1.1.2. DISCOURS ET FORME DE COMBAT
POLITIQUE
Comme nous l'avons souligné
précédemment, les élites congolaises prétendaient
lutter pour créer un Etat radicalement congolisé.
Cette lutte s'est traduite en sous quelques formes
principales.
1. D'abord comme mouvement de résistance à
l'occupation et à la pénétration coloniale
mené par des chefs coutumiers monarques tribaux investis de
légitimité traditionnelle et héréditaire.
2. Ensuite, il s'articula autour des mouvements religieux
syncrétiques porteurs d'une symbolique religieuse libératrice
aussi radicale qu'efficace destinée à mettre en confiance
l'autochtone congolais meurtri par le joug colonial. Le kimbanguisme est apparu
dans un contexte social où le peuple `kongo' supportait le lourd fardeau
des travaux du tracé des chemins de fer Matadi-Kinshasa.
3. En troisième lieu, cet effort se présenta
sous la forme des mouvements sociaux urbains sporadiques ce qui, naturellement,
ne leur garantissait aucune permanence dans la durée.
4. En revanche, il s'exprima en quatrième lieu à
travers les groupements pré-politiques dont les plus efficaces furent
sans contexte les associations tribales. Car le recrutement des
adhérents s'y faisait sans destination aussi bien au niveau de
l'élite qui est restée très attachée à ses
origines qu'à celui de la masse. Le fait que l'ethnie était
davantage perçue comme le lieu de structuration et
d'homogénéisation de la conscience et de la culture tribales
renforçait ce phénomène. YOUNG,
C. (1965, p. 132), le confirme en pensant que
`d'autres aspects de la politique coloniale belge, et en particulier le
processus de décolonisation, contribua à donner à
l'élément ethnique une place importante dans l'évolution
politique. L'autorisation du régime, avant les émeutes de 1959,
s'opposait à la création des groupes autres que les organisations
ethniques pour éviter une cristallisation des griefs, mais cela eut pour
effet de donner un grand poids aux associations ethniques'.
Contrairement à l'approche ethnocentriste du belge
Paul DEMUNTER selon laquelle la conscience ou
l'éveil politique au Congo n'a commencé qu'avec
l'avènement des partis politiques. Nous estimons que l'éveil
politique a longtemps commencé avec des corporations culturelles telles
que l'église kimbanguiste, le kitawala,
l'ABAKO, le BALUBAKAT,
l'ABAZI, la CONAKAT, etc.
Vers les années 52-56, lors de revendications de
l'indépendance, beaucoup des partis politiques virent le jour au Congo.
C'est le cas notamment de l'ABAKO de
NZEZA NLANDU et Joseph
KASA-VUBU, le MNC
d'ILEO, NGALULA et
NGUETE soutenus par Joseph
MALULA, le PSA d'Antoine
GIZENGA et Cléophas KAMITATU, la
CONAKAT de Moïse
TSHOMBE, le BALUBAKAT de
Janson SENDWE, etc. après un laps de temps, le
MNC-LUMUMBA, MNC-KALONJI et
MNC-NENDAKA. Et lors des élections, le
MNC-LUMUMBA obtint la primauté alors que
l'ABAKO obtint par Joseph
KASA-VUBU, aidé par Patrice-Emery
LUMUMBA la présidence de la République.
En 1963, une commission sénatoriale proposa une
limitation des partis politiques à deux pour éviter l'anarchie du
multipartisme. Mais cette proposition fut rejetée. Le 29 septembre 1963
le Président dissout le Parlement.
En 1967, la Constitution du 24 juin, limita le nombre des
partis politiques à deux comme proposé en 1963. Mais dans le
fait, il n'y avait que le MPR qui sera
institutionnalisé comme institution suprême de la
République.
En 1985, l'Opposition libérale proposa que le Chef de
l'Etat reconnaisse le fonctionnement au pays de deux ou trois partis
politiques.
En 1988, les accords de Gbadolité entre
l'UDPS et le pouvoir affirmèrent la tendance
d'une seule part car Frederick KIBASA MALIBA
Co-fondateur de l'UDPS entra au Comité Central
du MPR.
Le 24 avril 1990, c'est la démocratisation qui limite
le nombre des partis politiques à trois avec la
bénédiction de l'UDPS. Ce fut un
échec car le multipartisme intégral s'installa quelques jours
plus tard.
Lors des travaux de la Conférence Nationale
Souveraine du (mai 1991-novembre 1992), le pays comptait deux cent vingt-deux
partis politiques. En mars 1993 lors du conclave politique du Palais de la
Nation, on comptait déjà plus de quatre-cents partis politiques
agréés au niveau du Ministère de l'Intérieur
contrairement en 1960 où l'on comptait plus au moins quarante-quatre
partis politiques. Ces partis se regroupèrent alors en dix-huit
plates-formes.
En 1994, il y eut bipolarisation de la classe politique
zaïroise avec la famille politique du Chef de l'Etat qu'on dénomma
`Mouvance Présidentielle' et les forces du changement regroupées
en Opposition.
Pour rappel, les trois partis autorisés à
fonctionner en 1990 furent le MPR de
MOBUTU, l'UDPS de
KIBASA et TSHISEKEDI ainsi
que le FCN de Gérard KAMANDA WA
KAMANDA, MANDUNGU et
KITENGE YESU. Mais ce dernier fut allié du
MPR. Se sentant dupée, l'UDPS
demandera le multipartisme intégral.
Les FPC et
l'USORAL étaient les deux plates-formes en
1994. Donc la famille à laquelle appartient le Chef de l'Etat et celle
à laquelle il n'appartenait pas, selon la terminologie de l'Acte
Constitutionnel de la Transition de 1994.
L'USORAL composée de
l'UDPS, PDSC et
UDI éclata en USORAL
et UDI. Le
PALU de GIZENGA
évolua seul tout en étant de l'Opposition. Les FPC
mutèrent en ADELI avec en son
sein le MPR de MOBUTU et
BANZA MUKALAY, l'UFERI de
Gabriel KYUNGU et NGUZ et
le FCN de MANDUNGU avec
leurs alliés tels que LIHAU et
BIRINDWA venus de l'UDPS et
l'AFECI de MUNGUL DIAKA
dans l'URD alliée des
FPC, on retrouvera le FCN
de KAMANDA et celui de
MANDUNGU. Après un moment, se créent
les FDU par la fusion avec le Cartel de 40,
UNR de KITENGE YESU aux
côtés du MPR. Les
FDU dirigées par Félix
VUNDUAWE puis KITENGE YESU deviennent
de la mouvance présidentielle qui se muera dans les
FPC.
La majorité de ces partis ne furent que des partis
`alimentaires', c'est-à-dire dépendants du
MPR sans aucune idéologie. Ce scenario durera
jusqu'au 17 mai 1997 lorsque l'AFDL prit le pouvoir
par les armes. L'AFDL qui critiquait la doctrine du
régime MOBUTU, ne craignit cependant pas de
répéter les mêmes attitudes du régime défunt.
(KITUTU, M., 2004-2005, p. 35).
En 1997, l'AFDL interdit les
activités politiques sur toute l'étendue du territoire national.
Seule l'AFDL pourrait fonctionner. C'était le
retour de la dictature à image du parti unique. Lorsque
Laurent Désiré KABILA chassa les
étrangers du pouvoir et que l'AFDL fut
dissoute, il créa les CPP qui furent encore
pour une fois une reproduction dictatoriale.
Après ce tableau sombre, les partis politiques
retrouvèrent leurs libertés d'action au Congo avec la
démocratisation.
Ne voulant plus de guerres qui ont donné naissance
à plusieurs partis politiques, nous dirons qu'actuellement plus de deux
cents sont organisés au Congo dont parmi lesquels le
PPRD qui a soutenu Joseph
KABILA, le MLC de Jean
Pierre BEMBA, le RCD
d'Azarias RUBERWA, l'UDPS
d'Etienne TSHISEKEDI, le
PALU d'Antoine GIZENGA,
l'UCRJ de N'SINGA UDJUU, le
PDSC de BOBOLIKO, la
DC d'Eugène DIOMI,
les FONUS de Joseph
OLENGANKOY, le MPR de
Félix VUNDUAWE, le MPR/Fait
Privé de Catherine NZUZI,
l'ADECO de Jonas MUKAMBA,
le RCD/N de Roger LUMBALA,
le FCN de Gérard
KAMANDA, les Forces du Futur
d'Arthur Z'AHIDI Arthur NGOMA, etc.
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