II.3. Définition des termes hypertexte et
hypermédia :
Les termes hypertextes et hypermédia peuvent être
définis suivant trois points de vue : du Point de vue de la structure
(ce que nous appelons la définition structurelle), du point de vue de
l'interaction entre l'utilisateur et le système (ce que nous appelons la
définition fonctionnelle), ou encore du point de vue de la
sémantique du terme (ce que nous appelons la définition
sémantique). Nous allons donc voir les trois définitions
conformément à ces trois points de vue, puis nous ferons une
présentation des quelques modèles formels définis.
II.3.1 Définition structurelle
Balasubramanian [Bal 94] définit un hypertexte comme un
système composé de noeuds et de liens. Les noeuds peuvent
être composés d'informations textuelles, auquel cas nous parlons
d'hypertexte, ou d'informations multimédias telles que des images, des
graphiques, des animations des vidéos ou bien des programmes
informatiques, nous parlons alors d'hypermédia. Les noeuds sont
reliés les uns aux autres par des liens. Nous distinguons les noeuds qui
sont à l'origine du lien (on parle de référence) et les
noeuds qui sont les destinations des liens (on parle de
référés).
Les liens peuvent être plus ou moins complexes : ils
peuvent être unidirectionnels, permettant d'aller d'une page à une
autre ou bidirectionnels, afin de faciliter le retour au point de
départ.
Ils peuvent aussi être typés afin de
spécifier la sémantique du lien. Enfin les liens peuvent
être disposés n'importe où dans une page. Toutefois leurs
rôles peuvent parfois être définis d'une part par leur
position dans le document, d'autre part par la sémantique de la page
(par exemple si la page est une page d'index, les liens seront des index). Ce
sont ces liens qui définissent l'architecture du système, que
l'on nomme hyperespace.
II.3.2 Définition fonctionnelle
L'hypertexte peut être considéré comme
étant un procédé informatique permettant d'associer une
entité (souvent minimale, c'est-à-dire un mot, une portion
d'image ou une icône) à une autre entité (souvent plus
étendue comme un paragraphe, une image ou une page). Ce mécanisme
permet donc à l'utilisateur de se diriger librement dans l'hypertexte.
En activant, à l'aide d'un pointeur (une souris, un stylet ou une
tablette sensitive) une zone du document qui est l'origine d'une
association.
L'utilisateur peut immédiatement atteindre une autre
partie du document. Il n'est donc plus obligé de suivre le cheminement
prévu par l'auteur, il définit son parcours en fonction de ses
envies et de ses centres d'intérêts. Ainsi Rhéaume
[Rhé 93] écrit:
«L'hypertexte est par conséquent un document
virtuel - qui n'est jamais globalement perceptible - dont l'actualisation d'une
des potentialités est conditionnée par l'effectivité de la
lecture, cette propriété de l'hypertexte en fait un document
«interactif» dans lequel le lecteur tient une place
prépondérante.»
II.3.3 Définition sémantique
Comme l'indique Nanard [Nan 95],
épistémologiquement le mot hypertexte signifie «plus que du
texte» Le mot «plus» ne signifie pas plusieurs textes
interconnectés, mais une entité qui est composée de deux
entités :
· Un ensemble de documents.
· Une connaissance.
La représentation la plus pauvre de cette
deuxième entité est le lien inscrit à l'intérieur
même de la première entité, c'est ce que Nanard nomme le
lien "en dur", qui relie deux documents.
A contrario, la forme la plus élaborée de cette
connaissance peut être générée par un système
complexe se basant sur une modélisation du domaine et sur une
modélisation de l'utilisateur.
Conceptuellement, on peut considérer que chaque noeud
regroupe un ensemble d'unités élémentaires de
pensée pour exprimer un raisonnement ou des structures mentales de plus
haut niveau. Une analogie peut être faite à la documentation
imprimée, en comparant ce concept à la plus petite entité
logique regroupant un ensemble de paragraphes.
En définissant des types, il est possible d'enrichir la
modélisation des hypermédias en ajoutant une sémantique
aux noeuds, ce qui permet de mieux classifier les noeuds.
L'hypermédia peut être vu comme un couplage entre
un ensemble de ressources et un ensemble de connaissances sur ces ressources,
via un mécanisme d'ancrage, permettant divers types de parcours dont la
navigation. Si l'ensemble de ressources peut être partiellement
structuré, le but est de s'affranchir de leur organisation initiale. La
couche représentant les connaissances ancrées sur un ensemble de
ressources (avec éventuellement la possibilité de décrire
plusieurs couches de connaissances sur un même ensemble de documents) est
particulièrement importante.
La qualité de la description de ces connaissances et de
la gestion de leur ancrage dans les ressources conditionne
l'interprétation que pourra en faire un utilisateur dans des
tâches de compréhension et d'accès à l'information.
Un hypermédia ne se résume donc pas à la simple
juxtaposition dans un réseau de documents (les noeuds du réseau)
et de liens (les arrêtes du réseau) permettant un parcours non
linéaire de la base.
La figure II.1 représente le modèle type de
système hypermédia tel que défini par les informaticiens
travaillant dans ce domaine [Nan 95].
Les ressources peuvent être des données
textuelles ou multimédias (d'où les flèches
unidirectionnelles pour les informations non-verbales et bidirectionnelles pour
les informations verbales) ou des programmes.
Les systèmes hypermédias, depuis le début
de leur large diffusion, à la fin des années 1980, jusqu'à
l'apparition de la Toile, impliquent essentiellement une interaction
apprenant(s)-système d'information (un apprenant seul, en binôme
ou un ensemble d'apprenants et un formateur face au système).
Figure II.1 : des documents à
l'hypermédia
Par ailleurs, il est intéressant de ne pas limiter
l'hypermédia en l'assimilant à un réseau de routes
supportant une circulation inter-noeuds. Le lien ne doit pas se restreindre
à un mécanisme de référence statique, mais doit
être considéré comme un mécanisme de
représentation de relations entre deux entités de
l'hypermédia (en particulier deux noeuds).
Selon la sémantique choisie, ces relations peuvent
exprimer des inclusions, des références croisées, des
séquences pour définir une structure logique de documents ou
même des relations fonctionnelles entre les noeuds.
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