J.P. LEJEUNE - DES - Examen Clinique et
Surveillance d'un coma d'origine neurologique- Octobre 2001
Parmi les noyaux les plus importants du tronc
cérébral impliqués dans le système d'éveil,
on retrouve :
· La formation réticulée
mésencéphalique
qui se projette massivement sur les noyaux thalamiques,
lesquels vont ensuite influencer tout le cortex. L'un de ses rôles est
qu'il sert de désynchronisateur du cortex au sens large, favorisant
l'éveil mais aussi le sommeil paradoxal.
· Les noyaux mésopontins
cholinergiques
qui se projettent également sur le thalamus.
L'acétylcholine produite par ces noyaux exerce une double action : elle
diminue l'activité du noyau réticulaire thalamique appartenant au
système du sommeil et active les neurones thalamocorticaux
impliqués dans l'éveil.
· Les noyaux réticulés bulbaires
magnocellulaires
dont les neurones sont cholinergiques ou à
asparte/glutamate ; est à l'origine à la fois de la voie
réticulo- thalamo- corticale et de la voie réticulo- hypothalamo-
corticale. Ses projections vont donc sur la formation réticulée
mésencéphalique et les noyaux mésopontins cholinergiques
ainsi que sur le télencéphale basal et l'hypothalamus
postérieur.
· Les noyaux du locus coeruleus
situés dans la partie dorsale du pont, et dont les
projections noradrénergiques influencent des structures
cérébrales comme le thalamus, l'hippocampe et le cortex.
L'activité du locus coeruleus est maximale chez le sujet
éveillé et actif, réduite durant un éveil calme,
encore plus réduite en sommeil lent, et complètement abolie en
sommeil paradoxal.
· Les noyaux sérotoninergiques du raphé
antérieur (ou supérieur)
qui projettent de la sérotonine vers l'hypothalamus et
le cortex. Actifs pendant l'éveil, l'effet global des noyaux du
raphé antérieur est éveillant et, contrairement aux autres
groupes aminergiques, leur lésion non seulement n'entraîne pas de
somnolence, même passagère, mais provoque une insomnie
prolongée de plusieurs jours. Cette apparente contradiction viendrait du
fait que ce système, qui innerve l'hypothalamus antérieur au
niveau de l'aire préoptique et l'horloge circadienne située dans
le noyau supra chiasmatique, semble mesurer la durée
et l'intensité de l'éveil. L'éveil pourrait ainsi
provoquer éventuellement sa propre inhibition par rétroaction
négative. En d'autres termes, le fait d'être éveillé
durant un certain temps conduit au sommeil [14].
L'ensemble de ces structures du tronc
cérébral reçoit des collatérales des
afférences sensitivo- sensorielles stimulantes de l'éveil, en
provenance de la voie spino- thalamique et notamment de la face. Ces
afférentes se projettent sur le cortex en partie directement ; ce
dernier (le cortex cérébral) joue un rôle important sur la
modulation de son propre éveil par des projections cortico-
réticulaires, les unes activatrices, les autres inhibitrices.
Fig. 2 : les différents noyaux du
tronc cérébral
Le système d'éveil ascendant envoie des
projections à partir du tronc cérébral et de
l'hypothalamus postérieur à travers tout le cerveau
antérieur. Ce système comprend deux voies qui ont toutes
deux leur origine dans une partie du noyau réticulé du bulbe
rachidien. Ce sont :
· La voie dorsale
ou voie réticulo-thalamo-corticale
Cette voie a pour origine les neurones des
noyaux mésopontins cholinergiques, la formation
réticulée mésencéphalique (neurones à
asparte/glutamate) et le thalamus qui envoient des fibres
cholinergiques à de nombreuses cibles du cerveau antérieur et au
thalamus ; elle régule ainsi l'activité corticale.
· La voie ventrale ou voie
réticulo-hypothalamo-corticale
Cette voie a son origine dans les noyaux
aminergiques et se projette vers l'hypothalamus postérieur et le
noyau de Meynert du télencéphale basal (neurones à
acétylcholine), régulant ainsi l'activité corticale et
hypothalamique.
Fig. 3 : La présence de points
foncés est proportionnelle à l'activité des
systèmes aminergiques (sérotonine et catécholamines) et
cholinergiques durant les différents états de veille et de
sommeil.
Ce système
réticulo-hypothalamo-cortical intervient surtout dans la dimension
instinctive et émotionnelle de l'éveil. Ici, la médiation
chimique est assurée par des neuromédiateurs permettant la
transmission des voies prenant part à ce système
réticulaire.
· L'Histamine (HIST) va agir sur les neurones du noyau
tubéromamillaire.
· La Sérotonine va agir sur le noyau du
raphé.
· Les Catécholamines interviennent au niveau du
locus coeruleus.
· La Dopamine intervient au niveau du mésolimbique
et du mésocortex.
· L'AcétylCholine (Ach) a une action activatrice
sur le système activateur d'origine réticulaire.
· La GABA a une action inhibitrice (rôle
imprécis) sur le SRAA.
Fig. 4 : Coupe sagittale d'un cerveau de chat,
modèle de choix pour l'étude du sommeil paradoxal, montrant un
schéma simplifié de certaines substances impliquées dans
le contrôle du sommeil paradoxal (Ne = Noradrénaline; 5-HT =
Sérotonine; Ach = Acétylcholine).
Source: adapté de Appleton & Lange, Kandel, Schwartz,
Jessell, Principles of Neural Science
En résumé, l'on retiendra qu'un
niveau normal de vigilance dépend de trois points essentiels :
· Une activation sous- corticale assurant
l'éveil et la réactivité
· Une activation corticale indispensable à la
perceptivité et aux phénomènes cognitifs dont l'ensemble
définit la conscience
· Une activation des hémisphères
cérébraux par la FRAA.
b) Physiopathologie
Conscience et vigilance sont des fonctions
cérébrales supérieures qui se manifestent, à
l'état normal, respectivement par un éveil et une
réactivité comportementale. Elles sont assurées par la
FRAA qui est un ensemble de fibres nerveuses recevant des stimuli sensitifs et
moteurs, et qui se projettent sur l'ensemble du cortex cérébral
soit directement soit via le thalamus.
Le coma est ainsi consécutif :
· Soit à une lésion focale étendue
de la FRAA
ü Compression du tronc cérébral par une
lésion de la fosse cérébrale postérieure
(hémorragie, ischémie ou tumeur)
ü Compression du tronc cérébral par
engagement cérébral compliquant une HIC.
· Soit à une souffrance cérébrale
diffuse.
Quand l'intégrité anatomique du
cerveau n'existe plus, pour diverses raisons, un coma est susceptible de
s'installer. Par conséquent, la souffrance des voies axiales du tronc
cérébral est souvent multifactorielle. Elle peut
résulter :
· De lésions structurales qui touchent de
façon élective la FRAA (infarctus du tegmentum
mésencéphalique, hémorragie du tronc
cérébral) ou de façon étendue les
hémisphères (hémorragie ou infarctus du
cervelet) ;
· De désordres diffus ou multifocaux retentissant
globalement sur le métabolisme neuronal (anoxie, troubles
métaboliques, intoxication, traumatisme, infections,
épilepsie) ;
· De la répercussion à distance d'un foyer
lésionnel sur les structures axiales par le biais d'une hypertension
intracrânienne(HIC).
Conséquences physiopathologiques chez le sujet
âgé
Le coma entraîne des perturbations des
fonctions de la vie de relation et induit un état de stress par un
accablement psychique. Cet état de stress provoque, comme dans la
plupart des cas, une augmentation du tonus sympathique et une
hypersécrétion de cortisol et des catécholamines ayant des
effets sur le métabolisme des glucides et des acides aminés ainsi
que sur le système cardiovasculaire. [15].
· Broncho-pulmonaires
Chez le sujet âgé il existe, de
façon physiologique, une diminution de la capacité de diffusion
de l'oxygène, de la compliance thoracique et pulmonaire réduisant
les réserves fonctionnelles respiratoires. Le décubitus va
aggraver les troubles en induisant une diminution de l'ampliation thoracique
par réduction de l'activité diaphragmatique. L'absence de
mobilisation et de toux va provoquer une accumulation des
sécrétions bronchiques (majorée par une éventuelle
déshydratation gênant l'expectoration), secondaire à cette
diminution du tonus des muscles respiratoires, responsable d'atélectasie
et propice aux colonisations bactériennes, lesquelles entraînent
des infections broncho-pulmonaires.
La survenue de troubles de la
déglutition, en particulier chez les patients atteints de maladies
neurologiques mais aussi en cas de pose d'une sonde naso-gastrique de
réalimentation, peut provoquer des pneumopathies de déglutition,
habituellement du poumon droit, au niveau du segment postérieur du lobe
supérieur ou au niveau du segment apical du lobe inférieur. La
maladie thromboembolique veineuse peut, en cas de migration pulmonaire,
réduire les capacités respiratoires du patient et être
responsable d'une infection secondaire parenchymateuse.
· Cardio-vasculaires
a... Hypotension
orthostatique
L'hypotension orthostatique est un trouble de la
régulation de la PA fréquent chez le sujet âgé.
L'adaptation vise à maintenir une perfusion adéquate notamment
coronarienne et cérébrale. Physiologiquement la baisse de PA
survenant dès les premières secondes stimule par voie
réflexe les barorécepteurs carotidiens, qui, en réponse,
provoquent une stimulation sympathique avec tachycardie et vasoconstriction,
donc maintien de la PA. En vieillissant, ce mécanisme réflexe
devient moins sensible. La survenue d'un alitement va aggraver en quelques
jours ce phénomène avec survenue d'une désadaptation
cardio-vasculaire, accompagnée de réduction des
résistances vasculaires périphériques. L'ensemble de ces
phénomènes participe à la genèse de l'hypotension
orthostatique.
b...Maladie
thromboembolique
L'immobilisation et la baisse de
l'activité musculaire des membres inférieurs, surtout chez un
patient ayant des varices, est à l'origine de la stase veineuse.
Des facteurs de risques identifiés ont permis de
déterminer la prise en charge préventive des
thrombophlébites, guidant les prescriptions d'anticoagulants.
· Cutanées : escarres
L'escarre est une lésion cutanée
d'origine ischémique secondaire à la compression des tissus mous
entre un plan dur et les saillies osseuses. Elle est responsable de douleurs,
d'infection et est à l'origine d'une aggravation de la perte
d'autonomie, d'un allongement de la durée de séjour et de la
mortalité. L'atteinte de la région sacro-coccygienne et des
talons est la plus fréquente ; les escarres ischiatiques sont plus
rares car elles surviennent au fauteuil.
De nombreux facteurs entrent en jeu : la
pression, la friction et le cisaillement des tissus sous-cutanés
(patient glissant dans le lit ou dans son fauteuil), macération
(incontinence urinaire), infection liée à une contamination d'une
escarre sacrée, par exemple par les selles (incontinence fécale),
trouble de l'oxygénation tissulaire (artériopathie, bas
débit, anémie...), troubles sensitifs, troubles de la
sensibilité ou cognitifs ou de la conscience (le patient ne
répond pas à l'inconfort créé par la pression).
Rôles propres du
vieillissement
Avec la dénutrition chronique, il
provoque un amincissement du derme et une redistribution du tissu graisseux de
la périphérie vers la paroi abdominale et les viscères,
les tissus jouent alors moins bien leur rôle d'amortisseur, et la
pression exercée sur les zones d'appui est plus importante. Il existe
une plus grande sensibilité aux conséquences microcirculatoires
liées à une hypovolémie (en cas de choc septique, par
exemple) par hyper-perméabilité capillaire, baisse de la pression
oncotique liée à une hypoalbuminémie et appauvrissement de
la matrice extracellulaire. L'amincissement de l'épiderme avec atrophie
des glandes sudoripares est à l'origine d'une baisse de
l'efficacité de la barrière cutanéo-muqueuse, source
d'infections. La diminution du seuil de nociception est susceptible de
réduire les mouvements protecteurs (chez la personne âgée,
on observe une réduction des mouvements spontanés protecteurs la
nuit par rapport au sujet jeune).
L'escarre peut apparaître en
quelques heures et s'étendre d'autant plus que le patient est en plus
mauvais état général, s'il existe une dénutrition,
un syndrome inflammatoire... Il peut être responsable d'un syndrome
inflammatoire aggravant la dénutrition. Il existe une classification qui
permet d'évaluer la gravité de l'escarre. L'extension sous-
cutanée est toujours plus importante que ne le laisse paraître la
plaie. En cas de fibrine ou de nécrose persistante, il est difficile
d'évaluer précisément la profondeur de la plaie.
Tableau I : Classification
européenne (EPUAP, 1989)
Stade 1 : érythème sans
effraction cutanée ne disparaissant pas après la levée de
pression; chez les individus ayant la peau plus foncée, modification de
couleur, oedème, induration.
Stade 2 : lésion cutanée
touchant l'épiderme, et (en partie) le derme ; abrasion ou
phlyctène.
Stade 3 : perte de substance impliquant
le tissu sous-cutané (ne dépasse pas le fascia des muscles).
Stade 4 : perte de substance atteignant
et dépassant le fascia, pouvant toucher les muscles, l'os, les
articulations, les tendons.
· Ostéo-articulaires
a... Perte
musculaire
L'amyotrophie secondaire à la
non-utilisation est particulièrement délétère chez
le sujet âgé en menace de perte d'autonomie. Elle est
également liée à l'hypercatabolisme secondaire à la
pathologie responsable de l'alitement.
b... Limitation des
amplitudes articulaires
Les patients âgés
immobilisés, et en particulier atteints d'un accident vasculaire
cérébral, sont à risque : l'absence de mobilisation d'un
segment de membre sur un autre peut provoquer une rétraction tendineuse
limitant l'amplitude de l'articulation. En quelques jours, des
rétractions tendineuses peuvent survenir, gênant la reprise de la
marche (ex. : rétraction des tendons achilléens à
l'origine d'un équin du pied) et aggravant la perte d'autonomie.
· Déminéralisation
osseuse
Chez le sujet âgé, qui a souvent
une carence en vitamine D, l'immobilisation entraîne une
déminéralisation osseuse augmentant le risque de fracture. Elle
peut aussi, particulièrement chez le sujet ayant une maladie de Paget,
être à l'origine d'une hypercalciurie avec hypercalcémie
secondaire à la majoration de la résorption osseuse.
· Digestives
a...
Constipation
La constipation est majorée par la mise
au repos des muscles abdominaux, la déshydratation, l'utilisation de
médicaments ralentissant le transit ou à l'origine d'une
hypokaliémie iatrogène et les difficultés pratiques que
peuvent rencontrer les patients pour déféquer (position
inadaptée sur le bassin, accès limité aux toilettes,
difficultés psychologiques liées au non-isolement du patient
pendant l'exonération...).
b... Anorexie et
dénutrition protéino-énergétique
L'anorexie est plurifactorielle. En dehors des
pathologies pouvant être à l'origine de l'alitement (par exemple,
infection avec syndrome inflammatoire), elle peut être liée
à un syndrome dépressif réactionnel, être
majorée par une constipation ou par une cause iatrogène
(médicament émétisant par exemple). Si elle n'est pas
prise en charge, la dénutrition
protéino-énergétique va s'installer et conduire à
une fonte musculaire, à la survenue d'infections nosocomiales
(dysfonction du système immunitaire), à la diminution de
l'albuminémie pouvant être à l'origine d'une
toxicité de médicaments utilisant ce transporteur (ex. : AVK),
à des carences vitaminiques...
· Urinaires surtout l'infection
urinaire
Elle est favorisée par la stase
vésicale liée au décubitus et par les sondages
vésicaux itératifs (pour ECBU, pour une rétention
aiguë d'urine). Elle est souvent parenchymateuse.
· Psychologiques
L'immobilisation et la dépendance chez
le sujet âgé ont des conséquences psychologiques
habituellement négatives : sentiment de mort proche, dépression
réactionnelle, troubles perceptifs voire syndrome confusionnel, d'autant
plus qu'il existerait des troubles cognitifs sous-jacents.
DEMARCHE
CLINIQUE
La démarche du clinicien va consister
à effectuer un examen rigoureux et à mettre en route des mesures
thérapeutiques immédiates afin d'assurer la survie du patient
avant d'envisager toutes les hypothèses diagnostics possibles. L'examen
clinique va comprendre l'anamnèse, l'examen général
et l'examen neurologique.
1- L'anamnèse
L'anamnèse doit être décrite
avec précision. Elle se fera dans l'entourage du patient : famille,
amis(es), témoins oculaires. En particulier, il est indispensable de
connaître l'âge et le lieu où a été
retrouvé le patient, le mode précis de survenue, le mode
d'installation (brutal ou progressif), la présence de signes ou
symptômes prémonitoires (céphalées, vertiges,...),
la présence de signes neurologiques déficitaires
d'accompagnement, l'activité du patient au moment de l'installation des
troubles (effort physique, manipulation de produits toxiques, décours
d'un traumatisme crânien), une notion de jeûne prolongé
surtout chez le sujet âgé.
Par ailleurs, l'on recherchera le maximum
d'information sur les antécédents et d'éventuels
traitements en cours : une prise de médicaments (insuline,
sédatifs, bêtabloquants, psychotropes,...), un contexte
infectieux, l'existence de tares éventuelles (éthylisme,
diabète, hypertension artérielle, épilepsie,
dépression,...) et une notion de chute ou de traumatisme
antérieur.
Examen général
Il est important de rechercher un syndrome
méningé, un syndrome infectieux, des lésions de
traumatisme (fracture de membres, fracture de bassin, volet thoracique,
traumatisme crânien, plaies cutanéo-musculaires avec ou non perte
de substance importante) et des lésions d'une affection viscérale
ou endocrinienne pouvant être à l'origine du coma.
Examen des fonctions
neuro-végétatives
a) Etude de la respiration
Elle consiste en la prise de paramètres
respiratoires suivant les plans d'examen physique tels que la fréquence
respiratoire, l'ampliation thoracique, la recherche de malformations
thoraciques. L'apparition d'une respiration pathologique est fréquente
au cours des comas. Elle est due à la souffrance lésionnelle ou
métabolique des structures centrales qui contrôlent la
respiration. Ces troubles respiratoires d'origine centrale, peuvent renseigner
sur le niveau de l'atteinte neurologique, mais le parallélisme
anatomoclinique n'est pas toujours respecté.
Ainsi, selon un ordre rostro caudal, on distingue :
· La respiration périodique de
Cheynes-Stokes (dans le coma urémique, l'insuffisance
circulatoire cérébrale) : alternance de phases progressives
d'hyperpnées et d'apnées. Elle traduit des lésions
bilatérales profondes de l'encéphale ou une souffrance du
diencéphale.
· l'hyperventilation neurogène
centrale est observée dans les atteintes du tegmentum
mésencéphalique inférieur et protubérantiel
supérieur. La respiration périodique (les rythmes sont
courts) va de paire avec une hypoventilation alvéolaire qui
témoigne d'un dysfonctionnement ponto bulbaire.
· la respiration apneustique
est entrecoupée de pauses lors de chaque inspiration ou expiration (dans
le coma diabétique) ; elle prend souvent le type à quatre
temps de Küssmaul : alternance inspiration - pause
en inspiration - expiration - pause en expiration. Elle s'observe dans les
lésions de la partie basse de la protubérance.
· la respiration ataxique
(anarchie complète de la ventilation) traduit la dépression des
centres bulbaires et doit faire craindre l'arrêt respiratoire.
Fig. 5 : Respiration et lésion du tronc
cérébral
b) Les autres signes
neurovégétatifs
Il s'agit essentiellement de troubles
cardiovasculaires (tachycardie, hypertension artérielle), hyperthermie
et hypersudation. Les paramètres des fonctions respiratoires
(l'amplitude, le rythme, le réflexe de toux, l'encombrement
respiratoire,...), des fonctions circulatoires (pression artérielle,
pouls, rythme cardiaque, collapsus, coloration des extrémités,
température,...) feront l'objet d'évaluation et de surveillance.
L'état d'hydratation sera également apprécié car un
déséquilibre hydro- électrolytique peut être,
à lui seul, la cause du coma.
L'hyperthermie au cours du coma peut être
le fait d'un dérèglement des centres thermorégulateurs ou
d'une déshydratation cellulaire et ne signifie pas forcément
l'existence d'une infection. L'hypothermie est aussi fréquente, en
particulier au cours du coma urémique et de certains comas toxiques.
Examen du crâne et de la
face
Le crâne et la face doivent faire l'objet d'un examen
minutieux :
· L'inspection et la palpation du crâne
à la recherche d'une déformation de la voûte liée
à un fragment embarré, d'une plaie du scalp, d'une plaie
crânio-cérébrale (effraction de la dure-mère).
· Un écoulement de LCR par le conduit auditif
externe (otoliquorrhée) ou par le nez (rhinorrhée
cérébro-spinale), témoigne respectivement d'une fistule
ostéo-durale en regard de l'étage moyen et de l'étage
antérieur de la base du crâne.
· La découverte d'un hématome péri
orbitaire bilatéral témoigne d'une fracture de la base du
crâne.
· La mise en évidence d'une fracture de l'orbite,
des paralysies oculomotrices, d'une cécité (section du nerf
optique) et de la sensibilité faciale.
· La fracture du rocher, expliquée par une
otorragie, une surdité et une paralysie faciale
périphérique.
· La fracture du massif facial, retrouvée par la
présence d'une disjonction crânio-faciale.
Examen neurologique
Il doit être complet, soigneux, exhaustif,
répété, détaillé et devra être
réalisé lorsque les fonctions vitales seront stabilisées
afin de déterminer la cause du coma et de définir son pronostic.
Cet examen comprend les phases suivantes :
ü La recherche d'un syndrome méningé et de
mouvements anormaux
ü L'étude des voies sensitivo- motrices
ü L'examen des yeux
ü L'examen des réflexes
ü L'examen de la peau
a) Recherche d'un syndrome méningé et de
mouvements anormaux
Les signes méningés regroupent :
· La raideur de la nuque est le signe
méningé le plus précoce et le plus constant. Elle se
recherche par la flexion passive de la tête sur le thorax. Le mouvement
est limité par la contracture très douloureuse des muscles
cervicaux postérieurs ; les mouvements latéraux sont moins
douloureux et possibles.
· Le signe de Kernig se recherche en pliant les
cuisses sur le bassin, jambes étendues. Une douleur s'oppose à
cette extension et oblige le patient à fléchir les jambes et les
cuisses. On peut aussi chercher cette contracture en faisant asseoir le patient
sur son lit ; on observe alors une flexion des jambes et des cuisses sur
le bassin.
· Le signe de Brudzinski qui apparaît lors
de tentatives d'antéflexion de la tête ; on observe alors une
flexion involontaire des membres inférieurs.
La présence d'une raideur méningée fait
évoquer une hémorragie méningée, une
méningite ou une méningo- encéphalite.
Les mouvements anormaux, quant à eux,
peuvent être :
· Focaux ou généraux survenant par
crises brèves (dans ce cas, il faut évoquer une
épilepsie)
· Permanents ou provoqués comme un
astérixis ou myoclonies diffuses (il faut évoquer une affection
métabolique) ou fibrillations musculaires (intoxication par des
organophosphorés)
· Mouvements stéréotypés de
roulement ou de battements, traduisant une lésion
cérébrale sous- corticale primitive.
b) Etude des voies sensitivo-motrices
Il faut rechercher une hémiplégie,
une hémiparésie ou tout autre déficit moteur ou sensitif.
En l'absence de coopération du malade, l'examen neurologique
traditionnel est limité. Il faut donc faire appel à des
stimulations nociceptives, ceci par friction du sternum, pression du lit
unguéal, pincement du mamelon, pression du nerf sus-orbitaire, manoeuvre
de Pierre- Marie et Foix (compression du nerf facial
sous les maxillaires inférieures. On recherchera une réaction
d'orientation, réaction mimique (déficit facial central ou
paralysie faciale).
Au niveau des membres, plusieurs types de
réponses peuvent être obtenus:
? Absence de réponse d'un côté en faveur
d'une hémiplégie
? Réponse appropriée dirigée vers la
stimulation en cas de coma léger
? Réponse inappropriée sans
finalité : souffrance des structures hémisphériques
profondes ou de la partie haute du tronc cérébral
? Réponse en décortication : flexion et
adduction des membres supérieurs- extension des membres
inférieurs. Elle indique une souffrance hémisphérique
étendue.
? Réponse en décérébration :
extension, adduction et rotation interne des membres supérieurs-
extension des membres inférieurs. Elle traduit une souffrance
sévère de la partie haute du tronc cérébral.
L'analyse des troubles sensitifs a pour but de
déterminer les modalités sensitives atteintes, de préciser
la topographie des troubles cliniques. Mais l'absence de coopération du
malade constitue un frein à sa bonne exécution. Seule la
sensibilité douloureuse peut être étudiée.
c) Examen des yeux
Il représente un temps capital de l'examen neurologique
et explore la plupart des réflexes du tronc cérébral
[16,8, 17].
· Le clignement
réflexe
Un clignement spontané traduit une
activité fonctionnelle résiduelle de la FRAA du tronc
cérébral ; tandis que la présence d'un clignement
à la menace traduit la persistance d'un certain degré
d'activation corticale. L'abolition unilatérale du réflexe
cornéen constitue un signe de localisation (atteinte de la voie
efférente du VII ou de la voie afférente du V). L'abolition
bilatérale de ce réflexe signe une atteinte
diencéphalo-mésencéphalique (nature lésionnelle,
toxique ou métabolique). Le réflexe naso-palpébral
(percussion de la glabelle ; voie afférente V) a une valeur
identique.
· La position du globe
oculaire
Normalement, les globes oculaires sont axiaux ou
légèrement divergents. Toute perte de
parallélisme dans le plan horizontal indique une paralysie oculomotrice
du nerf III (déviation en dehors) ou du nerf VI (déviation en
dedans). Dans le plan vertical, une perte du parallélisme réalise
une déviation oblique (Skew deviation) ; elle se voit dans les
lésions du thalamus, du tronc cérébral ou du cervelet.
· La déviation conjuguée des
yeux
Lorsqu'elle se fait dans le plan horizontal
ipsilatéral à la lésion c'est-à-dire du
côté opposé à la lésion (le patient regarde
son hémicorps sain), ceci indique une lésion
hémisphérique (cf fig. 7).
Une déviation des yeux
controlatérale à la lésion du côté de
l'hémiplégie traduit une lésion
protubérantielle.
· Mouvements spontanés des globes
oculaires
_______ Les mouvements d'errance
oculaire conjugués horizontaux et des mouvements réflexes
préservés témoignent d'une intégrité du
tronc cérébral et écartent toute arrière
pensée de non- organicité. Ces mouvements disparaissent dans le
coma profond.
_______ Nystagmus
retractorius : secousses provoquant une rétraction des globes
oculaires dans les orbites ; traduit une lésion
mésencéphalique périaqueducale.
_______ Bobbing oculaire :
déplacement des yeux vers le bas suivi, après une pause, d'une
réascension plus lente vers la position de départ. Il traduit une
lésion protubérantielle.
_______ Opsoclonies :
mouvements oculaires conjugués, rapides et anarchiques-dans tous les
sens- traduisent une lésion du tronc cérébral et/ou du
cervelet.
Fig. 6: Innervation sympathique et
parasympathique irienne
Fig. 7: Modifications oculomotrices
Source : Réanimation médicale, Masson,
1986, p 296
1 : Déviation conjuguée des yeux
(le patient « regarde» la lésion), interruption de
la voie supranucléaire de verticalité au dessus de la
protubérance.
2 : Déviation conjuguée des yeux
(le patient « se détourne » de la lésion),
interruption de la voie supranucléaire de la latéralité au
niveau de la protubérance.
3 : Intraversion conjuguée, interruption
des voies supranucléaires de verticalité.
4 : Adduction de l'oeil homolatérale,
paralysie de III (moteur oculaire commun)
5 : Adduction de l'oeil homolatérale,
paralysie de VI (moteur oculaire externe)
6 : Paralysie de l'adduction de l'oeil
homolatérale à la lésion, interruption de la voie
internucléaire.
· Mouvements oculaires
réflexes
Chez le sujet comateux, l'étude de
l'oculomotricité repose essentiellement sur les réflexes
oculo-céphaliques et le réflexe oculo-vestibulaire. Sur le plan
physiologique, les réflexes oculo- céphaliques se traduisent par
le phénomène de « yeux de poupée »,
les globes oculaires déviant de manière conjuguée dans le
sens opposé au mouvement passif. Leur absence témoigne d'une
souffrance sévère du tronc cérébral de nature
lésionnelle, métabolique ou toxique. Le réflexe
oculo-céphalique vertical s'abolit avant le réflexe
oculo-céphalique horizontal.
· L'occlusion des yeux
Chez le sujet comateux, elle est due à la
prépondérance du tonus des orbiculaires palpébraux sur
celui des releveurs de la paupière supérieure qui est
relâchée. Cependant, dans un coma très profond, l'occlusion
est incomplète par hypotonie globale mais ceci peut être le
témoin d'une lésion du nerf facial [18].
· Examen des pupilles (motricité
oculaire intrinsèque)
Le diamètre des pupilles résulte
d'un équilibre entre l'activité de deux systèmes
antagonistes : le système iridoconstricteur (contingent
parasympathique du nerf III) et le système iridodilatateur (contingent
du sympathique). Ainsi, les modifications pupillaires observées au cours
du coma peuvent être détaillées comme suit :
· Un myosis (pupilles rétrécies)
traduit une lésion de l'hypothalamus.
· Un myosis bilatéral avec conservation
du réflexe photomoteur (RPM) traduit une atteinte du système
sympathique iridodilatateur à des niveaux diverses.
· Un myosis unilatéral modéré et
RPM présent traduit une souffrance de la région
hypothalamique postérieure.
· Un myosis serré bilatéral
traduit des lésions protubérantielles étendues.
Devant un myosis aréactif, il faut toujours
évoquer un coma métabolique ou toxique.
· Pupilles intermédiaires et RPM absent :
lésion du toit du mésencéphale.
· Une mydriase (dilatation des pupilles) traduit
une lésion de la troisième paire crânienne ou du
mésencéphale. Le mésencéphale est la partie moyenne
de l'encéphale, au-dessus du pont (le pont étant la région
proéminente du tronc cérébral) comprise entre le
mésencéphale et le bulbe rachidien.
· une mydriase unilatérale et
aréactive traduit une atteinte du III, signe prémonitoire
de l'engagement temporal.
· Une mydriase des deux cotés
(bilatérale) traduit une intoxication par une substance appelée
anticholinergique.
· une mydriase bilatérale
aréactive, témoigne de lésions structurales du
tegmentum mésencéphalique, habituellement
irréversibles.
· Une abolition du réflexe photomoteur
traduit une lésion du tegmentum mésencéphalique.
· Les deux pupilles petites, de même
diamètre et réagissant, traduisent un coma dû à une
intoxication ou à un trouble du métabolisme (trouble important de
la glycémie).
· Une inégalité des pupilles
traduit la survenue d'un processus très localisé (par exemple un
hématome situé en dessous de la dure-mère), la mydriase
(pupille dilatée) correspondant au côté lésionnel.
d) Examen des réflexes
Cet examen consiste en :
? La recherche d'une asymétrie des réflexes
ostéotendineux et cutanéomuqueux
? La recherche d'un signe de Babinski unilatéral ou
signe de Rossolimo ayant une valeur localisatrice sur la situation de la
lésion : atteinte pyramidale
? L'étude des réflexes du tronc
cérébral.
L'examen des autres réflexes du tronc
cérébral perd de plus en plus de son intérêt
à l'heure actuelle. En effet, la recherche des réponses oculo-
céphaliques et oculo- vestibulaire nécessite tout d'abord d'avoir
éliminé tout contexte traumatique, notamment les traumatismes du
rachis cervical. De plus, ces tests sont faiblement reproductibles et les
indications qu'ils donnent seront le plus souvent obtenues par les examens
d'imagerie médicale. Les réflexes du tronc
cérébral, sont tous présents en cas de souffrance
cortico-sous-corticale, ils disparaissent de façon progressive
étagée. Le tableau II ci-dessous présente les
réflexes du tronc cérébral.
Tableau I : Les réflexes du
tronc cérébral [17]
Huit réflexes physiologiques du tronc
cérébral :
1. Réflexe cilio-spinal :
dilatation pupillaire après stimulation
sus-claviculaire
2. Réflexe fronto-orbiculaire
homolatéral : La percussion glabellaire (Point de
l'os frontal situé entre les arcades sourcilières) va entrainer
une contraction bilatérale des muscles orbiculaires.
3. Réflexe oculo-céphalique
vertical : Déviation conjuguée verticale des
yeux du côté opposé aux mouvements lors de
flexion/extension brusques de la tête, en l'absence de lésion du
rachis cervical (yeux de poupée).
4. Réflexe photomoteur :
Contraction de la pupille lors d'une stimulation lumineuse.
5. Réflexe
cornéen : fermeture de la paupière par
stimulation cornéenne (arc réflexe V, VII et III)
6. Réflexe
massétérin : contraction du masséter
par percussion mentonnière.
7. Réflexe oculo-céphalique
horizontal : Déviation conjuguée horizontale
des yeux du côté opposé lors de brusques rotations de la
tête d'un côté puis de l'autre, en l'absence de
lésion du rachis cervical (yeux de poupée).
8. Réflexe
oculo-cardiaque : Ralentissement de la fréquence
cardiaque lors de la pression sur les globes oculaires, en l'absence de
cataracte...
Deux réflexes pathologiques du tronc
cérébral :
1. Réflexe palmo-
mentonnier : contraction de la houppe du menton par la
stimulation de l'éminence thénar homolatérale.
2. Réflexe
cornéo-mandibulaire : mouvement de diduction de la
mandibule après stimulation de la cornée.
|
Le réflexe cornéen, facile à
tester, a deux objectifs principaux :
· La mise en évidence d'une atteinte
spécifique du tronc cérébral, alors que d'autres signes de
réactivité sont présents ;
· Sa disparition est indispensable avant d'envisager
établir le diagnostic de mort cérébral.
e) Examen de la peau
La recherche d'éléments
traumatiques et infectieux doit être systématique, même dans
un contexte non forcément évocateur. Ceci implique en particulier
un examen clinique précis de l'ensemble du corps du patient à la
recherche d'érosions cutanées, hématômes, signes
divers de traumatisme ou d'infection. L'examen de la peau montre quelquefois la
présence de plaques de type urticaire.
Une coloration rouge de la peau ressemblant à de la
scarlatine peut être le témoin d'une éventuelle
intoxication par les barbituriques.
La présence de purpura (écoulement
anormal de sang au niveau de la peau ou des muqueuses : celles-ci sont
parsemées de petites taches rouge vif ou bleuâtres) peut
révéler une méningite cérébro-spinale. Une
éruption quelconque (comme une lésion herpétique autour
des lèvres) peut également mettre sur la voie.
Classification du coma [27,5]
Plusieurs modèles de classification du coma
ont été proposés, permettant de situer la profondeur du
coma dans un cadre ou une échelle et de suivre son évolution.
a- La classification en
stades
Selon la gravité de l'altération de
la conscience, on distingue plusieurs stades de coma. Il est possible d'entrer
dans le coma à n'importe lequel de ces stades.
Le stade I (coma vigil ou obnubilation)
· réactions d'éveil du patient aux
stimulations douloureuses (mouvements, ouverture des yeux, grognements)
· tonus normal
· réflexivité conservée
· absence de désordres végétatifs
Le stade II (coma)
· le patient n'a plus de réactions d'éveil
· hypotonie ou hypertonie
· réactions motrices plus ou moins adaptées
avec une flexion des quatre membres (par exemple, il retire sa main si on le
pince)
· abolition du réflexe de clignement
· réflexe cornéen faible ; photomoteur
conservé
· réflexe de toux conservé
· troubles respiratoires
le Stade II est superficiel si le malade est capable de localiser
et de chasser la source de stimulus douloureux avec la main. Dans le cas
contraire, c'est le Stade II profond
|
Le stade III (ou coma carus ou coma aréactif)
· abolition totale des réflexes
· réactions motrices
stéréotypées ou nulles
· abolition du réflexe cornéen, photomoteur
diminué
· abolition du réflexe de clignement
· troubles végétatifs
Le stade IV (ou coma
dépassé de Mollaret et Goulon, appelé
également mort cérébrale et plus récemment mort
encéphalique) : Il s'agit d'un coma au cours duquel le patient
présente une absence totale de la vie de relation, c'est-à-dire
de la conscience, de la possibilité de se mouvoir, des réponses
sensitives aux stimulations extérieures. D'autre part, ses
réflexes sont abolis. Au cours de la mort cérébrale, on
constate l'absence totale des mouvements de l'appareil respiratoire
nécessitant de ce fait une prise en charge par assistance respiratoire
extérieure. Les pupilles sont dilatées des deux cotés,
parfois complètement. Le réflexe pupillaire est également
absent et il n'existe aucune réaction à des stimulations
douloureuses extérieures. L'utilisation de perfusion contenant des
médicaments vasopresseurs (permettant de maintenir une certaine pression
et tension des vaisseaux) est nécessaire pour assurer la survie du
patient. Ce type de coma est quelquefois transitoire mais peut persister
pendant une très longue période (mois, année). Il fait
souvent suite à un traumatisme crânien.
|
b- La classification par
électro-encéphalogramme (EEG)
Des anomalies diffuses de l'EEG sont constantes au
cours du coma sous la forme d'une perturbation puis d'une disparition de la
réactivité et d'un ralentissement du rythme alpha qui est
finalement remplacé par des rythmes delta. Il est classique de
définir du point de vue EEG, quatre stades du coma :
Stade I
Alpha est ralenti, diminué d'amplitude,
surchargé de thêta et de bouffées de delta
monomorphe ; réactivité souvent pus marquée que
normalement.
Stade II
Disparition de l'alpha remplacé par du delta,
persistance d'une certaine réactivité aux stimulations fortes.
Stade III
Le tracé est envahi par du Delta ; il n'y a plus
aucune réactivité.
Stade IV
Silence EEG complet. Il faut savoir que si un tracé
plat est une condition nécessaire au diagnostic de mort
cérébrale, ce n'est pas une condition suffisante car il n'exclut
pas la possibilité d'une récupération dans certaines
conditions étiologiques (intoxication, hypothermie profonde).
c- La classification selon l'échelle de
Glasgow ou Glasgow Coma Scale (GCS) [23,28,29,30]
Initialement décrit par Teasdale et
Jennett, le Score de coma de Glasgow (GCS) mesure l'altération de la
conscience sur trois éléments :
· L'éveil comportemental décrit par
l'ouverture des yeux (E)
· La communication par le langage décrite par la
réponse verbale (V)
· L'importance de l'altération de la
motricité (M)
Le score final est obtenu en additionnant les meilleurs
résultats des différents critères d'évaluation
suivant les modalités indiquées par le Tableau III.
La cotation finale est exprimée sur un
total de 15 points avec un score optimal de 15 et un score minimal de 3. On
définit alors les états suivants :
? Une confusion mentale pour un score compris entre 13 et
11
? Obnubilation, stupeur pour un score compris entre 10 et 9
? Un coma pour un score compris entre 8 et 5
? Un coma grave, souffrance axiale pour un score entre 3 et
5.
Tableau III : Score de GLASGOW
Ouverture des yeux= E
|
Spontanée
|
4
|
Au bruit
|
3
|
A la douleur
|
2
|
Absence
|
1
|
Réponse verbale=V
|
Claire, orientée
|
5
|
Confuse
|
4
|
Mots inappropriés
|
3
|
Sons incompréhensibles
|
2
|
Absence
|
1
|
Réponse motrice
(meilleure réponse) =M
|
Sur ordre
|
6
|
Orientée
|
5
|
Evitement
|
4
|
Décortication (flexion et adduction des membres
supérieurs- extension des membres inférieurs)
|
3
|
Décérébration (extension, adduction et
rotation interne des membres supérieurs- extension des membres
inférieurs)
|
2
|
Absence
|
1
|
Le Score de Glasgow intéresse
l'évaluation de l'état de conscience et non l'état
neurologique dans son ensemble. Il est important tout d'abord d'éliminer
un déficit neurosensoriel ou une altération
périphérique de la commande : surdité,
cécité, tétraplégie en particulier. De la
même façon, pour évaluer la réponse verbale, il faut
que le sujet ait été capable, au préalable, de s'exprimer
verbalement, dans un langage compréhensible par l'examinateur. Ceci
élimine une évaluation correcte d'un patient ne parlant aucune
langue commune avec l'examinateur. Lorsqu'il existe une asymétrie de la
réponse motrice, on choisit toujours la meilleure réponse motrice
pour la cotation du score de profondeur du
coma.
Le Score de coma de LIEGE associe, quant à
lui, le GCS à l'évaluation des réflexes du tronc
cérébral. Les scores additionnés possibles vont de 3
à 20. Au cours du coma, la disparition progressive des réflexes
du tronc cérébral se fait dans l'ordre
d'énumération ci- dessous (Tableau IV).
Tableau IV : Score de
Liège
REFLEXES DU TRONC CEREBRAL
|
EVALUATION
|
COTATION
|
FRONTO- ORBICULAIRE
La percussion glabellaire (Point de l'os frontal situé
entre les arcades sourcilières) va entrainer une contraction
bilatérale des muscles orbiculaires
|
5
|
OCULO- CEPHALIQUE VERTICAL
Déviation conjuguée verticale des yeux du
côté opposé aux mouvements lors de flexion/extension
brusques de la tête, en l'absence de lésion du rachis cervical
(yeux de poupée)
|
4
|
PHOTOMOTEUR
Contraction de la pupille lors d'une stimulation lumineuse
|
3
|
OCULO- CEPHALIQUE HORIZONTAL
Déviation conjuguée horizontale des yeux du
côté opposé lors de brusques rotations de la tête
d'un côté puis de l'autre, en l'absence de lésion du rachis
cervical (yeux de poupée)
|
2
|
OCULO- CARDIAQUE
Ralentissement de la fréquence cardiaque lors de la
pression sur les globes oculaires, en l'absence de cataracte.
|
1
|
d- La classification selon AVPU (Alert, Verbal,
Pain, Unresponsive)
L'échelle AVPU est une échelle peu
connue. Elle est très utilisée dans les pays anglo-saxons, tant
par les médecins que par les paramédicaux. Cette échelle
est très facilement mémorisable, reproductible, fiable et rapide
à mettre en oeuvre. Le tableau V ci-dessous indique l'échelle
AVPU.
Tableau V : Echelle AVPU
I (A)LERT
|
Le patient est conscient
|
II (V) erbal
|
Le patient répond aux stimuli verbaux (ordres
simples)
|
III (P) ain
|
Le patient répond aux stimuli nociceptifs
|
IV (U) nresponsive
|
Le patient ne répond à aucun stimulus
|
e- La classification de
Jouvet
Elle fait appel à quatre rubriques, la
perceptivité P, la réactivité non
spécifique R, la réactivité motrice
à la douleur D, et la réactivité
végétative V.
La perceptivité P,
explore l'éveil cortical avec quatre critères qui
déterminent cinq degrés :
Tableau VI a : Perceptivité
P
|
Ordre écrit
|
Orientation
|
Ordre oral
|
Clignement à la menace
|
1
|
+
|
+
|
+
|
+
|
2
|
_
|
+
|
+
|
+
|
3
|
_
|
_
|
+
|
+
|
4
|
_
|
_
|
_
|
+
|
5
|
_
|
_
|
_
|
_
|
R et P
explorent l'éveil comportemental sous-cortical, R
(réactivité non spécifique) : le stimulus est l'appel
du malade par son nom, les réponses, la réaction d'éveil
(ouverture des yeux) et la réaction d'orientation du regard.
Tableau VI b :
Réactivité
R
|
Réaction d'éveil
|
Orientation du regard
|
1
|
+
|
+
|
2
|
_
|
+
|
3
|
_
|
_
|
D (réactivité
motrice à la douleur) jugée sur la mimique, la réaction
d'éveil, l'existence d'un retrait.
Tableau VI c : Réactivité
à la douleur
D
|
Mimique
|
Réaction d'éveil
|
Retrait
|
1
|
+
|
+
|
+
|
2
|
_
|
+
|
+
|
3
|
_
|
_
|
+
|
4
|
_
|
_
|
_
|
V (réactivité
végétative) explore la partie inférieure du tronc
cérébral sur les modifications respiratoires, vasomotrices,
cardiaques, pupillaires, en réponse à une stimulation
douloureuse.
Tableau VI d : Réactivité
végétative
V
|
Respiration
|
Vasomotricité
|
Fréquence cardiaque
|
Réactivité pupillaire
|
1
|
+
|
+
|
+
|
+
|
2
|
_
|
_
|
_
|
_
|
Un état de vigilance normal correspond
à P1, R1, D1, V1 et une abolition totale de la
perceptivité et de la réactivité à P5, R3,
D4, V2.
Parmi tous ces scores, seule l'échelle de
Glasgow est la plus utilisée, les autres scores découlant d'elle.
Cependant, aucun score ne fait l'unanimité. Les items sont d'autant plus
liés que le coma est profond. L'appréciation est
différente d'un examinateur à l'autre. La comparaison doit porter
sur chaque item et non sur le total du score.
DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
DU COMA
Le coma ne doit pas être confondu avec les
affections suivantes, toutefois relativement éloignées du coma
(liste non exhaustive) :
1- Aréactivité
psychogène
C'est une simulation, un coma hystérique,
une mélancolie stuporeuse ; le malade ne parle pas, ne bouge pas et
garde les yeux fermés. Ce diagnostic, à considérer avec
prudence, s'oriente sur le terrain et les circonstances de survenue. Cependant,
on retient qu'un comportement hystériforme peut préluder à
l'installation d'un coma véritable (encéphalopathies toxiques ou
métaboliques) et surtout se manifester en surcharge d'une affection
organique cérébrale ou autre d'où la
nécessité d'une surveillance attentive. Les mouvements
pendulaires des yeux, qui ne peuvent être réalisés
volontairement, excluent ce diagnostic.
Hypersomnie dans le syndrome de PICKWICK ou
narcolepsie
Une hypersomnie est un trouble
sélectif du sommeil observé dans certaines atteintes
hypothalamo-diencéphaliques. Cet état est à rapprocher de
la stupeur (ou stupor) correspondant à une réduction de
l'activité physique et psychique du patient qui ne répond plus
qu'aux excitations très intenses et répétées
provenant de l'extérieur (ouverture plus ou moins importante des fentes
palpébrales). Elle s'accompagne de bâillements,
d'étirement, de soupirs. Toutefois la réponse est
incompréhensible par l'entourage. L'hypersomnie ne doit pas être
confondue avec la léthargie au cours de laquelle le patient peut,
à la demande, être soustrait momentanément.
Aphasie de Broca
Il s'agit d'une aphasie globale. Le malade ne
parle pas, n'obéit pas aux ordres ; il bouge et a les yeux
ouverts.
Mutisme akinétique
Il correspond à un état de
négligence motrice et sensitive, d'inattention, sans déficit
moteur (inertie totale, l'absence de paroles et des mouvements sauf ceux des
yeux). Les réflexes et tonus sont normaux. Tout cela, contraste avec un
comportement de veille et des mouvements oculaires plus ou moins
orientés et le clignotement à la menace [8].
Cette affection est secondaire à une lésion des deux lobes
cérébraux (plus précisément les lobes frontaux),
à une tumeur du troisième ventricule ou une accumulation
excessive de liquide céphalo-rachidien (LCR) à l'intérieur
des cavités du cerveau, suite à une mauvaise circulation ou une
absorption déficiente du LCR (hydrocéphalie).
Syndrome de déafférentation motrice ou
« locked-in syndrom »
Ce syndrome est lié à un infarctus
protubérantiel bilatéral entraînant une lésion des
faisceaux pyramidaux et géniculés, laissant intact, au-dessus la
réticule diencéphalique. Le tableau est celui d'une
quadriplégie avec diplégie faciale, paralysie
labio-glosso-laryngo-pharyngée et de la latéralité du
regard [19]. La vigilance et la conscience sont normales par
intégrité des hémisphères cérébraux
et de la partie rostrale méso- diencéphalique. Il est possible
de communiquer avec le patient en établissant un code avec des
mouvements de verticalité des yeux [16, 8].
Syncope
Elle correspond à un arrêt
cardiaque.
Catatonie
Les yeux sont ouverts et le regard est fixe.
Perte de connaissance
brève
On citera les lipothymies, les absences
épileptiques.
ASPECTS ETIOLOGIQUES DU
COMA
1- Coma d'origine neurologique
Dans le coma d'origine neurologique, on distingue
deux types de lésions :
· les lésions sus-tentorielles,
dans ce cas, le coma résulte d'un retentissement secondaire sur la
partie haute du tronc cérébral.
· les lésions sous-tentorielles
entraînent un coma, soit par envahissement ou destruction de la formation
réticulaire mésencéphalique, soit par compression de
celle-ci du fait d'une lésion intrinsèque [20].
A ces deux types de coma d'origine neurologique,
on distingue aussi des comas dus à des lésions
neurologiques diffuses qui associent des perturbations
hémisphériques profondes, étendues et une atteinte de la
formation réticulée.
Les accidents vasculaires
cérébraux
a- Les hémorragies
· Hémorragie
méningée
Le coma est accompagné d'un syndrome
méningé avec des signes en foyer.
Elles peuvent être due d'une part à la rupture
d'une malformation vasculaire à savoir les anévrismes
artériels, les anévrismes artério-veineux, ou angiomes et
d'autre part à une hypertension artérielle avec
artériopathie diffuse.
· Hématôme intra-cérébral
spontané
Le coma est d'installation brutale, mais peut
être quelquefois précédé de céphalées
et/ou de vomissements.
b- L'encéphalopathie hypertensive
Le tableau est celui d'un oedème
cérébral aigu marqué par des céphalées, des
nausées, des vomissements puis un état comateux avec des
convulsions. Cette encéphalopathie s'intègre habituellement dans
le cadre d'une maladie générale connue : insuffisance
rénale chronique, glomérulonéphrite aiguë ; elle peut
aussi compliquer une grossesse pathologique (toxémie gravidique) se
traduisant par une crise d'éclampsie.
c- L'infarctus cérébral
Il s'agit des obstructions par thrombose et des obstructions
par embolie.
· les obstructions par thrombose sont de loin, les plus
fréquentes des accidents vasculaires. Leur diagnostic repose sur la
notion de causes prédisposantes (HTA, athérome, diabète,
hypercholestérolémie, hyperlipidémie, tabagisme), sur
l'installation progressive ``par à coups'', et sur la
précession d'attaque d'ischémie transitoire retrouvées
à l'interrogatoire.
· Les obstructions par embolie ont un mode d'installation
d'une brutalité extrême (quelques secondes). La perte de
conscience et le déficit fonctionnel ont une durée brève,
souvent inférieur à vingt-quatre heures, voire à une
heure. Ces obstructions se voient dans un contexte de cardiopathie rhumatismale
(IM, RM), cardiopathie ischémique (IDM), d'endocardite infectieuse.
d- Les causes rares de coma vasculaire
· Inflammatoire : LEAD, périarthrite
noueuse, PAR, sclérodermie, maladie de Takayasu, angéite
allergique, artérites infectieuses.
· Embolies rares : tumeur de l'oreillette
(myxome), embolie gazeuse.
· Hématologiques :
hémoglobinopathie (drépanocytose), coagulopathie de consommation,
dysprotéinémie (maladie de Waldenstrom), syndromes
myéloprolifératifs (polyglobulie, leucose...).
Les comas traumatiques
Ils surviennent à la suite d'un
traumatisme crânio-encéphalique (TCE) modéré ou
sévère et font partie des complications précoces :
· Hématome épidural : la
collection de sang siège entre l'os et la dure mère. Il
entraîne une compression aiguë du cerveau. Cliniquement, il s'agit
d'un coma qui s'installe progressivement avec une notion d'intervalle libre
entre la perte de connaissance immédiate post traumatique et le coma. Il
s'y associe des signes neurologiques focalisés.
· Hématome sous-dural aigu : c'est
une collection de sang située entre la dure -mère et
l'arachnoïde. Cliniquement un coma persistant sans intervalle libre
à partir de l'impact sur le crâne, s'associe quelquefois à
des signes neurologiques focalisés.
· Hématome intra-parenchymateux
post-traumatique : il s'agit de collection de sang dans le parenchyme
cérébral. Cliniquement, il existe parfois un intervalle libre
prolongé, ou un coma persistant après le TCE. D'autres
symptômes dépendent de la localisation de l'hématome et du
niveau de conscience du malade.
· Hémorragie sub-arachnoïdienne ou
intra-ventriculaire.
Abcès et empyème
cérébraux
Classiquement, s'associent : un syndrome
infectieux (fièvre, amaigrissement, hyperleucocytose), un syndrome
d'hypertension intracrânienne avec stase papillaire au fond d'oeil, et
des signes de localisation.
Les tumeurs
cérébrales
La pathologie tumorale entraîne une
symptomatologie, et le coma traduit souvent une évolution importante ou
la survenue d'une hémorragie intra-crânienne, alors responsable
d'une hypertension intra-crânienne suraiguë.
Le coma n'est en fait que très exceptionnellement
révélateur d'une tumeur.
Coma d'origine métabolique
Ce coma est lié à une
altération diffuse du métabolisme neuronal en rapport avec un
trouble nutritionnel, circulatoire, électrolytique, une intoxication ou
à l'action d'une substance interférant dans le métabolisme
des transmetteurs.
|