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Ciblage d'inflation versus ciblage de niveau des prix : avantages comparés dans l'UMOA

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par Alain BABATONUDE
Université d'Abomey-Calvi - Diplome d'études approfondies 2009
  

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SECTION II : RESULTATS SOUS CIBLE D'INFLATION : PRESENTATION ET ANALYSES

L'estimation de la fonction d'offre et l'optimisation de la fonction de perte permettent de dériver la règle sous le régime de ciblage du taux d'inflation.

II.1- La courbe de Phillips : estimation et analyses

C'est une fonction d'offre globale de court terme, d'inspiration néo classique, représentée par une courbe de Phillips avec persistance et illustrant le fonctionnement d'un

régime visant la réalisation de cibles d'inflation (nt) ou de niveau des prix (pt) dans laquelle

l'écart de production est généré par l'équation :

Yt = PYt-i + a(nt -- Et-int) + Et (2.3)

Yr représente l'écart de production à la période t, p mesure le degré de persistance

de l'écart de production (0 < p < 1). nt = pt -- pt-i mesure le taux d'inflation à la période

23 Seulement, pour des raisons de commodité et de simplification du modèle, l'output gap est considéré dans la suite comme un processus AR(1) comme dans la plupart des études.

t, avec pt étant le log du niveau des prix ; Et-int traduit l'anticipation rationnelle du taux

d'inflation, compte tenu de l'information disponible à la période précédente. Le paramètre a
exprime la vigueur de la réaction de la production à une variation inattendue de l'inflation

(a>0).

Pour apprécier l'inflation anticipée, le principe d'ajustement partiel du taux passé est adopté ainsi que le fait Ténou (2002) dans ses travaux sur la règle monétaire dans l'UMOA : l'inflation anticipée peut être décrite comme une équation d'ajustement partiel du taux d'inflation passé suivant la relation :

Et-int = gnt-i + (1 --g)n* (2.4)

g est un paramètre mesurant la crédibilité de l'objectif d'inflation (n*). L'équation (2.4) signifie que les agents économiques anticipent que l'inflation future est une moyenne pondérée de l'objectif d'inflation fixé et de l'inflation passée. g peut prendre deux valeurs extrêmes : 0 et 1.

Une valeur de g = 0 signifie que l'objectif d'inflation, explicite ou implicite, est crédible. Dans ce cas, l'équation (2.4) s'écrit :

Et-int = n* (2.5)

A contrario, une valeur de g = 1 implique que l'objectif d'inflation n'est pas réalisé, ni crédible. L'équation (2.4) s'écrit dans ce cas :

Et-int = nt-i (2.6)

A l'instar de Ténou (2002) et d'autres encore, l'hypothèse que les agents économiques de l'UMOA sont convaincus de la capacité de la BCEAO à limiter l'inflation à son niveau objectif est posée. Entre autres arguments favorables, le niveau relativement modéré de l'inflation dans les pays de l'UMOA sur la période d'étude, dans le cadre de la gestion prudente de la monnaie, justifie cette hypothèse. Dans ces conditions, g = 0 et

Et_int = ff*. En d'autres termes, l'inflation anticipée est égale à l'objectif d'inflation24. En remplaçant Et_int par sa valeur dans l'équation (2.4), il s'en suit :

Yt = PYt-i + a(1~-1*)+ Et (2.7)

Compte tenu de la cible communautaire établie à 3%, l'équation est estimée par la méthode Moindres Carrés ordinaires, complétée de l'option « robust » afin de corriger éventuellement les t-Student de l'hétéroscédasticité des erreurs. Les résultats de l'estimation sont consignés dans la table 1 en annexe III et se résument ainsi :

outputgapt = 0.9434 (outputgapt_i) + 0.0352 (ecartinfglist)

(32.89) (1.37)

F (2, 55) = 615.54 Prob (F) = 0.0000 o. = 0.00926

Durbin-Watson d-statistic (2; 57) = 1.715023

Les chiffres entre parenthèses indiquent les statistiques de Student associées aux coefficients auxquels elles se rapportent. Avec un risque de première espèce de 5%, le coefficient régresseur lié à l'écart de production retardé est significativement non nul : il est rejeté l'hypothèse nulle de l'estimateur p. Les caractéristiques attendues du paramètre estimé sont bien observées pour la formation de l'écart de production dans l'UMOA : la courbe de Phillips avec persistance est donc caractéristique de la fonction d'offre de court

terme dans les pays (0 < p = 0.9434 < 1). Par ailleurs, le paramètre a exprimant la

vigueur de la réaction de la production à une variation inattendue de l'inflation s'est révélé
significativement nul : l'hypothèse de nullité du paramètre ne peut être rejeté, nonobstant

le respect de la condition de positivité (a = 0.0352 > 0). Le faible poids de ce coefficient

estimé traduit en effet une faible réactivité des agents à une variation du taux de l'inflation

24

Depuis Janvier 1997, la norme communautaire fixée comme l'objectif cible d'inflation (valeur maximale) est de 3%. Cette valeur a été confirmée pour la période d'étude.

dans l'espace. Ceci appelle assurément des implications de politique monétaire à envisager dans la suite. La qualité globale de l'estimation est acceptable au regard du test de Fischer ; le test de Durbin Waston rejette la présence d'auto corrélation des erreurs (DW = 1.715). L'économie subit au cours de chaque période un choc d'offre : il s'agit de chocs indépendants et identiquement distribués (iid) de moyenne zéro et de variance a2. Le graphe II.4 montre les deux courbes de l'écart de production (outputgap) observé puis l'écart estimé (linear prediction) : la similitude des tendances corrobore bien la qualité de l'estimation avec des erreurs minimales.

Graphe II.4 : Trajectoires comparées de l'output gap effectif et estimé

1990 1995 2000 2005 2010

time

outp

utg

ap

Linear

prediction

L'écart de production dépend positivement et de son niveau en période précédente et de l'écart d'inflation courant sous l'hypothèse que l'inflation anticipée est la réalisation de l'objectif cible fixé par la Banque Centrale. Plus pratiquement, lorsque l'écart de production est positif à la période t-1 (output effectif < output potentiel), l'ajustement se fait à la période t pour réduire la persistance dans la formation de l'écart courant. De même, lorsque les agents anticipent une inflation au-delà de la cible annoncée (écart de taux positif), il s'en suivra un dépassement de la production potentielle compte tenu des capacités productives ;

seulement cette réponse reste faible dans l'espace UMOA, posant alors la problématique des interactions entre sphère réelle et sphère monétaire. Ces différents résultats autorisent l'étude de la fonction de réaction (ou fonction de perte) de la Banque Centrale pour le cas du ciblage de l'inflation.

II.2- La fonction de perte : optimisation et analyses

La fonction de perte représente le comportement de la Banque Centrale avec pour arguments, l'inflation et l'écart de production suivant l'équation,

Lt = Et E7=T fi't-T1/ 2 [(irt -- ir*)2 + ,1(yt)2] (2.8)

Le processus d'optimisation approprié de la Banque qui use de son pouvoir discrétionnaire au cours de chaque période pour minimiser Lt dans l'équation (2.8) sous la

contrainte imposée par l'équation (2.7) pour définir le couple (yt, irt) est,

t=to

[min E / fi't-to 1/2 [(irt -- ir*)2 + ,1(yt)2 -- lit(yt -- Pyt-1 -- a(irt -- Et- iirt) -- Et)]

Les conditions de premier ordre de cette optimisation avec le multiplicateur Lagrangien se déduisent ainsi. Par rapport à l'argument yt, elles donnent :

2,1yt -- lit + fi'PEtlit+i = 0 (2.9)

En résolvant l'équation lagrangienne par rapport à l'argument irt, la condition de premier ordre donne :

2(irt -- ir*) + alit = 0 (2.10)

En éliminant le multiplicateur lagrangien des conditions de premier ordre, il en résulte l'équation d'Euler représentée par :

i

'IYt + a (11-t -- 11-*) -- PaP Et(11-t-Fi--11-*) = 0 (2.11)

Ainsi, la Banque Centrale lisse le taux d'inflation par rapport à la cible avec un ajustement à l'écart de production courant. La politique contra-cyclique de la Banque Centrale transparaît dans cette relation d'Euler : en fonction des anticipations, un écart positif de la production par rapport à son niveau naturel conduit la Banque à abaisser l'inflation en dessous de sa cible.

Il est postulé une solution25 linéaire de l'équation (2.11) représentative de la règle de décision relativement à l'inflation comme étant de la forme,

11-t = Ai + AzYt-i + A3Et (2.12)

A partir de cette forme anticipée, les anticipations à la période t -- 1 peuvent s'écrire :

Et-i11-t = Ai + AzYt-i (2.13)

Les équations (2.12) et (2.13) sont intégrées dans la fonction d'offre représentative de la courbe de Phillips et la contrainte du programme (équation 2.3). L'équation d'output gap prend la forme :

Yt = PYt-i + (1 + aA3)Et (2.14)

Il est à observer que la règle de décision en matière d'inflation reste invariante suivant les périodes. En conséquence, l'inflation à la période t + 1 s'écrit :

11-t-Fi = Ai + AzYt + A3Et-Fi

25.

A l'instar des études antérieures dans la résolution du programme, la méthode des coefficients indéterminés est utilisée.

Le principe consiste à anticiper la forme fonctionnelle générale de la solution et ensuite d'utiliser le modèle pour déterminer la valeur précise des coefficients.

7Tt+i = Al + A2 [PYt-1 + (1 + aA3)Et] + A3Et+1 (2.15)

La substitution des facteurs nt et irt+i par leurs expressions respectives,

représentées par (2.12) et (2.15) dans la relation de condition de premier ordre (2.11),

compte tenu de l'anticipation, permet de déterminer les coefficients A1, A2 , A3 par la

méthode d'identification des coefficients (Voir annexe IV).

Les solutions du programme d'optimisation de la fonction de perte se déduisent ainsi :

Yt = pyt_i +

l_pp2

2 Et (2.16)

l_pp2+kr

aÂ.p Â.

nt = n* - a

i_pp2y .,. - 1 -
· 1_13p2+Âa2 Et (2.17)

aÂ.

Âa2

Avec, p > 0 , 1-ap 2 > 0 et l_pp2+ > 0

L'analyse de ces principaux résultats permet d'apprécier les déterminants des deux arguments entrant dans la fonction de réaction de la Banque Centrale. A chaque période, le taux d'inflation courant est égal au taux d'inflation cible (~*) avec des ajustements contra- cycliques proportionnels à l'output gap retardé et aux chocs de la période courante. Par ailleurs, l'écart de production est un processus AR(1) dont la formation est fonction de l'écart antérieur compte tenu du degré de persistance (p), et des chocs à la période courante.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci