1.2 MICROFLORE DOMINANTE DE L'ENVIRONNEMENT D'UN
COUVOIR
1.2.1GERMESPATHOGES
1.2.1.1 Salmonelles
gallinarum ») et à
l'émergence des cas en santé publique «
Salmonella enterica enteritidis » (Korsan
et al., 2004 ; Chalghoumi et
al., 2008 et Pieskus et al., 2008). Il
s'agit de la première cause de toxi-infection d'origine alimentaire avec
l'apparition de salmonelles multi résistantes aux antibiotiques comme
Salmonella enterica thyphimurium DT104 (Picoux, 2004
; Clavijo et al., 2006 ; Musgrove et
al., 2006 ; Musgrove et al., 2008).
Ceci place les salmonelles en tête du tableau des microorganismes
pathogènes dans la filière avicole d'autant plus que ces
bactéries ont un large pouvoir de diffusion dans l'environnement. Une
évaluation des risques, effectuée par la F.A.O et par l'O.M.S
(2002 et 2007), a fait ressortir qu'il existe une relation linéaire
entre l'incidence des salmonelles transmises par les volailles et la
prévalence de Salmonella observée chez
cette espèce, et que la réduction de moitié de la
prévalence de Salmonella chez la volaille
devrait faire chuter de 50% l'incidence des salmonelloses humaines.
Les salmonelles sont des entérobactéries
appartenant à la famille des Enterobacteriaceae
: ce sont des bacilles droits, gram négatif, qui mesurent
2.0 à 5 micromètres de long pour 0.7 à 1.5
micromètres de large, oxydase négative, anaérobies
facultatives, douées de mobilité grâce aux flagelles sauf
pour Salmonella pullorum gallinarum (immobile),
produisant des acides et des gaz à partir du glucose, n'utilisent pas
les citrates comme source de carbone et se multiplient aux températures
ambiantes (8-45°C) avec un optimum à 35-37°C .
Selon la dernière classification de l'O.I.E (2005), le
genre Salmonella comprend deux espèces
(Salmonella enterica avec 06 sous espèces,
dont enterica est la plus fréquemment
impliquée dans les infections mixtes humaines et animales,
et Salmonella bongori) (annexe 3) et quelque deux
mille cinq cent serovars. Un classement en nette coordination avec le
schéma de KAUFFMAN-WHITE ; diversification basée sur les
modifications des antigènes somatiques « O » (de nature
lipoplysaccharidique), capsulaires « K » « Vi »
(glycolipides) et flagellaires protéiques « H ».
Cette classification récente a aussi conduit à
une nomenclature plus courte : à titre d'exemple Salmonella
thyphimurium au lieu de Salmonella
enterica subsp enterica serovar
thyphimurium.
1.2.1.2 Colibacilles
Les colibacilles considérés comme
bactéries pathogènes secondaires « agents de surinfection
» (Nakamura et al, 1992) restent la principale
cause d'énormes pertes
économiques en élevage aviaire (Edens
et al., 1997 ; Stordeur et Mainil, 2002 ; Manil,
2003b et 2004). La fréquence des infections
bactériennes à Escherichia coli place
cette pathologie en tête de liste des pathologies dominantes en
élevage avicole, essentiellement celui du poulet de chair
(Zahraei-Salehi et al., 2006) surtout avec
l'émergence de nouveaux sérotypes « non typables »(
Edens et al., 1997 ) à coté des
sérotypes déjà identifiés comme hautement
pathogènes pour l'espèce (O1K1 ,O2K1 , O78K80) ainsi que d'autres
sérotypes représentés de manière significative (O8
, O5 , O18 , O35 , O88 , O1O9 , O115 et O116) (Dho-Moulin et
al., 1990 ; Dho-Moulin, 1993; Dho-Moulin et Fairbrother, 1999 ;
Joerger et Ross, 2005) .
Les souches d'Escherichia coli
pathogènes aviaires (APEC) font partie du groupe
pathogène extra-intestinal (ExPEC), qui est associé aux
infections respiratoires et à la septicémie chez la volaille
(Caza et al., 2008). Ces souches présentent de
plus en plus de problèmes d'antibiorésistance (Miranda
et al., 2008).
Si la transmission se fait , surtout, par voie respiratoire
(106 colibaciles par gramme de
poussière présente dans l'environnement des volailles), y compris
les sérotypes identiques à ceux trouvés dans les
lésions (Gross, 1994), le véhicule des APEC via l'oeuf est aussi
fréquent et se fait essentiellement à la faveur d'une
contamination fécale de la surface de l'oeuf lors de l'oviposition avec
une dissémination rapide à l'ensemble du lot lors de
l'éclosion ( Jordan et Pattison, 1996 ; Dho-Moulin et Fairbrother,
1999). L'expression de la maladie due aux différents sérotypes
d'APEC est variable en fonction de l'âge des poulets.
Mortalités embryonnaires et du jeune
poussin
Signant une infection du sac vitellin et une omphalite. La mort
survient juste avant l'éclosion lorsqu'il s'agit d'une mortalité
embryonnaire et sur les poussins âgés de moins d'une semaine. Si
les animaux échappent à la mort, la réduction du GMQ reste
la seule manifestation (Jordan et Pattison, 1996).
Septicémie et complexe respiratoire chronique
(CRD)
Observés chez des oiseaux âgés de plus de
deux semaines avec des pertes importantes vers 4-9 semaines (Edens
et al., 1997 ; Dho-Moulin et Fairbrother, 1999) C'est
l'expression principale de la pathologie colibacillaire avec un taux de
mortalité pouvant atteindre 30-50 % mais les pertes économiques
les plus significatives sont dues aux saisies d'abattoir et la forte
réduction de la croissance (Yogaratnam, 1995).
Maladie de la tête enflée (SHD)
La cellulite périorbitaire est une infection à
Escherichia coli qui est le plus souvent une
infection secondaire causée par des agents prédisposant
généralement viraux ou suite à des agressions chimiques
« taux d'ammoniac élevé » (White et
al, 1990) et si la morbidité est faible la
mortalité le plus souvent l'ultime évolution (Parriera
et al., 1998).
Maladie génitale
L'ovarite salpingite est d'évolution le plus souvent
chronique, faisant suite à une atteinte du sac aérien abdominal
gauche « propagation par contigüité » (Gross, 1994).
Dermatite nécrotique
C'est une cellulite de la région abdominale ventrale et
sous les cuisses motivant
d'importantes saisies aux abattoirs.
Granulome à Escherichia coli
« HJARRE'S disease » C'est une coligranulomatose de
faible fréquence.
Ces APEC sont des bacilles à extrémité
arrondie, asporulés, gram négatif, mobiles, aérobies
appartenant à la famille des Enterobacteriaceae,
genre Escherichia qui pendant
très longtemps ne renfermait qu'une seule espèce E.
coli à laquelle sont venues s'ajouter d'autres
espèces selon Euzebi (2004): E. blattae
(1973), E. ermanii(1982), E.
vulneris (1982), E. fergusonii (1985).
De plus, et selon les critères modernes de taxonomie bactérienne,
les genres Shigella et
Escherichia sont identiques et les quatre
espèces du genre Shigella devraient être
inclues dans le genre Escherichia.
1.2.1.3 Mycoplasmes
Les maladies aviaires causées par les
mycoplasmes entrainent des mortalités embryonnaires et
engendrent de lourdes pertes économiques dues essentiellement à
des retards de croissance avec un indice de consommation élevé et
à des saisies multiples au niveau des abattoirs, même si les
différents programmes de prophylaxies ont contribué à une
diminution de l'intensité de la maladie notamment les programmes
d'éradication dans les cheptels reproducteurs (Kempf, 2006 ; Gautier et
al., 2008 ).
La dissémination des
mycoplasmes se fait verticalement par l'oeuf suite
à la contamination de l'oviducte « M.
meleagridis et M. iowae » ou par
contigüité de l'oviducte aux sacs aériens contaminés
« M. gallisepticum et M. synoviae
» (Mac Owan et al., 1984 et Kempf,
1997) et horizontalement par voie respiratoire et/ou conjonctivale lors du
contact direct entre les animaux ou indirectement par le biais des
différents supports contaminés.
Après adhésion des
mycoplasmes aux cellules épithéliales
par l'intermédiaire de cellules spécialisées (Lee
et al., 2008) et une période d'incubation en
général de 1-3 semaines, l'expression clinique est très
variable, et est fonction de l'espèce, de la virulence de la souche, de
l'environnement « stress-surinfections » (Kempf, 1997). Les
colibacilles semblent jouer un rôle important dans l'aggravation du taux
de mortalité.
La maladie respiratoire chronique chez le
poulet et la sinusite infectieuse chez la dinde sont
provoquées par M. gallisepticum avec des
lésions inflammatoires catarrhales des voies respiratoires
supérieures, des bronches et des sacs aériens (Kempf, 1997 ;
Gautier et al., 2008) avec une sensibilité
plus marquée chez les jeunes.
La synovite infectieuse « articulations
des ailes et des pates » est l'oeuvre de M. synoviae
avec boiterie (Kempf, 2006) et une diminution des performances
zootechniques de la pondeuse. La morbidité est extrêmement
élevée « 90-100% » mais la mortalité reste
faible bien que les pertes économiques dues aux saisies d'abattoir
restent importantes (Kempf, 2006). Le poulet âgé de 4-12 semaines
et le dindon de 10-20 semaines sont les plus vulnérables.
L'ostéomyélite déformante des
vertèbres cervicales, due à M.
meleagridis chez la dinde sont à l'origine du torticolis
(Kempf ,2006) et les infections des voies respiratoires supérieures
restent le plus souvent d'évolution subclinique et on constate la chute
de l'éclosabilité et un retard de croissance des petits «
turkey syndrom 65 ».
La mortalité embryonnaire tardive
comme seule manifestation clinique (Kleven, 2003) est la
réponse à une infection à M.
iowae. Les mycoplasmes sont des bactéries de petite
taille, génome très réduit, ne possédant pas de
paroi d'où leur résistance aux betas lactamines mais sensibles
à une large gamme d'antibiotique essentiellement les fluoroquinolones.
Les
désinfectants usuels sont très efficaces sur les
différentes espèces de mycoplasmes qui sont très
nombreuses et de pathogènecité variables (Kleven,
2003a) dont les plus importantes de l'espèce aviaire sont
M. gallisepticum, M.
synoviae, M. meleagridis
(spécifique à la dinde) et M. iowae.
Bien que considérés comme fragiles dans le
milieu extérieur ils peuvent survivre pendant plusieurs jours à
température ambiante.
1.2.2 GERMES OPPORTUNISTES
A coté de la gamme des microorganismes hautement
pathogènes et spécifiques ou non à l'espèce aviaire
on dénombre une multitude de bactéries dites opportunistes et
invasives. Ces microorganismes peuvent avoir des conséquences
fâcheuses en élevage et sur la santé publique.
1.2.2.1 Campylobacter
Campylobacter jejuni est une
espèce bactérienne zoonotique (WHO, 2000) qui prend une
importance de plus en plus croissante chez l'homme en matière de T.I.A.C
« gastro-entérites sporadique les plus sévères »
après les salmonelles (Wilson et al., 2008 ;
Colles et al., 2008 et Picoux, 2004). C'est un
hôte naturel du tube digestif des oiseaux, en particulier du poulet, du
bétail et du mouton. 97% des cas de maladies humaines sont
attribuées aux animaux « viandes et volailles » ou la
fréquence de la campylobactériose humaine coïncide avec
l'augmentation de la contamination des carcasses de volaille avec
Campylobacter jejuni, impliquant la chaine
alimentaire surtout avec les nouvelles méthodes de cuisson «
microonde » où le poulet prend une place très significative
(Picoux , 2004 ; Wilson et al., 2008 ) (figure 3).
L'environnement et les animaux sauvages sont impliqués à 3%,
seulement (Wilson et al., 2008).
Campylobacter est une
bactérie définie comme un genre appartenant à la famille
des Campylobacteriaceae englobant 16 espèces
dont l'espèce jejuni est la plus redoutée,
à-côté d'autres espèces dites thermo
tolérantes « C. coli et C.
lari » (Afssa, 2006), bactérie spiralée,
incurvée, Gram-, micro aérobie, mobile grâce
à leurs flagelles (1-2) polaires, mésophile adaptée
à la vie dans le mucus du tube digestif de l'homme et des animaux y
compris les oiseaux et n'utilisant pas le sucre.
Figure 3 : Les proportions estim ées
d
|
e campylobactériose humaine attribuée a
ux a
|
nimaux et
|
|
|
|
à l'en viro
|
nnement (WILSON et al, 2008)
|
|
1.2.2.2 Staphylocoques
Ce sont des germes opportuni stes communs
à l'homme et aux animaux p ouv ant causer
d'énormes pertes économiqu es dans l'industrie
des volailles (Zhou e t a l., 2007),
particulièrement dans la filière pou let de
chair entre 6-12 semaines d'âge. Prof itant de la
rupture de l'intégrité tégumen taire pour
envahir différentes parties de l'o rga nisme du poulet,
les Staphylocoques se man ifestent surtout à la faveur
d'une hygiène dé fectueuse sous forme
d'omphalite, de der mit e, d'abcès, d'arthrite septique
et même d e la septicémie (Villate, 2001 et Zhou
et al., 2007).
En dépit d'une antibiothérap ie
efficace, les mortalités liées aux com plic
ations de Staphylococcus aureus peuvent
être considérables (Nawaz et
al., 1999) et at teind re 3-20 % (Zhou, 2007).
En élevage avicole , les arthrites de ces Coccis,
peuvent servir d e mo dèle pour l'étude de
maladies humaines, v ues leur similitude (Alderson
et al., 1986).
Les staphylocoques appartienn ent à la
famille des Micrococcaceae, Gram+
, a naérobies aérobies facultatifs, 0.5-1 um de
dia mètre (Devriese et al.,
2005), fermentent le gl ucose sans produire de gaz,
transforment le nit rate en nitrite, asporulés et on en
dénom bre 3 5 espèces (Afssa, 2006). Le
critère de leu r cla ssification est la production de
coagulas e qu e seuls S. aureus,
S. hyicus et S. intermedius
Produisent.
1.2.2.3 Entérocoques et Strepto coques
L'importance de la présence des entérocoques et
surtout liée à leur pou voir
émergent comme agents pathogènes nos ocom
iales dans les deux dernières décennie s, do
ués d'une
antibiorésistance d'autant plus que la fréquence
d'infection par ces germes est en croissance continue et se distinguent des
streptocoques par leur capacité de se multiplier à une
température de 10-45°C et à pH égale à 9,6.
Les streptocoques, notamment du groupe D de Lancefield, sont
des germes de sortie qui signent une mauvaise désinfection ou un
nettoyage inefficace du matériel et des bâtiments (Villate, 2001)
ainsi que de la qualité de l'eau utilisée (Villate, 2001).
1.2.2.4 Pseudomonas
Pseudomonas aeruginosa est un
élément normal de la flore digestive et cutanée, germe
tellurique et ubiquiste et suite à de lourdes fautes hygiéniques
il peut être la cause des infections vitellines et de septicémies
(Villate, 2001).
P. aeruginosa, bacille le plus commun
du groupe Pseudomonas, famille des
Pseudomonadaceae, est mobile grâce à son
flagelle simple, Gram- et aérobie stricte.
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