1.6.
Influence de l'attitude des couples face à la PF sur la non
satisfaction de besoin en planification familiale
Dans l'étude de Bongaarts et Bruce (1995), il ressort
qu'au Mali et au Soudan, la désapprobation du mari est responsable de
plus de 40% des besoins non satisfaits. Les auteurs observent cependant que
celles qui avancent souvent ces raisons n'ont pour la plupart pas
discuté de ce sujet avec leur conjoint. Aussi, ces deux auteurs
soulignent que le pouvoir de décision de négociation au sein du
ménage est un élément fondamental de la pratique
contraceptive.
L'approbation du conjoint à la planification familiale
est une variable très importante de la dynamique en matière de
contraception (Amadou Sanni, 1995). Les résultats obtenus ici vont dans
le même sens ; ils indiquent notamment qu'une adhésion totale du
conjoint à la planification familiale augmente les chances de sa
partenaire de pratiquer la contraception quelles que soient les
méthodes. La prévalence contraceptive, toutes méthodes
confondues, est de 39,6 % chez ces femmes avec une propension à utiliser
les méthodes modernes de 16,3 %. À l'opposé, les femmes
dont les conjoints rejettent la planification familiale, enregistrent quand
même une prévalence contraceptive de 16 %. Cette proportion est
peut-être faible par rapport à celle des femmes dont le conjoint
est favorable mais elle laisse perplexe et force la réflexion sur les
tenants et les aboutissants d'une telle attitude. On pourrait alors se poser la
question de savoir ce qui pousse une femme à désobéir
à son conjoint et à prendre sur elle la décision de
pratiquer la planification familiale. Par ailleurs, cette attitude
répulsive du conjoint à l'égard de la planification
familiale est peut-être guidée par un manque d'informations ou une
ignorance des pratiques contraceptives ou encore par une divergence d'opinions
ou de conception en matière de procréation. Cela pourrait se
justifier également par l'absence d'intégration des conjoints
dans les stratégies des programmes de planification familiale mises en
oeuvre dans le pays (Amadou Sanni, 1997 ; Donadjè, 1992). Dans tous les
cas, la pratique contraceptive d'une telle femme en est affectée, et
notamment son utilisation des moyens modernes de contraception. La
contraception naturelle est dans ce cas un recours plus sûr pour se
protéger d'une grossesse non désirée. La réduction
de la fécondité cumulée par une telle pratique de la
contraception est faible (7 %). En revanche, les femmes dont les conjoints sont
favorables à la planification des naissances ont presque 5 fois plus de
chance d'utiliser les produits contraceptifs modernes à
efficacité élevée. Par conséquent, leur
fécondité cumulée recule de 22 %, et est trois fois plus
réduite que chez les premières.
Attanasso, Fagninou, M'bouke et Amadou Sanni (2005)
établissent, concernant l'approbation du conjoint et le
projet de fécondité de la femme, que les femmes qui ne
désirent plus d'enfant, d'une part, et celles dont les conjoints sont
favorables à la planification des naissances, d'autre part, ont 2 fois
plus de chance de pratiquer la contraception moderne que les femmes qui ne
possèdent pas ces caractéristiques. Les opinions des conjoints
sont des facteurs importants de la pratique contraceptive. L'impact de ces
facteurs sur l'adhésion féminine à la planification
familiale a été mesuré à travers certains
indicateurs tels que le niveau d'instruction, le secteur d'activité
ainsi que l'opinion du conjoint sur le contrôle des naissances.
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