SECTION III : RESULTATS SOUS CIBLE DE NIVEAU DES PRIX :
PRESENTATION ET ANALYSES
L'estimation de la fonction d'offre et l'optimisation de la
fonction de perte permettent de dériver la règle en régime
de ciblage du niveau des prix.
III.1- La courbe de Phillips : estimation et analyses
Lorsque la cible visée par la Banque Centrale est le
niveau des prix (IHPC), l'expression de la fonction d'offre est reprise avec la
substitution de l'argument nt à sa
valeur, à savoir : nt = pt - pt-i . Soit,
Yt = PYt-i + a(Pt - Et-iPt) + Et (2.18)
En adoptant la même démarche d'anticipation que
précédemment (hypothèse implicite de
crédibilité de la Banque Centrale en terme de stabilité
des prix), la relation (2.18) s'écrit :
Yt = PYt-i + a(Pt - Pt*) + Et (2.19)
Le niveau de prix visé par la Banque Centrale est en
effet donné par la relation,
lt* = K-1 + n* (2.20)
Compte tenu de la cible communautaire établie à
3%, l'équation (2.19) est estimée par la méthode
Moindres Carrés Ordinaires (MCO), complétée de
l'option « robust » afin de corriger les paramètres
et les t-Student d'une éventuelle
hétéroscédasticité de l'erreur. Les
résultats de l'estimation sont consignés dans la table 2 de
l'annexe III. Ils se résument ainsi :
outputgapt = 0.9460 (outputgapt-i) + 0.0104
(ecartlihpct)
(27.00) (0.22)
F (2, 60) = 447.43 Prob (F) = 0.0000
o. = 0.01127
Durbin-Watson d-statistic (2; 60) = 1.5398
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Les chiffres entre parenthèse indiquent les
statistiques de Student associées aux coefficients auxquels elles se
rapportent. Avec un risque de première espèce de 5%, le
coefficient régresseur lié à l'écart de production
retardé est significativement non nul : il est rejeté
l'hypothèse nulle de l'estimateur p. Les caractéristiques
attendues du paramètre estimé sont bien observées pour la
formation de l'écart de production dans l'UMOA : la courbe de Phillips
avec persistance est donc caractéristique de la fonction d'offre de
court
terme dans les pays (0 < p = 0.9460 < 1). Par ailleurs,
le paramètre a exprimant la
vigueur de la réaction de la production à une
variation inattendue du niveau des prix s'est révélé
significativement nul : l'hypothèse de nullité du
paramètre ne peut être rejetée,
nonobstant le respect de la condition de positivité (a =
0.0104 > 0).
Le faible poids de ce coefficient estimé traduit en
effet une faible réactivité des agents à une variation du
niveau des prix dans l'espace. Ceci appelle assurément des implications
de politique monétaire à envisager dans la suite. La
qualité globale de l'estimation est acceptable au regard du test de
Fischer ; le test de Durbin Waston rejette la présence d'auto
corrélation des erreurs (DW = 1.5398). L'économie subit au cours
de chaque période un choc d'offre : il s'agit de chocs
indépendants et identiquement distribués (iid) de
moyenne zéro et de variance a2. Le graphe II.5 montre les
deux courbes de l'écart de production (outputgap) observé puis
l'écart de production estimé (linear prediction) : la similitude
des tendances corrobore bien la qualité de l'estimation avec des erreurs
minimales.
Graphe II.5 : Trajectoires comparées de
l'output gap observé et estimé.
1990 1995 2000 2005 2010
time
outputgap
Li
near prediction
De même qu'il s'en dégageait pour le taux
d'inflation, l'écart de production dépend positivement et de son
niveau en période précédente et de l'écart de
niveau des prix courant sous l'hypothèse que le niveau anticipé
est la réalisation de l'objectif cible fixé par la Banque
Centrale. Plus pratiquement, lorsque l'écart de production est positif
à la période t-1 (output effectif < output potentiel),
l'ajustement se fait à la période t pour réduire la
persistance dans la formation de l'écart courant. De même, lorsque
les agents anticipent un niveau de prix au- delà de la cible
annoncée (écart de niveau positif), il s'en suivra un
dépassement de la production potentielle compte tenu des
capacités productives ; seulement, comme précédemment
lorsque l'inflation est ciblée, cette réponse reste faible dans
l'espace UMOA, posant alors la problématique des interactions entre
sphère réelle et sphère monétaire. Ces
différents résultats autorisent l'étude de la fonction de
réaction (ou fonction de perte) de la Banque Centrale pour le cas du
ciblage du niveau des prix.
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