III.3. La troisième ceinture verte avec le
Schéma Directeur d'Aménagement Urbain de 1975
Si aucunes limites cartographiques de précédentes
ceintures vertes n'est connue, la troisième au moins est connue parce
qu'elle se trouve dans l'atlas de Kinshasa.
Figure n°6 : Les schémas
Directeurs d'Aménagement Urbain de Kinshasa (1967 et
1975)
Source : Atlas de Kinshasa 1975
La figure n°6 représente le schéma
né de la coopération française a dressé une
ceinture verte qui devait entourer la ville en partant d'Est en Ouest dont
principalement les activités localisées à l'Est
drainé par la rivière N'djili. Mais hélas, cette ceinture
verte n'a pas été respectée et a subi des fortes pressions
de l'habitat.
III.4 : La crise de l'habitat et la convoitise des
espaces maraîchers
D'après Van Den Berg (1984), la conversion de la terre
agricole en terre urbaine en périphérie des villes africaines est
irrémédiable et procède par étapes : à
l'agriculture rurale, de rente ou d'autoconsommation, succèdent
différents types de maraîchage ; le maraîchage est suivi de
la « jachère sociale » (social fallow), c'est-à-dire
d'une situation dans laquelle une utilisation du foncier disparaît bien
avant que la suivante ne la remplace ; la jachère sociale conduit
à la construction. Le maraîchage périurbain est donc
considéré par Van Den Berg (1984) comme un mode transitoire
d'utilisation du foncier (Moustier et Pages, 1997).
III.4.1 La crise de l'habitat
Après une dernière action d'aménagement
de son espace en 1950, Kinshasa n'a plus connu une nouvelle politique sur
l'habitat et laissera donc se développer une politique de l'auto
construction. Cette politique a des conséquences néfastes sur la
capacité à ces habitants de se trouver un logement décent
selon leurs moyens. De ce qui précède, les pauvres et les moins
nantis sont donc contraints à la location de leur logement faute
certainement d'une politique concrète de logement. Les études
montrent , déjà à la fin des années 70, le
début d'une crise annoncée du logement. Partant sur le même
ordre d'idée, la Caisse Nationale d'Epargne et des Crédits
Immobiliers (CNECI, 1979) avait estimé un déficit cumulé
de l'ordre de 162 577 logements entre 1979 et 1985 (Kanene, 2001).
Des statiques évaluent aujourd'hui à 44% des
locataires (Mukoko, cité par Lelo Nzuzi) à Kinshasa et d'autres
évaluent également tels que Kanene (op.cit) avance le chiffre de
34,7%. Quand on considère la répartition de la population selon
l'occupation du sol du logement dans la ville MICS 2 évalue à
43,6% des locataires, 2,7% de logés par les employeurs, 12,3% des
logés par un parent, ami ou sous logé et 1,2 % autres sur les
562 969 logements à Kinshasa (Kanene. M, 2001)
Au regard de ce qui précède, il devient de plus
en plus difficile de se procurer une maison de location au centre de la ville.
Profitant de cette situation, certains bailleurs dont les maisons jouissent de
la rente de localisation en font objet d'enjeux de spéculation profitant
des faveurs de la loi du marché, c'est-à-dire de la loi de
l'offre et de la demande. Ils font monter les prix de location tout en se
joignant avec des commissionnaires qui bénéficient des
pourcentages issus de la garantie locative.
Si aujourd'hui le logement semble être difficile
à acquérir, il faut compter sur la contribution malencontreuse de
ces « commissionnaires » qui spéculent et font de ce
commerce qui du reste très lucratif, font du coup de l'accès au
logement un véritablement parcours du combattant. Consécutivement
à cette spéculation sans scrupule, il s'observe un accroissement
galopant de la demande de construction vers la périphérie.
Loin de se douter des conséquences, les plus
démunis vont squatter là où ils le peuvent soit dans des
bâtiments publics, soit dans des maisons inachevées, soit dans des
entrepôts vétustes. Si trouver une maison à louer Kinshasa
est un vrai casse-tête que dire alors des prix exorbitants que cela
implique et des critères de sélection des locataires par les
bailleurs qui sont purement subjectifs. Souffrant de fortes spéculations
locatives, ceux qui le peuvent et possédant des capitaux
nécessaires se trouvent dans le besoin de changer de catégorie
pour acquérir des lopins de terres dans les faubourgs de la ville soit
encore dans les périphéries et les zones non aedificandi pour ne
plus avoir à payer le loyer.
Aujourd'hui la ville de Kinshasa connaît une forte
attraction de la part des populations environnantes et de celle venant de
l'intérieur du pays et tous veulent soit s'acheter ou louer un logement.
Suite à toutes ces demandes le prix du logement dans la ville ne fait
que grimper et fait face à une forte spéculation dans les
cités issues de la première et de la deuxième couronne.
Bien que les critères de détermination des prix soient fonctions
de la distance par rapport au centre ville ; ce qui n'est plus de rigueur.
Il est donc important de dresser un état de lieu existant dans les
trois couronnes afin de donner une image correcte du logement dans la ville.
Repoussés en périphérie urbaine pour
acquérir un lopin de terre, les anciens locataires
préfèrent s'installer et commencer une nouvelle vie de
propriétaire dans les nouveaux quartiers de la ville. D'autres par
contre, c'est-à-dire les plus démunis ne préfèrent
pas trop s'éloigner du centre pour habiter les bidonvilles sur des
terres impropres, des vallées inondables et des zones non aedificandi.
Dans l'espoir de se trouver de quoi vivre au centre ville, les habitants de ces
bidonvilles admettent que le prix du sol est trop cher à cause de la
spéculation. Ils ne pourront plus bénéficier des
opportunités que procure la ville. Compte tenu de la proximité
avec le centre ville et le prix réduit du transport, nombreux parmi ces
derniers préfèrent rester dans des bidonvilles parce que la
spéculation foncière leur interdit un accès formel au
sol.
Tableau n°10 : Situation du logement
dans la villede Kinshasa
caractéristiques
|
Nombres des pièces dans le logement
|
Nombre moyen des pièces
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5 ou plus
|
total
|
Milieu de résidence urbain rural
|
8,2
10,4
|
29,2
23,6
|
23,3
27,5
|
19,4
26,9
|
19,9
11,6
|
100
100
|
3,4
3,2
|
Kinshasa
|
13,2
|
33,2
|
22,1
|
11,0
|
20,6
|
100
|
3,2
|
Niveau de pauvreté (à Kinshasa)
Plus pauvres
Pauvres
Moyens
Riches
Plus riches
|
12,6
14,1
8,5
5,4
7,2
|
22,5
30,2
24,5
22,3
27,1
|
30,4
24,2
31,2
23,7
21,0
|
31,5
22,0
25,1
26,7
16,8
|
3,0
9,5
10,7
21,9
27,9
|
100
100
100
100
100
|
3,0
2,9
3,1
3,6
3,7
|
Ensemble du pays
|
9,7
|
25,3
|
26,3
|
24,6
|
14,1
|
100
|
3,3
|
Source : RNDH, 2000-2001
Le tableau n° 10 présente la manière dont
vivent les catégories de la population au sein de la ville où la
majorité de la population vit dans les maisons à deux
pièces et les nantis quant à eux disposent des logements de 3.7
pièces en moyenne. Le rapport de MICS 2 indique que pour chaque
ménage à Kinshasa, 4 personnes sont logées dans une
chambre pour près de 49% de la population et que par contre 12,2% des
ménages interrogées logent une personne par chambre.
Des exemples de ces endroits sont à citer dans la ville
tels que : Gand-Monde avec environ ses 5000 habitants, Bribano (3000
habitants), Paka-Djuma (2500 habitants) (Lelo Nzuzi, 2008) Comme on le voit,
la logique voudrait que les masses laborieuses pauvres aillent s'installer en
périphérie là où la spéculation
foncière et immobilière est faible. Mais la mobilité
très réduite de certains pauvres citadins qui ne peuvent pas
payer quotidiennement les transports collectifs pour aller au travail leur
interdit de s'installer très loin du centre. Pour tirer des dividendes
d'emploi, ils cherchent un terrain vacant déclaré non aedificandi
pour y habiter. Très souvent, ces bidonvilles s'installent partout
où existent des terrains dépréciés comme par
exemple : les cimetières (à Kasa-Vubu ), berges des cours d'eau
inondables (à Limete), décharges publiques (Limete), etc.
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