CONCLUSION GENERALE
107. Il a été
démontré dans cette étude que la consécration d'un
protocole relatif au mécanisme de prévention, de gestion, de
règlement des conflits, de maintien de la paix et de la
sécurité, cadre juridico-politique général de
recherche d'une « Pax Ouest Africana » traduit la prise de
conscience collective de l'interdépendance entre la paix et le
développement. Il a été souligné dans un premier
temps que le mécanisme C.E.D.E.A.O. est du point de vue architectural
renforcé. Un renforcement tant au niveau de son contenu que de son cadre
juridico-institutionnel. Cependant, il a été constaté que
cette ouverture encadrée et organisée, a très vite
été atrophiée étant donné que la
réglementation de l'application du mécanisme est quelque peu
rigide. Dans un second temps, il a été question de faire un bilan
de la mise en oeuvre du mécanisme. Cet examen a
révélé des difficultés qui entravent l'amorce d'une
véritable sécurité commune. Pour y remédier,
différentes propositions ont été faites.
108. Tout compte fait, il apparaît
intéressant de ramener les choses à de plus justes proportions.
Une pensée commune qui a vocation à cultiver le sens du
réalisme enseigne qu' « Un minimum possible vaut
toujours mieux qu'un maximum souhaitable » et
au sage d'ajouter qu'« Un chien vivant est mieux
qu'un lion mort ». Sans doute, on aurait voulu tout de
suite d'un mécanisme parfait fonctionnant de manière effective et
efficiente. Les peuples Ouest-africains oscillant entre l'image
contrastée du désespoir et de l'espérance auraient voulu
un mécanisme dont l'application aurait déjà enrayé
les fléaux qui sans cesse les ruinent. La jeunesse
désemparée aurait souhaité voir une C.C.E.G. pleinement
mobilisée faisant des questions de paix, de sécurité et de
stabilité leur cheval de bataille.
109. Cependant, il faut réaliser le
sursaut de dépassement nécessaire qui permet de comprendre et
d'admettre ce qui suit : le mécanisme C.E.D.E.A.O., quoiqu'on dise
reflète un élan positif dans la recherche du développement
commun. L'Afrique de l'Ouest est la seule sous-région à avoir
conçu un mécanisme de cette taille. Il faut donc accorder le
bénéfice de la bonne volonté aux autorités
ouest-africaines au regard des efforts consentis par les Etats membres de la
sous-région pour se débarrasser de ces abcès.
110. En réalité, les questions
relatives à la paix sont hautement difficiles et délicates
à résoudre tant les intérêts recherchés par
chacun sont parfois contradictoires. Les acteurs impliqués sont
difficilement démasqués, sinon comment comprendre que l'O.T.A.N.
n'ait pas réussi à anéantir les rivalités toujours
persistantes dans les Balkans ?
La guerre aujourd'hui est multiforme, variée et
complexe si bien que sa résolution précipitée ne peut
l'endiguer complètement. La guerre semble même trouver son origine
dans la conscience. C'est ainsi que selon le préambule de la
constitution de l'U.N.E.S.C.O. : « Les guerres apparaissent
dans les esprits des hommes, il convient d'ériger des défenses
dans les esprits des hommes pour la paix ».
111. En définitive, il est important
que chacun, pris individuellement apporte sa contribution, sa
coopération et son soutien pour un meilleur fonctionnement du
mécanisme et partant, pour une amorce véritable d'une
sécurité commune, car c'est pierre à pierre que la
communauté parviendra à réaliser ses voeux parfois
entamés par les conflits armés. Ernest RENAN n'a-t-il pas dit
que : « Tout ce qui s'est fait
de grand dans le monde ne s'est-il pas fait au nom d'espérances
exagérées ? ».
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