1.3. DE LA MORT DE M'ZEE A L'ACCORD GLOBAL ET INCLUSIF
La disparition de Laurent Désiré
KABILA a créé un vide au sommet de l'Etat. Son fils
Joseph KABILA KABANGE sera élu par le
Parlement quelques jours après pour conduire aux destinées du
pays. Il prêta serment devant la Cour Suprême de Justice le 26
janvier 2001. Il sera donc confirmé Chef de l'Etat, mais ce mode de
désignation fut objet de plusieurs interprétations tant dans
l'opinion nationale qu'internationale.
Après la mort de M'Zée, la guerre prit une
autre tension et les deux principaux mouvements rebelles, MLC
et RCD occupaient les régions du
pays. Dans son discours d'investiture, le nouveau Chef de l'Etat souligna, ce
qui suit : `(...) Nous n'avons pas droit à l'erreur,
ensemble sans exclusion, nous devons avoir une détermination et de
l'esprit de sacrifice pour affronter les défis de l'heure
(...).' (MBAKULU, P., 2005 - 2006, p.
25). Et il ajouta que les problèmes politiques
d'importance majeure devront trouver leur solution dans le cadre du dialogue
inter congolais. (LUNZAYILA, M., 2004 - 2005, p.
40).
Dans le même ordre d'idées, les seigneurs de
guerre revenant à la raison et ont fini par se mettre d'accord pour
enterrer la hache de la guerre et de refaire l'unité nationale dans le
processus de mise en place des institutions démocratiques en harmonie
avec les pays voisins et reconstruire ensemble le pays. Le Dialogue Inter
Congolais de Sun- City a marqué le démarrage de ce processus par
la conclusion d'un accord entre le MLC et le
Gouvernement de la RDC. Cet Accord- cadre est un
accord partiel car les deux camps avaient choisi de se soustraire du cadre du
dialogue pour se réfugier derrière un texte qui n'avait rien de
commun avec l'intérêt général parce que cet accord
ne se justifiait pas, si non une volonté délibérée
de perpétuer la crise alors la classe politique devait faire preuve de
réalisme afin de mettre fin définitivement à la guerre.
Cet accord n'a pu aboutir à cause des divergences constatées dans
le chef des parties en présence.
Le plan MBEKI permit à
chaque partie de trouver son compte dans toutes les institutions de la
transition. C'est ainsi que le Président de
l'ASDIC, Etienne TSHISEKEDI
demandait aux parties signataires de l'Accord- cadre à
revenir à la table des négociations afin de parachever les
travaux et parvenir à un accord plus global. Certes, après
l'échec de la Commission constitutionnelle à Matadi, qui n'a
jamais donné son rapport final, à cause de
l'insécurité à l'Est de la République avec le
RCD, il fut nécessaire de revenir à
l'idée de négociations à Sun- City qui, finalement,
aboutit à la signature d'un Accord Global et Inclusif le 17
décembre 2002 et à l'adoption de la Constitution de la
transition.
Après la signature de l'Accord Global et Inclusif qui
a pu élaborer une loi fondamentale devant régir le pays durant la
transition, cette période s'était assignée des objectifs
à atteindre dont le plus important selon nous fut d'organiser les
élections. Reposant sur un certain nombre de principes, cette transition
a inauguré un nouveau système de gestion instaurant un pouvoir
exécutif constitué d'un Président, des quatre Vice-
présidents formant la présidence où le principe de
consensualité est de mise, des Ministres et des Vice-ministres.
Ainsi, durant la transition nous avons distingué des
institutions suivantes :
1. Le Président de la République ;
2. Le Gouvernement ;
3. L'Assemblée Nationale ;
4. Le Sénat ;
5. Les Cours et Tribunaux.
Une autre innovation est à noter qu'au delà de
ces cinq traditionnelles institutions, cinq autres furent créées
en vue d'appuyer la jeune démocratie. Ces institutions d'appui à
la démocratie sont :
1. La Commission Electorale Indépendante ;
2. La Commission Vérité et
Réconciliation ;
3. La Commission de Lutte Contre la Corruption ;
4. L'Observatoire National de Droits de l'Homme ;
5. La Haute Autorité de Média.
L'Assemblée Nationale exerce le contrôle du
Gouvernement, mais durant cette transition quand bien même elle
contrôlait, mais ne donnant pas lieu à des sanctions ou ne pouvant
pas voter une motion de défiance ni encore de censure contre un membre
du Gouvernement ou de tout le Gouvernement le cas échéant.
En voyant les bases sur lesquelles cette transition
était assise et avec tout ce qu'a été de l'apport de la
Communauté Internationale, celle-ci a pu faire et donner le meilleur
d'elle- même en organisant les élections qui ont mis fin à
la transition et à la crise de la légitimité.
Mais au regard du tableau des transitions, celle qu'a
dirigé le Président MOBUTU bien qu'elle
soit à l'origine de la démocratisation dans notre pays, son
échec se justifie par la manière dictatoriale du Président
de diriger le pays et par la mauvaise volonté manifeste du
Maréchal. Et c'est ce qui lui a coûté la vie. Celle
conduite par M'Zée bien que mise hors le dictateur, M'Zée
embrassa lui aussi les méfaits reprochés à
MOBUTU, et il va mal terminer sa carrière
politique par un assassinat.
Après la mort du Chef de l'Etat, son fils et lui
succéda et ouvrit des négociations qui ont donné lieu aux
assises de Pretoria en passant par Sun- City, où en date du 17
décembre 2002 sera signé à Pretoria l'Accord Global et
Inclusif et adopté la Constitution de la transition. Les deux textes ont
alors instauré une période de transition dont la durée fut
de trois ans ; et à l'issue de laquelle se sont
déroulées les élections.
Cette transition a profité à part l'expression
démocratique que le pays connût pendant la
CNS. Animée par beaucoup de crises, cette
transition a pu arriver à terme. Constitutionnellement, cette transition
elle devrait prendre fin le jour de la promulgation de la Constitution de la
troisième République le 18 février 2006, mais liée
à d'autres impératifs dont politiques, ses effets ont
continué à produire même après ladite promulgation.
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