CONCLUSION
L'objectif de ce travail est la mise en évidence de
« l'avantage gratuit » qui existe à cibler le niveau des prix
plutôt que l'inflation à partir d'une fonction de perte pour la
BCEAO sous la contrainte d'une courbe de Phillips représentant la
formation de l'écart de production dans la zone UMOA. A l'origine de
l'étude se retrouve l'hypothèse de Svensson (1999) de l'existence
de l'avantage dont la validation nécessite l'appréciation de la
variabilité du taux d'inflation pour les deux règles de ciblage
d'une part puis l'arbitrage entre les objectifs de production et de
stabilité dans l'UMOA sur la période 1993 -2008.
L'étude statistique des séries chronologiques
obtenues en fréquence trimestrielle a permis de constater la
stationnarité des séries de taux d'inflation (avec constante et
sans tendance) et de niveau des prix (sans constante ni tendance) ; la
série de gap de production n'est stationnaire qu'en différence
première au seuil critique de 5%. Elle révèle par ailleurs
que seule la série de niveau de prix (ihpc) présente une
distribution normale. Enfin, l'étude du processus
générateur, a permis de montrer que toutes les séries
obéissent à un processus autorégressif ; en
conséquence, les observations sont apparues comme une combinaison finie
de leur propre passé. L'écart de production, tout comme les
autres variables retenues, dépend bien de ses retards. Cette
caractéristique des séries a permis le choix du modèle
d'analyse et justifié la politique de ciblage dans l'union.
Deux étapes fondamentales et complémentaires
inspirées de Svensson (1999) constituent la méthodologie de
l'étude empirique : une fonction d'offre représentée par
une courbe de Phillips avec persistance de l'output gap puis une fonction de
perte quadratique de la BCEAO.
En première étape, la démarche consiste
à estimer le modèle de formation de l'écart de production
dans la zone UMOA sous les deux régimes de ciblage : cible d'inflation
et cible de niveau des prix. Des résultats empiriques obtenus, il
ressort que le gap de production courant est une fonction croissante de sa
valeur retardée et de l'écart d'inflation ou de niveau de prix
dans une relation peu significative. Il est issu d'une courbe de Phillips de
type néo-classique avec notamment une forte persistance dans le temps.
En conséquence, plus l'écart de production est
élevé à la période antérieure, plus il en
sera à la période courante ; plus l'inflation ou le niveau des
prix s'écarte de la cible, plus se révèle l'écart
de production à
la période courante. Ainsi donc, dans le cas précis
de l'UMOA étudié ici, l'écart de production
se forme selon une courbe de Phillips avec suffisamment de
persistance (p > 0.5) quelle que soit la cible visée en objectif;
la condition nécessaire à l'existence de «
l'avantage gratuit » est alors remplie. Par ailleurs, la relation
positive entre le gap de production et la variable cible - inflation ou
niveau des prix - n'est pas significative pour les deux règles
: l'offre semble donc fonctionner indépendamment des anticipations,
des prévisions ou des réalisations de prix, aussi bien en
niveau qu'en variation. Une analyse minutieuse et comparative de ce
résultat obtenu avec celui des pays Européens et
d'Amérique dégage des disparités notables. La non
significativité du coefficient a stigmatise, une
inefficacité de la politique monétaire due au processus de
transmission des impulsions dans l'UMOA. L'écart de production est
moins un indicateur avancé de l'inflation comme c'est le cas pour
la plupart des économies ; le mode de transmission de la politique
monétaire est en cause et celle-ci se révèle moins
réactive.
En deuxième étape, sous la contrainte de la
courbe d'offre estimée, l'optimisation de la fonction de perte
quadratique associée à la politique monétaire menée
par la BCEAO, avec l'arbitrage inflation-production, est résolue
à travers l'introduction du multiplicateur lagrangien pour les deux
régimes. A l'équilibre optimal, l'inflation et l'output gap ont
été
dérivés en fonction des paramètres
d'actualisation (6') et du poids relatif de l'arbitrage entre l'inflation et
la production (.1). L'analyse comparative des variances de l'inflation sous
les
deux régimes de ciblage permet de discriminer la
règle de ciblage présentant la moindre
variabilité à l'origine de l'avantage gratuit.
Etant donné la condition p > 0.5, marquant la
persistance de l'output gap dans l'union, il est apparu
empiriquement qu'à variabilité égale de la production, la
règle de ciblage du niveau des prix assure effectivement une moindre
variabilité de l'inflation comparativement à la règle qui
considérerait la cible d'inflation. Outre la moindre variabilité
de l'inflation qui la caractérise, la règle prenant pour cible le
niveau des prix constitue une solution efficace au biais inflationniste de la
théorie de l'incohérence temporelle des choix
discrétionnaires. Ainsi se confirme l'hypothèse de l'étude
qui postule l'existence de « l'avantage gratuit » lié à
la règle de ciblage du niveau des prix. Plus pratiquement, il y a un
gain de bien-être social à cibler le niveau des prix plutôt
que le taux d'inflation dans la zone UMOA.
Afin de mieux apprécier ce résultat, une analyse
graphique des différentes variabilités est faite avec un
étalonnage précis des variances pour certaines valeurs des
paramètres
(ri = 0.99 et 0 < .1. < 10). A variance égale de
la production, la variabilité de l'inflation est
plus forte en règle de ciblage de l'inflation qu'en
règle ciblant le niveau des prix. En moyenne, la variance du taux
d'inflation est d'une soixantaine de fois plus élevée lorsque la
BCEAO prend pour cible le taux d'inflation que lorsqu'elle vise le niveau des
prix, à variance donnée de l'écart de production. Cette
analyse graphique corrobore davantage l'hypothèse du « free
lunch » dans l'espace UMOA. Lorsque le niveau des prix est pris
pour cible, il réagit directement à l'écart de production,
de sorte que le taux d'inflation réagit alors à la variation de
l'écart de production. Or, il est établi qu'à condition
que le choc d'offre soit suffisamment
persistant (.1. > 0.5), comme c'est le cas dans
l'espace UMOA étudié, la variance de la
variation de l'écart de production est
inférieure à la variance de l'écart
lui-même.
Eu égard à ce résultat empirique, il est
loisible pour la BCEAO d'adopter la politique de ciblage des prix en niveau
plutôt qu'en variation pour tirer avantage du gain en bien-être qui
en résulterait. Elle a l'avantage d'atténuer le problème
d'incohérence temporelle de la politique monétaire,
l'affranchissant d'une réalité factuelle selon laquelle aucune
Banque Centrale ne dispose de la technologie lui permettant de s'engager sur sa
politique future. C'est la recommandation principale qui est faite avec des
implications nécessaires du point de vue de la politique
monétaire et du statut de la Banque Centrale comme contraintes et
conditions à la mise en oeuvre de la règle.
Au niveau de la politique monétaire, elle implique une
économie intégrée et moins tributaire des chocs externes
de prix, et de matières premières, qui peuvent invalider la
persistance endogène de la production ; la Banque Centrale doit mettre
en oeuvre des mécanismes qui permettent de capter l'attention des agents
économiques sur l'annonce publique de la cible d'inflation afin qu'elle
intègre les comportements en matière de consommation et
d'investissement ; la détermination de l'indice des prix en valeur
réelle ou en tendance implique une amélioration sensible qui
fiabilise davantage le mécanisme générateur, la question
de la nature des composantes de l'IHPC étant cruciale ; enfin, pour
différentes raisons évoquées, qui s'appliquent bien
à l'UMOA, une variation positive des prix est préférable
à une inflation nulle compte tenu notamment des erreurs de mesure et de
la
contrainte de non-négativité du taux
d'intérêt nominal, l'instrument privilégié de
relance économique.
Au niveau institutionnel, la transparence, la
crédibilité et l'indépendance de la Banque Centrale sont
aussi importantes. Le devoir de transparence qui s'impose aux autorités
monétaires contribue à réduire l'incertitude quant aux
orientations futures de la politique monétaire tout en renforçant
la crédibilité et la responsabilité de la Banque Centrale.
Au même titre que la transparence, la crédibilité de la
Banque Centrale est un élément fondamental dans la mise en oeuvre
efficace de la règle de ciblage du niveau des prix. La troisième
dimension institutionnelle de la Banque Centrale indispensable à
l'efficacité de la règle de ciblage constitue son
indépendance.
Enfin, les limites de l'étude ont été
abordées sur les plans théoriques, méthodologiques et
empiriques. L'étude considère une fonction d'offre de type
classique ; l'analyse pourrait être faite avec une courbe de Phillips de
type keynésien sous l'hypothèse des anticipations
endogènes de prix. Les limites méthodologiques concernent les
approches des variables d'inflation et de gap de production qui peuvent
être améliorée avec des processus plus efficaces. Du point
de vue empirique, les réserves émises concernent
l'opportunité et les probabilités de réussite de la
règle de ciblage dans les pays en développement comme c'est le
cas de l'UMOA. Compte tenu de la nature des contraintes et conditions de mise
en oeuvre (transparence, indépendance institutionnelle et
crédibilité), de la nature des composantes de l'inflation (chocs
exogènes), l'application de la règle est plus difficile ; mais
elle offre un certain nombre d'avantages opérationnels et oblige les
responsables de la politique économique à approfondir les
réformes, à accroître la transparence et à
améliorer la politique budgétaire, avec la perspective d'une
convergence vers les niveaux internationaux d'inflation.
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