CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE
I-1 Présentation de la situation
Pour palier l'augmentation sensible du nombre de
chômeurs, l'Etat togolais a depuis les années 1980 opté
pour la politique de l'initiative privée comme credo de la nouvelle
stratégie de création d'emplois (LAWSON BODY B. (1996)). Dans
cette perspective, le Togo a mis un accent particulier sur la politique de la
formation professionnelle. Ainsi par l'arrêté n°96/013 METFP
du 14 juin 1996, portant création de brevets de techniciens
supérieurs (BTS), il est crée des Brevets de Techniciens
Supérieurs dans les spécialités ci-après :
Administration et gestion, Action commerciale, Informatique de gestion,
Bureautique et Secrétariat (Option Secrétaire de direction ;
Option Secrétaire commercial bilingue ; Option Assistant de
Direction ; Option Assistant du secteur Médical ; Option
Assistant juridique), Comptabilité et gestion, Assurance, Commerce
international, Communication des entreprises, Tourisme et loisirs,
Hôtellerie et Restauration, Informatique industrielle, Maintenance
industrielle, Electronique, Economie. Ce qui fait quatorze(14) filières
de formation. Mais à la fin de cette année scolaire, seulement
cinq (5) filières ont été enregistrés à
l'examen. Le 25 juin 2002, en complément de l'arrêté du 14
juin 1996, un arrêté portant création des filières
de BTS a engendré quinze (15) filières de plus à
savoir : Finance-Banque, Transport-Logistique-Transit,
Développement d'Application, Administrateur de Réseaux Locaux
d'Entreprises, Electrotechnique, Génie Civil, Géomètre
Topographe, Génie Thermique et Energie, Télécommunication,
Assistant de Gestion PME-PMI, Electromécanique, Génie
Electronique, Agriculture (Option a : Production
Végétale ; Option b : Production Animale), Industrie
Agro- alimentaire, Génie mécanique. Ce qui revient à vingt
neuf filières de formation en BTS disponible au Togo en 2002. Cette
même année a enregistré à l'examen de BTS, vingt
(20) filières.
Ainsi ces dix dernières années ont
vu un foisonnement de création de centres de formation professionnelle
et une inscription toujours croissante de nouveaux bacheliers dans les
écoles de BTS. Ces statistiques montrent l'évolution des
statistiques des inscrits à l'examen des BTS.
Tableau 1 : L'évolution des statistiques dans
les BTS
ANNEE
DESIGNATION
|
1995
|
2000
|
2004
|
2008
|
Nombre d'établissements
|
3
|
13
|
22
|
+32
|
Nombre de filières
|
5
|
13
|
22
|
34
|
Nombre d'inscrits
|
50
|
580
|
1505
|
2580
|
Parmi ces écoles, seulement seize (16) écoles
sont autorisées à fonctionner. De plus, les publicités
illustrent régulièrement la relation directe qui existe entre les
écoles professionnelles et les entreprises. Elles font croire que les
écoles professionnelles constituent des voies d'accès au
marché de l'emploi. Parmi 20 étudiants, nouveaux bacheliers
inscrits dans les écoles professionnelles et interrogés au
passage, tous ont répondu vraisemblablement comme l'illustre les propos
de Kadjogbé à ELATSA `' nous avons des maîtrisards, des
licenciés dans notre famille, mais tous sont actuellement à la
maison et sont encore à la charge de notre père. Moi, je ne veux
pas suivre leurs pas. Je veux vite travailler''. Presque tous les
médias, radios comme télévisions font passer au moins deux
fois chaque jour des publicités pour les écoles professionnelles
à l'approche de la rentrée scolaire. Ces médias par leurs
publicités font croire qu'on n'échoue pas dans les écoles
de BTS, avec des pseudonymes comme `'écoles des patrons'',
`'écoles des leaders'', `'écoles des cadres''
et des qualifications comme `'écoles où l'on n'échoue
pas'' attribuée par exemple à ELATSA. Cette école
enregistre chaque année plus de 80% de réussite selon ces
publicités. Or à l'université de Lomé, les nouveaux
bacheliers sont démotivés par les conditions d'études de
plus en plus difficiles (insuffisances dans le domaine de l'infrastructure, de
l'encadrement pédagogique, des équipements sociaux et de la
recherche) et les taux d'échec élevés. Dans le
département de sociologie par exemple, le taux de réussite n'a
jamais atteint depuis les années 2000 en première année
d'étude 30%. En FASEG, ce taux en première année
d'étude n'a jamais franchi 20%. C'est la démotivation de ces
étudiants que Tinin, étudiant à l'IAEC de Lomé
exprime en ces termes : `'parce que je ne suis guère doué
pour les longues études''. Dès lors, avec des conditions
d'études déplorables à l'université de Lomé,
suivies des mouvements de contestation, on souligne des attitudes de rejet des
nouveaux bacheliers face à l'université perçue comme
`'un lieu d'échec'' ; `'un lieu fermé à
l'emploi''.
Par ailleurs, la dégradation du marché de
l'emploi et les crises politico-économiques font exiger par les
employeurs des compétences plus spécifiques, et précises
que ne fournit pas la formation universitaire. C'est ce que nous remarquons
dans le rapport d'étude réalisée par le MENR/METFP
(2002). Cette étude a conclut que le système éducatif
togolais présentent une structure déséquilibrée
dans sa partie haute. C'est pourquoi l'Etat préconise la création
des filières professionnelles dans le supérieur. Ainsi par
l'arrêté n°96/013METFP du 25 juin 2002 portant
création des filières du Brevet de Techniciens Supérieurs,
l'Etat attache une importance plus particulière à ce
diplôme. Le privilège attaché à ce diplôme
apparaît dans les conditions d'emploi proposées par l'Etat. Un
BAC+2 (BTS) équivaut à un BAC+4 de l'enseignement
général au niveau de la fonction publique. Au concours de
recrutement dans la fonction publique en date du 11 juillet 2003, le BTS et la
Maîtrise sont classés dans la même catégorie (A2).
Ainsi, malgré la hausse des frais d'inscription dans
les écoles de BTS, les nouveaux bacheliers s'y intéressent de
plus en plus. Aujourd'hui, en 2008, le nombre de filière est de 32 et le
nombre d'inscrits à l'examen de BTS est de l'ordre de 2500. Face
à cette situation, l'on se demande si ce sont les conditions
d'étude déplorables à l'université de Lomé
qui font fuir les nouveaux bacheliers vers les écoles de BTS, ou si
c'est la crainte de l'échec à l'université de Lomé
qui explique l'engouement des nouveaux bacheliers pour les écoles de
BTS ? Plus simplement, qu'est qui explique l'inscription de plus en plus
élevée qu'on observe dans les écoles de BTS ?
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