II. Constructivisme
II. 1. Notion de constructivisme
Le constructivisme, théorie de
l'apprentissage, a été développé, entre autres par
PIAGET et VYGOTSKI, en réaction au behaviorisme qui, d'après eux,
limitait trop l'apprentissage à l'association stimulus-réponse.
L'une des définitions les plus complètes qu'on ait de ce courant
est celle de PIAGET, cité par DE LANDSHEERE (1985 :64) :
« Théorie selon laquelle la connaissance
n'est ni une copie de l'objet ni une prise de conscience des formes a priori
qui soient prédéterminées dans le sujet, mais une
construction perpétuelle par échanges entre l'organisme et le
milieu au point de vue biologique, et entre la pensée et l'objet au
point de vue cognitif. »
L'approche constructiviste met donc en avant l'activité
et la capacité inhérentes à chaque sujet, ce qui lui
permet d'appréhender la réalité qui l'entoure.
II. 2. Caractéristiques du constructivisme
Deux courants se développent au sein du
constructivisme : les développementalistes et les
interactionnistes.
II. 2. 1. La
théorie développementaliste
Le tenant de cette approche est jean PIAGET. Il suppose que
les connaissances de chaque sujet ne sont pas une simple "copie" de la
réalité, mais une "reconstruction" de celle-ci. Le
constructivisme développementaliste s'attache à étudier
les mécanismes et processus permettant la construction de la
réalité chez les sujets à partir d'éléments
déjà intégrés.
Cette théorie « s'enracine dans
l'application d'une loi biologique fondamentale : l'organisme
possède des structures adaptatives, constituées de
systèmes actifs de réponse et de
réorganisation » (GAONAC'H, 1991 :118).
Tout apprentissage passe par un processus d'assimilation puis
d'accommodation. L'apprenant, face à des données nouvelles, va
élaborer des notions, des concepts qui sont à la fois toujours
les mêmes et toujours différents parce que saisis à des
niveaux de maîtrise supérieurs. En effet, les connaissances sont
sans cesse réorganisées de façon de plus en plus complexe,
en intégrant aux constructions nouvelles les acquis
précédents.
La compréhension, constamment renouvelée,
s'élabore à partir des représentations plus anciennes
d'événements passés, que le sujet a d'ores et
déjà « emmagasinées » dans son
vécu. Ensuite, le sujet restructure
(« reconceptualise »), en interne, les informations
reçues en regard de ses propres concepts : c'est le
phénomène de restructuration conceptuelle à travers ses
expériences. Le nouveau savoir n'est effectif que s'il est reconstruit
pour s'intégrer au réseau conceptuel de l'apprenant. AUSUBEL
(1968) parle de ponts cognitifs. La façon dont l'élève
assimile les connaissances est primordiale. Il peut y avoir des apprentissages
significatifs (sens, liens avec ce que l'élève sait
déjà) et mécaniques (sans liens, du «par
coeur»).
Les thèses structuralistes du psychologue Jean PIAGET
(1896-1980), pour en justifier la thèse centrale : toute connaissance
est le résultat d'une expérience individuelle d'apprentissage,
font appel aux concepts d'accommodation et d'assimilation formant le processus
d'accommodation. André GIORDAN souligne que cette accommodation
transforme les schèmes de la pensée et vient, le plus souvent,
s'opposer aux savoirs établis.
Ce conflit cognitif, base de la pédagogie
constructiviste, se heurte à des difficultés à
différents niveaux :
§ Un individu maintient sa représentation sur un
objet tant et aussi longtemps qu'il n'a pas de problème avec cette
conception.
§ Avec le temps, les représentations
spontanées reprennent leur place puisque dans la vie courante elles
peuvent produire des résultats.
§ La conception initiale fortement enracinée est
trop éloignée de la nouvelle représentation
proposée pour que l'apprenant puisse l'accepter.
§ L'élève manque d'informations ou ne
dispose pas des ressources (opérations mentales, stratégies
et procédures à utiliser...) nécessaires
à l'intégration d'une nouvelle conception.
§ Il n'a pas envie de changer parce qu'il n'y trouve pas
d'intérêt. (Car comme on l'admet avec le Behaviorisme, la
motivation est un module essentiel à toute action.)
Sur le plan pédagogique, cette théorie
présente un intérêt dans la mesure où elle montre
l'importance de la continuité dans les apprentissages : les notions
enseignées au début doivent être compatibles avec ce qui
est appris par la suite.
C'est l'élève qui apprend et personne ne peut le
faire à sa place. Cependant, il peut difficilement trouver seul toutes
les données nécessaires à tout changement de conceptions.
Le rôle de l'enseignant est alors primordial : c'est lui qui doit
proposer et mettre en place une méthodologie et une pédagogie
appropriées pour permettre aux élèves de construire et
intégrer les nouveaux savoirs.
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