II.1.2. Le secteur de la microfinance
La microfinance au Bénin, une activité dynamique
chargée du financement des PME : la Fececam et le Papme
La Fececam (Fédération des caisses
d'épargne et de crédit agricole mutuel) rassemble les
institutions qui effectuent des prêts sur la base de l'épargne
collectée. A fin septembre 2004, elle recensait 101
représentations dans tout le Bénin (dont une vingtaine en zone
urbaine), 420 000 sociétaires, 31.5 milliards de FCFA de
dépôts et 24.5 milliards de FCFA de crédits pour environ 90
000 emprunteurs. Sa clientèle est principalement constituée
d'agriculteurs, d'éleveurs et de commerçants. Le réseau
Fececam se spécialise sur les crédits de campagne (d'une valeur
entre 100 000 et 2 millions de FCFA) sur une durée d'environ huit mois
à raison d'un taux d'intérêt de 2 pour cent par mois. La
garantie requise est basée sur les groupes de solidarité. En zone
urbaine, il procède à des prêts aux commerçants avec
demande
de garanties matérielles (parcelles, camions, maisons)
pour tout crédit supérieur à 200 000 FCFA. L'institution
connaît un taux de recouvrement de l'ordre de 89 pour cent
(jusqu'à 95 pour cent pour les crédits au commerce), qui varie
fortement en fonction de la conjoncture agricole. Structurellement, la Fececam
souffre de la difficulté de transformer les ressources de court terme
qu'elle collecte en ressources de long terme. Notamment, les produits
d'épargne de long terme qu'elle offre rencontrent peu de succès
auprès de sa clientèle. Elle déplore aussi la faible
efficacité du système judiciaire, qui rend impossible le
recouvrement des petites sommes, alourdit le prix du crédit et constitue
en conséquence une limite majeure
au financement des PME. Le renforcement de la centrale des
risques pour les utilisateurs de la microfinance - dont l'expérience a
dû être arrêtée par faute de financement - limiterait
certainement les risques de défaut.
Le Papme (Association pour la promotion et l'appui aux PME) a
été créé en 1993 sous forme de projet soutenu par
les pouvoirs publics et la Banque mondiale. Il a été
transformé en association à caractère économique en
juillet 1999 avec pour objectif final de pouvoir lever des fonds sur le
marché des capitaux et acquérir ainsi une plus grande
indépendance financière. L'association avait pour objectif
initial la promotion du développement des PME, mais se concentre depuis
2000 sur l'accès au financement. Le Papme possède 25 bureaux
décentralisés, mais concentre son activité dans les zones
urbaines. Il fonctionne essentiellement sur les financements externes, mais
développe depuis 2003 des outils de collecte de l'épargne
(dépôts de garantie, dépôts à vue,
dépôts à terme). Parallèlement, il a
développé la gamme de produits financiers en les
élargissant aux cautions aux entreprises, aux transferts d'argent, aux
crédits d'investissement et aux prêts aux particuliers. Le montant
des crédits déboursés a été de 21 milliards
FCFA en 2003 pour 11 233 clients, soit une augmentation de 48 pour cent du
nombre de clients par rapport à 2002. Les crédits octroyés
sont majoritairement à court terme (à 93 pour cent) à
destination du secteur du commerce (à 90 pour cent), avec un taux de
remboursement de l'ordre de 95 pour cent.
II.2. Impacts économiques du
dispositif
Comme dans beaucoup de pays, les principales
caractéristiques du secteur de la MPE au Bénin et, dans une
moindre mesure, de la PME - sont :
· le manque de diversification vers des créneaux
porteurs et le mimétisme entraînant une saturation rapide des
quelques créneaux explorés ;
· la faiblesse, voire l'inadéquation, des
équipements notamment dans le secteur de l'agriculture et de l'artisanat
;
· la faible qualité des produits, avec notamment des
problèmes de finition ;
· la difficulté de trouver des marchés
internes (saturation et concurrence de produits importés) et
externes.
Les besoins financiers de la MPE sont
généralement de trois ordres : le financement de fonds de
roulement ordinaire, le financement d'avances sur marché et le
financement des équipements (matériel neuf ou d'occasion). De
manière générale, le secteur de la MPE constitue une des
principales cibles du système financier de proximité qui a
développé des produits adaptés à cette
clientèle. C'est ainsi que les besoins de financement des MPE sont
généralement assez bien satisfaits, à l'exception
toutefois de certains types de besoins tels que le financement des
investissements dont la durée et le montant sont parfois hors de
portée des institutions de microfinance.
La PME pour sa part rencontre des besoins
généralement similaires, à des niveaux plus importants :
un besoin de financer son implantation (investissement et fonds de roulement de
départ), un besoin de financer le développement de
l'activité, un besoin de financer le fonds de roulement ordinaire, un
besoin de financer des marchés spécifiques (par exemple la
réalisation de commandes importantes), et un besoin d'autres services
financiers tels que la caution sur marché, la caution d'avance de
démarrage. Le niveau de ces besoins financiers est très variable,
mais ils sont généralement de trois types : les crédits
d'investissement, les crédits à court terme (crédit de
trésorerie), les engagements par signature (cautions).
II.2.1. Contraintes inhérentes aux
MPE&PME
Trois éléments apparaissent primordiaux : le
système d'information, la structure financière, les garanties.
Le principal élément est le manque de
transparence dans la gestion. En effet, les PME et MPE ont
généralement un système d'information de gestion
défaillant qui ne permet pas aux structures de financement - notamment
les banques -d'obtenir une information financière exhaustive et fiable
(absence de procédures claires et d'états financiers). Cette
absence de transparence et d'informations fiables est source de risques pour
les prêteurs.
L'autre élément déterminant est le niveau
des fonds propres, donc de capitalisation. C'est un élément
important dans la mesure où il indique le degré d'engagement des
propriétaires de l'entreprise. De manière générale,
la PME sénégalaise est faiblement capitalisée. Compte tenu
de l'intérêt que les structures de financement attachent au niveau
des fonds propres, leur faiblesse limite leur volonté d'apporter leurs
concours.
Face à l'insuffisance de fonds propres et au manque de
transparence financière, certaines structures de financement «
ferment les yeux », mais exigent d'importantes garanties - notamment
physiques - dont la plupart des PME ne disposent pas
II.2.2. Caractéristiques &
résultats des IMF qui financent les MPE&PME
Les IMF répondent aujourd'hui de manière
adaptée au besoin de financement de la MPE, que ce soit les mutuelles
d'épargne et de crédit (MEC) isolées ou en réseau,
les Caisse locales de crédit agricole mutuel (CLCAM), ou simplement les
systèmes financiers décentralisés conventionnés
(Convention cadre). En effet, ces IMF octroient des volumes de prêts, des
durées et des taux d'intérêt qui prennent
généralement en compte : le souci de faire accéder les MPE
au crédit, le souci de les amener à accroître leurs
activités au fur et à mesure qu'elles obtiennent de nouveaux
crédits, le souci de prendre en compte toutes leurs catégories de
besoins tant social qu'économique et leur propre souci de
viabilité et de pérennité financière. Par contre,
les IMF sont peu présentes dans le financement des besoins de la PME. A
ce jour, seule PAPME a commencé à adresser les besoins de ce
segment de
marché, mais ceci repose moins sur une volonté
de financer systématiquement les PME - du moins à ce jour - que
d'éviter la perte d'une partie de sa clientèle la plus dynamique
et la plus solvable et qu'elle a accompagné tout au long de son
évolution de l'état de micro entreprise vers la PME. Les autres
réseaux tels que PADME, FECECAM et FINADEV l'ont incluse dans leur plan
de développement et envisagent d'y intervenir à court terme.
II.2.3. Contraintes majeures à
l'intervention des IMF
La faible intervention des IMF dans le financement de la PME
trouve son explication notamment :
? dans la structure des ressources des IMF qui sont
généralement constituées
par les dépôts à vue des membres/clients, ce
qui limite leur capacité de transformation ;
? dans le faible niveau de capitalisation des IMF : en dehors du
PAPME, les IMF
ne disposent que d'un faible capital social
(généralement constitué par les parts sociales des
membres) ; il faut dire que la Loi Parmec constitue à ce titre un
facteur limitant dans la mesure où le système mutualiste ne
favorise pas la prise de participation importante au capital des IMF par des
personnes physiques ou morales ;
? dans le manque de relations commerciales entre le secteur
bancaire et le
secteur de la microfinance, le premier ignorant
généralement le second - à quelques exceptions près
- et l'assimilant à un secteur peu viable, trop risqué, et
porté par des idées plus sociales qu'économiques ; cette
mentalité connaît cependant une évolution favorable,
notamment du fait de la concurrence entre banques sur un marché de plus
en plus étroit.
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