1.1.
Influence de l'âge de la femme sur la non satisfaction de besoin en
planification familiale
Attanasso, Fagninou, M'bouke et Amadou(2005) ont
analysé les données de l'enquête démographique et de
santé de Bénin de 2001. En considérant l'âge des
femmes étudiées, ils ont remarqué que celles de moins de
25 ans (entre 15 et 24 ans) manifestent très peu d'intérêt
pour la contraception comparativement aux femmes appartenant aux groupes
d'âges intermédiaires (c'est-à-dire entre 25-34 ans et
35-44 ans). Si les tests statistiques ne permettent pas de se prononcer sur les
différences de pratique entre les femmes en début de vie
féconde et celles qui approchent la fin de leur vie féconde, ils
révèlent en revanche une distinction quant à l'utilisation
des méthodes modernes de contraception. Ils rapportent, en effet, que
les femmes plus âgées et en fin de vie féconde utilisent
plus le contraceptif moderne que les femmes de moins de 25 ans en début
de vie féconde, soit respectivement 8,3 % et 6,8 %. Lorsqu'il s'agit des
méthodes naturelles, ils ont observé que les proportions de
contraceptantes sont très peu différentes dans tous les groupes
d'âges, à l'exception du deuxième groupe, les femmes
âgées de 24 à 34 ans, où elles sont plus
élevées. Cependant, ils n'ont pas noté de grande
différenciation dans les pratiques contraceptives quel que soit
l'âge puisque l'indice de réduction de la fécondité
cumulée est partout compris entre 11 et 12 %. Par ailleurs, le risque
relatif pour qu'une femme jeune utilise un moyen moderne de contraception est
légèrement inférieur (0,8) et cela relative à une
femme plus âgée.
Partant des données de l'enquête
démographique et de santé de 1991 du Cameroun, Akoto et Kandem
(2001), ont constaté que l'augmentation d'une année dans la
tranche d'âge de 15 à 24 ans réduit de 54% les chances
pour les femmes en union de pratiquer la contraception moderne. Dans une
étude similaire sur l'EDS-Kenya de 1993, ils montrent que les femmes de
25 à 34 ans, où la fécondité atteint son maximum,
pratiquent le plus la contraception moderne. Elles ont 1,2 fois plus de chance
de pratiquer la contraception moderne que les femmes de 35 à 49 ans.
1.2.
Influence du milieu de résidence sur la non satisfaction de besoin en
planification familiale
Le milieu de résidence joue un rôle important
dans l'utilisation de la contraception. Résider en milieu urbain par
exemple, entraîne une exposition à un mode de vie et un
comportement moderne. Aussi, l'implantation des centres de PF dans les pays
africains connaît une disparité selon le milieu de
résidence. Ces centres sont plus concentrés en milieu urbain
qu'en milieu rural). Ainsi, les besoins non satisfaits en PF vont
connaître une variation selon le milieu de résidence et selon le
niveau de vie (Population Reports, 1996).
Le lieu de résidence de la femme peut avoir un effet
important sur la fécondité parce qu'il influence les valeurs
d'une femme, la manière dont elle passe son temps et envisage la vie
(Jolly et al., 1996 : 91). Les femmes en zone rurale ont une
préférence pour les familles nombreuses. Les enfants sont
très appréciés parce que non seulement ils
perpétuent la lignée familiale, mais ils représentent
aussi des biens économiques synonymes de main-d'oeuvre, de
prospérité, d'assurance-risque et de sécurité pour
les vieux jours (Cohen, 1996 : 24). Par contre, beaucoup plus instruites et
susceptibles d'être employées dans le secteur moderne, les femmes
en zone urbaine sont plus disposées à apprécier les
avantages d'une famille plus restreinte car les coûts que
représente un enfant sont des facteurs favorisant la limitation de la
fécondité. C'est assurément ce qui explique que les femmes
burkinabé vivant en ville sont plus nombreuses à utiliser la
contraception, notamment la contraception moderne : 23 % des femmes de
Ouagadougou utilisent les méthodes modernes contre 20 % dans les autres
villes et 4 % en zone rurale.
Au Benin, en milieu urbain, on dénombre respectivement
10,6 % et 9,4 % de femmes qui ont opté pour un moyen moderne de
contraception. Cette proportion est plus faible en milieu rural où
seulement 5,7 % des femmes potentiellement fécondes et soumises à
un risque de conception contrôlent leur fécondité par des
moyens efficaces. Par conséquent, le fait pour une femme de vivre
à Cotonou lui donne presque deux fois (1,8 exactement) plus de chance de
pratiquer une méthode moderne de contraception qu'une autre femme.
Le milieu urbain est aussi un facteur distinctif de la
pratique contraceptive des femmes. Le fait urbain est connu pour son rôle
non négligeable, à travers les médias et le mélange
culturel, sur les valeurs de la femme. Les coûts que représentent
les enfants et la cherté de la vie urbaine sont autant de facteurs qui
contraignent les familles à limiter le nombre de leurs enfants. C'est
pourquoi les citadines ont 1,9 fois plus de chance de pratiquer la
contraception que les villageoises. La presse écrite, par exemple, donne
à celles qui y ont accès près de deux fois (1,7) plus de
chance de pratiquer la contraception (Attanasso, Fagninou, M'bouke et Amadou,
op.cit.).
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