L'être en devenir, considérations aristotéliciennes sur le devenir( Télécharger le fichier original )par Martin MBENDE Grand séminaire philosophat Paul VI Bafoussam, Cameroun - Graduat de philosophie 2008 |
3. Sur la nécessité du devenirAristote appréhende le devenir comme étant le propre des êtres naturels. Cette appréhension le rapproche de Héraclite qui, le premier, avait observé que toute chose est soumise au devenir sous l'impulsion du conflit. Cependant, à la différence de celui-ci, Aristote concilie devenir et principe d'identité si chère aux éléates. Ainsi, c'est le même être qui devient : c'est le même Socrate assis qui cette fois-ci marche. L'observation d'Aristote selon laquelle le devenir est une qualité nécessaire liée aux êtres naturels est tributaire du fait que produire le mouvement est un acte nécessaire du Premier Moteur. La cause étant nécessaire, l'effet ne peut que l'être aussi. Il écrit à ce propos : « Parmi les choses nécessaires, les unes ont en dehors d'elles la cause de leur nécessité, les autres l'ont en elles-mêmes, et sont elles-mêmes sources de nécessité dans d'autres choses. »160(*) Cependant, Søren Kierkegaard nous fait remarquer que « la nécessité est tout à fait autonome. »161(*) Ainsi, si le nécessaire est autonome, ce qui est causé n'est plus nécessaire. Car, il dépend de la cause qui l'a produit et s'inscrit de ce fait dans la catégorie du contingent. Dès lors, ne pouvons-nous pas admettre avec Kierkegaard que « tout devenir s'opère par liberté, non par nécessité »162(*) surtout quand on sait que « même la conséquence d'une loi naturelle n'explique la nécessité d'aucun devenir, dès qu'on réfléchit définitivement sur le devenir ? »163(*) Au demeurant, ces différentes critiques, loin de ternir la pensée combien profonde d'Aristote, nous ont permis de retrouver la philosophie dans son essence critique. Normative par excellence, la finalité de tout discours philosophique, est l'ennoblissement du vécu de l'homme dans sa double dimension de « roseau pensant » et d' « animal politique. » D'où l'importance d'une étude des différentes perspectives métaphysiques et existentielles du discours sur le devenir * 160 ARISTOTE, Métaphysique, Ä, 5, 1015 b, 10. * 161 KIERKEGAARD S., op. cit., p. 126. * 162 Idem. * 163 Ibid., p. 127. |
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