I-1-2- Réduction du temps consacré aux
activités agricoles
L'exploitation artisanale de l'or demande beaucoup de temps.
Au niveau de toutes les étapes, la production a besoin d'une certaine
attention une consécration qui a besoin d'un soin minutieux. C'est ainsi
que la recherche de pierre par exemple demande que l'orpailleur soit assis afin
de fouiller sur tous les flancs de la roche de sorte à identifier les
particules d'or qui s'y trouvent. Rien ne se fait à la hâte. C'est
pourquoi les orpailleurs trouvent peu de temps pour les activités
agricoles (32 % des enquêtés adoptent cette attitude). Pour ceux
qui n'ont pas abandonné totalement les champs, ils y vont une ou deux
fois dans la semaine. Le reste des jours de la semaine est consacré
à la recherche de l'or. Même les nuits ne sont pas
épargnées. Souvent dans la nuit, on entend le bruit des mortiers
en fer qui servent à piler les roches concassées.
I-1-3- L'abandon de certains champs de cacao
L'essor de l'exploitation artisanale de l'or a
précipité l'abandon de certaines plantations de cacao qui
étaient déjà dans une situation moribonde. En effet,
certains planteurs se sont reconvertis en orpailleurs en abandonnant leurs
champs qui ont pris un coup de vieillesse. Ils soutiennent que le
renouvellement des vergers est difficile à cause de l'instabilité
du pluviomètre. Le raccourcissement des cycles pluviométriques
met en mal les tentatives de renouvellement des vergers. Certains (8% des
enquêtés) décident de laisser leurs champs en
jachère. D'autres encore (20%) arrêtent simplement toutes
activités champêtres. La prise de cette décision a
suffisamment été encouragée par l'opportunité
qu'offre l'exploitation artisanale de l'or. Pour ces derniers, au lieu de
perdre le temps à tenter de renouveler en vain les vergers de cacao, il
convient de s'intéresser à l'orpaillage qui d'ailleurs, procure
un revenu non négligeable. Cela permet en outre à la terre de se
``reposer'' et de récupérer tranquillement sa
fertilité.
I-2- La raréfaction de la main d'oeuvre agricole
La main d'oeuvre agricole est composée d'une main
d'oeuvre extérieure (rémunérée) et d'une main
d'oeuvre familiale (non rémunérée).
I-2-1- La raréfaction de la main d'oeuvre
extérieure
La main d'oeuvre extérieure a été d'un
apport considérable dans la création des plantations de cacao
à Hiré. Elle est constituée de ressortissants du Burkina
et du Niger notamment. Une partie de cette main d'oeuvre provient du centre de
la côte d'Ivoire. Ce sont des Baoulé en général, qui
offrent leur force de travail aux planteurs sur une durée de 6 mois ou
un an renouvelable. Depuis deux décennies, cette main d'oeuvre tend
à disparaître. Plusieurs facteurs sont avancés pour
expliquer ce phénomène. Il s'agit de la baisse de la production
due au vieillissement des vergers, la baisse du prix du cacao et la crise
socio-politique que connaît le pays depuis 1999. Cette raréfaction
de la main d'oeuvre extérieure est accentuée depuis la reprise
des activités d'orpaillage à Hiré. Les opportunités
économiques qu'offre cette activité captent la main d'oeuvre
agricole. Ainsi, cette main d'oeuvre initialement agricole se voit attribuer
des tâches en tant qu'ouvrier journalier sur les sites d'orpaillage si
ces personnes n'exploitent pas elles mêmes l'or à leur propre
compte. La rémunération journalière à un salaire
plus ou moins élevé que celui payé dans les
activités agricoles (1 500 à 2 000 / jour) est un atout
qui attire la main d'oeuvre vers l'orpaillage. En outre, les ouvriers ne nouent
pas un contrat à long terme avec leurs employeurs. Une fois le contrat
de la journée est terminé ; l'ouvrier et l'employeur ont la
possibilité de renouveler ou non le contrat. Cette façon de faire
offre une certaine liberté aux ouvriers, ce qui ne se fait dans
l'agriculture. En effet, l'ouvrier dispose d'une liberté de
décision du jour où il veut travailler selon son humeur, ce qui
n'est pas possible lorsqu'il est employé par un planteur (contrat de 6
mois ou d'un an). La liberté accordée aux ouvriers dans
l'orpaillage est aussi une des raisons qui attire la main d'oeuvre et cause la
raréfaction de celle-ci dans le secteur agricole.
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