§2. La dégradation de la paix civile
Sans forcément être menacée, la paix
civile sera en recul lors des interminables querelles émaillant la
répartition du Patrimoine des provinces en liquidation. Aucune
communauté n'acceptera de laisser à une autre la jouissance
exclusive des édifices, installations, organisations autre fois
gérée en partage. Le territoire congolais est donc promis de se
transformer en un vaste champ de palabres, avec ça et là des
fâcheries croisées et des escarmouches autour des bouteilles et
des vaines gloires. Le Droit reconnu à tout citoyen congolais
d'établir son domicile dans la localité de son choix, ne sera
qu'une véritable coquille vide dans un contexte aussi
délétère. Bientôt, le Haut - Katanga ne consentira
pas abandonner, sans compensation à la seule province du Sud-Katanga le
bénéfice des infrastructures, industries et pourquoi pas les
marchés de Lubumbashi et de Likasi. Bien plus, les Katangais non
originaires de la nouvelle Province du Haut - Katanga mais depuis longtemps
résidant de Lubumbashi et de Likasi et partout dans le reste de cette
province deviendront des « étrangers envahisseurs »
à la manière dont les mineurs Kasaïens et leurs descendants
sont devenus des « étrangers » au Katanga
après le découpage administratif de 1933 ayant
intégré à la nouvelle province du Kasaï Lomami le
District occidental de l'ancienne province du Katanga. Ces quolibets
croisés seront d'autant plus inévitables et plus mordant que les
nouvelles provinces sont promises à un statut d'entités
décentralisées.
Dans cette nouvelle province comme dans l'ensemble du pays,
la paix sociale permet de demeurer pour longtemps encore parmi les principales
préoccupations. Faite des coups de gueules et des coups de griffes
ça et là, une certaine instabilité persistera sur fond de
déménagement et en tous gens des populations et des
administrations. Elle sera incompatible avec toute gestion publique prometteuse
de progrès. Dans des palabres des interminables, les conflits ouverts et
la misère sociale guettent, et l'amélioration des conditions
existentielles sera d'autant un rêve inaccessible, voire
« insensé ».
En effet, à défaut de promouvoir le
progrès du pays, les gouvernants auront un précieux alibi :
celui d'avoir eu consacrer l'essentiel de leur imagination et des ressources du
pays à éteindre des incendies ça et là. Et comme
personne ne s'avisera à rechercher les responsables des incendies, les
gouvernements ont raison d'espérer que l'excuse sera à la hauteur
de notre aspiration au progrès.
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