A. Mutineries des soldats katangais
Depuis l'avènement de la Deuxième
République, la RDC avait connu une
période relativement calme. Les premières secousses du
système centraliste résultent des mutineries des ex-gendarmes en
1966 àç Kinshasa, des insurrections des mercenaires en 1967 sous
la direction de Jean SCHRAMME et de Bob
DENARD, de la révolte des étudiants en juin 1969 et
en juin 1971 ainsi que du bras de fer entre MOBUTU et
MALULA suite à la révolution culturelle
de 1972 qui ouvrit une campagne de débaptisassions des cultes,
conséquence de la doctrine mobutiste du recours à
l'authenticité. Mais aussi efficaces paraissent- elles, elles
ébranlèrent suffisamment le régime.
En effet, grâce à l'action menée
par le FNLC dans la province du Katanga, alors Shaba
en mars 1977 puis en mai 1978, le pouvoir du Maréchal ne fut
sauvé que grâce au soutien d'une coalition d'intérêts
stratégiques et individuels des forces étrangères à
cette guerre dite des `Quatre- vingts jours'.
Le Front, branche politique du mouvement insurrectionnel
avait dans son programme minimum les objectifs ci- après :
1. Lutter contre la dictature ;
2. Eriger un Etat républicain et une démocratie
nouvelle ;
3. Améliorer les conditions de vie des masses
populaires.
D'aucuns estiment que l'action du
FNLC aurait essentiellement motivé le discours
tenu le 1er juillet 1977, lequel annonça la nouvelle
orientation de l'organisation administrative et politique du pays.
Dans son discours solennel prononcé à
N'Selé le 1er juillet 1977, le Maréchal avait
exposé les grandes lignes d'une des réformes qui pour l'essentiel
avait été conçue par le Ministre belge des Affaires
Etrangères, Monsieur Henry SIMONET. Cette
réforme comportait le partage d'une partie de son pouvoir, en
tolérant à ses côtés la présence d'un
Parlement élu d'une part et la remise en ordre de l'appareil
économique d'autre part. C'est du Parlement élu que naîtra
un courant d'Opposition qui se muera plus concrètement le 15
février 1992 en parti politique.
B. Action des treize parlementaires
Alors qu'on croyait que la population se résignait
à son sort parce qu'incapable de répondre aux défis
majeurs de son destin de manière créatrice, les treize
parlementaires ont élevé énergiquement la voix en 1980
pour résister au système de concentration du pouvoir, et se sont
battus pour une idée autre de la vie et de l'espace politique
zaïrois.
En fait, ces parlementaires furent sanctionnés le 21
décembre 1980 par la Commission de discipline du Comité Central
du MPR. Cette dernière les condamna pour
manquement à la discipline du Parti-Etat. Les "parlementaires
rebelles" sont loin d'être des `révolutionnaires',
appartenaient au Collège des Commissaires Généraux mis en
place par MOBUTU en 1960 après la destitution
de LUMUMBA. (BRAECHMAN, C., 1999, p.
309). Bravant les normes du parti politique et la police du
régime, ils créèrent une nouvelle formation politique,
l'UDPS. Autant par nécessité que par
conviction, ce parti fait le choix de la non- violence, et se
réfère aux idéaux démocratiques, au respect des
droits de l'homme. Emprisonnés, battus, relégués en
province, les fondateurs de ce parti, feront preuve de courage notable et
Etienne TSHISEKEDI sera le plus populaire d'entre
eux.
La faille ouverte dans le régime dictatorial avec
l'approbation des occidentaux très sensibles aux mauvais traitements
infligés aux dirigeants et militants du parti d'Opposition, sera
exploitée par de nombreux mécontentements.
Au cours des années 1980, le deuxième
parti sera rejoint par tous ceux qui aspirent au changement et à
l'ouverture, au point d'éclipser aux yeux de l'opinion les opposants les
plus radicaux qui se retrouvent à l'extérieur du pays. L'audience
de l'UDPS déborde bien vite sa base.
I'UDPS incarne de plus en plus les aspirations de la
petite bourgeoisie urbaine, des intellectuels, des fonctionnaires mal
rémunérés et des nombreux anonymes sans perspective
d'emplois.
Rappelons également que la classe moyenne et les
enseignants furent durement touchés par les mesures
d'austérité que le FMI imposa à
la nation zaïroise dans le cadre de l'ajustement structurel à
partir de 1983. Des dizaines de milliers de fonctionnaires et d'enseignants
rejoindront ainsi le rang de l'Opposition. Il est à noter que la
création de l'UDPS fut l'aboutissement de tout
un processus qui était parti de la première guerre du Shaba,
guerre des quatre- vingt jours. C'est à ce titre que celle- ci peut-
être considérée comme un tournant décisif vers
l'effondrement du régime dictatorial de la deuxième
République.
D'une manière générale, les causes
profondes qui avaient conduit le régime à l'ajustement
institutionnel se justifiaient par la misère générale du
peuple.
1.2.2. CAUSES EXOGENES
La fin du vingtième siècle reste pour le monde
l'ère de la démocratisation dans le Tiers- monde et la
RDC n'échappa pas à ce vent de
changement. A la base plusieurs faits extérieurs peuvent expliquer
également ce phénomène.
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