I-2-2- La non maîtrise de la main d'oeuvre
familiale
La réponse trouvée au manque de la main d'oeuvre
extérieure du fait de la dégradation observée dans la
filière cacao est l'utilisation de la main d'oeuvre familiale.
En effet, dans l'incapacité de s'offrir les services
d'un manoeuvre, les chefs de famille de production de cacao mobilisent leurs
groupes domestiques comprenant les femmes, les enfants et la famille
élargie. Cette main d'oeuvre non rémunérée en temps
réel a permis aux chefs de familles de supporter la crise qui
sévit dans la filière. Mais un bouleversement total de cet ordre
établi est observé depuis la reprise des activités
d'exploitation artisanale de l'or. La main d'oeuvre familiale échappe
désormais au contrôle des chefs de familles. Elle se tourne vers
l'orpaillage qui leur permet de bénéficier d'un salaire.
II - Mutations au sein de la population et de la cellule
familiale
1- Mutations au sein de la population
1-1- L'immigration
L'orpaillage a occasionné un flux migratoire non
négligeable à Hiré. Il y a d'un côté ceux qui
sont venus des campements environnants et de l'autre ceux qui sont venus des
pays voisins (Mali, Ghana, Burkina Faso). Ces immigrants sont pour la plupart
venus profiter de l'essor de l'orpaillage. Ce sont des orpailleurs `'
professionnels `' qui ayant appris la croissance de l'activité et la
richesse du sous-sol en or ont décidé d'y résider en vu
d'exercer leur activité. Ils viennent pour la majorité des
régions où se pratique déjà l'orpaillage (Agbaou,
Kôkoumbo, Issia, Bouaflé, Ity ...)
II-1-2- Conséquences économiques
L'orpaillage a produit une transformation profonde dans les
habitudes économiques de la population de Hiré. Eu égard
aux enjeux économiques qu'il présente, l'orpaillage cause des
torts à plusieurs autres activités économiques notamment
l'agriculture, le commerce, les petits métiers. En effet, la question
sur le profil socioprofessionnel des orpailleurs nous a permis de mesurer
l'ampleur de l'impact de l'orpaillage sur les autres activités
économiques. Dans le secteur de l'agriculture, c'est surtout les
cultivateurs, producteurs de vivriers et de cultures maraîchères
qui abandonnent les champs pour les sites d'orpaillage. Le résultat est
net, la diminution de la production de ces produits se fait de plus en plus
sentir. Même si nous n'avons pas poussé les études pour
quantifier la baisse de ces produits, il est facile de s'en apercevoir juste en
regardant les espaces anciennement cultivés abandonnés maintenant
et même les coûts de ces produits sur le marché. Certains
sont réputés pour les cultures maraîchères et
vivrières. Il s'agit des bas-fonds à l'intérieur ou hors
de la ville et aussi des périmètres qui longent les voies reliant
les villages et campements à la commune. Ces espaces sont toujours mis
en valeur pour la culture de maïs, riz, oignon, tomate etc. Cependant,
depuis le début de l'orpaillage, ces espaces sont peu
fréquentés. Le marché est aussi délaissé par
les commerçants au détriment de l'orpaillage. Seuls les vendredis
et dimanches sont véritablement utilisés pour fréquenter
le marché.
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