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Croissance des dépenses publiques et incidence sur le développement au Cameroun: le cas du secteur éducatif

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par Romuald sostaine Foueka Tagne
Université de Yaoundé 2 soa - Master/ dea NPTCI 2009
  

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II-3-1-2- Les théories de la croissance endogène

Les théories de la croissance connaissent un renouveau depuis la fin des années 80 et le début des années 90. Les anciennes théories78(*) considéraient que celle-ci a des déterminants exogènes (généralement la croissance de la population active et celle du progrès technique). Elles postulaient donc que la croissance ne s'auto entretient pas et n'est pas un processus cumulatif. L'étude des divergences entre les croissances des différentes régions du monde et celle des phénomènes de crise semblent au contraire démontrer que la croissance n'est pas un phénomène naturel. Pour intégrer ces constatations, des économistes ont bâti les théories de la croissance endogène. Certains, néo-keynésiens et néo-libéraux, se retrouvent autour de ces nouvelles théories, donc les deux principaux représentants sont Romer et Lucas79(*). Le premier a lancé dès 1986 le terme de croissance endogène ; et le second est le chef de file des nouveaux économistes classiques. Ces économistes rejettent les politiques conjoncturelles de l'Etat, mais acceptent que ce dernier puisse favoriser la croissance de longue période.

Trois principales directions sont prises par les théories de la croissance endogène : l'accumulation des connaissances et du capital technologique, l'accumulation du capital humain et l'accumulation en dépenses d'infrastructures publiques.

Romer considère que l'accumulation des connaissances est un facteur endogène de croissance. Il reprend en partie la théorie du « learning by doing » déjà formulée par Arrow (1962) qui considère que c'est en produisant qu'une entreprise acquiert des expériences et donc des connaissances. Plus la croissance est forte, plus l'accumulation d'expériences et de savoir-faire est forte, ce qui favorise la croissance et ainsi s'installe le cercle vertueux. L'accumulation des connaissances produit des externalités positives. Une entreprise accumule des connaissances qui lui permettent d'être plus performante, mais qui serviront aussi aux autres firmes, par effet d'imitation ou grâce au « turn-over » d'une main-d'oeuvre ayant bénéficié du savoir faire. L'accumulation des connaissances a donc une productivité privée (celle dont profite l'entreprise), mais également une productivité sociale (celle dont profite l'ensemble de l'économie et de la société). Alors que l'apprentissage par la pratique est à l'origine du progrès technique, Romer (1996) estime que le taux d'accumulation des connaissances ne dépend pas seulement de la part des ressources que l'économie engage dans la recherche développement (R&D), mais également de l'importance de nouvelles connaissances engendrées par l'activité économique elle-même.

A la différence de l'accumulation des connaissances, les modèles basés sur l'accumulation du capital technologique insistent plus généralement sur la problématique schumpetérienne de destruction créatrice et son impact sur le marché du travail (Aghion et Howitt 1992) ou plus simplement sur la spécialisation des économies et les écarts persistants de développement (Romer 1990). C'est donc l'innovation et la R&D qui constituent le facteur résiduel : plus les efforts de R&D sont importants, plus la croissance est forte, et inversement.

Le premier modèle de croissance endogène avec capital humain est formulé par Lucas (1988), qui, plutôt que d'introduire le stock des connaissances sous forme d'externalités, comme Romer (1986), considère des connaissances accumulatives et appropriables privativement, procurant une incitation individuelle à l'éducation. Ceci dans une inspiration proche du modèle de capital humain de Becker (1964). La croissance économique dépend donc en grande partie des efforts en formation individuels et sociaux, qui eux-mêmes dépendent de la capacité à épargner et donc de renoncer à une consommation présente pour investir dans l'éducation. Ainsi, la croissance est endogène et cumulative car la capacité en épargne de la formation d'une économie dépend du niveau de production et donc de la croissance économique. Par effet de réseau, un niveau d'éducation est d'autant plus efficace qu'il permet d'interagir avec d'autres personnes présentant ce même niveau. On conçoit alors clairement que la productivité sociale de la formation est supérieure à sa productivité privée.

Bien que les pères fondateurs de la théorie de la croissance endogène à savoir Romer et Lucas rejettent le rôle primordial de l'Etat, ils acceptent cependant que l'Etat doive favoriser la croissance de longue période. La question n'est pas de savoir si l'Etat doit intervenir ou non dans l'activité économique, mais de savoir comment et jusqu'où peut-il intervenir.

En 1990, Barro démontre que la dépense publique est directement productive et doit donc être considérée comme un des facteurs de la fonction de production. La contribution du secteur public à la croissance comprend les dépenses d'éducation (afin d'accroître le capital humain) et de recherche-développement, mais aussi celles d'infrastructures en matière de transport et de communication. Comme les autres accumulations, ces dépenses ont un effet cumulatif : elles permettent d'augmenter la croissance qui, en élargissant l'assiette fiscale, induit un accroissement des recettes publiques et donc des dépenses publiques, facteur de croissance. Cette théorie conduit à démontrer la nécessité du maintien des investissements publics dans une conjoncture difficile. La tentation des gouvernements est souvent grande, en période de crise, de réduire les dépenses d'investissement pour pouvoir maintenir les dépenses courantes. Les théories de la croissance endogène rejoignent ici les théories keynésiennes80(*).

A ces deux théories de l'éducation qui nous paraissent essentielles, nous pouvons mentionner quelques réflexions qui ont été faites par la suite, soit pour les infirmer, soit pour les confirmer.

Entre autres on peut mentionner la théorie du filtre développée par Arrow. Les tests empiriques ont montré que la théorie du capital humain explique peu les faits. En particulier, des individus de même niveau obtiennent des gains très différents. La théorie de Becker a été remise en cause à la fois dans son développement et ses hypothèses. La formation, et en particulier le diplôme, sert à apporter de l'information sur les qualités des individus (intelligence, capacité de travail...). L'éducation ne sert donc pas à accroître les capacités des individus mais à les identifier afin de pouvoir les filtrer. Le système productif filtre les individus en fonction des qualités qu'il recherche. Des tests à l'embauche pourraient toutefois servir eux aussi de filtres, à un coût inférieur à celui du système éducatif.

Comme prolongement à la théorie du filtre Spence met en avant la théorie du signal. La théorie du signal est un prolongement sur le marché du travail de celle du filtre. Les employeurs sont considérés comme étant en asymétrie d'information vis-à-vis des offreurs de travail. Ils disposent de données intangibles telles que le sexe. D'autres, comme le niveau de qualification, peuvent au contraire être modifiées par les individus à la recherche d'un emploi. Le diplôme constitue donc un signal envoyé aux employeurs potentiels. II reste aux individus à choisir la formation qui permet d'envoyer le meilleur signal, soit celle qui offre le plus de possibilités pour trouver un emploi, soit le meilleur taux de rendement.

La réflexion sur les attitudes de choix de formation par les agents a conduit au développement de la théorie sociologique de l'individu rationnel (Boudon). Les individus procèdent tout au long de leur " carrière scolaire " à des calculs avantages-coûts. Ces calculs s'opèrent non seulement sous la contrainte des coûts matériels mais aussi et surtout sous l'influence de données sociologiques de chaque individu. Le rendement et le risque d'une formation sont valorisés différemment selon la classe sociale. Les choix et les ascendances sociales qui en découlent sont donc différents selon les individus. La faible mobilité sociale s'explique ainsi non comme le résultat de la reproduction d'une " classe dominante " mais comme un " effet de système " engendré par l'agrégation des comportements et stratégies individuelles. Tel est également la thèse défendue par le modèle d'arbitrage entre rendement et risque de Mingat et Eicher.

Comment se présente le secteur de l'éducation au Cameroun ? Quel est l'effort national consenti au bénéfice du secteur ? Et quel en est le rendement en terme de rendement du système?

* 78 Principalement le modèle de Solow

* 79 Prix Nobel d'économie 1995

* 80 Où l'investissement public est nécessaire à la croissance : l'Etat est encouragé à développer des activités à fort potentiel d'externalités telles que les infrastructures et l'éducation.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand