Section 2ème : Poursuivre l'amélioration
de l'efficacité interne de l'enseignement.
Bien qu'il soit difficile d'envisager l'effectivité de
l'éducation primaire universelle à l'horizon 2015 en RDC, il est
possible de réaliser 60% de taux d'achèvement du cycle primaire.
Cela s'explique par le fait que le pays dispose des potentialités pour
inverser la tendance à la baisse de ces dernières années
et atteindre un tel objectif intermédiaire.
Partant du caractère interdépendant des OMD en
général et du droit de l'enfant à l'éducation, un
droit programmatoire et à réalisation progressive, si par
exemple, le contrat chinois qui prévoit la construction des
universités, des logements sociaux, des hôpitaux et des routes
parvenait à se réaliser effectivement, le droit de l'enfant
à l'éducation peut s'améliorer sur quelques points. En
effet, cela ne constituerait qu'une étape à côté de
l'augmentation de l'offre d'éducation primaire (§1)
préconisée par le rapport national sur les OMD, et des
stratégies internes et externes à la salle de classe
préconisées par l'UNICEF (§2).
§1. L'augmentation de l'offre de l'éducation
primaire en RDC.
Quoi que le contexte ne soit pas le même, la RDC n'est
pas le seul pays qui a connu la guerre et le fait qu'il ait connu la guerre ne
constitut, qu'avec une moindre dose, un motif pour ne pas satisfaire aux droits
des générations futures. Or, les enfants qui apprennent
aujourd'hui constituent les animateurs des institutions de demain. Les
dirigeants actuels ne doivent pas perdre de vue que ce que sont les enfants
aujourd'hui, ils l'ont été hier ; et que ce qu'ils sont
aujourd'hui, les enfants le seront demain.
L'Angola, au côté de la RDC, a subi
également une guerre de plus ou moins vingt ans. Cette guerre civile qui
a ravagé le pays jusqu'à mars 2002 a laissé le pays, et
particulièrement le secteur éducatif dans un piètre
état, un million d'enfants étant privés d'enseignement
primaire. En février 2003, une campagne dénommée la «
Rentrée des classes » a été lancée,
celle-ci étant la plus grande campagne d'éducation jamais
menée en Angola. A l'initiative commune des autorités locales et
l'UNICEF, cette campagne a permis à 250.000 enfants d'aller pour la
1ère fois à l'école, la priorité
étant dans un premier temps
donnée aux provinces centrales de BIE et MALANJE, qui ont
été durement touchées par la guerre.142
Cette campagne représente un changement de
l'orientation majeure pour le Gouvernement angolais, qui estimait auparavant
que l'enseignement primaire universel ne pourrait se concrétiser tant
que l'on ne construirait pas dans l'ensemble du pays des salles de classe
traditionnelles et que l'on ne disposerait pas un nombre suffisant
d'enseignants dûment formés et qualifiés. Cette campagne se
fonde en revanche sur une formation rapide des enseignants et sur une
amélioration progressive de la qualité de l'enseignement.
Jusqu'en 2004, l'UNICEF avait déjà formé 5.000 enseignants
de toute urgence. Or, cette réalité peut être applicable en
RDC, étant donné qu'il s'agit d'un pays post-conflit comme
l'Angola. Cela nous amène à examiner l'amélioration de
l'efficacité de l'enseignement (A), ainsi que des politiques et
programmes (B), avant d'aborder des stratégies spécifiques
à la province du SudKivu (C).
A) L'amélioration de l'efficacité interne de
l'enseignement.
Comme préconisé ci-contre, il est possible
d'atteindre un taux d'achèvement du cycle primaire d'au moins 60%
à travers l'amélioration des méthodes de transmission des
connaissances (notamment la fourniture des manuels scolaires, des conditions
d'apprentissage et des méthodes d'évaluation des connaissances.
Le rapport National sur les OMD estime également que cela pourrait
permettre une augmentation du taux d'admission en 5ème
année de 25% actuellement à 75%.143 Pour y parvenir,
quelques conditions sont nécessaires :
a) L'Etat doit assurer une meilleure répartition des
écoles et des capacités d'accueil dans toutes les provinces
proportionnellement à la population scolarisable : Ceci devrait
permettre d'améliorer l'accès à l'école,
d'augmenter l'offre d'éducation et également d'améliorer
la rentabilité et l'équité des investissements publics
éducatifs.
b) Réengager l'Etat dans le secteur, en garantissant
des budgets annuels acceptables et en progression : Il n'y aura pas
d'alternative viable à cette opinion, les ajustements spontanés
qui ont évité l'effondrement total du système ayant
montré leurs limites. De
142 UNICEF, La situation des enfants dans le monde,
2004, p. 47.
143 RDC, Rapport national sur les OMD, op.cit, p.30.
plus, les énormes besoins de construction et de
réhabilitation des infrastructures scolaires imposent une plus grande
participation des pouvoirs publics.
c) Améliorer le système statistique afin de
faciliter le suivi des réformes et des programmes : Cette
amélioration doit concerner aussi bien la quantité que la
qualité des données statistiques produites. Un effort
considérable devrait également être réalisé
au niveau de l'analyse et de la gestion des statistiques, une publication
régulière et périodique est plus que souhaitable. Une
attention particulière devait être attachée à la
Division Provinciale de l'EPSP/Sud-Kivu où il existe un service des
statistiques mais presque non fonctionnel. Les rapports qui y sont
envoyés chaque année par les gestionnaires des écoles ne
sont pas compilés, moins encore ventilés. Ceci constitut un
problème majeur aux chercheurs et sont obligés de se contenter
des rapports de l'UNICEF, de la Banque Mondiale, de l'UNESCO et très
récemment de la Division Provinciale du Plan grâce au soutien de
l'UNICEF et du PNUD.
B) Amélioration des politiques et des
programmes.
Etant donné que le droit à l'éducation
s'articule autour d'une approche genre, le gouvernement devait intensifier
l'introduction du concept « genre » dans les programmes de
développement des droits des enfants, accélérer le «
Programme Multisectoriel d'urgence de Réhabilitation et de
Reconstruction (PMURR) », lancé en 2002, qui concentre ses efforts
sur la réhabilitation des infrastructures et qui est soutenu par la
Banque Mondiale, prévoyant la réhabilitation des écoles
à Kinshasa, Bas-Congo, Bandundu, les deux Kasaï et le
Katanga.144 Ce programme devrait être élargi aux
provinces du Sud-Kivu, du Nord-Kivu et Orientale pour avoir subi les plus
grands affres de la guerre.145
Dans le même ordre d'idée, l'appui de l'UNICEF
consistant à assurer la formation des enseignants, comme le cas de
l'Angola sus évoqué, et l'encouragement de l'inscription massive
des enfants en première année primaire, tout en mettant un accent
particulier sur l'inscription des filles, s'avère d'une grande
importance.
144 RDC, Rapport National sur les OMD, op.cit p. 31.
145 C'est nous qui soulignons.
L'Etat doit soutenir aussi le Programme Multisectoriel
d'urgence de Réhabilitation des infrastructures sociales (PMURIS)
financé par la BAD qui prévoyait, en 2004, la
réhabilitation (bâtiment et équipement) de 3.000
écoles primaires à 6 classes, la fourniture des manuels
scolaires, la formation et le renouvellement des enseignants et le renforcement
de la gestion du secteur.146
La mise en oeuvre des programmes ci-contre consacrerait la
réalisation de la 1ère phase (phase d'urgence) du plan-cadre de
l'Education élaboré par le gouvernement en 1999, plan qui n'a
jamais été adopté par le Parlement.
En effet, le Gouvernement avait, dès le début
des années 1990, entamé la préparation d'une
réforme en profondeur du système éducatif national. Sur
base de la Charte nationale de l'Education adoptée par la
Conférence Nationale Souveraine en 1992, le Gouvernement avait
commencé en 1996 la préparation d'un projet d'un nouveau
système éducatif, par la tenue des Etats Généraux
de l'Education.
Le plan cadre de l'Education formulé en 1999, avec
l'appui du PNUD et de l'UNESCO ambitionnait de reconstruire le système
éducatif sur une période allant de 1998- 2008 en trois phases
:
· La phase d'urgence (1999-2000) seront la
réhabilitation des écoles primaires, la fourniture des
équipements et des manuels scolaires, le recyclage et la formation des
enseignants, et la formation professionnelle ;
· La phase de mise en oeuvre proprement dite du nouveau
système éducatif pour tous (2001-2004) ; et
· La phase de consolidation (2005-2008).147
Malheureusement, avec la mort de Mzee Laurent
Désiré KABILA, initiateur du plan cadre dont question, tout est
tombé dans l'oubli. Examinons, à présent, les
stratégies spécifiques à la Province du Sud-Kivu.
C). Stratégies spécifiques à la province
du Sud-Kivu.
Le Sud-Kivu est l'une des 26 provinces qui constituent la RDC
conformément aux dispositions de l'art. 2 de la Constitution. Elle est
une entité décentralisée dotée de la
146 RDC, Rapport National sur les OMD, idem. p. 32.
147 RDC, Ibidem.
personnalité juridique et jouissant de la libre
administration et de l'autonomie de la gestion de ses ressources
financières, économiques, humaines et techniques
conformément aux dispositions de l'art. 3 de la Constitution. La part
des recettes à caractère national allouées à la
province est établie à 40% (art. 157). Toutefois, elle peut
bénéficier des fonds supplémentaire auprès de la
caisse nationale de péréquation, instituée par l'art. 181
et ayant comme mission de financer des projets et programmes d'investissement
publics, en vue d'assurer la solidarité nationale et de corriger le
déséquilibre de développement entre les provinces et entre
les autres entités territoriales décentralisées. Elle a
une population de 4.715.056 habitants.148 Elle compte 2384
écoles primaires dont 2033 fonctionnelles avec un effectif, au cours de
l'année- scolaire 2006-2007, de 637636 élèves, en raison
de 336757 garçons (soit 53 %) et 300879 filles (soit 47%).149
Ceci étant, nous allons passer en revue les difficultés majeures
qui affectent l'enseignement universel dans la province (a), avant d'aborder
les stratégies pouvant permettre de les résoudre (b).
a. Les difficultés majeures qui affectent le droit de
l'enfant à l'éducation au Sud-Kivu.
Comme indiqué ci-contre, ces difficultés sont
presque les mêmes au niveau national et provincial. Au plan politique,
nous devons noter que la Province du Sud-Kivu, à coté de celle du
Nord Kivu, a reçu en 1994, après le génocide rwandais, des
réfugiés qui ont été installés sur des sites
abritant des écoles, avec comme conséquence, la destruction du
tissus environnemental. Qu'à cela ne tienne, elle demeure parmi les
provinces qui ont subi d'énormes exactions dues à la guerre
menée par des groupes rebelles qui ont occupés l'Est du pays
pendant 5 ans. Elle demeure, jusque maintenant, l'une des provinces du pays
dont la situation sécuritaire, à l'intérieur, cause de
nombreuses perturbations dans le bon fonctionnement des institutions
scolaires.
Avec l'avènement de la troisième
République, il y avait une lueur d'espoir fondée sur la retenue
à la source de 40% des recettes générées par la
province. Mais malheureusement, la réalité n'a pas suivie
d'effets en dépit de la promulgation de la Loi n° 08/012 du 31
juillet 2008 portant principes fondamentaux relatifs à la libre
administration des provinces qui a transféré à la province
certains domaines du droit à l'éducation, conformément aux
dispositions de l'art. 203 de la Constitution.
148 OCHA, Situation humanitaire au Sud-Kivu, Bukavu, 30
juillet 2008, Inédit
149 Division provinciale de l'EPSP, Rapport annuel 2006-2007
b. Stratégies pour la réalisation du droit de
l'enfant à l'éducation au Sud-Kivu.
Comme l'indique l'art. 32 de la Loi portant principes
fondamentaux relatifs à la libre administration des provinces, la
répartition des compétences entre le pouvoir central et la
province s'effectue conformément aux dispositions 202, 203 et 204 de la
Constitution. Or, ces articles déterminent respectivement les
matières exclusives à la compétence du pouvoir central,
les matières concurrentes entre ce dernier et les provinces, et celles
exclusives à la compétence de la province. Il en est ainsi de la
mise en oeuvre des mécanismes de la promotion et de sauvegarde des
droits humains et des libertés fondamentales consacrés dans la
Constitution qui est une matière concurrente. Toutefois, l'enseignement
maternel, primaire, secondaire, professionnel et spécial ainsi que
l'alphabétisation des citoyens conformément aux normes
établies par le pouvoir central est désormais de la
compétence exclusive de la province conformément aux dispositions
des articles 204, al. 13 de la Constitution et 37, al. 7 de la Loi portant
principes fondamentaux relatifs à la libre administration des
provinces.
Le problème majeur à résoudre par la
province, en priorité, demeure la paie des enseignants. Pour y parvenir,
la province doit disposer d'un budget capable de relever le défi.
Malheureusement, cela ne semble pas être le cas. Si l'on pouvait croire
que le budget provincial de l'exercice 2008 ne pouvait pas résoudre le
défi pour la simple raison que le 40% n'étaient pas retenus
à la source, le budget 2009 non plus n'a pas donné de solution.
Dans le budget 2008, il était affecté à l'éducation
2,91%, soit 128.608.645.05 FC
équivalent à 233.833,9 dollars. Comparativement au
chantier éducation, ce montant est loin de couvrir la paie des
enseignants pour ne citer que ce seul aspect. Ce pourcentage attendait, pour
être concrétisé, 100.240.000 FC provenant
des frais payés par des finalistes du secondaire et du primaire pour
passer les épreuves de fin de cycle. Cela a amené à
l'Observation du CEGEC de s'interroger si la Province ne saurait donc pas
honnêtement les compter au titre de ses actions en faveur de
l'éducation puisqu'elle est incapable d'organiser des épreuves
sans rançonner les pauvres parents déjà tant sucés
par le paiement du minerval, des primes et frais de toute nature.150
Et comme il fallait attendre, le budget 2009 de la province n'a pas
résolu grand-chose. Ce budget de 64.066.743.437,87 FC,
soit 112.397.795,5 dollars américains présente
un accroissement de 41 % par rapport à celui de 2008 qui était de
l'ordre de 42.493.668.169,07 FC, soit 74.550.295
dollars américains. Malheureusement, il n'a
été
150 UCB, « Budget de la province ou du gouvernorat? La
population du Sud-Kivu peut encore attendre (...), Observation du CEGEC,
Feuillet hebdomadaire d'informations divers, 02 juillet 2007.
affecté que 23, 77% aux chantiers
éducation et santé. Ce pourcentage doit couvrir la paie du
personnel de l'EPSP et de l'inspection provinciale de la santé, en plus
de l'achat des fournitures et matériels médicaux, etc.
De ce qui précède, il appert que pour rendre
l'enseignement universel effectif au Sud-Kivu, la Province doit soit,
améliorer son budget 2010, ou faire appel à la caisse de
péréquation pour lui venir en aide. Quoi qu'il en soit, la
priorité demeure la paie des enseignants pour améliorer tant soit
peu la qualité de l'éducation et parvenir à asseoir
certaines stratégies internes et externes à la salle de
classe.
§2. Les stratégies internes et externes
à la salle de classe.
Il s'agit des stratégies dans la salle de classe (A) et
des stratégies à l'extérieur de la salle de classe (B). En
effet, il a été prouvé que les stratégies
décrites ci-dessous, qu'elles soient appliquées à
l'intérieure ou à l'extérieur de la classe, ont
amélioré les taux de fréquentation scolaire et de
réussite chez les filles dans certains pays. Chacune de ces
stratégies met en valeur un certain type d'école proposant une
méthode d'apprentissage efficace dans un environnement sûr et
sain, qui tienne compte des différences entre les sexes, et où
l'enfant occupe une place centrale : c'est ce que l'UNICEF appelle une
école adaptée aux enfants.151
A. Les stratégies dans la salle de classe.
Ces stratégies s'articulent autour de
l'égalité des chances, du dévouement des enseignants, de
la promotion de la santé, etc.
a) Mieux centrer la classe sur les besoins de l'enfant dans le
respect des différences entre
les sexes.
Cette stratégie permet d'enraciner les activités
dans la vie et le contexte communautaire. Cet aspect interculturel s'appuie sur
un enseignement et un apprentissage participatifs, dans lequel le jeu et
l'étude se combinent de façon créative. Les enseignants
doivent utiliser du maximum les langues et la culture pour imprégner aux
écoliers la valeur
151 UNICEF, Situation des enfants dans le monde,
op.cit., 2004, p. 83.
culturelle. Cela, partant du premier objectif de
l'EPT152, doit tenir compte des droits des enfants des peuples
autochtones, des handicapés physiques (sourds muets, aveugles, etc.),
des orphelins de guerre, ainsi que ceux nés issus du viol au même
titre que les autres.
b) Recruter et former des enseignants soucieux
d'équité entre les sexes et des droits de l'enfant et verser
à ces derniers un salaire régulier leur permettant de mener une
vie
décente.
Les enseignants, hommes et femmes, devraient suivre une
formation qui les sensibilise aux spécificités des sexes dans la
salle de classe. Sans quoi, rien n'exclut que certains enseignants continuent
à valoriser et encourager davantage la participation des garçons
au détriment de celles des filles et qu'ils ne doivent répartir
les tâches selon des schémas discriminatoires stricts, laissant
aux filles le soin de balayer la classe et de nettoyer les toilettes. Cette
stratégie devait s'inscrire dans le cadre de l'art 45 de la Constitution
qui dispose, en son 4ème alinéa que : « Les
pouvoirs publics ont le devoir de promouvoir et d'assurer, par l'enseignement,
l'éducation et la diffusion, le respect des droits de l'homme, des
libertés fondamentales et des devoirs du citoyen énoncés
dans la présente Constitution ; Les pouvoirs publics ont le devoir
d'assurer la diffusion et l'enseignement de la Constitution, de la
Déclaration universelle des droits de l'homme, de la Charte africaine
des droits de l'homme et des peuples, ainsi que de toutes les Conventions
régionales et internationales relatives aux droits de l'homme et au
droit international humanitaire dûment ratifiées ».
Le terme « devoir » fait que les pouvoirs publics ne
s'engagent pas avec détermination dans ce que la Constitution leur a
assigné comme mission. D'où le terme « obligation
conviendrait mieux ». Qu'à cela ne tienne, l'on devait au besoin
envisager une formation des enseignants en matière de droits de l'homme
en général, et droits des enfants en particulier, afin de
permettre à ces derniers d'être en même de faire
connaître aux enfants leurs droits, et de les épargner des grandes
difficultés lorsque cette disposition sera effective dans les programmes
nationaux d'enseignement. Cela répondrait à l'adage cher aux
pédagogues d'après lequel « pour enseigner court comme un
doigt, il faut connaître long comme un bras ».
152 Développer et améliorer sous tous leurs aspects
la protection et l'éducation de la petite enfance, notamment des enfants
les plus vulnérables et défavorisés.
c) Promouvoir la santé dans les écoles.
Cette stratégie devait être tenue dans les
programmes nationaux d'enseignement primaire. Cela permettrait d'adopter une
approche globale de la santé fondée sur l'enseignement des
aptitudes à la vie quotidienne et d'éducation pour une vie saine
et de prévention du VIH/SIDA. La stratégie doit s'appliquer
à toute une gamme de problèmes sanitaires et sociaux du VIH/SIDA,
à l'hygiène personnelle, de la nutrition aux stupéfiants,
et examiner dans le cadre d'activités destinées à
développer les aptitudes à la vie quotidienne telles que la
communication, la coopération et la solution des problèmes.
La réussite de cette stratégie permettrait de
mettre en place des dispensaires dans des écoles et d'engager des
infirmiers pouvant intervenir dans un cas d'urgence. Elle permettrait
également l'amélioration de la santé des filles à
l'école, et par ricochet les inscriptions massives. A Bukavu, cette
stratégie a résolu beaucoup de problèmes au Lycée
WIMA où les gestionnaires ont renforcé le dispensaire scolaire en
médicaments et en équipement d'urgence.
d) Promouvoir le sport à l'école.
Cette stratégie permet aux filles de pratiquer le sport
au même pied d'égalité que les garçons et cela
contribue à la parité dans les inscriptions massives. Etant
donné que le sport était réservé aux garçons
dans beaucoup d'école, la participation des filles remet en question les
stéréotypes sexistes et des aptitudes profondément
ancrées. Au fur et à mesure que les athlètes de sexe
féminin sont mieux reconnues, elles servent de modèle aux autres
filles. Nul ne peut s'en douter du revenu potentiel que ces dernières
ramènent dans le pays et sur le plan mondial. Le sport donne aux filles
l'occasion de prendre des responsabilités tout en renforçant leur
confiance et leur estime de soi. En faisant du sport, les filles apprennent
à établir des relations sociales grâce aux réseaux
ainsi créés, de nouvelles possibilités s'offrent à
elles, ce qui leur permet de s'engager davantage dans la vie scolaire et
communautaire.
e) Assouplir l'enseignement.
Les enfants sont souvent exclus de l'école en raison
des responsabilités familiales ou des tâches domestiques qui leur
incombent. Nul ne peut s'en douter que ce problème touche plus les
filles que les garçons. L'on pouvait s'inspirer de l'exemple du
Bangladesh où les autorités locales ont accordé la
priorité aux filles et dont leur exemple a inspiré de nombreux
pays. L'horaire est souple ; les classes, qui durent deux heures par jour, sont
organisées six jours par semaine, mais le moment de la journée
consacré à l'étude est choisi par les parents et le
calendrier scolaire s'ajuste aux besoins locaux, à l'instar des
récoltes, etc.153
f) Expliquer en langue locale.
Lorsque la langue d'enseignement n'est pas la langue
maternelle de l'enfant, certains d'entre les écoliers sont souvent plus
défavorisés pour non adaptation aux milieux sociaux
extérieurs à leur famille immédiate. La difficulté
peut se poser en RDC où il y a plusieurs dialectes. Mais au besoin, l'on
devait procéder à l'explication en langue nationale de la
région où les enfants se trouvent, et pour les écoles du
milieu rural, l'explication devait se tenir en langue maternelle de l'enfant
afin de s'assurer que l'enfant s'est imprégné des nouvelles
connaissances apprises. Au Pérou et au Rwanda, l'enseignement du
degré élémentaire (1ère année
surtout), se fait d'abord en langue maternelle. Pour la suite, les enfants
apprennent en espagnol, deuxième langue du pays, pour le
Pérou.154
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