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L'engouement des nouveaux bacheliers pour les écoles de BTS au Togo

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par Komivi OGOUWA
Université de Lomé - Maà®trise en sciences de l'éducation 2009
  

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IV-3 : Les contraintes des écoles dans l'orientation des

étudiants vers les BTS

L'orientation vers les écoles de BTS semble avoir fait l'objet d'un vrai choix pour les uns, et pour les autres, elle a été l'objet d'une contrainte après les échecs à l'université ou d'une influence des offres de formation des BTS. Pour certains étudiants, c'est pour le goût des matières enseignées qu'ils ont choisi les BTS. « J'aimais la comptabilité, j'étais doué pour les chiffres ». Pour d'autres étudiants, ce sont des raisons rationnelles qui sont avancées : « je voulais devenir un expert comptable, et cette formation me permettait d'avoir un diplôme de comptable ».

Cependant il s'agit en général d'une orientation par défaut ou par hasard pour nos enquêtés. Faute de mieux, c'est la seule issue pour leur demande de formation supérieure. « Je ne suis pas assez forte scolairement, j'ai choisi les BTS pour ne plus redoubler ». Ainsi présentée, l'orientation des nouveaux bacheliers vers les écoles de BTS est plus l'objet d'un choix par défaut et par hasard que l'objet d'un véritable projet de construction de soi. Les influences exercées par les caractères spécifiques des BTS et les contraintes des échecs universitaires sont les principaux guides d'orientation de ces étudiants vers les BTS (Tableau 6).

En effet, s'il y a une raison efficace pour justifier la croissance sensible des étudiants dans les écoles de BTS, c'est justement les difficultés liées aux conditions de travail et de réussite à l'université. Alors qu'ils ont largement intériorisé l'importance du diplôme de BTS, nos enquêtés admettent avoir vécu un processus de relégation vers les écoles de BTS. Pour se justifier de leurs échecs universitaires, ils mettent en cause le fonctionnement de l'institution. Le niveau des taux d'échecs au DEUG à l'université de Lomé reste encore élevé, surtout dans les facultés comme la FASEG, FDD, et à la faculté de médecine. Le devenir de ceux qui abandonnent ou qui sortent sans diplôme restent inquiet. Désireux de faire les formations supérieures, gage de leur intégration sociale, ces étudiants se tournent vers les nouvelles offres de formation courte, pratique et professionnelle malgré leurs coûts élevés. C'est ainsi qu'ils soutiennent qu'au lieu d'aller perdre leur vie à l'université, et sortir sans aucune qualification ou certification, il est préférable pour eux d'aller faire une formation rapide et de pouvoir travailler sur le marché de l'emploi. Il convient ici d'exprimer la motivation de ces étudiants pour les études universitaires lorsqu'ils étaient au lycée. Il s'agissait pour eux de terminer les études universitaires pour échapper au chômage. Déçus par leur relégation à l'université, ils sont contraints de faire une formation qui rassure leur insertion sociale.

Par ailleurs la dégradation des conditions d'étude à l'université explique la fuite des étudiants vers les écoles de BTS. Le début de l'augmentation sensible des effectifs au BTS (à partir de 2002) correspond aux années où l'université a connu de profondes crises. Les conditions d'étude à l'université sont devenues difficiles. Il y a eu la flambée des frais d'inscription qui sont passés de 4500 F CFA à 25000 F CFA en 2002 et de 25000 F CFA à 50000 F CFA en 2004. Au même moment les étudiants assistaient à la suppression automatique des bourses, à la rareté des aides universitaires, à la majoration des tickets de restauration et de bus. L'inquiétude des parents, face à l'instabilité ou à la crise universitaire due aux grèves qui conduisent souvent aux années blanches grandissaient. Pendant ces périodes, les écoles de BTS par le biais des publicités et de la situation professionnelle de ses anciens étudiants ont gagné de l'admiration et du prestige auprès des étudiants. Il y a alors de quoi s'intéresser aux écoles de BTS. D'une durée de deux (2) ans et accessible avec un niveau Bac, la formation de BTS est destinée à faire acquérir un savoir-faire professionnel. Elle comprend des stages en entreprise et des ateliers pratiques. Les étudiants choisissent aussi le BTS en raison de la qualité de l'encadrement (Graphique 11) et du suivi pédagogique individualisé qui se démarque de l'université. Les BTS offrent aux nouveaux bacheliers l'occasion d'avoir un diplôme professionnel en une période plus courte. Les parents sont tout aussi séduits par ces filières, qui malgré leur coût élevé, offrent un bon encadrement aux étudiants par rapport à l'université et représentent une sorte d'assurance anti chômage dans leurs imaginations. Le choix de cette formation par les étudiants est l'expression de la perception positive qu'ils se font d'elle. A l'heure où le chômage et les difficultés économiques rendent difficile et désorientent la vie sociale, les BTS apparaissent aux yeux de ces étudiants comme une satisfaction à leurs besoins. Surtout s'ils considèrent le privilège attaché à ce diplôme par l'Etat. Les BTS (Bac+2) sont soumis au même traitement que ceux qui sortent de l'université nantis d'une maîtrise (Bac+4). Ce privilège explique par ailleurs la motivation des nouveaux bacheliers pour les études de BTS. Par conséquent, les nouveaux étudiants réorientés vers les BTS auraient choisi de faire les études à l'université si les conditions d'étude et de réussite leur étaient favorables. Tel est l'avis de la majorité de nos enquêtés.

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