Communication politique et logique d'actualisation dans le champ électoral. Approche constructiviste de la campagne de l'union pour la nation en république démocratique du Congo( Télécharger le fichier original )par Jacques Yves MOLIMA AUTA MISO MAPUMBA DUA Institut facultaire des sciences de l'information et de la communication - Licence 2009 |
III.1.4. PURIFICATION DES ACTEURS POLITIQUESLa situation République Démocratique du Congo au seuil des élections présidentielles était telle que la majorité de ceux qui étaient au pouvoir y étaient par la force des armes. Et plus précisément, les deux candidats admis au second tour de la présidentielle sont tous arrivés au pouvoir par la lutte armée. Le premier, Joseph Kabila venu dans la gibecière de l'AFDL qui a détrôné le Maréchal Mobutu du pouvoir avec une expédition de près de 7 mois avec le soutient de la coalition des armées Rwando-Ougandaises. Le second, Jean Pierre Bemba lui qui a bénéficié de l'appui de l'armée Ougandaise s'est hissé au sommet de l'Etat par la magie du dialogue intercongolais de Sun City en Afrique du Sud en décembre 2002 à la suite de sa guerre menée avec le MLC. De ce qui précède, dans leur communication politique chaque partie a souligné la part de responsabilité de son candidat dans ce qu'est devenu le pays. Elles ont usé de la concession dans leur discours tel que nous l'avons précédemment souligné. Il s'agissait donc pour chaque partie d'user de certains montages des éléments qu'on tenterait de donner un sens positif. Ce qui revient à dire que chaque acteur est conscient de sa situation et veut à tout prix faire une table rase sur tout ce qui s'est passé avant, tout en justifiant ses actions et en leurs donnant un caractère important dans l'aboutissement du processus de normalisation de la situation politique de la RDC. A mainte reprise on a entendu Jean Pierre Bemba justifier sa lutte armée par ce qu'il qualifiait de retour de la dictature avec le pouvoir de l'AFDL. Bref..., pour chaque partie, l'importance devrait être accordée à l'avenir car le temps de la guerre était enfin révolu. D'autant plus que chacun de son côté à donner de son apport par sa guerre pour que soit banni à jamais la dictature en RDC. Il va de soi que l'aboutissement de ce long processus qui se caractérise ici par le déroulement des élections présidentielles soit un succès. III.2. COMMUNICATION POLITIQUE DE L'UN : PathologiesIl s'agit dans les lignes qui suivent de revoir les acteurs qui ont versé dans la communication de l'UN. Il s'agira de mettre en évidence leurs images, leurs profils dans l'environnement politique congolais et leur apport dans la communication de la plate forme pendant la période électorale en faisant une analyse du terrain. En nous servant de la théorie de l'acteur appuyée par celle des parties prenantes nous nous rendons compte que ces dernières sont des groupes et des personnes ayant des intérêts légitimes et que ces intérêts ont une valeur intrinsèque. Ainsi, comme nous l'évoquions précédemment, faire l'analyse du terrain c'est aussi savoir quelle est l'image qu'on voudrait produire et enfin quel est le thème de sa campagne. A cet effet, en ce qui concerne l'image qu'on voudrait produire. A ce stade nous nous focaliserons plus dans la pratique de la communication politique sur le terrain. En effet, il existe des étapes dans la démarche de la communication politique qu'il ne faut jamais perdre de vue. Selon Mazinga70(*) toute démarche de la communication politique exige un diagnostic et une mise en place d'une stratégie dans sa communication. Il s'agit d'abord de procéder par l'analyse de l'existant, ensuite définir l'axe général de communication d'où découleront plusieurs thèmes selon la multiplicité de cible à atteindre et enfin de choisir les moyens à utiliser dans sa communication. Tout ceci peut se résumer en ce que nous pouvons ici dénommer les principales étapes de la démarche de marketing politique. Les étapes de la démarche marketing sont de deux ordres à savoir : - La détermination des axes de la campagne. - La détermination ou la fixation de la stratégie Ainsi Jean Pierre Bemba et l'UN avaient pris comme axe la campagne Electorale d'autant plus qu'il s'agissait du second tour de l'élection présidentiel où les choses sont plus précises. Il va de soi qu'un candidat à ce niveau ne jure plus que par la victoire finale. Ce qui était le cas pour Jean Pierre Bemba, ainsi dans presque toutes ses interventions, à toutes ses déclarations il ne cessait de répéter « accordez-moi 5 ans pour qu'on mette toutes ses promesses en oeuvre ». C'est ce qui explique toute la démarche de la communication politique de l'UN pendant cette campagne. Il fallait tout mettre en oeuvre pour, d'une part, se crédibiliser auprès de l'opinion publique et d'autre part, barrer la route à son challenger. La détermination de l'axe de campagne requiert également l'analyse du terrain. Il s'agit ici pour le candidat de déterminer les cibles et le thème de campagne. Retenons que la recherche de la cible se situe à deux niveaux, d'abord on tient compte des cibles privilégiées que Mazinga qualifie de minorité d'influence71(*). Il est donc important pour le candidat de savoir s'adresser à des groupes déterminés des destinataires, à des segments de la population. D'où, l'équipe de campagne du candidat aura la charge en amont de procéder à la segmentation de la population. Ainsi, Jean Pierre Bemba avec son équipe de campagne a par moment usé de l'utilisation d'une minorité d'influence à savoir les étudiants de l'Unikin et de l'UPC en organisant une conférence débat devant les deux auditoires. L'objectif était de préparer psychologiquement l'électorat intellectuel et donner une idée sur ce que sera le débat décisif entre les deux candidats. Ce choix des étudiants était donc dicté par le souci de la segmentation de la population en procédant par des cibles privilégiées. Signalons en effet que l'analyse du terrain ne se limite pas seulement au ciblage d'une minorité influente mais tient compte de toutes les couches sociales et va jusqu'à la mise en place d'une segmentation des aires géographiques dans le champ électoral qui permettra au candidat d'adapter son message à la cible prise en priorité. Cela d'autant plus qu'on ne peut pas s'adresser de la même façon à tout le monde. L'idéal voudrait à ce que l'équipe de campagne use de deux sortes de segmentation de la cible, soit, c'est une segmentation structurale, soit, une segmentation qualitative. III.2.1. Segmentation structuraleIci, on détermine, en effet, un certain nombre de cible privilégié de la communication par exemple les relais d'opinion, en espérant qu'ils influenceront d'autres destinataires qui sont leurs clients habituels de la communication. De ce fait nous pouvons faire allusions aux médias dans la mesure où comme l'a dit autrefois Felix Lazarsfeld cité par Jean Chrétien Ekambo, que les médias atteignent d'abord un groupe restreint de leaders d'opinion et ensuite ces derniers répandent le message dans le réseau de leurs contacts sociaux72(*), Il en est de même avec la communication politique. Ainsi donc, l'Union pour la Nation dans sa communication politique comme nous l'avions mentionné a usé de presque tous les instruments, de tous les supports médiatiques dans ses adresses. Lesquels supports nous ont, d'ailleurs, permis de mener cette étude d'autant plus que nous nous sommes basés sur la méthode interprétative selon l'herméneutique de Paul Ricoeur. Se faisant, les actions menées par les membres de l'UN pendant cette campagne du second tour de l'élection présidentielle ont, soit, été les rassemblements populaires, les réunions, les meetings, soit les affichages, des imprimés, soit encore l'utilisation des médias de masse. En effet, l'UN avec Jean Pierre Bemba s'est plus focalisée sur les médias pendant le second tour d'autant plus que la descente sur le terrain n'était plus facile pour le candidat lui-même. Malheureusement, cette façon de faire n'a pas permis à l'UN d'atteindre tous les territoires d'autant plus que l'accès au média est faible en RDC. Si dans la province de l'Equateur le MLC détient un réseau important de Radio à l'instar de la « Radio Liberté » installée dans plusieurs grandes agglomérations de la province, notamment à Basankusu, Boende, Bumba, Gemena, Libenge, Lisala, Mbandaka, Yakoma, et Zongo. On peut ainsi remarquer une présence médiatique accrue dans la province de l'Equateur. Cependant, il n'en était pas le cas dans les autres provinces. Si du moins dans la province orientale on pouvait retrouver la Radio Liberté à Aketi, Buta et Kisangani, elle a été cependant moins présente dans la province du Bandundu avec la seule présence à Idiofa, tandis que dans les provinces du centre et de l'Est du pays cette Radio a été simplement inexistante. Le seul palliatif était la chaîne de télévision CCTV du MLC basée à Kinshasa et qui est sur satellite qu'on pouvait capter partout dans le monde, mais malheureusement qui n'est pas à la disposition de tous. Ainsi, nous pouvons conclure en disant que l'utilisation des médias dans la communication politique ne donne pas la chance au candidat d'améliorer sa communication. En effet, les médias audiovisuels sont loin d'être facile d'emploi pour le marketing politique, ils présentent un certain nombre de difficulté notamment la lenteur dans leurs effets et la difficulté de contrôle de message73(*). Donc, il fut difficile pour Jean Pierre Bemba de jauger sa percée au sein de la population cela par manque de feedback car ces moyens de communication de masse sont unidirectionnelle, difficile donc de mesurer le niveau de sa popularité, de sa crédibilité au sein de la population. Toutefois, ce fut un atout à Kinshasa pour Jean Pierre Bemba grâce à la multitude de média et au niveau élevé de la population ce qui justifie d'ailleurs le taux le plus élevé du score qu'il a réalisé à kinshasa. * 70 Mazinga, A., Op. Cit. * 71 Mazinga, A., Op. Cit. * 72 Ekambo, JC., Cours inédit des théories de communication, troisième graduat à l'institut facultaire des sciences de l'information et de la communication, Ifasic 2006-2007. * 73 Mazinga, A., Op. Cit. |
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