie ;
Ø Absence de stratégies de gestion :
paralysie de l'administration ;
Ø Culte de personnalité des leaders ;
Ø Désintellectualisation de la vie
politique : pas de projets de société, refus des
débats, violences ;
Ø Culture de cueillette(zaïrianisation,
démonétarisation, détournements, etc.) et de bases
jouissantes ;
Ø Opposition obstructionniste ;
Ø Propension à l'accession au pouvoir par voie
des négociations ou du clientélisme, prise en otage politicienne
du pays ;
Ø Sexualisation de la vie politique ;
Ø Arbitraire (bon vouloir) des chefs truffés des
qualitatifs divers, etc.
Bref, bien des vices qui caricaturent le système
politique libéral se retrouveraient en RDC,
d'où l'équation sans inconnus. Cela fait aujourd'hui de la
RDC un Etat qui attend tout de la Communauté
Internationale, qui pratique sur elle le néocolonialisme. Le pays reste
alors conductible et manipulable.
L'instabilité politique de nos acteurs politiques qui
peuvent se retrouver partout où leurs besoins peuvent être
satisfaits traduit une instabilité mentale caractéristique de nos
élites due à l'opportunisme et au vagabondage politiques.
Dans tout cela, il y a impérieuse
nécessité de lutter contre les cultes de personnalité de
manière à assurer une libre et efficiente circulation des
élites à la direction des affaires publiques et à cela la
légitimité des pouvoirs doit être importante. En effet
l'expérience démontre que, pour les hommes au pouvoir au Congo,
la légitimité extérieure compte plus que la
légitimité intérieure.
En ce qui concerne l'analyse des partis politiques comme
forces politiques internes durant la transition de `2003-2006' en
RDC, il y a deux moments significatifs à
relever.
1. La période allant de 2003 à 2004
caractérisée des premiers moments de la transition ;
2. La période allant de 2004 à 2006, celle
préparatoire des élections.
Au cours de la première période, il
était question d'abord de faire connaître à la population
la raison de la transition et ensuite de faire triompher le processus en le
sauvegardant. Et pendant cette période le vocable `Composantes et
Entités' fut en vedette. Tandis que la seconde était celle
où le vocable `partis politiques' fut fortement utilisé qui
s'accompagnait des réunions et manifestations politiques en vue
d'implantation dans le cadre des préparatifs de prochaines
élections.
C'est pour quoi, dès que les élections furent
annoncées, le Ministère de l'Intérieur,
Décentralisation et Sécurité a enregistré plus de
deux cents partis politiques ; un nombre plus élevé par
rapport aux Composantes et Entités. Car d'autres acteurs par rapport aux
enjeux de l'horizon se sont créés leur parti politique ou soit
ont intégré d'autres formations politiques. Au-delà des
partis politiques et Composantes et Entités déjà connus,
d'autres partis politiques ont vu jour.
Toutes les forces politiques belligérantes, toutes se
sont presque transformées en partis politiques avec les mêmes
leaders et avec la même configuration, et avec la même
dénomination d'avant. Seules la Composante Opposition Politique s'est
éclatée en plusieurs partis politiques comme se présentait
sa structure, la Composante Gouvernement qui représentait les
institutions publiques au DIC s'est mutée en
partis politiques dont le chef de fil est le PPRD que
Vital KAMERHE a dirigé jusqu'à faire
gagner le candidat qu'il soutenait aux élections présidentielles,
la Composante Forces Vives de la nation qui a continué avec son label de
la société civile sans mutation en parti politique, mais avec
adhésion des membres dans des formations purement politiques et enfin
l'Entité Maï-Maï qui s'est disloquée et a
engendré trois partis politiques dont le Mouvement d'Autodéfense
pour l'Intégrité et le Maintien de l'Autorité
Indépendante de Monsieur MAHANO Ge MAHANO, les
PRM de Monsieur Pardonne KALIBA
MULANGA et le MMM de Monsieur
Mass WALIMBA TANGIRA.
Après avoir perdu pendant plus de trois
décennies le rendez-vous de la pratique du multipartisme, plus de ces
deux cents partis politiques furent enregistrés par le Ministère
de l'Intérieur, Décentralisation et Sécurité. Ils
ont été créés surtout en vue d'un nouvel ordre
politique par le jeu électoral. Pour briguer la magistrature
suprême plus de trente candidats furent enregistrés par la
CEI exactement trente-trois candidats dont un se
désista en faveur d'un autre. Il s'agit du candidat n°16
Antipas MBUSA NYAMWISI en faveur du candidat n°7
Joseph KABILA KABANGE. D'une manière
générale, d'autres candidats n'eurent pas raison de se
présenter car ne disposant pas ou ne répondant pas à ce
que BAMBI, J.P. (2005-2006, pp.
60-61), appelle l'alchimie de la présidentialité,
regroupant les critères de notoriété, de
popularité, du soutien d'un grand parti et de capacité
expérimentale reconnue à un Chef de l'Etat ; et du fait
d'être enfin élu où les campagnes détermineront
l'issue. Car dit-on, selon MAKENGO, A.
(2006-2007), `on vote pour un gagnant
et non pour un looser'.
Tous les partis politiques créés et
enregistrés par le MINIDES ont
reflété d'une large manière la bonne santé de la
jeune démocratie en RDC, car pour ce pays il
est nécessaire de faire ses pas dans ce que NIEMBA, J.
(2006-2007), appelle `la
modernité politique' où il faut intégrer toutes les
valeurs de la démocratie associées à la bonne
gouvernance.
Au total sur les deux cent soixante-quatorze partis
politiques, les dénominations ci-après ont été
retenues.
1. 4 partis politiques pour la dénomination
`ACTION ' ;
2. 22 partis politiques pour la dénomination
`ALLIANCE ' ;
3. 1 parti politique pour la dénomination
`ASSEMBLEMENT ' ;
4. 2 partis politiques pour la dénomination
`CENTRE ' ;
5. 1 parti politique pour la dénomination
`CONFEDERATION ' ;
6. 4 partis politiques pour la dénomination
`CONGRES ' ;
7. 1 parti politique pour la dénomination
`CHRETIENS DEMOCRATES ' ;
8. 20 partis politiques pour la dénomination
`CONVENTION ' ;
9. 1 parti politique a préféré être
de la `CONSCIENCE ' ;
10. 3 partis politiques ont été
enregistré sous le label `DEMOCRATIE
CHRETIENNE ' ;
11. 1 parti politique a préféré la
connotation africaine `DEBOUT L'AFRIQUE';
12. 3 partis politiques se sont réclamés de
`DEMOCRATIE ' ;
13. 1 parti politique a été appelé de
`DROITE ' ;
14. 2 partis politiques portèrent le nom de
`DYNAMIQUE ' ;
15. 7 partis politiques pour la dénomination
`FORCE ' ;
16. 2 partis politiques pour la dénomination
`FORUM ' ;
17. 14 partis politiques pour la dénomination
`FRONT ' ;
18. 1 parti politique s'est proclamé
`GARDIEN ' ;
19. 1 parti politique a été enregistré
sous le titre `GENERATIONS REPUBLICAINES ' ;
20. 2 partis politiques pour la dénomination
`LIGUE ' ;
21. 2 partis politiques pour la dénomination
`PATRIOTES ' ;
22. 1 parti seul s'est dénommé `LA
GENERALE LIBRE SOCIALISTE ' ;
23. 1 seul parti eût comme titre de dénomination
`MOBILISATION ' ;
24. 33 partis politiques pour la dénomination
`MOUVEMENT ' ;
25. 1 parti politique fut enregistré sous le titre
`NOUVEAU CONGO ' ;
26. 2 partis politiques optèrent pour la
dénomination `ORGANISATION ' ;
27. 59 partis politiques pour la dénomination
`PARTI ' ;
28. 26 partis politiques pour la dénomination
`RASSEMBLEMENT ' ;
29. 1 parti politique a opté pour le titre
`REGROUPEMENT ' ;
30. 1 parti politique pour la dénomination
`RENOUVEAU ' ;
31. 1 parti politique s'est dit `REVEIL CHRETIEN
' ;
32. 2 partis politiques ont retenu la dénomination de
`SOLIDARITE ' ;
33. 56 partis politiques pour la dénomination
`UNION '.
Sur la liste actualisée du 31 mars 2006 des partis
politiques autorisés à fonctionner, nous constatons que les
cinquante-neuf ayant opté pour la dénomination
`PARTI' ont largement pris le dessus sur toutes les
autres dénominations. A cela, à part la liste du 09 mars 2006 des
partis politiques où il y avait deux cent soixante-dix, la liste
actualisée a pu retenir les deux cent soixante-quatorze qui nous ont
conduit aux élections.
Comme cela pouvait être visible, dépourvus
d'idéologie réelle et par rapport au sombre tableau historique
des partis politiques congolais tel que l'a démontré
Emile BONGELI, les partis politiques ont
recruté les membres tout simplement et uniquement pour les servir aux
élections. Et plus le parti a des moyens, plus s'est vu de milliers de
membres adhérer.
Comme le problème d'idéologie et de doctrine a
constitué manifestement le moindre de leurs soucis, mais les noms
choisis par ces parti ont indiqué généralement leur
orientation idéologique.
Mais d'une manière générale, tous ces
partis politiques se sont réclamés tous du peuple et pour une
bonne gouvernance, le développement et pour réellement consolider
la démocratie naissante en RDC.
Il convient de noter que la plupart de partis politiques
créés et animés par des autorités politiques qui
ont dirigé les institutions de la transition, ont massivement
recruté des membres dans leur rang.
|