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L'engouement des nouveaux bacheliers pour les écoles de BTS au Togo

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par Komivi OGOUWA
Université de Lomé - Maà®trise en sciences de l'éducation 2009
  

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I-3 Les objectifs de la recherche

Ces objectifs sont de deux ordres. Il s'agit de l'objectif scientifique et de l'objectif d'application pratique.

I-3-1 Objectifs scientifiques

Objectif principal :

Identifier les diverses motivations d'orientation des nouveaux bacheliers vers les écoles de BTS.

Objectif secondaire :

Montrer les acteurs qui interviennent dans l'orientation des nouveaux bacheliers vers les écoles de BTS.

I-3-2 Objectifs d'application pratique

Objectif principal :

Aider à l'orientation des nouveaux bacheliers.

Objectif secondaire :

Donner une vision pour l'installation des écoles de BTS afin de régulariser cette situation.

I-4 Revue de la littérature

Dans ce contexte, nous allons essayer de décrire brièvement les sous thèmes se rapportant à notre question de recherche.

- La représentation de l'avenir

La représentation de l'avenir que font les adolescents montre des différences importantes lorsqu'on passe d'une catégorie socioprofessionnelle à l'autre ou d'une filière scolaire à l'autre. On envisagera ici le niveau des aspirations professionnelles et des déterminants.

D'après les résultats de l'enquête conduite par J ; ROUSSELET (1975), chacun des élèves interrogés tend à viser le niveau socio - économique juste supérieur à celui de son père et rarement plus haut. En outre, les jeunes conçoivent la réussite professionnelle en fonction de leur origine sociale. Tandis que les fils des cadres et des membres de la profession libérale mettent l'accent sur l'intérêt des tâches ou la perspective d'une vie responsable et indépendante, les enfants d'ouvriers spécialisés attachent plus de prix aux avantages matériels et à la sécurité de l'emploi face aux aléas de la conjoncture économique. Outre la catégorie socio professionnelle, l'attitude éducative du père parait influencer la représentation de l'avenir professionnel des adolescents. Ainsi, l'existence de relation étroite entre le père et le fils se traduit par un plus grand intérêt vis-à-vis des valeurs traditionnellement liées au travail et à la réussite chez l'adolescent. Par contre si le père est « absent », les jeunes attachent plus de prix aux valeurs matérielles et à la réussite professionnelle.

A l'intérieur du système scolaire, de nouveaux facteurs comme la durée de formation, la nature du métier attendu conjuguent leurs effets avec ceux des facteurs socio économiques précédemment évoqués pour déterminer l'orientation scolaire de l'adolescent. Ainsi chez les étudiants des écoles de BTS, la représentation de l'avenir professionnel parait se structurer autour de la durée de la formation et du diplôme attendu au terme de cette formation. A. CHASSIGNAT (1980) nous démontre cela à la page 166. Les jeunes qui espèrent obtenir le BTS se distinguent de leurs camarades par l'espoir plus affirmé de trouver un emploi dans la spécialité apprise et de s'élever dans la hiérarchie professionnelle, grâce à la formation reçue. Ils expriment en outre un plus haut niveau d'aspiration concernant l'emploi escompté à l'âge de 25 ; 30 ou 40 ans.

Il s'agit là de simples représentations et attentes que l'expérience pourra ébranler ou dissiper.

- Illusion des élèves et portée professionnelle des écoles de BTS

Les élèves des établissements d'enseignement technico - professionnel formulent en général des appréciations nuancées concernant la valeur et la portée de la formation qu'ils reçoivent. Mais ils ne peuvent échapper à l'emprise des stéréotypes de l'opposition entre formation générale et formation professionnelle. Selon J. MARKIEWIEZ-LAGNEAU (1985), lorsqu'on demande à ces étudiants de comparer leur institution avec les autres formes d'enseignement supérieur, on relève une tendance à rejeter les Facultés de Lettres et de Sciences. Pour ces élèves qui se sont exprimés, tandis que les disciplines de l'enseignement moderne seraient vouées à l'enrichissement de la personnalité morale, les disciplines de l'enseignement technico-professionnel sont considérées comme répondant le mieux aux besoins des élèves.

Quand à la fonction de différenciation sociale, elle semble se refléter dans la manière dont les élèves des écoles professionnelles se situent par rapport à leurs camarades de l'enseignement général. En raison de l'étendu des programmes de l'enseignement technico-professionnel, ces élèves se jugent plus cultivés que les autres. Ils espèrent en outre bénéficier de meilleurs salaires et de plus grandes possibilités de promotion professionnelle qu'eux.

Cependant cette portée socioprofessionnelle est perçue d'une manière plus limitée, plus critique à mesure que les élèves se rapprochent du terme de leurs études. Ainsi à la question de savoir la valeur culturelle de l'enseignement technico-professionnel, les élèves ont répondu :

« On nous fabrique comme des robots »

« On nous apprend à être asocial, inhumain, à ne penser qu'aux bénéfices, aux prix de revient »

« On nous apprend à faire une ségrégation ouvrier - cadre, stupide et bien capitaliste »

Ces réponses paraissent illustrer la fonction « d'inculcation idéologique » qui caractériserait le système scolaire en général et l'enseignement professionnel en particulier. En outre la perspective d'entrer dans le monde du travail paraît susciter une prise de conscience de certaines insuffisances dans l'enseignement dispensé par les écoles professionnelles. Ces insuffisances concernent tant la préparation aux exigences techniques et sociales du travail que les problèmes des débouchés, des salaires ou de la promotion professionnelle. Un rapport analogue du MENR (Ministère de l'Education Nationale et de la Recherche) et du METFP (Ministère de l'Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle ;2002), met en relief les rapports entre l'éducation et le marché de l'emploi. Le rapport s'est d'abord intéressé à la performance des formés quand ceux-ci ont quitté le monde éducatif et sont entrés dans leur vie d'adulte sociale et productive. Il s'agissait pour cette équipe d'étudier les éléments d'efficacité externe. Autrement dit, il fallait voir si ce que les jeunes ont appris dans ces écoles de formation les ont effectivement préparés à une vie sociale et économique favorable pour eux. De cette étude, il ressort du bilan formation - emploi que le système dans sa partie haute présente une structure déséquilibrée. Le rapport souligne que l'augmentation considérable des effectifs dans l'enseignement supérieur en général et dans l'enseignement technique en particulier n'est pas en relation avec les demandes de l'économie qui ont été pour ce niveau de qualification très réduites. Chiffres à l'appui, environ 300 emplois sont disponibles annuellement alors que le système produit en moyenne par année 1500 diplômés. Cela fait donc une production qui vaut plus de 5 fois le niveau d'absorption du marché d'emploi.

Bref, l'ensemble des formations menant au métier est « disparate », mal adapté aux besoins des entreprises.

- Influence du monde du travail

On peut penser que l'on ouvre des sections qui offriraient des possibilités de débouchés pour les élèves des écoles professionnelles. Et qu'ainsi l'existence des établissements ou des sections correspond assez près des réalités de la vie économique et dépend du marché de l'emploi. Cela est vrai si l'on considère globalement l'ensemble des emplois et l'ensemble des options offertes. On prépare bien à des métiers qui existent, qui sont définis et pour lesquels on a tenté de préciser les compétences requises et les possibilités de débouchés.

Mais en fait, certains élèves travaillent ensuite dans des professions autres que celles pour lesquelles ils ont été formés. Sur le marché de l'emploi, les diplômes ne sont pas toujours reconnus. Il n'y a pas donc une adéquation parfaite entre l'enseignement technico-professionnel et le monde du travail. Il n'est pas automatique qu'à la sortie des études professionnelles, l'emploi est garanti. Il ne s'agit pas ici des problèmes de chômage. Cette inadéquation peut s'expliquer par le fait que le marché du travail évolue pendant la scolarité et que les conditions ne sont plus les mêmes quand l'élève sort de son étude.

C. GRIGNON (1987), à la page 364 ; montre que ce défaut d'adaptation à la demande de main d'oeuvre renforce les déséquilibres entre l'offre et la demande et permet le « bon » fonctionnement du système économique. Quoi qu'il en soit des raisons profondes de cette inadéquation, l'enseignement dans les écoles de BTS fournit tout de même aux employeurs une partie de la main d'oeuvre qualifiée. En conséquence il subit de sa part un certain nombre de pressions à différents niveaux.

- La spécificité de l'enseignement technologique et professionnel

La spécificité d'un établissement technico-professionnel réside en ce qu'il prépare à un métier. Dans les établissements d'enseignement professionnel, on distingue les disciplines d'ordre pratique et théorique. La brochure de l'ONISEP (Office National d'Information Sur les Enseignements et les Professions) en France précise à ce propos : « C'est le passage constant du concret à l'abstrait, du pratique au théorique et inversement qui parait en être la principale caractéristique ». Cette division entre pratique et théorique est fréquemment évoquée. Et elle découlerait de l'idée plus ou moins explicite, qu'il y a des esprits abstraits et des esprits concrets et que l'enseignement technico-professionnel est destiné aux seconds. N. BOUSQUET (1990 :p.126), exprime en ces termes que « l'on justifie la séparation entre travail manuel et travail intellectuel en isolant par des pratiques pédagogiques le concret et l'abstrait ».

Ainsi un autre regard distingue l'élève des écoles de BTS des autres adolescents scolarisés. Sa semaine à l'école se rapproche des horaires du monde du travail. S'il prépare un BTS il peut avoir jusqu'à 35 heures de cours par semaine contre 15 à 20 heures s'il envisage une licence à l'Université. Ses semaines scolaires sont chargées. La brochure de l'ONISEP précise à ce sujet que la comparaison entre l'élève de l'enseignement modèle ou classique et l'élève des écoles professionnelles relève une « variété des tâches, leur intensité et la quantité du travail hors de l'école » pour le dernier. Pour un étudiant qui entre dans un établissement de BTS, les cours pratiques en atelier exigent de lui plus d'attention qu'un cours de français dans l'enseignement général.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille