La collaboration entre l'ONU et l'union africaine dans la résolution pacifique des conflits armés en Afrique: cas de la crise au Darfour( Télécharger le fichier original )par Philippe TUNAMSIFU SHIRAMBERE Université Libre des Pays des Grands Lacs "ULPGL" - Diplôme de licence 2005 |
Chapitre deuxième :L'ACTION DE L'UNION AFRICAINE EN COLLABORATIONAVEC L'ORGANISATION DES NATIONS UNIES"Notre monde ressemble à une cage de singes; pendant que certains s'efforcent à le construire, d'autres s'évertuent à le détruire102(*)". Norbert ZONGO Le Soudan est déchiré par la guerre depuis longtemps, mais celle-ci a pris de l'ampleur ces derniers temps suite aux multiples atrocités qui y sont commises. Devant ce constat amer l'Union Africaine ne peut rester passive, tout comme l'Organisation des Nations Unies, le Soudan étant membre de l'une et l'autre organisation internationale. C'est cette situation qui a suscité notre attention en ce sens que nous considérons qu'une collaboration est nécessaire entre ces organisations afin que les forces aillent dans un même sens, que leurs actions ne soient pas menées en parallèle, mais que chacune soit complémentaire à l'action de l'autre, en accordant préférence à l'organisation régionale. Ceci dit, il sera question, dans ce second chapitre, de parler d'abord des mécanismes de règlement des conflits propre à chaque organisation (section I), de l'action de l'Union Africaine en collaboration avec l'Organisation des Nations Unies (section II) et des perspectives d'avenir (section III). Section première: MECANISMES DE REGLEMENT DES CONFLITSARMES PROPRES À CHAQUE ORGANISATION.Les organisations internationales tant régionales qu'universelles s'assignent comme finalité principale le maintien de la paix, par l'apaisement et la prévention de tensions internationales. Par leur existence, elles instituent des moyens de règlement pacifique des différends par des modes déjà acceptés et mis en oeuvre dans les rapports inter étatiques. §1. MECANISMES DE REGLEMENT DES CONFLITS PREVUS PAR L'ACTE CONSTITUTIF DE L'UNION AFRICAINEL'unité de l'Afrique, défendue énergiquement par Kwame Nkrumah en 1963 dans son célèbre livre : « Africa must be united », n'a pas cessé de séduire une opinion africaine réceptive aux arguments mis en avant par les Européens pour bâtir l'Union Européenne103(*). Lors du 36e sommet de l'Organisation de l'Unité Africaine, tenu du 06 au 12 juillet 2000, à Lomé au Togo, les Chefs d'Etat et de gouvernement ont concrétisé leur souhait de remplacer l'Organisation par l'Unité Africaine, souhait concrétisé par l'adoption à l'unanimité de l'Acte constitutif de l'Union Africaine104(*). Cet acte vient relancer le rêve panafricaniste jamais abandonné par un certain nombre de politiques et d'intellectuels. L'unité de l'Afrique est un impératif face aux multiples problèmes politiques et économiques qui s'y posent. Elle pourrait vraisemblablement être un gage de stabilité par les conflits politiques105(*). En effet, les Etats membres de l'Union, conscients du fait que le fléau des conflits en Afrique constitue un obstacle majeur au développement socio-économique du continent, et de la nécessité de promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité, comme condition préalable à la mise en oeuvre de leur agenda dans le domaine du développement et de l'intégration, ont assigné à l'Union plusieurs objectifs qu'il faut à tout prix atteindre. Ainsi, l'article 3, à ces points a et f, prévoit de « réaliser une plus grande unité et solidarité entre les peuples d'Afrique et promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité sur le continent ». A ce titre, l'Acte prévoit des moyens de règlement de différends pour atteindre les objectifs de l'Union. A. Moyens de règlementDans le cadre du règlement pacifique des conflits, l'Acte Constitutif de l'Union Africaine affirme parmi ses principes le règlement pacifique des conflits entre les Etats membres de l'Union par des moyens appropriés qui peuvent être décidés par la Conférence de l'Union (article 4, e). De toute évidence, les rédacteurs de l'Acte ont encore à l'esprit les difficultés qui se sont posées du choix de mode de règlement pacifique, du temps de l'Organisation de l'Unité Africaine, par les Etats parties au conflit. Ils se sont, à cet effet, réservés de déterminer a priori ces modes de résolution, mais renvoient à un organe qui, en cas d'espèce, choisira le mode approprié. Cette réserve ouvre une fenêtre extensive à l'Union pour toutes voies qui peuvent aider à résoudre pacifiquement un conflit. En effet, l'instabilité politique, l'insécurité et les nombreuses guerres qui déchirent l'Afrique sont autant de maux que doivent vaincre les pays africains. Jusqu'à présent, les relations entre les Etats africains sont marqués par la méfiance106(*). Ce climat ne permet de trouver facilement la tierce personne souvent nécessaire pour aider les antagonistes à résoudre leur différend. De ce qui précède, nous sommes d'avis que pour bâtir une Union Africaine crédible, l'Afrique doit préalablement se doter d'Etats modernes, étant donné que ceux-ci seuls sont susceptibles de construire la paix à l'intérieur des frontières nationales avant d'assurer l'émancipation politique et stratégique du continent. Eux seuls, nous précise Fogue Tedom, peuvent en effet garantir le minimum d'autonomie nécessaire à la définition et à la défense de ses intérêts vitaux. En effet, seuls les Etats dont les gouvernements sont investis d'une réelle légitimité politique peuvent tirer les leçons politiques et stratégiques de l'inconciliabilité des intérêts vitaux entre puissants107(*). * 102 KAPANGA MUTOMBO, F., Op. Cit., p. 246 * 103 FOGUE TEDOM, A., Art. Cit., p. 211. * 104 L'union Africaine est présidée actuellement par le Nigeria. * 105 FOGUE TEDOM, A., Art. Cit., p. 209. * 106 FOGUE TEDOM, A., Art. Cit., p. 217. * 107 Idem., pp. 217-218. |
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