Section III- Les politiques et stratégies en
matière d'éducation
La population camerounaise est estimée à 15,5
millions d'habitants en 2002, avec un âge moyen d'environ 22 ans. Elle
est donc particulièrement jeune et croit à un taux moyen
estimé à 3% par an. A ce rythme, elle devrait se situer autour de
24 millions d'habitants à l'horizon 2015. Cette évolution rapide
nécessite par conséquent une accélération de la
création de richesse en vue de satisfaire les besoins de base des
populations et de faciliter l'accès de tous aux services sociaux
essentiels. Face à ce défi, le gouvernement entend promouvoir la
politique nationale de la population qui a été
révisée et adoptée en mars 2002. Cette politique vise
à assurer une adéquation entre la croissance
démographique, la valorisation progressive des ressources humaines et
les ressources disponibles et accessibles. Elle vise en particulier : (i)
l'amélioration de l'état de santé de la population en
général et celui des mères et des enfants en particulier,
(ii) la promotion de l'éducation de base pour tous et celle des filles
en particulier, (iii) le renforcement de la lutte contre le chômage, (iv)
la promotion de l'égalité et de l'équité entre les
sexes, (v) la préservation de l'environnement et (vi)
l'amélioration des conditions nécessaires à
l'épanouissement et à la sauvegarde de la famille et de
l'individu. Au-delà de ces objectifs sociaux, la stratégie de
renforcement des ressources humaines constitue un axe transversal dans la
stratégie de croissance et d'appui au secteur privé. Elle vise
à renforcer le capital humain du Cameroun, et ainsi d'améliorer
la compétitivité générale de l`économie, la
mise en place des mécanismes institutionnels favorisant une plus grande
implication du secteur privé dans l'élaboration et la mise en
oeuvre des programmes de formation, incluant des mesures spécifiques de
renforcement des capacités professionnelles. Ces orientations
générales sont déclinées en stratégies et
programmes sectoriels, en particulier pour l'éducation.
II-3-3-1- La politique sectorielle de
l'éducation
a) Stratégie sectorielle de l'éducation
de première génération
La stratégie de l'éducation vise à
atteindre les objectifs de développement du millénaire (ODM), en
particulier de porter le taux d'accès et le taux d'achèvement du
primaire à 100% en 2015 et l'indice de parité fille/garçon
établi à 1 à la même échéance.
Tableau 3.5 : Objectif du
développement du millénaire dans l'éducation
(%)
ODM
|
Indicateurs de mesure des projets
|
Situation actuelle
|
Objectifs à atteindre
|
Niveau
|
Année
|
Niveau
|
Horizon
|
assurer une éducation primaire pour tous
|
taux net de scolarisation à l'école primaire
(6-11ans)
taux d'accès à l'école primaire
taux d'achèvement à l'école primaire
|
75,2
90
56
|
2001
2000
2003
|
100
100
100
|
2015
|
Promouvoir l'égalité des sexes
|
Indice de parité filles/garçons
Indice de parité filles/garçons au niveau
secondaire
· Secondaire générale
· Secondaire technique
|
85
81,5
87,5
61,7
|
2000
2000
|
100
100
100
100
|
2015
2015
|
Source : MINEDUC (2000),
stratégie sectorielle de l'éducation.
|
Les résultats de l'Enquête camerounaise
auprès des ménages (ECAM II) réalisée en 2001,
ainsi que les informations recueillies lors des consultations participatives,
ont mis en exergue l'importance de l'éducation et de la formation
technique et professionnelle à la fois comme déterminant et
facteur de réduction de la pauvreté. A la lumière de ces
réalités, les autorités ont adopté, en Octobre
2000, une stratégie sectorielle de l'éducation qui vise à
atteindre les objectifs suivants (i) élargir l'accès à
l'éducation tout en corrigeant les disparités, (ii)
accroître la qualité de l'offre d'éducation, (iii)
développer un partenariat efficace avec le secteur privé et la
société civile, et (iv) améliorer la gestion et la
gouvernance du système éducatif.
Cette stratégie s'articule autour de (i)
l'universalisation de l'enseignement primaire, (ii) l'amélioration de
l'accès et de l'équité dans les autres niveaux
d'enseignement, (iii) l'amélioration de la qualité et de la
pertinence des enseignements dispensés et (iv) l'amélioration de
la gestion et de la gouvernance.
Conscient du rôle et de la place de l'enseignement
supérieur en tant que laboratoire du « know how » et
au regard de la forte croissance du nombre d'étudiants, le gouvernement
a crée, à travers la reforme de 1993, cinq autres
universités d'Etat à Yaoundé (Soa), Douala, Buéa,
Dschang et Ngaoundéré. Les orientations fondamentales de cette
réforme sont les suivantes :
§ Participation des différents partenaires
à la gestion et au financement de l'enseignement supérieur
§ Autonomie la plus large possible sur le plan
académique et celui de la gestion
§ Egalité d'accès à l'enseignement
supérieur pour tous les camerounais
§ Professionnalisation et augmentation de l'offre
d'éducation
§ Pluridisciplinarité et déconcentration
§ Ouverture à l'environnement local,
régional, national et international
§ Utilisation rationnelle et optimale des infrastructures
existantes et des moyens disponibles
§ Dynamisation de la coopération inter
universitaire et internationale.
§ ...
Toutes ces mesures concourent au programme de redynamisation
du secteur.
L'absence de coordination et de concertation qui a
prévalu lors de la préparation de ces stratégies
ministérielles, a eu pour conséquence de mettre en relief des
visions fragmentées et non cohérentes de l'ensemble du secteur
éducatif. Toutes choses qui ont rendu nécessaire
l'élaboration d'une stratégie sectorielle globale pour
refléter une vision unitaire et cohérente de l'éducation
au Cameroun.
b) Stratégie sectorielle unifiée de
l'éducation
Conscient du rôle important de l'éducation dans
le développement des ressources humaines en général et
partant, dans la lutte contre la pauvreté, le Gouvernement a
décidé d'élaborer une stratégie globale du secteur
de l'éducation adossée sur le Cadre d'Action de Dakar (EPT 2000)
et sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement.
Sept principes sous-tendent les actions entreprises dans le
cadre de la stratégie proposée :
· Réduction de toutes sortes de disparités
(égalité et équité)
· Libéralisation de l'offre
éducative
· Partenariat efficace et bien coordonné
· Responsabilité (gestion transparente et
efficace)
· Gestion
déconcentrée/décentralisée
renforcée
· Atteinte par tous des normes de qualité les
plus élevées
· Maîtrise des coûts
Au regard de la situation de l'enseignement et de la formation
au Cameroun et du niveau de développement du pays, les priorités
du secteur de l'éducation sont les suivantes : (i)
l'universalisation de l'enseignement primaire, (ii) l'amélioration de
l'accès et de l'équité dans les autres niveaux et types
d'enseignement en fonction des ressources disponibles et des besoins de la
société, (iii) l'amélioration de la qualité
à tous les niveaux et (iv) l'amélioration de la gestion et de la gouvernance.
De façon plus spécifique, l'enseignement
primaire au Cameroun est obligatoire, tel que le stipule la Constitution de
1996. Il a pour but d'assurer à tous les enfants camerounais la
satisfaction des besoins éducatifs fondamentaux, de donner à tous
les enfants d'âge scolaire l'instruction et l'éducation de base
indispensables à leur propre développement et à celui du
pays. Par ailleurs, l'universalisation de l'enseignement primaire participe du
respect du droit de l'enfant à l'instruction et contribue à la
lutte contre la pauvreté. L'expérience d'autres pays en la
matière comme l'Ile Maurice, la Namibie, le Cap-Vert, ainsi que les
différentes études disponibles, montrent qu'il n'est pas possible
de mener à bien le développement durable du pays, d'atteindre des
taux de croissance économique escomptés dans le court et le moyen
termes, d'envisager une vie sociale mieux organisée avec un taux
d'achèvement avoisinant les 60 % dans l'enseignement primaire et un taux
d'alphabétisation durable des adultes avoisinant les 48%, comme c'est le
cas au Cameroun aujourd'hui.
La
généralisation de l'enseignement primaire induit des
conséquences contraignantes à tous les autres niveaux
d'enseignement. En l'absence d'une politique de régulation des flux, ces
niveaux d'enseignement sont appelés à absorber une masse
importante d'élèves dont l'augmentation est de loin
supérieure aux ressources susceptibles de leur être
allouées. Cette situation entraînera ipso facto une
dégradation de la qualité de ces niveaux d'enseignement. Le
Gouvernement se propose de stopper cette spirale à la dégradation
de la qualité de l'ensemble du système éducatif en mettant
en oeuvre une politique contrôlée et équitable de
régulation des flux à l'entrée de chaque niveau
d'enseignement.
Il s'agira de permettre au premier cycle de l'enseignement
secondaire de poursuivre dans la mesure des moyens disponibles la formation de
base entamée dans le primaire. Quant au second cycle, sa vocation sera
de servir de socle à un enseignement supérieur de qualité
orienté vers le marché de l'emploi.
Il ne suffit pas d'améliorer l'accès et
l'équité pour prétendre à une scolarisation
effective et durable. Cette scolarisation, tout en étant massive, doit
être efficiente. Elle doit atteindre non seulement les standards
nationaux mais aussi les standards universels prônés par l'UNESCO.
C'est pourquoi le respect des normes pour tout ce qui touche au système
éducatif est de règle. C'est aussi pourquoi l'accent doit
être mis sur la recherche de l'efficacité de l'existant, sur
l'amélioration du rendement du système à travers les
différents acteurs que sont les apprenants, les instructeurs, les
enseignants, les administrateurs de l'éducation, la communauté
éducative toute entière, sur le développement des
curricula avec la priorité accordée aux disciplines pratiques
pour favoriser l'émergence d'une culture de l'entreprise ou du travail
chez les apprenants, sur le développement et la valorisation de la
recherche, sur le développement d'une culture de l'évaluation et
sur les perspectives d'avenir par l'introduction dans le système des
technologies modernes de l'information et de la communication.
Le système éducatif ainsi conçu ne sera
jugé dynamique et performant, à la satisfaction de tous, que si
les ressources humaines et matérielles nécessaires et disponibles
sont gérées de façon rationnelle et transparente.
Cette exigence induit l'existence d'un système
d'information fiable, une décentralisation de la gestion de
l'éducation, la responsabilisation et l'instrumentation des
différents niveaux hiérarchiques, ainsi que l'obligation des
résultats des personnels en charge du pilotage du système.
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