1.8.2.
L'homme : le seul décideur
Dans la plupart des pays d'Afrique au Sud du Sahara, des
études (Abanihé, 1991 ; Abanihé, 1994; Ascadi et al, 1990
; cité par Djangoné) ont montré que très souvent,
la femme est en position de dominée au sein du couple. Par
conséquent, elle ne participe pas le plus souvent à la prise de
décision relative à la planification familiale ou au nombre
d'enfant que le couple va avoir.
Le rôle de l'homme dans la pratique contraceptive est
déterminant. Dans les sociétés patrilinéaires ou
matrilinéaires, les décisions importantes comme celle concernant
le choix d'une méthode contraceptive lui reviennent souvent (Koffi et
al, 1994). Les couples où l'homme seul approuve la planification
familiale ont 40 % plus de chance de pratiquer la contraception, alors que ceux
où la femme seule approuve ont 30 % plus de chance de pratiquer la
planification familiale par rapport aux couples où les deux conjoints
approuvent (Kouyé, 1997).
Bankole et al (1998), observent en Côte d'Ivoire que la
pratique contraceptive est élevée lorsque le mari ne veut plus
d'enfants. Ezeh (1996) mentionne aussi la prédominance du conjoint dans
les décisions concernant la fécondité dans ce pays.
1.8.3.
Les facteurs économiques
Le tiers-monde en général et l'Afrique en
particulier, traverse une crise économique grave qui touche aussi bien
le monde urbain que rural. En effet, la crise économique des
années 80 qui frappe la plupart des pays d'Afrique en
général et ceux de l'Afrique au Sud du Sahara en particulier, est
à l'origine d'une pauvreté qui se généralise. La
mise en place des programmes d'ajustement structurels destinés à
assainir l'économie de ces pays contribue plutôt à
accentuer les problèmes déjà existants : l'insuffisance
des emplois créés et la précarité des revenus, la
dégradation de l'environnement urbain et les problèmes de
santé qui en résultent, etc. La pauvreté est en Afrique
l'un des facteurs explicatifs de la forte fécondité (Akoto et
Kamdem, 1996). Certaines femmes peuvent manifester le désir d'utiliser
une méthode contraceptive moderne sans toutefois y accéder faute
de moyens financiers. On sait par exemple que les femmes se livrent
généralement à des activités économiques peu
ou pas du tout rémunératrices (Assogba, 1990 ; Vijaya Krishnan,
1991 ; cités par Akoto et Kamdem, 1996).
Selon Caldwell (1991), en Afrique occidentale principalement,
les femmes assurent généralement, leur propre survie et celles de
leurs enfants par le commerce (le petit commerce généralement) et
l'agriculture qu'elles pratiquent. Locoh dit à ce sujet que: «de
nouveau, les femmes sont acculées à consacrer toute leur
énergie, les éventuels profits qu'elles font, à la simple
subsistance de leurs enfants et d'un mari qui a perdu un emploi». En
Côte d'Ivoire, surtout en économie de plantation, le revenu
tiré par les femmes dans leur petit commerce sert également
à assurer la subsistance de la famille (Ogni Kanga, 1997). A cause de
ces responsabilités auxquelles les femmes doivent faire face, elles
perdent le bénéfice de leur petite autonomie financière et
peuvent par conséquent éprouver des difficultés à
se procurer une méthode de contraception moderne de leur choix. Il
convient aussi de mentionner les difficultés qu'éprouvent les
femmes à accéder au crédit bancaire ainsi que leur faible
scolarisation qui les conduit à des emplois les moins bien
rémunérés.
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