Chapitre I : Etat de l'art
Chapitre II : Document multimédia et
hypermédia
Chapitre III : Conception de Document multimédia
Chapitre I : Etat de l'art
I.1. Introduction :
La pédagogie est la science de l'éducation, sa
problématique est l'étude des principes permettant l'acquisition
de connaissances par les individus. La connaissance étant liée
à la pensée, la pédagogie a été
historiquement étudiée par les philosophes (Chalvin et al.,
1996). Les sophistes en ont une vision utilitariste et rationnelle
fondée sur les bienfaits du savoir. Socrate pense le savoir comme un
questionnement permettant d'accéder à la connaissance de soi
(maïeutique), puis Platon comme une recherche de la vertu.
Ils placent l'élève, responsable de son apprentissage
au coeur de l'éducation. Le moyen âge tranche avec cette vision et
la diffusion de la connaissance, à la charge du clergé,
devient subordonnée à la diffusion de la foi. La
renaissance, par le retour aux sources classiques, s'oppose à la
toute puissance des universités qui maintiennent un savoir
contrôlé. Le développement de l'imprimerie modifie
progressivement la relation au savoir et permet la démultiplication de
sa diffusion qui amorce les processus de démocratisation de
l'accès à la connaissance. Luther prône notamment une
éducation par l'Etat plutôt que par l'église.
L'émergence des sciences cognitives (Dortier, 1999) au
début du XXème siècle, notamment à travers le
travail de Piaget et le courant constructiviste, a fait considérablement
évoluer le modèle maître/élève encore
dominant de la pédagogie, pour y renouveler deux notions plus
que jamais d'actualité aujourd'hui avec l'intégration
grandissante de l'informatique dans la pédagogie :
l'activité de l'apprenant et la démocratisation de
l'enseignement [Eve 07].
I.2. Les Courants pédagogiques
d'apprentissages :
On va présenter quelques courants d'apprentissages, et
ses visions sur la méthode d'enseignement.
I.2.1 Le constructivisme :
Née en 1889 en Angleterre, l'éducation
nouvelle s'inscrit dans une perspective selon laquelle l'être
humain construit sa façon de comprendre et d'apprendre. Piaget,
psychologue du développement propose une théorie
fondée sur la maturation biologique et la construction progressive de
l'individu par l'expérience, par opposition à l'intelligence
innée (Piaget, 1967). Cette théorie induit une pédagogie
basée sur l'interaction entre l'élève et son
environnement, versus la transmission d'un savoir préconstruit d'un
maître à un élève. Freinet (Freinet, 1964), dans le
même courant de pensée, s'inscrit pour une pédagogie
attrayante et empirique, et contre la passivité de
l'élève.
Le constructivisme donnera naissance à diverses
formes de pédagogie, telles que la pédagogie non
directive (liberté de l'élève) ou la pédagogie par
objectifs (pratique versus savoir abstrait). Cette approche est à la
base de la conception de la plupart des systèmes pédagogiques
informatisés, notamment parce que le support numérique, de par
son caractère dynamique, offre des possibilités
intéressantes pour l'application de ses concepts.
I.2.2 Le béhaviorisme :
Watson fonde le béhaviorisme en 1913 (Watson, 1913),
une pédagogie centrée sur le comportement, issue des
découvertes d'Ivan Pavlov en 1902 sur le conditionnement. Son
approche est fondée sur le modelage d'un réceptacle
vierge que serait l'élève. Enseigner équivaut
alors à créer de nouveaux conditionnements.
Le béhaviorisme a donné naissance à de
nombreuses formes d'enseignement expérimental. Thorndike (Thorndike,
1913) propose un apprentissage par essais et erreurs ou pédagogie par
découverte, dans lequel l'erreur est vécue comme une
expérience utile. Plus récemment, Skinner (Skinner, 1979)
développe la pédagogie programmée, dans lequel
l'enseignant doit avoir prévu les réactions de l'apprenant pour
procéder à un renforcement négatif ou positif.
Skinner débouche sur l'idée de machines à
enseigner permettant l'exécution d'enseignements modélisés
sous formes d'algorithmes linéaires.
Le béhaviorisme est donc à l'origine de
l'introduction de l'informatique dans l'enseignement. Néanmoins le
modèle sur lequel il se fonde, exclusivement comportemental et
rejetant l'étude des représentations mentales, conduit
à une théorie de l'apprentissage simpliste essentiellement
limitée au modèle stimulus-réponse. Si cette
représentation est confortable dans l'optique d'une introduction de la
machine numérique, elle semble trop pauvre pour être durable.
I.2.3 Le cognitivisme :
Cette théorie naît en même temps que
l'Intelligence Artificielle, en 1956. Elle est proposée par Miller et
Bruner (Bruner, 1960), en réaction au béhaviorisme.
L'apprentissage ne peut être limité à un enregistrement
conditionné, mais doit plutôt être envisagé
comme nécessitant un traitement complexe de l'information
reçue. La mémoire possède une structure propre, qui
implique l'organisation de l'information et le recours à des
stratégies pour gérer cette organisation.
Le cognitivisme se concentre alors sur l'étude des
états mentaux, se divisant en deux courants, le symbolisme puis le
connexionnisme.
Le symbolisme postule que le cerveau fonctionne comme
un ordinateur et donc que l'étude de programmes informatiques
symboliques pourra conduire à une meilleure compréhension du
fonctionnement du cerveau. Le traitement de l'information est
modélisé comme un filtrage des stimuli, puis une
formalisation et une représentation mentale et enfin une
computation (déduction, induction, comparaison, etc.). Ce
modèle reste néanmoins limité dans la mesure où le
traitement symbolique ne constitue qu'une partie de l'activité du
cerveau. A la fin des années 1980 le connexionnisme propose une
autre interprétation du cognitivisme. Le cerveau ne fonctionne
pas sur le modèle d'un calcul logique sériel, mais
plutôt sur le modèle d'un calcul parallèle. Le
symbole émerge de l'activité d'un réseau d'unités
de traitement (les neurones). Les deux modèles se révèlent
en définitive complémentaires, le symbolisme permettant
d'appréhender les processus d'apprentissage à un niveau macro, et
le connexionnisme à un niveau micro.
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