Les regroupements bancaires dans les pays en transition: cas de la Tunisie( Télécharger le fichier original )par Faouzi MILED Faculté de droit et sciences économiques et politiques - Master en Finances et Banques 2009 |
III. Les conditions du succès des F&A bancaires en TunisieL'objectif principal dans ce travail, c'est de déterminer les conditions du succès des opérations des fusions et acquisitions bancaires (F&As) en Tunisie. Parmi les facteurs du succès des regroupements bancaires on peut trouver des caractéristiques qui sont liées à la banque cible (acquise) telles que ; la taille relative de la banque cible par rapport la banque acquéreuse, la profitabilité (efficience en terme du profit) de la banque cible et/ou de la banque cible par rapport à la banque acquéreuse et la performance boursière de la banque cible avant l'opération de regroupement. Pour déterminer ces facteurs et ces conditions qui pourraient avoir un impact qui est statistiquement significatif sur le succès des opérations des fusions et acquisitions bancaires (F&As) en Tunisie, nous avons adopté une analyse dichotomique et multi-variée69(*). C'est-à-dire chacune des ces conditions devrait être testée ou vérifiée en optant pour une méthodologie des statiques comparatives. Selon cette dernière, nous classifions tous ces cas des regroupements bancaires selon la valeur d'une variable conductrice particulière nous permettant de spécifier et distinguer chacun des facteurs du succès des regroupements bancaires. Le succès des tels regroupements est déterminé par la création de la valeur laquelle est mesurée par les rendements anormaux et/ou les rendements anormaux cumulés (CARs) des banques fusionnées. 1. Le potentiel de réduction des risques suite aux regroupements :Selon l'hypothèse de la diversification des risques, la volatilité des rendements des banques suite aux opérations des fusions et acquisitions devrait être réduite et que cette réduction devrait provenir de l'effet des regroupements.70(*) Le risque total de la banque pourrait être mesuré par la valeur de la variance des cours boursiers des banques concernées. Si on retient l'équation (3) du modèle du marché dont les rendements des titres sont générés par le processus stochastique suivant (stochastic process) : Rit = i + i Rmt + eit , Si on retient cette équation la variance des rendements des titres des banques regroupées pourrait être déterminée comme suit : Var (Rit) = âi2var (Rmt) + var (eit), Etant donné que la cov (Rmt, eit) est égale à zéro pour tout mois t, avec : - Var (Rit) désigne la variance des taux des rendements de la banque i, - var (Rmt) est la variance des taux des rendements de l'indice du marché boursier et, - var (eit) la variance des rendements anormaux de la banque i (la variance résiduelle). La première composante de la variance totale (âi2var(Rmt)) se rapporte au risque systémique et la deuxième composante (var(eit)) se rapportant au risque non systémique ou appelé aussi risque spécifique. Ce dernier risque (spécifique) pourrait être diversifié alors que le risque systémique n'est pas diversifiable. Comme le nombre des titres détenus dans un portefeuille augmente, le risque systémique tend vers la variance des rendements sur le marché (var (Rmt)) et le risque systémique tend vers zéro. Dans le cas où il y a un éventuel effet des regroupements en matière de réduction des risques encourus par les banques qui y sont impliquées, cela devrait baisser le risque systémique (par la baisse de bêta), le risque spécifique, ou les deux, ensemble. Afin de tester l'éventuel changement des variances estimées des rendements, nous effectuons une comparaison de la variance estimée des rendements de la banque lors de la période pré-regroupement (de mois -T au mois -1 qui précède le mois d'annonce de regroupement) avec la variance estimée des rendements après l'annonce de regroupement (du mois +1 au mois +T après regroupement). Dans le cas où un changement de la variance a eu lieu, nous allons déterminer si cette variation est engendrée par une évolution du risque systémique (bêta), du risque spécifique, ou les deux ensembles71(*). La variance totale, le coefficient bêta, la variance du marché et la variance résiduelle (le risque spécifique) sont estimés pour chaque banque de l'échantillon. Un test (t de Student) de la moyenne des variances nous permettra de déterminer si cette différence des moyennes des risques est statistiquement significative. Pour le cas tunisien, le tableau ci-dessous représente une acquisition s'effectuant entre la « Union Internationale des Banques » et « Société Générale » (cas UIB) qui montre des changements statistiquement significatifs en termes des variances des rendements des ces banques avant et après la date d'annonce des regroupements. Tableau 3- : Test d'égalité des variances des rendements avant et après regroupement : cas UIB
Selon les résultats trouvés dans ce tableau, nous pouvons constater que ce cas d'acquisition affiche un changement qui est statistiquement significatif du risque. Les résultats empiriques montrent qu'il y a une augmentation de la variance totale qui est statistiquement significative et que la source de cette augmentation est un accroissement constaté du risque non systématique (spécifique) malgré qu'il y a une baisse du risque systématique c'est-à-dire une baisse du coefficient du bêta. Ces changements des variances avant et après l'acquisition ne confirment pas l'hypothèse de la diversification car cette opération est une transaction entre deux institutions qui sont diversifiées géographiquement mais qui se livraient à des activités qui sont similaires. Donc, ce résultat parait, en partie, ne pas être conforme avec l'hypothèse de la diversification. A cet égard, on pourrait considérer que l'effet de la concentration des activités pourrait l'emporter sur celui de la diversification géographique, surtout que la banque « UIB » a continué à exploiter son réseau initial d'agences (74 agences) en Tunisie. D'autant plus la « UIB » qui est une banque cible, ses marges de manoeuvre restent limitées et elle devrait s'aligner aux orientations et à la vision stratégique de la banque « Société Générale » qui est devenue un actionnaire majoritaire (52%). * 69 _ Voir Beitel, P., Schiereck, D., Wahrenburg, M., (2004). * 70 _ Amihud, Y., Lev, B., (1981). * 71 _ Brennan M. J., Copeland T.E., (1988). |
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