L'être en devenir, considérations aristotéliciennes sur le devenir( Télécharger le fichier original )par Martin MBENDE Grand séminaire philosophat Paul VI Bafoussam, Cameroun - Graduat de philosophie 2008 |
Caractéristiques de l'ontologie parménidienneDe ce qui précède, nous pouvons dégager quelques traits fondamentaux de l'ontologie parménidienne. D'emblée, la quête de l'Etre se présente comme étant la finalité de la recherche philosophique. L'Etre est pourvu de nécessité logique : il ne peut ne pas être et ce caractère nécessaire lui confère son intelligibilité. Quant au non-Etre inintelligible qui évoque la possibilité du devenir, il répugne à l'esprit qui ne peut qu'appréhender l'Etre c'est-à-dire le nécessaire. Il se dégage donc un rapport d'identité entre l'Etre et la pensée. On retrouvera l'écho de cette position philosophique bien plus tard chez René Descartes qui, dans son cogito, assimilera l'Etre à la pensée : « Je pense donc je suis. »31(*) Kant suggérera plutôt que ce qui ne peut être appréhendé par la raison, n'est pas de l'ordre du connaissable. Il s'ensuit alors que toute science du monde sensible voué au devenir est impossible. C'est la raison pour laquelle l'Etre parménidien se veut incréé, indestructible, continu, immobile et fini comme l'atteste ces propos de la déesse : « Il est immobile dans les liens de chaînes puissantes, sans commencement ni fin...ne peut être infini, car il ne lui manque rien ; alors que s'il était infini, il manquerait de tout. »32(*) Ainsi, l'ontologie parménidienne se veut une négation du devenir de l'Etre Cependant, il faut remarquer que dans la seconde partie de son poème, Parménide fait allusion aux opinions des mortels qu'il a condamné plus haut comme étant la voie de l'erreur. Ceci s'explique peut-être par le fait qu'après avoir décrit l'Etre comme étant un et immobile, il a voulu lui opposer le monde du devenir. Néanmoins, Parménide reste le philosophe de la voie de la vérité qui le premier s'est attaqué à l'ontologie rationnelle de l'Etre nécessaire. On pourrait même dire que l'ontologie est née avec l'éléatisme. Toutefois, l'éléatisme devra faire face au pythagorisme florissant de cette époque qui apparaît comme l'exaltation du multiple, gage du devenir. Ce sera l'oeuvre des deux principaux successeurs du poète d'Elée : Zénon d'Elée et Melissos de Samos. * 31 DESCARTES R., Discours de la méthode suivi des méditations, Paris, Union Générales d'Editions, 1951, p.278. * 32 Le poème de Parménide, fragment 8, cité par CARATINI R., op. cit., p. 59. |
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