CONCLUSION GENERALE
Au terme de cette étude sur l'exploitation et le
développement durable de l'écosystème forestier de la
République Démocratique du Congo, notre préoccupation
était de trouver des stratégies appropriées qui
permettent de s'attaquer aux besoins immédiats des populations
riveraines tout en garantissant un impact durable et équitable sur la
pauvreté et l'environnement.
Ainsi, pour atteindre les objectifs que nous nous sommes
fixés au départ, nous avons réparti notre étude en
deux chapitres, précédé d'un chapitre
préliminaire.
Le chapitre préliminaire a été
consacré à l'étude de l'écosystème
forestier congolais. Nous nous sommes efforcés de présenter de
façon succincte la situation de l'écosystème forestier
congolais. Les investigations ont révélé que la
forêt congolaise constitue d'abord un véritable sanctuaire
écologique au regard de la diversité d'essences qu'elles
regorgent, un puissant vecteur de croissance économique et un poumon
vert gigantesque. Ensuite, elle est et restera un capital écologique et
économique, un atout majeur pour le développement
macro-économique et social futur de notre pays. Exploitée dans
l'optique du développement durable, elle peut contribuer à la
réussite du programme de stabilisation et de relance économique,
participer à l'amélioration des conditions de vie des
populations. D'où la nécessité de développer une
gestion forestière respectueuse de l'environnement et de
l'équité sociale.
Le premier chapitre a porté sur une analyse du cadre
légal, à savoir l'étude de l'exploitation de
l'écosystème forestier, au regard de la loi N°011/2002 du
29/08/2002 portant Code Forestier. Celle-ci a institué un régime
forestier applicable à la conservation, à l'exploitation et
à la mise en valeur des ressources forestières sur l'ensemble du
territoire national. Ledit régime vise à promouvoir une gestion
rationnelle et durable des ressources forestières de nature à
accroitre leur contribution au développement économique, social
et culturel des générations présentes et futures. Mais
hélas, ce code forestier demeure plutôt une réalité
juridique que sociologique, en ce qu'il est méconnu tant de la part des
agents forestiers chargés de le mettre en oeuvre que de la population
qui vit de la forêt.
Le deuxième chapitre a traité des
mécanismes de gestion durable des écosystèmes forestiers
congolais. En effet, il appert que la gestion durable est la traduction du
développement durable dans le contexte des forêts. A cet effet, la
bonne gouvernance et la transparence sont des préalables à une
lutte efficace contre la pauvreté et à une gestion durables de
l'écosystème forestier congolais. Une bonne gouvernance
dépend non seulement de la lutte contre la corruption, mais aussi de la
sensibilisation et du pouvoir des communautés locales. Alors seulement,
leur participation à l'élaboration du plan de zonage sera
informée et concluante.
Bien qu'il s'agisse inéluctablement d'un processus
à long terme, c'est aussi une condition préalable à un
vrai développement. Le fait que le processus prenne du temps ne devrait
pas servir d'excuse pour laisser au secteur privé la liberté
d'extraire les ressources naturelles en hypothéquant les options
futures.
La voie vers le développement durable de
l'écosystème débute, outre une révision stricte et
rigoureuse de la légalité des titres existants, par l'institution
d'un moratoire complet sur l'expansion de l'exploitation forestière
industrielle, jusqu'à ce qu'un zonage social et environnemental complet
ait été effectué et qu'une gouvernance adéquate ait
été mise en place. Un tel moratoire donnera le temps de mettre en
oeuvre un processus de développement économique équitable,
une politique de conservation de grande envergure et d'élaborer des
systèmes de contrôle efficaces pour s'assurer que les industries
extractives ne compromettent pas les intérêts - au sens large - de
la population et de l'environnement. Les bailleurs de fonds doivent saisir
cette occasion unique pour soutenir une vision alternative
« pro-pauvres », axée sur les intérêts
et le respect des valeurs des communautés forestières, et sur les
services environnementaux mondiaux rendus.
Alors que la protection du climat et la défense des
communautés partagent un même intérêt à long
terme, les intérêts de l'exploitation forestière
industrielle s'y heurtent inévitablement. Une bonne gouvernance et un
plan de zonage impliquant toutes les parties prenantes doivent
précéder tout développement industriel.
Le code forestier constitue une véritable lueur
d'espoir dans la mesure où il ouvre de nouvelles perspectives en
matière de gestion durable, de protection de la nature, de
création d'emplois, de création de valeur ajoutée.
Néanmoins, le moratoire, la révision de la légalité
et le plan de zonage prévu dans le Code forestier ne sont ni
appliqués, ni mises en oeuvre. Cela signifie que ces mesures n'ont
encore rien fait pour empêcher les forestiers d'être de connivence
et de renforcer les pratiques corrompues qui ont jusqu'à présent
caractérisé la gouvernance du secteur. En conséquence, ces
mesures n'ont pas réussi à protéger la forêt
congolaise et à soutenir un vrai développement.
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