CHAPITRE 1.
REVUE
DE LA LITTERATURE
1. 0.
Généralités sur les besoin non satisfaits : notions
et origine
La notion de besoins non satisfaits peut jouer un rôle
important dans les programmes de planning familial. En effet, elle se fonde sur
les réponses que les femmes elles-mêmes ont apportées aux
questions qu'on leur a posées à l'occasion d'enquêtes. Elle
identifie aussi le groupe qui a le plus de chances de s'intéresser
à la contraception, mais n'y a pas encore recouru. Enfin, elle situe
nettement le problème : comment atteindre et aider ces femmes. Cette
notion, qu'on applique d'ordinaire aux femmes mariées, peut aussi
s'appliquer aux célibataires, voire à des personnes qui se
servent d'une méthode de planning familial qui ne leur convient pas ou
ne donne pas de bons résultats ( populations report 1996).
Les besoins non satisfaits ont été
estimés pour la première fois par Westoff (1988) à partir
des données de l'enquête mondiale sur la fécondité
réalisée entre 1974 et 1984. Cet auteur s'était
intéressé à la limitation des naissances chez les femmes
qui étaient encore en période reproductive et déclaraient
avoir atteint le nombre d'enfants désirés, qui ne pratiquaient
pas la contraception et qui étaient exposées au risque.
S'inspirant de cette étude, Nortman (1982) a élargi son
échantillon aux femmes qui désiraient atteindre au moins deux ans
avant leur prochaine naissance mais qui ne recouraient à aucune
méthode de contraception. Avec les données de l'EDS, Westoff et
Ochoa (1991) ont exclu de la mesure des BNS les femmes enceintes ou en
période d'aménorrhée post-partum suite à
l'échec de la contraception.
A partir des données de l'enquête
démographique et de santé de la Tunisie (1988), Cohrane et
Guilkey (1995) ont montré que le facteur le plus déterminant dans
l'accroissement de la motivation et du recours effectif des motivés est
la qualité des services de planification familiale. L'étude
révèle par ailleurs que les niveaux d'études du mari et de
la femme, l'éloignement de la résidence par rapport au centre de
santé et le niveau de vie du ménage sont les
éléments les plus déterminants dans le recours
contraceptif des femmes tunisiennes. Autrement dit, les besoins non satisfaits
dans cette population proviennent donc de l'incapacité pour une couche,
compte tenu de sa pauvreté, de s'offrir des services de bonne
qualité nécessitant le déplacement.
Au Bénin, le fait de résider en milieu urbain ou
en milieu rural n'affecte pas la demande en PF. Selon les résultats de
l'EDS-Bénin II de 2001, en milieu urbain, 30,1% contre 29,1% en milieu
rural ont une demande en PF concernant l'espacement des naissances. Par contre,
le fait d'être instruit accroît considérablement les besoins
pour la PF. Les variables telles que la région de résidence, la
discussion au sein du couple et l'approbation de la pratique de la PF ont aussi
un effet significatif sur la demande pour la PF (Gora et Kodjogbé,
1999).
Les besoins en matière de planification familiale
varient selon les caractéristiques sociodémographiques. Quand on
considère l'âge, c'est entre 20 et 34 ans que les besoins non
satisfaits sont les plus élevés (26 % ou plus), et
particulièrement entre 20 et 29 ans (30 %). Comme la prévalence
contraceptive est également à son niveau maximal entre 25 et 39
ans, c'est donc à ces âges que la demande potentielle totale en
planification familiale est la plus élevée (au moins 48 %). En
outre, on peut noter que jusqu'à 39 ans, les besoins non satisfaits en
matière de planification familiale sont essentiellement orientés
vers l'espacement des naissances. Par contre, à partir de 40 ans, les
femmes ont beaucoup plus des besoins pour limiter que pour espacer leurs
naissances (EDS-RDC, 2007).
Des études faites sur la Côte d'Ivoire en
matière de planification familiale ont relevé un certain nombre
de raisons relatives à la non utilisation de la contraception moderne
par les femmes. Il s'agit entre autre, du manque d'informations sur les
méthodes contraceptives modernes, des difficultés d'accès
à ces méthodes et de la qualité des services offerts, de
l'opposition du conjoint, des familles et de la communauté, du refus
propre de la femme, de l'absence de discussion entre les conjoints au sein du
couple, du manque de moyens financiers, des effets secondaires de certains
produits contraceptifs. A ces différentes raisons, il faut aussi ajouter
celles qui sont d'ordre historiques telles que le statut traditionnel de
l'homme et de la femme et l'influence du conjoint sur le comportement
reproducteur de la femme.
Dans cette synthèse de la littérature, nous
relevons les besoins non satisfaits en fonction des facteurs
sociodémographiques et culturels notamment :
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