II.2.3. La troisième couronne
a) La
troisième couronne et le plan régional de 1967.
La troisième couronne compte neuf communes :
Masina, Kisenso, Kimbanseke, Bumbu, Ngiri-Ngiri, Makala, Selembao,
Mont-Ngafula, N'sele.
Dès son accession à l'indépendance, le
pays ne connaitra plus aucune politique d'habitat de la masse travailleuse.
Face à cet état de fait, l'on assista à l'instauration
d'un laissé aller qui mettra la population dans un système de
débrouillardise et d'anarchisme. Avec une croissance de plus en plus
galopante les constructions anarchiques sont en plein essor et la croissance
économique est au plus haut niveau, mais l'agglomération Kinoise
est de moins en moins contrôlable.
Paradoxalement au plan d'aménagement mise en place en
1950, qui du reste privilégié la construction sur les vastes
plaines et face au manque de structure de contrôle et de construction,
les cités planifiées devenues inaccessibles pour une certaine
classe de la population, cette dernière préfèrent donc
loger anarchiquement les terrains inoccupés. Au regard de cette crise
avérée du logement, naîtront de façon anarchique
les communes de Makala et de Ngaba au pied des collines du Sud et aux
frontières des cités planifiées de Lemba, de même
que le camp Mombele dans la plaine de Lemba sous l'impulsion politiciennes de
l'époque. Du reste, il en est de même pour les collines de l'Ouest
où voit le jour le quartier Camp Luka qui profite de faibles pentes
présentées par ces collines. S'installera dans le même
ordre le long des sinuosités du Fleuve Congo au pied des collines
franchissant les embouchures des rivières qui s'y déversent le
quartier Kinsuka.
La troisième couronne est essentiellement
constituée des communes d'auto-construction (Makala, Kimbaseke,
Ngiri-Ngiri, Kisenso, Selembao, Bumbu, Masina). Elles sont isolées, non
cadastrées et en majorité habitées par des couches
sociales à faibles revenus. Certains de ces communes sont
créées sur des sites non aedificandi, c'est à dire
inondables et érodables. L'accessibilité est aléatoire et
impraticable à certains endroits. La mobilité
piétonnière est importante. Les infrastructures publiques sont
quasi-inexistantes. Les transports en commun sont aléatoires et,
l'accessibilité piétonne est difficile et non
aménagée. Bien qu'aujourd'hui l'on remarque que nombre des
communes urbano-rurales se sont développées au sein de la brousse
sans aucune planification préalable. Les communes semi-rurales
(Mont-Ngafula, Maluku, N'sele) localisées dans la
périphérie de la ville dans les zones d'extension de la
troisième couronne : sont faiblement occupées. Les emplois
informels sont faibles et dépendent de l'ancienneté du quartier.
Ces quartiers occupent à eux seuls plus de 50 % de la superficie de la
ville. Ils sont quasiment vides et se trouvent à plus de 60 km du centre
ville. Ils remplissent à la fois les fonctions de banlieues agricoles,
industrielles, maraîchères et de recréation.
Tout en traçants des avenues qui se
rencontraient perpendiculairement, ces récents quartiers conservent
fidèlement le plan en échiquier des cités voisines. Ngaba
et Makala sont sans doute les meilleurs exemples de ces communes construites
à la frontière des cités planifiées voisines et qui
témoignent d'un certain degré d'organisation planifiée.
Pareils actes d'irresponsabilités et de laisser aller
ne peut rester sans conséquences néfastes, Face à cela,
les gouvernants réagiront en 1967 par l'élaboration d'un plan
d'urbanisme en offrant des nouvelles orientations précises relatives
à l'aménagement du site bâti en proposant la
restructuration de la ville dans la plaine pour aboutir à son
fonctionnement harmonieux et à une densification de l'espace. A
destination de l'Est, ce plan vise la restructuration par la
décongestion des industries situées dans la commune de Limete en
vue de freiner la croissance de la région de la commune et pour
accélérer le développement industriel vers les banlieues
Est.
L'auto construction caractérise en effet le
début de la troisième couronne de la ville par les
communes : de Makala qui escalade par endroit les collines du Sud, de
Selembao qui s'installe sur les collines érodables de l'Ouest de la
ville de même que Bumbu. Installées précocement sur les
versants, elles présentent toutes un environnement précaire.
Outre ces communes, l'Est de la ville n'est pas en
traîne à travers la plaine de Ndjili qui est aux prises au
même phénomène. Autant Kimbanseke et les extensions de
Ndjili se répandent en tâche d'huile sur les terrasses alluviales
sableuses de l'Est, Masina en subit les mêmes effets. Cette extension,
non contrôlée de la ville, entraîna à toutes sortes
de spéculations foncières.
Les voix de communications joueront un rôle impulsif
dans le prolongement de la couronne de la ville, il faudra citer à cet
effet le rail et le boulevard Lumumba qui longent la commune de Masina, le rail
aura aussi une incidence sur l'éclosion des nouveaux quartiers dans la
commune de Kinseso et de Matete, car la gare située dans ces deux
communes constituent donc un pôle de concentration économique par
l'installation des marchés de fortune qui se sont
développés autour de ces deux gares A l'Ouest, Kinsuka s'est
développé aussi de la même manière grâce au
rail, tout comme les extensions de Limete au Centre. Somme toute, la gare
ferroviaire a joué un grand rôle de pôle structurant,
doté d'un marché, de buvettes, de gargotes vers laquelle la ville
s'est dirigée. Ainsi se sont constitués des nouveaux quartiers.
Les prix des parcelles des quartiers nés par manque de politique
d'urbanisation localisés dans la troisième couronne sont
dépendant des plusieurs critères de détermination. En
effet certains se trouvent dans des sites collinaires (Kisenso, Makala,
Selembao) dans les périphéries de la ville et loin du centre des
affaires bénéficient d'un afflux d'acheteur moins nantis. Ainsi,
dans les cités populeuses de l'Est de la ville le logement souffre d'une
promiscuité élevée où une maison de deux chambres
et salon se loue à pas moins de 70$ le mois accompagné d'une
garanti locative de dix mois où logera une famille de cinq personnes
minimum.
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