Le christ comme médiateur du salut, essai d'herméneutique africaine du message chrétien à la lumière de la christologie de karl Rahner( Télécharger le fichier original )par Thomas RAINCHOU Grand séminaire notre dame de l'espérance de Bertoua - Attestation de fin d'étude de théologie 2006 |
3.2.3. La nécessité et la nouveauté de la médiation du ChristLe message chrétien affirme que Dieu s'est révélé tel qu'il est en la personne de Jésus-Christ par qui il est devenu semblable aux hommes pour porter avec eux leurs fardeaux et les en délivrer. Le Christ en effet a vécu son existence terrestre et ses souffrances et assumé sa signification immanente en s'abandonnant tout entier entre les mains de Dieu. Il a connu ainsi la mort sur la croix, mais par sa résurrection, il est devenu Seigneur des vivants et des morts, accordant ainsi à la mort gratuite une valeur salvifique personnelle et universelle. Il a ainsi changé le « tréfonds de l'abîme humain en lieu de révélation de la fidélité de Dieu et de la prise au sérieux, par ce Dieu, de la réalité historique du monde »181(*). C'est par amour et par obéissance amoureuse que le Christ a expérimenté la mort injuste et violente. Cette mort qui convainc de l'amour de Dieu pour le monde et de sa volonté salvifique universelle, qui « annule notre état de pécheur devant Dieu et instaure entre Dieu et l'homme une relation de salut »182(*). Par sa mort et par sa Résurrection, le Christ est non seulement authentifié comme sauveur, mais aussi « établi Seigneur et Christ, manifesté par Dieu comme son propre fils »183(*). Il a apporté le salut qui est en même temps sa personne car en lui, est récapitulé toute l'histoire de l'humanité et les histoires concrètes des peuples, des nations et des individus. La nécessité de la médiation du Christ en Afrique est alors évidente. L'homme africain ne peut pas surmonter par lui seul sa mémoire historique blessée pour se frayer un chemin concret de libération. Plus que des leaders politiques dignes de ce noms et des entrepreneurs chevronnés ou encore des techniciens, qui sont en eux-mêmes nécessaires, l'Afrique a besoin d'un Modèle divin au sens fort du terme, un modèle de transcendance, un modèle d'amour pardonnant et obéissant, un modèle de résurrection qui soit capable de transformer « l'expérience de la mort inutile et gratuite en lieu de victoire du bien sur le mal »184(*). Il faut la foi au Christ pour sauver l'Afrique. Ceci est d'autant plus vrai que le Christ apporte une nouveauté radicale sur le système simplement humain de libération et même sur le système religieux africain. Il n'est pas seulement libérateur comme le seraient les leaders des partis politiques le plus souvent visant leur propre intérêt au gré de la destiné du peuple ; il est premier né en tant que Fils de Dieu, mais pas seulement à la manière de nos ancêtres qui eux sont des humains comme nous. Et Ntima Kanza a raison, quand, parlant de Jésus-Christ, il dit : En lui, se trouve la possibilité de reprendre d'une manière positive l'histoire dramatique de l' esclavage pour en faire un lieu de libération et de prise de décision ; en lui se comprend et est assumée la lutte actuelle pour la vie ; en lui, les peuples dont la philosophie est le maintien de la vie rejoignent le Maître de la vie lui-même qui a envoyé son fils pour qu'ils aient la vie en abondance (Jn 10, 10) ; en lui s'ouvre enfin la possibilité pour des sociétés en crise d'institution et d'hommes de confiance, d'oser croire en l'homme, de retrouver l'élan positif des relations qui se tissent entre les hommes185(*) Comprenant ainsi le besoin du salut en Afrique et la place de la médiation du Christ, du moins du point de vue de son objectivation catégoriale, l'on ne peut que donner une réponse positive à la question de savoir si « un Africain conscient de son identité, de ses continuités et de ses solidarités peut être chrétien »186(*). Une telle réponse implique alors que l'Afrique s'approprie dans son authenticité le mystère du Christ, pour que son action salvifique prenne son sens et soit efficace concrètement ainsi qu'elle l'est en réalité. * 181 NTIMA NKANZA, Op. cit., p. 70. * 182 TFF, p. 316. * 183 NTIMA NKANZA, Op. cit., p. 71. * 184 NTIMA NKANZA, Op. cit., p. 70. * 185 Ibidem, pp. 71-72. On peut aussi se rappeler à ce niveau qu'avec Karl Rahner, oser faire confiance en l'homme c'est admettre implicitement Jésus dans la foi. (Cf. UFAM, p. 38). * 186 F. EBOUSSI BOULAGA, Op. cit., pp. 87-88. |
|