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Besoins non satisfaits en planification familiale au sein du couple en république démocratique du Congo, déterminants. analyse des données de l'eds-rdc2007

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par Jocelyn MANTEMPA NZINUNU
Université de Kinshasa - licence en démographie (sciences de la population et du développement) 2007
  

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1.8. Influence des raisons de non utilisation de la PF sur la non satisfaction de besoin en planification familiale

Dans leurs analyses des données de l'EDS-Niger (1992) et MICS III (1998), Nomaou et Harouna (2001) montrent que 38 % des femmes ont cité des raisons relatives à la fécondité, essentiellement le désir d'enfants et une femme sur quatre (25 %) a déclaré qu'elle désirait avoir d'autres enfants. L'opposition à la pratique contraceptive a été mentionnée dans 29 % des cas et dans 16 % des cas, il s'agit de l'opposition de l'enquêtée elle-même. On note ensuite les interdits religieux (6 %). En outre, les raisons liées aux méthodes ont été globalement citées par 10 % des femmes : parmi elles, 3 % ont cité les problèmes de santé et 2 % la peur des effets secondaires.

Ils poursuivent que des différences selon le groupe d'âges sont à relever. Les femmes de 30-49 ans ont plus fréquemment cité des raisons relatives à la fécondité (42 % contre 34 %), en particulier, la sous fécondité/stérilité (13 % contre moins d'un pour cent). Cependant, on observe que la proportion de jeunes femmes qui ont déclaré vouloir autant d'enfants que possible est plus élevée que parmi les plus âgées (27 % contre 22 %). De même, la proportion de jeunes femmes opposées à l'utilisation n'est pas très différente de celle observée parmi celles de 30-49 ans (17 % contre 15 %). On peut également souligner que les jeunes femmes de15-29 ans ont plus fréquemment cité le manque de connaissance que les plus âgées (19 % contre 14 %).

1.8.1. Influence des normes traditionnelles des rapports homme - femme dans le couple sur la non satisfaction de besoin en planification familiale

De façon générale, la famille est en Afrique le cadre idéal de socialisation et de transmission des valeurs et normes socioculturelles. Elle définit à ce titre les rôles et les statuts des individus en fonction de leur sexe et âge (Abanihé, 1994 ; CERED, 1998 ; cités par Djangoné R., 1999). Ainsi, les rôles de mère et d'épouse reviennent de plein droit à la femme lorsque l'homme occupe pour sa part, la position de chef de famille. De par sa position de cadette au sein du couple, la femme doit obéissance et soumission à son époux. Par ailleurs, le respect dû à un homme par ses pairs dépend du nombre de ses enfants et de ses épouses. La littérature révèle à ce sujet que les hommes et même les femmes désirent généralement avoir une nombreuse descendance.

Dans la société africaine, les hommes gagnent au plan social de par la fierté qu'ils tirent du nombre d'enfants, surtout de sexe masculin et économiquement par l'importance que constitue l'enfant en tant qu'une main d'oeuvre agricole bon marché, une richesse pour les parents, une sécurité pour leur vieux jours. Par ailleurs, les hommes détiennent le pouvoir de décision dans le couple et dans la société en général, contrôlent de ce fait les ressources de la famille à travers les avantages qu'ils tirent du travail des enfants et des femmes (Caldwell, 1991).

Quant aux femmes, des études (Locoh et Labouré-Racapé, 1997) attestent que pour la plupart, surtout celles du milieu rural, la forte fécondité reste le moyen le plus sûr d'atteindre un statut doté de prestige.

C'est à travers ses enfants qu'une femme peut espérer hériter d'une parcelle de terre ou des biens de son conjoint en cas de décès de ce dernier. Selon Assogba (1989), «au-delà de la satisfaction du groupe, ce rôle de mère tout en offrant à la femme la possibilité d'améliorer son statut, lui permet aussi en cas de survie des enfants d'avoir de l'autorité et des conditions de vie meilleures». Les enfants sont en effet, garants du statut d'une femme et constituent en outre une aide précieuse dans les travaux domestiques (surtout les filles) et champêtres qui accaparent tout le temps des femmes et les empêchent de développer des activités annexes. Comme le dit Christine Oppong (1988) les enfants sont de bons atouts et de précieux avoirs pour leurs parents notamment par l'aide indispensable qu'ils leur apportent.

Vu l'importance de l'enfant dans la société africaine, la pratique de la contraception reste le plus souvent l'apanage d'un petit groupe de femmes ayant un statut social et un niveau scolaire élevé. Pour ces femmes, la contraception moderne peut-être utilisée pour remplacer les méthodes traditionnelles d'espacement des naissances. La plupart des pays d'Afrique ont réalisé d'énormes efforts de scolarisation dont les filles moins que les garçons ont profité. L'augmentation de la proportion des femmes à niveau d'éducation élevé est donc l'un des éléments qui, à la longue, modifiera la fréquence d'utilisation de la contraception.

On peut aussi relever le fait que les méthodes contraceptives modernes ne sont pas facilement accessibles sauf dans certaines grandes villes. Dans tous les cas, même quand ces méthodes contraceptives modernes sont disponibles, leur éventuelle utilisation dépend fortement d'une certaine motivation à éviter des grossesses. Or, très peu de femmes africaines voire des hommes ne désirent pas une nombreuse descendance. Cela dit, le désir de limiter la descendance, une fois une certaine dimension atteinte, n'est pas une attitude courante en Afrique. Les raisons du maintient d'une idéologie de la famille nombreuse sont d'ordre démographique, historique, socio-culturel, économique, etc.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery